Bulletin de l’association des personnels de la « 5 » Base aérienne 115 - 84871 ORANGE Cedex Téléphone/Fax : 04.90.11.57.49

              New’s N° 22

Pensée du jour !!!   
Les manip   
Panne sèche au-dessus des derricks, par M. Camus  
Quelques extraits du journal de marche du Lt J. Drapier
Inscription prochaine manip
EDITORIAL  Pour arrêter les guerres incessantes entre les Gibelins et les Guelfes, le 15 août 1235, Frédéric II de Hauenshauffen*, maître de l’Empire Romain Germanique, rédigea l’Edit de Paix en latin comme c’était la coutume, mais, et c’était une grande première, il le rédigea aussi en allemand. L’empereur avait compris que l’empire germanique ne devait pas être la simple juxtaposition de populations et de territoires, mais que ce devait être un organisme vivant dont le principal facteur d’unification et d’identité devait être l’usage de la même langue dans tous les Länders. En fait c’était une régionalisation à l’envers dont le résultat est perceptible encore aujourd’hui. Il y a des recettes qui ne trompent pas, encore faut-il les suivre.
Bonne et heureuse année 2002 que nous vous souhaitons riche de joies d’amitiés et de paix 
*
L'auteur a peut-être voulu écrire Frédéric II de Hohenstaufen   empereur d'Allemagne et de Sicile

Ce n’est pas la pensée du jour , mais je la laisse quand même à votre appréciation
Entre ce que je pense, ce que je veux dire,
Ce que je crois dire,
Ce que je dis,
Ce que vous avez envie d'entendre,
Ce que vous croyez entendre,
Ce que vous entendez,
Ce que vous avez envie de comprendre
Ce que vous comprenez,
Il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer.
Mais essayons quand même....

Prochaine manip … prévue le 07 décembre          Top

Avec un repas au restaurant « le Parvis » à Orange. Bernard Conchon. évoquera l’accident et la remise en service du Concorde. Inscrivez vous dés que possible (selon les procédures habituelles, voir le document joint) car le parvis est limité à une cinquantaine de places.

Dernière manip

Nous avons été chez Jeannette Borelly, dans sa superbe bâtisse qui domine le Chassezac après avoir visité la chartreuse de Valbonne et une grotte, dans le bois de Païolive dans l’Ardèche, ou nous avons retrouvé des traces de l’homme (et des  ours) depuis 40.000 ans.
Le repas brochettes a été préparé par J Dieu, M Brugnon et M Foix 
Bois de Païolive et Gorges du Chassezac -Photos Chargement rapide

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Après l’aventure des SMB2 en OTASE raconté par P GOLAIN, M.A. CAMUS, leader de la première patrouille légère sur l’étape KARACHI/BARHEIN nous livre en direct son «vécu» WELL DONE et merci pour ces témoignages qui font l’histoire de l’Air

Panne sèche au-dessus des derricks

Les vieux soldats savent que la vie de caserne, en temps de paix, est plutôt morose. Dans les années 60, la vie en Escadron de chasse manque de diversité. Du lundi au vendredi, un vol d’entraînement quotidien, avec retour au terrain de départ, une heure de vol local pour les pilotes du Mystère IV et de Supermystère, 35 minutes seulement pour les pilotes de Mystère II, à condition d’ "économiser son pétrole". 
Petite cerise sur cet ordinaire, un voyage semestriel vers Solenzara en Corse (la plus proche des îles lointaines sentait bon la poudre…).

C’est dans ce contexte que l’on imagine la joie d’être désigné pour un exercice de défense aérienne à Bangkok, en Thaïlande en février 1960. 
Un des « gentils membres » de ce club restreint raconte avec humour, dans la revue des Anciens de la 5ème   escadre de classe cette aventure exceptionnelle. 
C’est dans ce contexte que l’on imagine la joie d’être désigné pour un exercice de défense aérienne à Bangkok, en Thaïlande en février 1960.

Une étape dans son détail  

Nous somme à Karachi et partons à Bahreïn, donc ambiance «préparation grand-raid» et «adieu camarades». 
Prenez vos cartes et vous constaterez qu’il s’agit d’un parcours d’environ un millier de milles nautiques au-dessus de l’océan indien du Golfe d’Oman au Golfe Persique.
 
Dans cette région désolée du monde, il n’a été implanté aucune aide-radio à la navigation aérienne sauf une balise M.F.. à Sarjah et un Gonio VHF à Bahreïn.  
Le chasseur supersonique Super Mystère, équipé de pneus haute pression, exige pour se poser, une piste en dur d’une longueur « standard OTAN » de 2 4OO mètres. Il n’existe en cours de route aucune piste pouvant normalement l’accueillir en déroutement, voire si nécessaire en cas de détresse.  
Enfin, avec un vent de face quasi permanent (le Jet-stream sub-tropical Nord), ce vol est à l’extrême limite d’autonomie de cet avion, même en embarquant son maximum de pétrole. La réserve prévue à l’arrivée était de 400 litres, à peine 10 minutes de vol à basse altitude.  
La prévision météo pakistanaise était médiocre : 8/8 de nuages sur tout le trajet, une visibilité acceptable au-dessous et un vent d’ouest d’environ 100 Kts à l’altitude de vol. Mais nous avions appris par expérience que les prévisions météo dans ces pays (lorsque nous pouvions en obtenir) étaient remplies de charme et de folklore.

Exemple : Météo prévue à Bangkok :      
Plafond élevé et visibilité supérieure à 30 kms
 
Météo observée :  
Brouillard londonien jusqu’à 10 heures 
A midi, brume, pluie et plafond bas. 
Le soir, retour d’un brouillard épais.

Donc, nous partons vers l’inconnu : Alea jacta es.  
Pour économiser le carburant tout en assurant l’unité des deux avions :  
Décollage en patrouille serrée Plein gaz - Pleine post-combustion.  
L’équipier exécute parfaitement ce départ assez difficile et peu orthodoxe car la puissance de son moteur n’est pratiquement pas dosable. Il colle à son leader au moment où les deux avions rentrent dans les nuages. Ca commence très bien et comme le disait Laetitia à son fils Napoléon : «pourvu que ça dure».  
Nous émergeons vers 20 000 pieds dans un ciel bleu éblouissant et installons les avions, très lourds, à leur plafond, garant de la plus grande distance franchissable.  
Le frissonnement caractéristique des ailes me confirme que nous subissons un vent violent, mais nous nous y attendions.  
A mi-chemin, toujours au-dessus d’une mer de nuages continue, aucun des chasseurs ne peut accrocher la balise M.F. de Sarjah, notre unique repère. Nous apprendrons à l’arrivée qu’elle était en panne. La « panne » était à l’époque un « mode de fonctionnement » plutôt habituel de l’électronique dans ces régions peu portées à la MI-TEC.  
De nos jours, les satellites (G.P.S.) et les plates-formes inertielles, très fiables, y apportent un remède quasi parfait.  
Parcourir 2 000 kilomètres à l’estime, sans le moindre repère, n’est vraiment pas sérieux, avec 10 minutes de réserve à l’arrivée… mais le «chasseur» n’est-il pas né pour l’aventure ?  
De toute façon, nous n’avions pas le choix donc nous continuons. Après une demi-heure, qui nous a semblé fort longue, nous établissons enfin le contact en anglais avec Bahreïn-Gonio. Il confirme que nous sommes exactement sur notre route, mais, évidemment, ne peut nous indiquer de distance.  
La météo annoncée n’est pas trop mauvaise : 8/8 de nuages élevés, brume et vent nul au sol. Nos jauges de pétrole approchent inexorablement de zéro et comme mon équipier est très confirmé, je le libère de son obligation de me suivre. A chacun sa chance. Ma solution est de poursuivre à l’altitude de croisière jusqu’à l’extinction du réacteur. L’équipier choisit une descente immédiate, moteur au ralenti et rentre dans les nuages. Comme prévue, mon réacteur d’arrête et je rentre rapidement aussi dans les nuages.  
J’en informe Bahreïn qui nous confirme que les moyens de sauvetage sont en alerte - Rescue ready - … ce qui est très rassurant… 
Vers 20 000 pieds, je sors des nuages et plane dans un ciel sombre et laiteux. Dessous, on aperçoit les eaux grises du Golfe persique et devant, on devine un masse plus sombre : l’île de Bahreîn.
 
Je fais ainsi avec plaisir ma «première position» depuis deux heures de vol. Le Supermystère glisse silencieusement à sa vitesse de finesse max (270 kts).  
Je conserve mes réservoirs largables, supposant qu’ils ne doivent hélas, pas changer de façon significative la vitesse de chute de mon «fer à repasser». Ils sont tout neufs et nous n’en possédons pas de rechange.  
J’explique au contrôle anglais mon intention de manœuvre - Easy : arrivée vertical piste, circuit gauche « Kamikaze » réacteur coupé. A 1 000 pieds, si j’estime la manœuvre réussie, je me pose… sinon « Bell-out » je m’éjecte (l’entrée de piste est au dessus de la mer, donc "No problem at all" ). 
Je sais que cette eau est infestée de requins, mais au moins elle est chaude et j’aime les bêtes.  
Pendant la manœuvre, j’entend à la radio, avec beaucoup de plaisir, mon équipier qui se pose (son réacteur coupera en panne sèche à l’arrivée au parking) - Well done Sir.  
Le seuil de piste se rapproche vite. Je redoutais la buée sur mon pare-brise et le blocage des servo-commandes hydrauliques mais tout est « OK » - Realy marvellous !  
Il me semble revivre, en accéléré, mes retours à St Auban, après des heures passées en planeur à 6 000 mètres, en vol d’onde au-dessus de la montagne de Lure.  
Face à la piste je perds « en glissade dans l’axe », comme me l’avait appris mon moniteur d’aéroclub sur Stamp, vieux biplan en toile, les quelques centaines de pieds que j’avais gardés en trop jusqu’au dernier moment. Je botte sec à droite pour faire face à la piste, et il faut tirer le manche presque à fond en arrière pour briser la très grande vitesse de chute de l’avion. Les roues touchent exactement au seuil d’entrée de bande. Je note que la chute verticale est sensiblement plus forte qu’en exercice, réacteur réduit aérofreins ouverts.  
Quelle brave bête que cet avion ! Je l’avais toujours aimé, et aujourd’hui beaucoup plus encore. Il avait fière allure à Bangkok avec ses deux canons et sa bordée redoutable de roquettes air/air de 65 mm… face aux petites mitrailleuses de la concurrence : F 86 ET F 102.  
Maintenant, il roule sur la piste de Bahrein et je ne ressens pas de léger choc d’ouverture de parachute-frein. Il ne fonctionne pas, mais un freinage modéré l’arrête sans difficulté bien avant le bout de piste. Demain avec ses gros bidons, il pourra repartir.  
Je ne savais pas encore que ce genre d’arrivée deviendrait banal. La navette spatiale, avec ses 100 tonnes à vide et ses petites ailes, se pose toujours en plané à environ 300 kts vitesse d’approche. Je ne savais pas non plus que ce ciel d’Arabie me deviendrait familier.  
Combien de fois ai-je « attendu vertical » plus d’une heure, au-dessus de l’aéroport de Djedda, au moment des encombrements des pèlerinages à la Mecque. 
… De toute façon, avec 15 000 litres de pétrole restants en soute, nous pouvions tranquillement attendre une deuxième heure, ou « dégager » à 1 000 kms, ou même faire successivement les deux tranquillement.
 
Les vols se suivent mais ne se ressemblent pas…

M. CAMUS
Porto-Vecchio - printemps 2001

Nota 1 : Le vent moyen subi ce jour-là, recalculé au sol était de 130 kts de face, ce qui est normal pour un Jet-stream. Il sont parfois plus forts. Venant de Luanda dans l’hémisphère sud. A 36 000 pieds la nuit au-dessus de Bordeaux, les deux ordinateurs de bord m’ont indiqué une pointe de vent de face à 240 kts. Même à la vitesse de croisière de 480 kts, nous sommes arrivés à Roissy avec beaucoup de retard.  
Nota 2
: Tout à fait fidèle à la tradition de gentlemen, nous avons terminé cette soirée chez les Anglais. L’ambassadeur m’avait déclaré (sans rire) que dans notre monde moderne, il valait mieux avoir du pétrole… Je le savais aussi (off course). Il m’expliquait que le flot de pétrole au Moyen-Orient correspondait à une chute de lingots d’or plus importante que les chutes du Niagara.
 
Je pressentais alors que le pétrole allait sentir de plus en plus la poudre. 
Actuellement, les gisements de pétrole et la guerre coïncident dans le monde : Libye, Iran, Irak, Tchéchénie, Angola. 
Mais j’avais sommeil et je rêvais que Sheerazade, entourée de son merveilleux charme sensuel oriental, venait me souhaiter « bonne nuit ». Il faisait chaud, il faisait bon vivre. 
Car cette journée devenait déjà un souvenir 

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Avant de vous laisser lire quelques extraits du journal de marche du Lt J. Drapier il faut situer la participation de la 5 en AF

La « 5 » a parrainé 3 escadrilles d’aviation légère d’appui et un escadron pendant la guerre d’Algérie.  
La 2/72 (insigne le Marquis) stationnées à Batna du 1/4/56 au 30/11/59.  
La 9/72 (insigne le petit Prince) est stationnée à Méchéria du 15/8/56 au 30/9/59.  
La 13/72 (insigne l’oiseau avec mitrailleuse derrière une montagne) stationnée à Paul Cazelle et à Bir Rabalou. La «12» parrainait également cette E.A.L.A.  
Le 3/5 (insigne du petit Prince et du Marquis avec une gazelle en sautoir) regroupait la 2/72 et la 9/72 stationnées à Méchéria du 1/12/59 au 30/9/62 sur le Détachement en Territoire Opérationnel (D.T.O).  
En 1957, l’E.A.L.A. 9/72 commandée par le Lieutenant J. DRAPIER, était équipée de T 6. 
Ce témoignage en direct est très instructif sur les conditions de vie et de combat de l’époque.
 
Par ailleurs G. Testanière m’a fait passer ces informations sur la création de la 2/72 et des autres escadrilles parrainées. 
« Création de la 2/72 (ORANGE) et de la 1/72 (DIJON) en Avril 1956.  
Nous étions ensemble à MARRAKECH pour la transfo sur T 6 équipé d'une seule mitrailleuse de capot qui tirait à travers l'hélice et qui s'armait de la place pilote.  
A compter du 12/4/56 nous avons commencé l’entraînement sur T 6 (voltige, tir au sol, v.s.v., . assaut, guidage chasse)  
Quelques noms de pilotes et de mécanos BILLARD, PUEL, LIMBERGER, SPECTY, COUZY, SAVY, VIGNERON, BERIE, MAUBOURGUET, FRANCASTEL, EHRHARD, ROULET, DARRACQ, LAUBY.  
Le 5/5/56, nous faisons, avec nos avions, le trajet MARRAKECH-MEKNES avec un arrêt et la nuit à OUJDA pour raison météo. Le 6/5/56, OUJDA-BLIDA-TELERGMA. Nous restons à TELERGMA en attendant que la base de BATNA soit prête à nous accueillir.  
En juin, nous allons à BATNA et nous avons un détachement de 2 avions à KENCHELA jusqu'au 8/9/56.  
Début septembre, quelques pilotes sont mutés à MECHERIA pour la création de la 9/72.  
Le 19/12/56, je participe avec CARLAN (observateur sympathique du sud-ouest) à la grande cérémonie de la 1ère remise de la croix de la valeur militaire sur le parking de BLIDA.  
En décembre 56, changement du Commandant de l'escadrille 2/72. Le Cne RICHARD remplace le Ltt BILLARD.  
Pour mon deuxième séjour de novembre 58 à septembre 59, j’ai été affecté à la 13/27 à Bir Rabalou. Le Ltt ROUMILHAC commandait l'escadrille et il a été remplacé par le Cne RUFF en juillet 59. Nous n'avions pas de détachement.  
Quelques noms de pilotes: AIMARD, SADRON, PUIGSEGUR, CUNHA, PETTELOT, FRANCASTEL »

 Extrait du journal de marche d’un pilote de la « 5 »

A la Senia, aéroport d’Oran, un T 6, mon nouvel avion d’armes, m’attend. En vol, cap au sud en direction Méchéria, à 250 kms sur les hauts plateaux de l’Atlas saharien à plus de 1 000 mètres d’altitude, une nouvelle aventure commence. 
Sous mes plans défile un paysage désertique où pointent ici et là des djebels arides. Je pense à l’Indochine, à ses vertes rizières, à sa jungle inexpugnable. Dans ce paysage lunaire, quelle sera ma mission ? 
Comment les rebelles, s’il y en a, peuvent-ils vivre ici, s’y cacher, nous menacer ? Pour le moment ces questions restent sans réponse. 
Vu du ciel, Méchéria est une bourgade typiquement arabe. Construite au croisement de deux pistes, au pied du Djebel antar, elle se présente comme une enclave carrée où sont groupées des mechtas toutes blanches. Aucune verdure n’adoucit ce paysage. La voie ferrée partage la ville. Quelques petits immeubles administratifs détonnent dans cet environnement où seul le Minaret de la mosquée se distingue. Quelqu’un a écrit : « méchéria, localité sans joie, sans couleur, (mais non sans odeur) et sans attrait, à mi-chemin entre Bou-Ktoub et Aïn-Sefra. Si la « Rafale » ne se désarticulait avec bruit en s’y arrêtant, le voyageur y passerait en dormant ». 
Atterrissage sur une piste en terre battue. Je découvre ce que sera mon lieu de vie. Une trentaine de tentes Saga III alignées au cordeau devant un parking d’une quinzaine de T 6. Un hangar digne des pionniers de l’aéropostale. Un camion citerne d’eau pour les usages courants et une cuisinière roulante, avec sa cheminée, identique à celle utilisée par les poilus de la guerre 14-18. Une longue tranchée isolée à ciel ouvert protégée des regards par des planches tient lieu de sanitaire. Un pilote disait à son propos : « Le meilleur moment pour y aller, c’est à midi car toutes les mouches sont au mess ! ». L’ensemble du cantonnement est protégé par un merlonnage hérissé de barbelés. Environ 300 militaires y vivent. Aucun des pilotes et mécaniciens présents ne me sont inconnus. Seuls le sont les aspirants observateurs et les jeunes soldats rappelés des contingents. Je partage ma tente avec mon second, Lieutenant comme moi… Des œillets en plastique, « arrosés quotidiennement », ornent l’entrée des tentes, le mobilier se limite à l’indispensable, c’est à dire deux lits de camp, une table pliante, deux tabourets et un poêle à mazout réputé pour ses colères noires… de suie. Faute d’armoire, les affaires personnelles resteront dans les valises. J’apprendrai à faire ma lessive, mon repassage et à prendre une douche par semaine, car la consommation d’eau est limitée, la station de pompage de Naama étant à 25 kilomètres.

Samedi 7 septembre 1957

Mes premières missions sont consacrées à la reconnaissance du secteur d’opérations dévolu à l’escadrille. Un territoire immense qui correspond à la superficie de la Suisse. A l’intérieur, la chaîne de Monts des Ksours, dont certains sommets dépassent les 2 000 mètres, sépare les hauts plateaux de Grand Erg occidental. 
Cette barrière montagneuse, orientée nord-est sud-ouest, est le lieu de passage privilégié de l’Armée de Libération Nationale (ALN) dans les deux sens ; l’un par les jeunes recrues qui rejoignent le Maroc pour y être entraînées, l’autre par les Katibas aguerries qui s’infiltrent en direction de l’Algérois. 
De nombreux postes tenus par des compagnies du 2ème Régiment Etranger d’Infanterie tentent de faire obstacle à ces migrations. Dans cette logique tactique, nos missions s’inscrivent pleinement. Recherche d’indices de mouvements rebelles, protection de nos troupes et des postes isolés, appui direct lors des engagements. 
Le T 6 se prête bien à ces exercices, bien qu’alourdi par l’armement qui le rend moins manœuvrable donc plus dangereux ; sans oublier l’absence de blindage qui le rend plus vulnérable aux tirs des armes légères ennemies. Les pertes subies en témoignent. 
Contrairement à l’Indochine, ici le courrier, oxygène du guerrier, nous parvient régulièrement. Personnellement, je suis gâté. La métropole n’est pas loin et semble concerné par le moral de ses soldats ; en tous cas, bien plus que dans un passé relativement récent.

Mercredi 9 octobre 1957

Un combat violent se déroule dans le Djebel es somm. La 4ème compagnie portée du 2ème REI, a engagé une katiba en provenance du Maroc. Patrouille après patrouille, nous appuyons de nos feux la légion, tandis que les hélicoptères évacuent les blessés. Sur le retour, le Sergent-chef Janniot perd le contrôle de son avion et s’écrase à moins de 30 Kms de la base. Prévenu par le pilote d’un hélicoptère, nous retournons sur les lieux du crash. Sur place, l’avion brûle toujours. Avec l’aide d’un jeune soldat, nous l’avons installé près de nous sur une civière. J’ai mal, très mal. Le soir même j’écris à sa famille. Il avait 25 ans.

Novembre 1957

Les accrochages avec les Fells se multiplient. Parallèlement, notre activité aérienne est très soutenue. La nuit, sous la tente, il fait très froid. En effet, le poêle à mazout manque de fiabilité et refoule la fumée, il est donc plus prudent de le laisser éteint.

Début décembre 1957

Le jour de gloire est arrivé. Les logements en dur de la nouvelle base sont terminés. Les « Sarrades et Galtier » succèdent aux tentes Saga III. Chacun a sa chambre normalement équipée d’un lit, d’une armoire et d’une table de nuit. Les sanitaires avec douches sont alimentés en eau. Les mouches de la sinistre feuillée n’iront plus virevolter autour de nos assiettes au moment des repas. 
Le mess est accueillant. Une vraie cuisine succède à la roulante exposée au vent de sable. Le reste est à la hauteur : une piste en dur, hangars avec portes au grand plaisir des mécanos. Salle d’ops, de repos, bar, etc… c’est presque le luxe pour ceux qui n’ont pas connu les installations des bases françaises en Allemagne.

24 décembre 1957

Excepté le personnel de garde, la 9/72 au grand complet est réunie pour fêter Noël.

Du 19 janvier au 12 février 1958

Toute une série d’opérations se déroule au cours desquelles ont lieu des accrochages nombreux et parfois sévères. Chaque fois nous intervenons au plus fort des combats, au plus près de nos amis légionnaires, dans les Djebels Tamedda, Aïssa ou encore Bounoukta. Le Colonel Goujon, commandant du 2ème Régiment Etranger d’Infanterie, adresse à l’escadrille une chaleureuse lettre de remerciements pour son appui efficace et sans retenu.

13 mai 1958

De Gaulle arrive au pouvoir et tout le monde croit à la fin du conflit. Partout en Algérie, dans les villes comme dans les bleds, les communautés européennes et musulmanes fraternisent, les fellagas sont descendus des Djebels et se mêlent à la foule en liesse. Seule l’A.L.N., implantée au Maroc et en Tunisie, tente des opérations d’infiltration sur le territoire algérien. Pour nous, la bataille de la frontière algéro-marocaine continue.

20 juillet 1958

Mon séjour opérationnel s’achève. J’ai effectué 177 missions de guerre en 503 heures de vol. Les Koppe,l Caroff, Janniot, Beteille, Millo, Souil, Durando, Daweritz, Peysonnel (celui de la 2) ne reverront jamais plus leurs proches.

Jacques DRAPIER

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Comme annoncé ci-dessus, le prochain repas pour les membres de l’ « A.P.5 » aura lieu 
le vendredi 07 décembre 2001 à partir de 19 h 30 au « Restaurant «Le Parvis» cours Pourtoules à ORANGE. (Entre la Gare Routière et le Théâtre Antique) Le nombre de places est limité à 50 et ce chiffre ne pourra pas être dépassé. Les inscriptions accompagnées de votre règlement de 150 Francs ou 22,87 Euros sont à transmettre avant le 30 novembre à :

M. SOUFFLET Michel, Route de Travaillan

84850 CAMARET S/AYGUES

Pour le Général d'armée aérienne Jean-Claude LARTIGAU Président, l’adjudant FOIX Annie secrétaire.

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