Bulletin de l’association des personnels de la « 5 »
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Pensée du jour !!! Les manip Panne sèche au-dessus des derricks, par M. Camus Quelques extraits du journal de marche du Lt J. Drapier Inscription prochaine manip |
EDITORIAL
Pour arrêter les guerres incessantes entre les Gibelins et les
Guelfes, le 15 août 1235, Frédéric II de Hauenshauffen*, maître
de l’Empire Romain Germanique, rédigea l’Edit de Paix en latin comme
c’était la coutume, mais, et c’était une grande première, il le
rédigea aussi en allemand. L’empereur avait compris que l’empire
germanique ne devait pas être la simple juxtaposition de populations et de
territoires, mais que ce devait être un organisme vivant dont le principal
facteur d’unification et d’identité devait être l’usage de la même
langue dans tous les Länders. En fait c’était une régionalisation à l’envers
dont le résultat est perceptible encore aujourd’hui. Il y a des recettes qui
ne trompent pas, encore faut-il les suivre. Bonne et heureuse année 2002 que nous vous souhaitons riche de joies d’amitiés et de paix *L'auteur a peut-être voulu écrire Frédéric II de Hohenstaufen empereur d'Allemagne et de Sicile |
Ce n’est pas la pensée du jour , mais je la laisse quand même à votre
appréciation |
Prochaine manip … prévue le 07 décembre Top
Avec un repas au restaurant « le Parvis » à Orange. Bernard Conchon. évoquera l’accident et la remise en service du Concorde. Inscrivez vous dés que possible (selon les procédures habituelles, voir le document joint) car le parvis est limité à une cinquantaine de places.
Dernière manip
Nous avons été chez Jeannette Borelly, dans sa superbe bâtisse qui domine
le Chassezac après avoir visité la chartreuse de Valbonne et une grotte, dans
le bois de Païolive dans l’Ardèche, ou nous avons retrouvé des traces de l’homme
(et des ours) depuis 40.000 ans.
Le repas brochettes a été préparé par J Dieu, M Brugnon et M Foix
Bois de Païolive et Gorges du Chassezac -Photos Chargement rapide
Top
Après l’aventure des SMB2 en OTASE raconté par P GOLAIN, M.A. CAMUS, leader de la première patrouille légère sur l’étape KARACHI/BARHEIN nous livre en direct son «vécu» WELL DONE et merci pour ces témoignages qui font l’histoire de l’Air
Panne sèche au-dessus des derricks
Les vieux soldats savent que la vie de caserne, en temps de
paix, est plutôt morose. Dans les années 60, la vie en Escadron de chasse
manque de diversité. Du lundi au vendredi, un vol d’entraînement quotidien,
avec retour au terrain de départ, une heure de vol local pour les pilotes du
Mystère IV et de Supermystère, 35 minutes seulement pour les pilotes de
Mystère II, à condition d’ "économiser son pétrole".
Petite cerise sur cet ordinaire, un voyage semestriel vers
Solenzara en Corse (la plus proche des îles lointaines sentait bon la poudre…).
C’est dans ce contexte que l’on imagine la joie d’être
désigné pour un exercice de défense aérienne à Bangkok, en Thaïlande en
février 1960.
Un des « gentils membres » de ce club restreint raconte
avec humour, dans la revue des Anciens de la 5ème escadre
de classe cette aventure exceptionnelle.
C’est dans ce contexte que l’on
imagine la joie d’être désigné pour un exercice de défense aérienne à
Bangkok, en Thaïlande en février 1960.
Une étape dans son détail
Nous somme à Karachi et partons à Bahreïn, donc ambiance
«préparation grand-raid» et «adieu camarades».
Prenez vos cartes et vous constaterez qu’il s’agit d’un
parcours d’environ un millier de milles nautiques au-dessus de l’océan
indien du Golfe d’Oman au Golfe Persique.
Dans cette région désolée du monde, il n’a été
implanté aucune aide-radio à la navigation aérienne sauf une balise M.F.. à
Sarjah et un Gonio VHF à Bahreïn.
Le chasseur supersonique Super Mystère, équipé de pneus
haute pression, exige pour se poser, une piste en dur d’une longueur «
standard OTAN » de 2 4OO mètres. Il n’existe en cours de route aucune piste
pouvant normalement l’accueillir en déroutement, voire si nécessaire en cas
de détresse.
Enfin, avec un vent de face quasi permanent (le Jet-stream
sub-tropical Nord), ce vol est à l’extrême limite d’autonomie de cet
avion, même en embarquant son maximum de pétrole. La réserve prévue à l’arrivée
était de 400 litres, à peine 10 minutes de vol à basse altitude.
La prévision météo pakistanaise était médiocre : 8/8 de
nuages sur tout le trajet, une visibilité acceptable au-dessous et un vent d’ouest
d’environ 100 Kts à l’altitude de vol. Mais nous avions appris par
expérience que les prévisions météo dans ces pays (lorsque nous pouvions en
obtenir) étaient remplies de charme et de folklore.
Exemple : Météo prévue à Bangkok :
Plafond élevé et visibilité supérieure à 30 kms
Météo observée :
Brouillard londonien jusqu’à 10 heures
A midi, brume, pluie et plafond bas.
Le soir, retour d’un brouillard épais.
Donc, nous partons vers l’inconnu : Alea jacta es.
Pour économiser le carburant tout en assurant l’unité des deux avions :
Décollage en patrouille serrée Plein gaz - Pleine post-combustion.
L’équipier exécute parfaitement ce départ assez difficile et peu
orthodoxe car la puissance de son moteur n’est pratiquement pas dosable. Il
colle à son leader au moment où les deux avions rentrent dans les nuages. Ca
commence très bien et comme le disait Laetitia à son fils Napoléon : «pourvu
que ça dure».
Nous émergeons vers 20 000 pieds dans un ciel bleu éblouissant et
installons les avions, très lourds, à leur plafond, garant de la plus grande
distance franchissable.
Le frissonnement caractéristique des ailes me confirme que nous subissons un
vent violent, mais nous nous y attendions.
A mi-chemin, toujours au-dessus d’une mer de nuages continue, aucun des
chasseurs ne peut accrocher la balise M.F. de Sarjah, notre unique repère. Nous
apprendrons à l’arrivée qu’elle était en panne. La « panne » était à
l’époque un « mode de fonctionnement » plutôt habituel de l’électronique
dans ces régions peu portées à la MI-TEC.
De nos jours, les satellites (G.P.S.) et les plates-formes inertielles, très
fiables, y apportent un remède quasi parfait.
Parcourir 2 000 kilomètres à l’estime, sans le moindre repère, n’est
vraiment pas sérieux, avec 10 minutes de réserve à
l’arrivée… mais le
«chasseur» n’est-il pas né pour l’aventure ?
De toute façon, nous n’avions pas le choix donc nous continuons. Après
une demi-heure, qui nous a semblé fort longue, nous établissons enfin le
contact en anglais avec Bahreïn-Gonio. Il confirme que nous sommes exactement
sur notre route, mais, évidemment, ne peut nous indiquer de distance.
La météo annoncée n’est pas trop mauvaise : 8/8 de
nuages élevés, brume et vent nul au sol. Nos jauges de pétrole approchent
inexorablement de zéro et comme mon équipier est très confirmé, je le
libère de son obligation de me suivre. A chacun sa chance. Ma solution est de
poursuivre à l’altitude de croisière jusqu’à l’extinction du réacteur.
L’équipier choisit une descente immédiate, moteur au ralenti et rentre dans
les nuages. Comme prévue, mon réacteur d’arrête et je rentre rapidement
aussi dans les nuages.
J’en informe Bahreïn qui nous confirme que les moyens de
sauvetage sont en alerte - Rescue ready - … ce qui est très rassurant…
Vers 20 000 pieds, je sors des nuages et plane dans un ciel
sombre et laiteux. Dessous, on aperçoit les eaux grises du Golfe persique et
devant, on devine un masse plus sombre : l’île de Bahreîn.
Je fais ainsi avec plaisir ma «première position» depuis
deux heures de vol. Le Supermystère glisse silencieusement à sa vitesse de
finesse max (270 kts).
Je conserve mes réservoirs largables, supposant qu’ils ne
doivent hélas, pas changer de façon significative la vitesse de chute de mon
«fer à repasser». Ils sont tout neufs et nous n’en possédons pas de
rechange.
J’explique au contrôle anglais mon intention de manœuvre
- Easy : arrivée vertical piste, circuit gauche « Kamikaze » réacteur
coupé. A 1 000 pieds, si j’estime la manœuvre réussie, je me pose… sinon
« Bell-out » je m’éjecte (l’entrée de piste est au dessus de la mer,
donc "No problem at all" ).
Je sais que cette eau est infestée de requins, mais au moins
elle est chaude et j’aime les bêtes.
Pendant la manœuvre, j’entend à la radio, avec beaucoup
de plaisir, mon équipier qui se pose (son réacteur coupera en panne sèche à
l’arrivée au parking) - Well done Sir.
Le seuil de piste se rapproche vite. Je redoutais la buée
sur mon pare-brise et le blocage des servo-commandes hydrauliques mais tout est
« OK » - Realy marvellous !
Il me semble revivre, en accéléré, mes retours à St Auban,
après des heures passées en planeur à 6 000 mètres, en vol d’onde
au-dessus de la montagne de Lure.
Face à la piste je perds « en glissade dans l’axe »,
comme me l’avait appris mon moniteur d’aéroclub sur Stamp, vieux biplan en
toile, les quelques centaines de pieds que j’avais gardés en trop jusqu’au
dernier moment. Je botte sec à droite pour faire face à la piste, et il faut
tirer le manche presque à fond en arrière pour briser la très grande vitesse
de chute de l’avion. Les roues touchent exactement au seuil d’entrée de
bande. Je note que la chute verticale est sensiblement plus forte qu’en
exercice, réacteur réduit aérofreins ouverts.
Quelle brave bête que cet avion ! Je l’avais toujours
aimé, et aujourd’hui beaucoup plus encore. Il avait fière allure à Bangkok
avec ses deux canons et sa bordée redoutable de roquettes air/air de 65 mm…
face aux petites mitrailleuses de la concurrence : F 86 ET F 102.
Maintenant, il roule sur la piste de Bahrein et je ne ressens
pas de léger choc d’ouverture de parachute-frein. Il ne fonctionne pas, mais
un freinage modéré l’arrête sans difficulté bien avant le bout de piste.
Demain avec ses gros bidons, il pourra repartir.
Je ne savais pas encore que ce genre d’arrivée deviendrait
banal. La navette spatiale, avec ses 100 tonnes à vide et ses petites ailes, se
pose toujours en plané à environ 300 kts vitesse d’approche. Je ne savais
pas non plus que ce ciel d’Arabie me deviendrait familier.
Combien de fois ai-je « attendu vertical » plus d’une
heure, au-dessus de l’aéroport de Djedda, au moment des encombrements des
pèlerinages à la Mecque.
… De toute façon, avec 15 000 litres de pétrole restants
en soute, nous pouvions tranquillement attendre une deuxième heure, ou «
dégager » à 1 000 kms, ou même faire successivement les deux tranquillement.
Les vols se suivent mais ne se ressemblent pas…
M. CAMUS
Porto-Vecchio - printemps 2001
Nota 1 : Le vent
moyen subi ce jour-là, recalculé au sol était de 130 kts de face, ce qui est
normal pour un Jet-stream. Il sont parfois plus forts.
Venant de Luanda dans l’hémisphère sud. A 36 000 pieds
la nuit au-dessus de Bordeaux, les deux ordinateurs de
bord m’ont indiqué une pointe de vent de face à 240 kts. Même à la vitesse
de croisière de 480 kts, nous sommes arrivés à Roissy
avec beaucoup de retard.
Nota 2 : Tout à fait fidèle à la
tradition de gentlemen, nous avons terminé cette soirée chez les Anglais. L’ambassadeur
m’avait déclaré (sans rire) que dans notre monde moderne, il valait mieux
avoir du pétrole… Je le savais aussi (off course). Il m’expliquait que le
flot de pétrole au Moyen-Orient correspondait à une
chute de lingots d’or plus importante que les chutes du Niagara.
Je pressentais alors que le pétrole allait
sentir de plus en plus la poudre.
Actuellement, les gisements de pétrole et la
guerre coïncident dans le monde : Libye, Iran, Irak, Tchéchénie,
Angola.
Mais j’avais sommeil et je rêvais que Sheerazade,
entourée de son merveilleux charme sensuel oriental, venait me souhaiter «
bonne nuit ». Il faisait chaud, il faisait bon vivre.
Car cette journée devenait déjà un souvenir
Avant de vous laisser lire quelques extraits du journal de marche du Lt J. Drapier il faut situer la participation de la 5 en AF
La « 5 » a parrainé 3 escadrilles d’aviation légère d’appui et un escadron pendant la guerre d’Algérie.
Vendredi 6 septembre 1957
A la Senia, aéroport d’Oran, un T 6, mon nouvel avion d’armes, m’attend. En vol, cap au sud en direction Méchéria, à 250 kms sur les hauts plateaux de l’Atlas saharien à plus de 1 000 mètres d’altitude, une nouvelle aventure commence.
Samedi 7 septembre 1957
Mes premières missions sont consacrées à la reconnaissance du secteur d’opérations dévolu à l’escadrille. Un territoire immense qui correspond à la superficie de la Suisse. A l’intérieur, la chaîne de Monts des Ksours, dont certains sommets dépassent les 2 000 mètres, sépare les hauts plateaux de Grand Erg occidental.
Mercredi 9 octobre 1957
Un combat violent se déroule dans le Djebel es somm. La 4ème compagnie portée du 2ème REI, a engagé une katiba en provenance du Maroc. Patrouille après patrouille, nous appuyons de nos feux la légion, tandis que les hélicoptères évacuent les blessés. Sur le retour, le Sergent-chef Janniot perd le contrôle de son avion et s’écrase à moins de 30 Kms de la base. Prévenu par le pilote d’un hélicoptère, nous retournons sur les lieux du crash. Sur place, l’avion brûle toujours. Avec l’aide d’un jeune soldat, nous l’avons installé près de nous sur une civière. J’ai mal, très mal. Le soir même j’écris à sa famille. Il avait 25 ans.
Novembre 1957
Les accrochages avec les Fells se multiplient. Parallèlement, notre activité aérienne est très soutenue. La nuit, sous la tente, il fait très froid. En effet, le poêle à mazout manque de fiabilité et refoule la fumée, il est donc plus prudent de le laisser éteint.
Début décembre 1957
Le jour de gloire est arrivé. Les logements en dur de la nouvelle base sont terminés. Les « Sarrades et Galtier » succèdent aux tentes Saga III. Chacun a sa chambre normalement équipée d’un lit, d’une armoire et d’une table de nuit. Les sanitaires avec douches sont alimentés en eau. Les mouches de la sinistre feuillée n’iront plus virevolter autour de nos assiettes au moment des repas.
24 décembre 1957
Excepté le personnel de garde, la 9/72 au grand complet est réunie pour fêter Noël.
Du 19 janvier au 12 février 1958
Toute une série d’opérations se déroule au cours desquelles ont lieu des accrochages nombreux et parfois sévères. Chaque fois nous intervenons au plus fort des combats, au plus près de nos amis légionnaires, dans les Djebels Tamedda, Aïssa ou encore Bounoukta. Le Colonel Goujon, commandant du 2ème Régiment Etranger d’Infanterie, adresse à l’escadrille une chaleureuse lettre de remerciements pour son appui efficace et sans retenu.
13 mai 1958
De Gaulle arrive au pouvoir et tout le monde croit à la fin du conflit. Partout en Algérie, dans les villes comme dans les bleds, les communautés européennes et musulmanes fraternisent, les fellagas sont descendus des Djebels et se mêlent à la foule en liesse. Seule l’A.L.N., implantée au Maroc et en Tunisie, tente des opérations d’infiltration sur le territoire algérien. Pour nous, la bataille de la frontière algéro-marocaine continue.
20 juillet 1958
Mon séjour opérationnel s’achève. J’ai effectué 177 missions de guerre en 503 heures de vol. Les Koppe,l Caroff, Janniot, Beteille, Millo, Souil, Durando, Daweritz, Peysonnel (celui de la 2) ne reverront jamais plus leurs proches.
Jacques DRAPIER
Comme annoncé ci-dessus, le prochain repas pour les
membres de l’ « A.P.5 » aura lieu
le vendredi 07 décembre 2001 à partir de 19 h
30
au « Restaurant «Le Parvis» cours Pourtoules à
ORANGE. (Entre la Gare Routière et le Théâtre Antique) Le nombre de places est limité à 50 et ce chiffre ne
pourra pas être dépassé. Les inscriptions accompagnées de votre
règlement de 150 Francs ou 22,87 Euros sont à transmettre avant le 30
novembre à :
M. SOUFFLET Michel, Route de Travaillan
84850 CAMARET S/AYGUES
Pour le Général d'armée aérienne Jean-Claude LARTIGAU Président, l’adjudant FOIX Annie secrétaire.