Maurice Challe par V.P.
Trofimov, ancien pilote du 18ème
groupe aérien de la Garde, escadrille soviétique qui combattait alors avec les
pilotes français. (extrait d'une traduction française de "Les étoiles s’allument
dans le ciel", Je vous demande
de fermer doucement ce livre. Gardez le silence une minute. Que ce soit la
minute de la mémoire. Elle est nécessaire à ceux qui ne sont plus de ce
monde. Elle est nécessaire aux vivants. peps) source
Au début de juin 1944 un dramatique
incident a eu lieu à la 303ème division de chasse. Le jeune pilote du régiment
"Normandie", Maurice Challe, a attaqué par erreur un avion soviétique.
Le lieutenant Vasily Arkhipov, était considéré comme un des
pilotes les plus expérimentés du 18ème régiment de chasse de la Garde. Il
avait déjà abattu près de dix avions ennemis abattus. Il était tranquille,
discipliné, un pilote sûr à qui le commandement du régiment confiait les
missions les plus importantes.
Les circonstances
Le 8 juin 1944, une paire des «FW-190»
traverse la ligne en faisant une reconnaissance aérienne de nos troupes. Pour
l'interception une patrouille de deux avions de chasse du 18ème régiment de la Garde
décolle.
Arkhipov est leader. Une minute plus tard, une patrouille du régiment
"Normandie" s'envole dans le même but. Les Allemands, après
avoir remarqué dans l'air les avions de chasse soviétiques, abandonnent leur
mission et font demi tour. La patrouille d’Arkhipov poursuit l'adversaire un certain
temps mais, ne l’a rattrapant pas prend le cap est vers l'aérodrome. Les deux
patrouilles se rencontrent. Les pilotes
français par erreur, prennent les avions soviétiques, revenant d'ouest
pour des avions allemands. «Je suis attaqué par le Français! » dit par radio
à son ailier. Arkhipov ne fait aucune manoeuvre, il secoue seulement les ailes
pour faire comprendre au pilote français qu’il est un avion ami. Mais le pilote français, Maurice Challe, au plus fort du combat
ne porte pas attention à cela. Il l'attaque l’avion d’Arkhipov et l’abat. Probablement, à ce
moment-là, Arkhipov est blessé. Faisant une deuxième passe, Maurice Challe
fusille l'avion d’Arkhipov endommagé. L'as
expérimenté, le lieutenant principal Arkhipov périt brutalement et
ridiculement dans ces événements. Cela sera une perte douloureuse pour les
deux régiments fraternels : 18ème de la Garde et "Normandie".
Il fallut au général Zakharov
un certain temps pour prendre une décision. Il prit une sage décision. Il
maintint le pilote Challe au régiment "Normandie", refusa de le
renvoyer au pays natal et ne porta pas l’affaire devant les
tribunaux. Il permit à Maurice Challe de continuer à voler pour expier sa
faute. Ce fut la meilleure décision vis à vis du jeune pilote français n'ayant pas une grande expérience
de combat à cette époque là.
Maurice Challe fit la guerre héroïquement.
Il n’évitait jamais les affrontements avec l'ennemi, comme s’il
s’acharnait spécialement à sa perte. La mort le ménageait avant
l’heure. Il était en effet un bon pilote. Son avion sortait intact des
situations les plus complexes et les plus dangereuses quand le salut était peu probable.
Il a abattu dix avions ennemis. Pour ses exploits guerriers il lui a été conféré
l’Ordre de la Guerre pour la Patrie - 2ème et 1er degré ainsi que l'Ordre du
Drapeau Rouge, une des décorations les plus vénérées par les combattants.
« Maurice l'intrépide», comme ses compagnons l’appelaient, a expié sa faute
mais il n’a jamais refusé sa responsabilité morale. Le sous-lieutenant
Maurice Challe n'est pas revenu de mission le 27 mars 1945, peu de temps avant
la fin de la guerre. Son nom, sous le numéro 10, est inscrit en lettres d'or sur
la plaque commémorative consacrée aux pilotes tués du régiment
"Normandie-Niémen" fixée à Moscou sur le mur de l'ancienne Mission
militaire française.
