58 jours dans les cages japonaises    par René Weiser en 1946    TEXTE BRUT  
                 

TRAITEMENTS INFLIGES A LA GENDARMERIE JAPONAISE ou  La Kempétaï  
Sœur jumelle par sa brutalité de la GESTAPO, la KEMPETAI tendait à l’anéantissement de la plus élémentaire dignité humaine. Les « Services Spéciaux » de l’armée Japonaise veillaient avec beaucoup d’attention à ce qu’aucune preuve ne soit conservée de leurs agissements criminels.

La Gendarmerie Japonaise est le fruit d'une école de barbarie et d'orgueil.
Elle dépasse l'imagination dans tous les enseignements méthodiques des supplices qu'elle inflige. Elle s'estime une émanation du Mikado. Sa puissance, son indépendance vis-à-vis  de tout ce qui n'est pas "Gendarmerie" sont telles qu'elle se suppose représenter le mieux en tout: intelligence, science, vertus guerrières, etc.… Ce travers d'orgueil intense, développé à un point aussi anormal, est certes ce qui nous a valu de pouvoir passer entre les mailles et de se tirer à peu près vivant de ses mains.
En effet, du fait même de cette suffisance, de cette fatuité, les rapports du Gendarme Japonais interrogateur n'étaient communiqués qu'à ses chefs directs; l'Armée et ses spécialistes étaient dans l'ignorance des décisions de la Gendarmerie, ce qui a permis à beaucoup d'entre nous d'utiliser des arguments et des défenses qui n'auraient jamais été admis par un militaire, un aviateur, un marin, un technicien radio japonais.
Ceci dit, rentrons dans la prison de la Gendarmerie Japonaise, ce qu’on appelait communément ici "la Gendarmerie". Un ou deux gendarmes japonais, accompagnés d’un interprète, venaient de nous arrêter. Fouilles au lieu de l’arrestation, questions sommaires mais précises prouvant qu’ils étaient déjà renseignés sur l’essentiel.
Dès l’arrivée dans les bureaux de la gendarmerie, interrogatoires d’identité, prise de tout le contenu des poches, enlèvement d’alliance, bagues, montres, ceintures, chaussures, coiffure et l’on est précipité dans une cage par une ouverture toute petite d’environ 50 sur 60 centimètres. On la referme brutalement, elle est cadenassée, et nous prenons contact avec la vie future.
C’est d’un regard effaré, épouvanté que l’on fait l’inventaire des lieux: d’abord des camarades de geôle aux visages sans âme apparente, aux regard indifférents et qui hésite à se faire reconnaître, tant sont craintes les représailles. Ces camarades sont nombreux; leur ancienneté dans ces lieux maudits est marquée par la longueur de la barbe, la pâleur et la maigreur de leur visage. Ils sont assis à la japonaise, ils ne bougent pas, ils ne parlent pas. Cette nouvelle société est d’ailleurs un mélange: Il y a au moins un prisonnier japonais par cage. Il jouit d’un régime spécial: place, couchage, alimentation. IL sert de mouchard dans la cellule et de tyran supplémentaire. Ce sont ensuite des Français. Nous en connaissons quelques-uns. Puis des Annamites et des Chinois, des incarcérés de "droit commun".
On est saisi ensuite par l'atmosphère lourde, la puanteur auxquelles on pense ne pas pouvoir s'accoutumer. L'exiguïté de la place où l'on se laisse tomber, en balayant du regard tous les hôtes du lieu pour savoir si l'on n'est pas déjà en infraction. Dès l'entrée, on a d'ailleurs été condamné à la lecture des "Consignes aux Prisonniers" affichées dans chaque cellule. Les madriers qui servent de sol sont durs et posés irrégulièrement, afin que leur différence de niveau soit sensible au corps. Des regards, des gestes de nos camarades nous avertissent des erreurs qu nous commettons; D'ailleurs les geôliers qui passent sans interruption devant les cellules, ne tardent pas à nous faire connaître les suppléments aux consignes.
A travers les madriers, qui servent de barre aux cages, le bâton commence à nous communiquer l'entendement; On vient de répondre à une question d'un voisin avide de nouvelles de l'extérieur, mais on n'a pas pris les précautions nécessaires. La schlague pleut. On souffre et l'on transpire; On quitte la chemisette, on a soif, mais il n'y a pas d'eau à boire car le martyr de la soif est prévu au programme. Soudain un gendarme arrive de l'extérieur, notre nom est prononcé, mais tellement estropié que nous ne le reconnaissons pas. Il est répété férocement; des camarades supposent qu'il s'agit de nous et nous font signe. On se lève, on approche au guichet, et avant son ouverture on est déjà bâtonné pour n'avoir pas compris l'appel et ignoré qu'il fallait répondre "HAY". Le guichet s'ouvre, on se précipite, pas assez vite cependant, et de nouveaux coups bien drus pleuvent encore sur notre tête, sur nos reins. On se baisse pour pouvoir passer par le guichet, mais pas assez, on s'arrache le dos contre le madrier supérieur et l'on apparaît dans le couloir. Là, les interrogateurs s'emparent de nous et, suivant les cas, ou plus exactement suivant leur fantaisie, ou même encore, la comédie à jouer, ils nous laissent les mains libres, ou nous menottent ou nous encordent. Bien encadrés, nous sortons par ce couloir, de la cour nauséabonde, mais où l'on revoit le jour, et l'on monte par un escalier au dessus des geôles où sont disposées les chambres d'interrogatoires et de torture. Le programme de la séance de l'interrogatoire est essentiellement varié; il répond à la fois des motifs d'arrestations, de la personnalité du prisonnier et surtout des interrogateurs. L'auteur de ce rapport, sans prétendre aucunement au prix des plus mauvais traitements, s'est trouvé cependant dans une situation assez particulière pour qu'elle puisse être narrée. Avant son arrestation, il avait demandé à certains camarades qu'une ligne de conduite générale et identique soit suivie en cas d'arrestation. Ces camarades, trop sûrs d'eux, avaient affirmé qu'ils nieraient jusqu'au bout. Placé dans une cellule, sans aucun contact avec l'un quelconque des membres du groupe, il restait persuadé que tous avaient pu tenir leur promesse. Aussi s'obstina-t-il, pour sa part, à nier pendant une journée et demie sans arrêt, jusqu'à ce que les Japonais fassent venir devant lui un, puis deux membres du groupe qui lui déclarèrent: "Je vous conseille de dire la vérité; car nous avons déjà tout dit sur l'organisation et le fonctionnement du groupe". Mais le jour et demi qui le séparait de cette révélation fut l'objet d'interrogatoires sans arrêt, sauf au repos des Japonais. Cette obstination lui valut une journée et demie de supplices qui s'échelonnèrent ainsi:
        Mise à nu.
        Coups sur le visage, la tête et tout le corps.
        Supplice de l'eau, environ 9 litres à chaque série, en tout 4 séries.
        Coups provoquant des blessures;
Le raffinement de ces tortures prouvait de longues études de la question. La fixation sur le banc de supplice était faite toujours de façon identique. Elle correspondait à l'obtention du maximum de souffrance pendant la torture. Par exemple, pour le supplice de l'eau, le corps était fixé de telle manière sur le banc, que seules les parties qui pouvaient se déchirer pendant les soubresauts jouissaient d'un serrage moins intense; ainsi les chevilles pouvaient être entamées par la corde, les coups de pied également, la nuque de même.
Malgré ce raffinement dans la torture, l'on peut s'étonner que dans le supplice de l'eau, le Japonais ne sache profiter des moments de la plus intense douleur pour poser des questions. Il ne les pose qu'après, trop heureux sans doute, pendant l'application d'un supplice, de tout le mal qu'il fait. Et après la torture, pour un homme tant soit peu énergique, il n'est plus question de parler, puisque la douleur n'est plus là. Pendant la torture, le mouchoir qui est placé sur son visage et l'eau qui le noie empêchent de parler l'homme le plus bavard.
D'autres ont connu des tortures différentes: pendaison par les poignets, par les pieds, chauffe des pieds, courant électrique, écrasement des articulations, etc.…
Les gendarmes pratiquaient en outre, sur certains incarcérés, l'exercice de la brutalité sans interrogatoire.
Ces supplices, on peut les appeler des supplices instantanés, mais il y en a d'autres beaucoup plus importants quant à leur conséquences, ce sont les supplices permanents de la geôle.
Pour les percevoir, retournons en cage. C'est d'ailleurs l'heure d'une distribution qui nous y ramène.
 Des baquets, en général 3, sont amenés par un coolie de la cuisine: l'un contient des boules de riz, l'autre des débris de légumes, le troisième de l'eau chaude. Par un trou spécial, ménagé dans le portillon, se passent les boules de riz et les écuelles. Il y a , matin, midi et soir, une boule de riz par interné; les écuelles de légumes et d'eau sont toujours à peu près de la même quantité , quel que soit le nombre de détenus.
La boule de riz est de la veille (le prisonnier japonais a une boule chaude et fraîche); elle est aigre et froide, sans sel. Pour arriver à chacun des occupants, elle passe par plusieurs mains et quelles mains que celles qui n'ont pas vu l'eau depuis un mois, mais qui en revanche, ont touché tant de saletés.
Non seulement, pour manger cette boule, il faut avoir faim mais encore il faut pouvoir rejeter tout ce profond dégoût qui vient d'instinct, il faut que le palais veuille bien admettre ce riz aigre, fade, froid et sale. Certains prisonniers ne peuvent jamais s'y faire, d'autres, très rares, absorbent leur boule, et quelquefois celle de leurs voisins. Le "Légume" d'accompagnement, quelquefois un minuscule morceau de concombre salé, quelquefois trois ou quatre tiges de liserons d'eau baignant dans l'écuelle d'eau sale, ou une dizaine de haricots germés, le tout additionné de quelques déchets de crevettes malodorantes.
Mais n'allez pas supposer que chacun a une écuelle; une pour cinq est la solution la meilleure, c'est souvent une pour sept. Ce sont donc cinq ou sept mains sales qui vont essayer de pêcher dans ce qu'il est admis d'appeler la soupe, l'un une épluchure repérée sournoisement, l'autre un dé de navet, un troisième des débris de haricots germés; et, après la pêche, l'un après l'autre, les prisonniers boivent avidement une gorgée de ce résidu infect, généralement nauséabond mais chaud.
Ces absorptions doivent se faire dans le silence. Les cris des geôliers et les coups sont souvent accompagnement de ces repas. Ensuite, balayer en 2 ou 3 minutes les madriers de la cage, et chacun reprend sa position assise. Quelques-uns, trop épuisés déjà, s'endorment; ils ont lutté contre le besoin de dormir, mais tout d'un coup leurs yeux se sont fermés. Le geôlier qui passe les voit; d'un cri animal, il les réveille et, les faisant venir près des barreaux, il leur distribue sur la tête des coups de bâton, puis, selon son bon plaisir, et surtout selon le " coup de lèche" qu'il désire passer au chef de poste, il inflige une autre punition, par exemple: rester bien droit, les bras verticaux ou horizontaux; dès que les bras tombent, les coups pleuvent. D'autres fois, c'est punition collective; tous les prisonniers de la geôle sont condamnés à se tenir dans une position difficile et très fatigante pour beaucoup, par exemple: à genoux, assis sur les talons, les bras croisés, etc.
C'est maintenant l'heure  des exercices physiques; c'est naturellement dans le petit réduit de la cage sans air et sans lumière du jour que cela se passe. Malgré ces conditions, que l'on est content, dans les premières semaines de l'emprisonnement, de faire ces exercices. On s'y donne avec le maximum d'ardeur pour essayer de se détendre, de respirer, de ne pas trop perdre de ses moyens. Mais l'affaiblissement des forces se faisant sentir au bout de quelques semaines, l'exercice physique finit par être un supplice qui s'ajoute aux autres. On abandonne quelquefois, et alors, si on ne présente pas de fièvre, ni de caractéristiques de la malaria, c'est une nouvelle séance de bastonnade.

La nuit arrive. Une lucarne située assez loin dans le couloir, nous laisse voir un pan de mur d'un édifice voisin. L'ombre sur ce pan de mur marque nos heures. Il est bientôt 19 heures. Le dîner (toujours le même horrible menu) arrive. Il convient maintenant d'attendre l'appel du soir. Oh! Ces longues heures d'attente avant l'appel du soir! Quel supplice nouveau!Toujours assis à la Japonaise, les yeux hagards conservés ouverts depuis le réveil à 5 heures, on pense, on scrute son passé, on fait des projets, car depuis quelques jours, on cultive l'espoir de sortir vivant.
Les tout premiers jours de l'internement, on pensait à l'heure fatale, on se demandait comment cela se passerait: 12 balles ou le sabre, dans la cour de la prison ou dans un endroit écarté; on serait peut-être en camion; ne pourrait-on pas se laisser tomber en cours de trajet près d'un arroyo dans lequel on se glisserait, lueur d'espoir vite détruite, vite reprise. En même temps, le corps souffre; 4 jours déjà que l'on habite ces lieux et la soif nous tenaille toujours, on ne s'est pas encore accoutumé. Les rêves les plus beaux: boire tout son saoul. D'abord on accepte même la solution de boire l'eau bourbeuse d'un ruisseau, puis on se raffine, on pense aux boissons fines, de l'eau fraîche et pure, et quand on arrive aux jus d'oranges et aux whiskies glacés, la soif a disparu. C'est en général vers le 5ème ou 6ème jour. Cette torture de la soif, les anciens, qui la connaissent bien, qui l'ont éprouvée, qui savent son intensité et sa durée, ils nous aident à la supporter en se privant pour nous.
L'ordre de préparation pour l'appel du soir est hurlé. Tous se lèvent et se préparent; il convient d'être correctement habillé, aussi bien que le permet le vestiaire. On est prêt, on s'est placé sur 2 rangs, par rang de taille. Le japonais  mouchard commande la reprise, il se permet même de frapper tout en étant prisonnier lui-même. Le chef de poste fait une première inspection de la tenue de chacune des cages, puis il attend, devant la première, l'officier de service auquel il va rendre l'appel. Pour rompre cette attente, il s'amuse à la japonaise en gesticulant, comme ils savent si bien le faire, avec son sabre, son revolver. Il fait des "présentez sabre" dans un style japonais parfaitement militaire, mais aussi parfaitement grotesque. Généralement, ces démonstrations sont accompagnées de moulinets, de "pointez", de "sabrez". Quelle joie dans les yeux de ces gendarmes. Enfin, après un bon quart d'heure d'attente, l'officier du jour arrive. Il n'est ni peu fier, ni peu distant; quel bel allemand d'extrême Orient. Il passe en marmonnant quelques phrases au chef de poste. Puis on lit à haute voix les "Consignes aux Prisonniers". Ce sont les minutes drôles de la journée, car les anciens ont pris l'habitude de travestir le texte: "avertir la garde quand un suicidé s'est évadé…".
L'officier de service sort assez rapidement, sauf les soirs de libation où il fait durer la plaisanterie.
Mais ces soirs ont été rares. Le chef de poste fait distribuer les couvertures: une grande pour 2, ou une petite individuelle, sauf pour le Japonais qui reçoit pour lui la plus grande et la meilleure. La nuit, semblable au jour puisqu'il y a toujours le même éclairage, apporte cependant une détente, on peut s'allonger et fermer les yeux. Mais il est ordonné de se coucher le corps en légère pente, la tête plus basse que les pieds, nouvelle torture dans les débuts. Puis c'est la guerre aux moustiques. Ils sont nombreux et avides.

Mais est-ce bien la nuit? La garde a quitté ses souliers de caoutchouc utilisés le jour afin de ne pas signaler son arrivée, pour les remplacer par des brodequins ferrés. Aussi est-ce, pendant la nuit, un crissement continu sur le ciment du couloir. La garde parle sans arrêt, crie, frappe sur des meubles, en renverse, bref fait tout ce qu'il faut pour gêner le sommeil, empêcher le repos; mais la fatigue est si grande que l'on dort quand même.
Bien entendu pas de toilette, pas une goutte d'eau à se passer sur les yeux, cela fait partie du martyr. La règle prévoit une douche par mois, en fait on ne l'a pas. Aussi pour avoir le droit de prendre contact avec l'eau d'un robinet, chacun attend-il impatiemment son tour de porter la tinette. Cette horrible corvée en temps normal devient un plaisir, car elle implique (Oh! pas toujours) le droit de se laver en courant sous un robinet, et celui de revoir le jour un court instant.
Puis les heures continuent à passer. Si l'on y pense, c'est une éternité qui semble être devant nous; mais si l'on songe à d'autres heures, les heures finissent par passer et les jours et les semaines à s'accumuler.
Il a été curieux de constater que presque tous nous avons pensé aux mêmes choses.
    D'abord, avoir à boire.
    Puis, le passé défile devant nous tout entier; des faits complètement sortis de notre mémoire reviennent et se précisent dans tous leurs détails. Arrive ensuite le présent, les soucis des familles. La résignation du prisonnier avec, cependant, bien chevillé au corps, toujours l'espoir de sortir. On a étudié toutes les solutions éventuelles possibles, y compris et surtout celle d'un bombardement qui démolirait la prison. On a pensé à se protéger dans le cas d'un débarquement, contre la vengeance japonaise qui chercherait à s'exercer sur nous, on a pensé à tout.
Après ces pensées d'un intérêt immédiat, on a vue sur l'avenir. Quelle simplicité que cet avenir! La joie de la liberté et de la famille suffit à l'emplir; puis elle se complique, on plante, on cultive, on bâtit. Les détails de ces projets prennent plusieurs journées, et, après chaque interruption, le calme de la geôle étant revenu, on cherche les points d'arrêt pour ré-enchaîner.
Mais les jours qui passent appauvrissent le corps, les forces diminuent, on le sent trop nettement, mais on veut tenir, il faut sortir vivant. Cependant, chaque jour, le squelette se précise; après la graisse, les muscles alimentent le pauvre organisme. Serons-nous libérés? Quand? Chaque jour, on espère du nouveau favorable, on voit sortir les camarades, les uns vivants, les autres morts.
Car, bien entendu, pour les Japonais, il est complètement exclu qu'un prisonnier puisse être malade. Cependant, ces morts au milieu de nous les inquiètent, ou plus exactement, ils redoutent quelques complications; aussi pendant quelques temps, ils frappent moins fort, ils regardent les malades sans prendre d'ailleurs de décision, ni leur donner de remède.
Mais cette mansuétude passe vite; les morts sont vite oubliés et l'on refrappe à tour de bras.
Ainsi marche le temps à la Gendarmerie Japonaise, où tout a été étudié pour coopérer au supplice inhumain qui est le sort de ceux qui s'y trouvent.
Enfin, un jour on est appelé. C'est pour sortir. Pourquoi? Qu'est-ce qui pouvait le faire prévoir? Rien, le secret est bien gardé. On se lève. Le portillon franchi, on chancelle, on se retrouve avec des camarades libérés en même temps.
Mais sont-ce bien des amis d'hier ou leur fantôme? Yeux enfoncés, teint verdâtre, barbe hirsute, cheveux tombants sur le cou et les oreilles. Eblouis par le jour, suffoqués par l'air, on se parle toujours à voix basse. Est-ce la liberté? On ne pourrait marcher si ce n'était Elle.
Plus tard, dans un camp plus clément, on se lave, on se pèse. Les pertes de poids pour un séjour de 58 jours à la Gendarmerie oscillent entre 20 et 25 kilos. On était bien près des portes de la mort.

   René Weiser 1967
Liens 





TABLE










Association des anciens prisonniers, internés, déportés d'Indochine (ANAPI)  

CAPTIFS DU VIET MINH  

Les anciens prisonniers des Japonais, du Viêy-Minh et de Corée  l'ANAPI 

Prisonniers des japonais

la présence japonaise  Guerre 1939 - 1945 et présence japonaise en Indochine   
Le coup de force du 9 mars 1945
La captivité
Exactions commises
Les prisonniers
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Le 60e anniversaire