AP5 décembre  2004                   
                   
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Bulletin de l’association des personnels de la «5 » Base aérienne 115 - 84871 ORANGE Cedex Téléphone : 04.90.11.57.49  - Fax : 04.90.11.57.50    
    New’s         N° 32  décembre  2004     

      EDITORIAL  
        Extrait de " Chasseurs, mes frères "   chapitre II  
    
   Subject: " culture "                                   
        SAMY – Pilote de chasse  
        JAB-Le Bika – 44-Afn  
                                                                 
XMAS de votre serviteur  en bas de la page  

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         0-ap5 EDITORIAL            TOP  

En regardant les J.O. je ne peux m’empêcher encore une fois d’envier nos amis américains, quand je vois leurs athlètes (toutes couleurs de peau confondue) chanter l’hymne national, la main sur le cœur, le drapeau américain sur les épaules, fiers d’être américains.
A force d’abandons d’ordre secondaire nous avons négligé notre tâche première, celle de bien éduquer nos enfants (toutes couleurs de peau confondue). Nous n’avons pas su leur donner le goût du travail, de l’effort et la fierté d’être français. Nous ne leur avons donné que des complexes alors que la France est la patrie des droits de l’homme et que nous avons été avec V SCHOELCHER la première nation à avoir mis l’esclavagisme hors la loi.
Notre pays n’a plus de dessein il n’est qu’un rassemblement d’individualités aux intérêts divergents.
Quid de l’avenir ? nous en serons responsables devant l’histoire de notre Patrie. (cf l’éditorial du N° 19 de l’AP 5, Nation, Pays, Patrie)


Très bonne année à vous. Que 2005 soit porteur de calme, de retrouvailles, d’échanges et de douceur.   TOP 

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0-ap5  Comme je vous l’avais annoncé, nous retrouvons le gal clausse et sa bande, personnages comme nous pouvons en avoir connu. Je dis cela car j’ai eu la chance de me trouver sous les ordres de pâtrons qui m’ont beaucoup appris, en mal pour certains*, mais en plus que bien pour d’autres, la seule difficulté est de faire le tri quand on attend tout de ses chefs…

Extrait de " Chasseurs, mes frères "

chapitre II

" Une arrivee qui promet "
J’allai passer dans mon foyer huit jours de permission, et, de là, je partis rejoindre le nouveau groupe que je ne connaissais pas encore.
Lorsque j’arrivai à O…, exténué par le voyage, j’appelai le groupe au téléphone, et j’appris avec joie qu’un certain " Jules ", qui prenait quelques jours de repos dans cette ville, viendrait me prendre à mon hôtel avec sa jeep.
Il était en tenue de travail américaine, et considérait ma tenue bleue avec une indiscrète ironie. Dès lors, celle-ci me brûla comme une tunique de Nessus. Jules semblait très pressé et assez distant, de sorte qu’il me laissa tout juste le temps d’entasser mes bagages avant de démarrer.
Je connaissais déjà la manière " Texas " de conduire une Jeep, mais il me restait encore beaucoup de choses à apprendre des Français dans ce domaine. Toutes le fibres de mon corps furent bientôt tendues, au point de me rendre muet. Mais craignant qu’un silence trop prolongé n’éclaire ce camarade sur mon état d’âme, j’avançai timidement :
- Nous marchons bien !...
- Celle-là n’avance pas ! dit Jules en broyant le champignon d’un talon impérieux.
La Jeep poussa un hennissement, et je crus qu’elle allait s’écraser sur un énorme camion qui nous barrait la route. Mais le camion fila de long de mes hanches et disparut prodigieusement vite à l’arrière-plan.
- Oui, continua Jules, elle est déréglée !... C’est la troisième fois qu’elle fait le tonneau déclenché, ajouté-t-il négligemment.
Ma conversation resta rudimentaire tant que la route fut encombrée car je n’étais plus qu’un paquet de nerfs et de muscles contractés.
- Dites donc… Ne craignez-vous pas la police américaine des routes ? Lui demandai-je lâchement comme nous venions de rater un précipice de quelques centimètres.
Jules me considéra en dessous avec le petit air matois des paysans de chez nous. Le surnom de " Jules " est extrêmement répandu dans la Chasse. Il définit en général un bon garçon assez rusé et assez fonceur. Lorsqu’on a dit : " C’est un Jules ", on a tout dit. Jules promettait de répondre à cette définition.
- Au " Province ", dit-il, nous avons " notre " petite technique.
Le ton sous-entendait que, pour toutes choses, le groupe " Province " devait avoir " sa technique ", évidemment très supérieures à toutes les autres techniques de tous les autres groupes.
Je l’avoue, sans honte, j’attendais la sirène des M.P. car je considérais chaque ravin comme le cadre probable de ma tombe et je croyais déjà sentir sur mes reins le poids de cette mécanique infernale, qui allait immanquablement se retourner. Je me raccrochais à l’espoir qu’avec beaucoup de chance je pourrais peut-être arrivez à sauter avant la culbute et m’en tirer avec une simple petite fracture du crâne, lorsque j’entendis enfin la sirène libératrice. Aussitôt, Jules freina et s’arrêta.
Deux motocyclettes nous encadrèrent, chevauchées par d’immenses gaillards guêtrés, armés, casqués, qui nous considéraient avec reproche. Le visage de Jules eût pu servir de modèle à une allégorie de l’innocence et de la candeur… Mais les deux M.P. sortirent leurs petits carnets avec froideur.
- Too fast ! dit l’un deux en levant un doigt réprobateur.
Le visage de Jules présentait tous les stigmates de l’abrutissement humain.
- No comprend, bafouilla-t-il.
- Si vous voulez, je parle un peu, proposai-je.
Je reçus aussitôt sur les orteils un maître coup de talon qui m’éclaira et je m’intéressai au déroulement des opérations en simple spectateur.
Les deux M.P. étaient ennuyé "s et perplexes. Par geste, ils expliquèrent à Jules qu’il allait trop vite. Jules fut aussitôt une statue de la stupéfaction offusquée : " Moi, trop vite ! " Il désigna sur le compteur le chiffre de 60 et fit de la main des petits gestes d’apaisement, tendant à montrer que le chiffre de 60 n’avait rien d’exagéré. Les deux M.P. se regardaient en souriant. L’un d’eux prit son crayon et, désignant les chiffres du compteur :
- Miles ! It’s miles…
La figure de Jules était un pur chef-d’œuvre de bonne foi outragée :
- No ! No ! Kilomètres ! affirma-t-il.
La commisération des M.P. pour cette indigence n’hésita plus à s’extérioriser. Ils furent franchement méprisants :
- Miles ! Miles ! Miles !...
Jules accentua son crétinisme dans des proportions qui m’alarmèrent, rapport à la vraisemblance. Mais apparemment les M.P. le jugeaient très naturel. Leur bonne volonté semblait maintenant inépuisable, et je compris qu’ils se faisaient un point de métier de faire comprendre à cet imbécile que son compteur était gradué en milles. Mais Jules se bornait à montrer le chiffre 60 et à faire de grands gestes d’impuissance. Les M.P. mirent très longtemps à renoncer, mais ils s’y résolurent pourtant, la mort dans l’âme, avec un haussement d’épaules fataliste :
- Laissons tomber ces deux abrutis, dit finalement l’un d’eux entre ses dents, avec un charmant sourire à notre adresse.
Nous lui rendîmes poliment son sourire.
Nous nous quittâmes enchantés les uns des autres et réciproquement convaincus de notre parfaite idiotie. La compréhension entre les peuples est un art difficile et parfois sujet à bien des embûches !...
J’eus plus tard l’occasion de comparer " notre " technique aux techniques des autres groupes. Certains bloquaient leurs compteurs au chiffre imposé de 40. S’ils étaient pris, ils niaient hautement, discutaient ferme, et invitaient les M.P. à monter, pour se rendre compte. Ils écrasaient alors le champignon et montraient l’aiguille fixée au chiffre de 40. Cette méthode, très efficace, présentait cependant l’inconvénient de ne servir qu’une fois. Car le M.P. notait soigneusement le matricule de la voiture et inscrivait sur le carnet de bord : " compteur détraqué, à réparer sous peine de sanctions. "
Depuis ces quelques expériences, je considérai d’un peu plus près la soi-disant idiotie des indigènes de l’Afrique du Nord perdus dans leur bleds, à qui il m’arrivait de faire des observations…
- Sympa, le Province ? – demandai-je profitant de la relative liberté d’esprit qu’une longue ligne droite me laissait provisoirement.
Jules ne répondit pas tout de suite, ni directement. Il me glissa un de ses coups d’œil chafouins et s’absorba dans sa conduite. Puis la réponse me parvint alors que je ne l’espérais plus, après une embardée qui faillit m’éjecter de mon baquet :
- Tu y tâtes ? Tu pilotes bien ?
- Euh… répondis-je sans me compromettre.
- Je te demande ça parce que si du premier coup tu ne morpionnes pas le père Bérard, qui va t’essayer, tu feras aussi bien de ne pas déballer tes bagages…
" Morpionner ", c’est s’accrocher à son chef de patrouille avec la ténacité proverbiale de ces crustacés héroïques, que les militaires connaissent tous si bien…
C’était très gênant. Qu’auriez-vous répondu à ma place ? Je ne répondis rien, mais je me jurai intérieurement de morpionner ce père Bérard, ou de crever.
- T’es catholique ? Me demanda Jules un plus tard, à brûle-pourpoint.
- Oui.
- convaincu ?
- Mon Dieu…
- Tant mieux si tu n’es pas un pur, parce que notre Marab est un drôle de gars, dit-il avec une gêne visible.
- Le Marab ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
- Oui, le Marabout… l’aumônier, quoi !...
- Ah ! Oui, dis-je en dissimulant ma surprise de mon mieux… Oui, oui, oui…
Peu après Jules sembla m’avoir pris en affection et parut décidé à me prévenir fraternellement :
- Surtout, évite de parler de pilotage au Bib. Ce toubib c’est la crème des vaches. C’est un de ces gars, tu sais, qui sous le prétexte qu’ils ont bricolé un peu dans l’aviation civile se croient des grands champions. Ils crèvent d’envie de voler, ça leur monte au citron, de sorte qu’ils finissent par nous haïr. Au moindre pet de travers, le toubib t’interdira de vol pour un mois.
- Il n’y a pas moyen de le vider ? Dis-je très alarmé, en songeant à mes vingt-huit ans, et à toutes les avanies qui avaient pu affaiblir mes artères…
- Oh ! Si. Il y a moyen, dit Jules. On finira bien par l’avoir au tournant ! Je crois que nous lui laisserons prendre un Cobra. Il nous réclame ça depuis six mois ! Ca vaut la peine de sacrifier un Cobra pour se débarrasser élégamment de ce triste individu.
Jules prononçait ces prédictions effroyables avec un naturel incroyable. Je le considérai attentivement. Il ne sourcilla point. Je pensai au cuisinier américain. J’étais de plus en plus gêné. Décidément, ce groupe me paraissait étrange… Très étrange…
- Pipo est arrivé ? Demandai-je –car j’avais appris que mon ami Pipo avait été affecté au province, comme moi-même.
- Il est à la carabousse, me dit Jules.
- La carabousse ?
- Ouis, les arrêts de rigueur !
- Ah ! Oui… Ah ! Oui ! Et pourquoi ?
Jules parut si gêné, qu’il détourna la tête.
- Oh ! Tu sais, un petit caprice du patron !
- Ah ! Oui, oui… répétai-je seulement, en conservant pour les sombres pensées qui commençaient à s’amonceler sous mon crâne. Je n’osai pas demander de plus amples renseignements sur ce patron inconnu… Il me semblait pour l’instant en avoir suffisamment deviné.
Il faisait nuit noire lorsque nous arrivâmes intacts, par miracle, au petit village d’où le groupe opérait pour protéger des convois de navires au large des côtes. ?
Tu vas crécher avec Mérovée, me dit Jules.
J’acquiesçai. Depuis longtemps j’avais perdu toute initiative et tout curiosité en ce qui concernait mes résidences, et je m’en accommodais comme un bœuf s’accommode du coin où le sort a voulu qu’il rumine.
Mais lorsque la méchante lampe-tempête qui nous servait de torche éclaira l’intérieur de Mérovée, je fus saisi. Imaginez que vous déballiez vos bagages en lançant au hasard tout ce qui vous tombe sous la main, et vous n’aurez encore qu’une très faible idée du désordre qui triomphait dans cette crèche-là ! Une odeur surie distillait d’un énorme tas de linge sale, qui prenait sa source entre les pieds d’une table que je devinais vaguement sous un amoncellement de bricoles hétéroclites, et coulait jusqu’au milieu du carrelage.
Du pied, je déblayai un coin où j’empilai mes hardes, et je ressortis, démoralisé.
Puis Jules m’emmena au terrain, simple bande de grilles métalliques posées au milieu des vignes et des oliviers, à la porte même du petit village.
Mais, ce soir-là, je ne vis rien, car le groupe volait de nuit. Je fus aussitôt envoûté, car l’ambiance du vol de nuit est l’une des plus prenantes que je connaisse. C’est une conspiration de mystères lumineux dont les rites magiques ont pour temple la nuit. Quelles merveilleuses histoires sont ourdies avec ces feux qui tous ont un sens ! Ces points rouges qui se réunissent là-bas, en grappes, et s’agitent comme un essaim de lucioles, ce sont les cigarettes des copains venus partager les angoisses de celui dont on n’aperçoit, au fond d’une crypte de nuit sans bord et sans fond, que deux étoiles filantes, une rouge, une verte.
Vingt copains le couvent du regard. Le voilà qui clignote là-haut. Il passe son indicatif. C’est Fifi ! le corniaud ! Il se présente " mal ! Des cœurs se serrent pour lui, en silence, malgré les plaisanteries souvent féroces.
A terre, des croix rouges et vertes s’allument pour répondre au pilote qui demande sa piste. Sur la tour vigie, un copain parle dans le micro. Sa voix prend des inflexions presque tendres, à certaines secondes intenses : " Ca va, Fifi ? " - " Fifi, remets un peu de gomme, tu es trop court ! " - " Fifi ! N… de Dieu, bougre de… "
Mais soudain le speaker se tait. Les points incandescents des cigarettes s’immobilisent et, de tous les cœurs épars dans l’obscurité, monte une inconsciente prière. Elle rejoint l’homme qui va confier à la terre, dans la nuit, un bolide animé d’une vitesse de 280 kms à l’heure. Un silence s’établit, un vaste silence actif de garde et de veille, multiplié, qui pèse comme un précieux et terrible fardeau. C’est l’occasion furtive où les âmes révèlent leur invisibles trésors, et s’ouvrent jusqu’aux profondeurs où se cachent pudiquement les pensées d’amour. Plus tard, ce seront ces silences-là qui auront tissé entre tous les pilotes des liens qu’aucune parole n’oserait jamais révéler. Silence ! Face à la piste, avenue de lumières, un œil monstrueux s’allume dans le ciel. Un pinceau étincelant court sur la terre et suscite des visions fantomatiques, fugaces comme des rêves. Puis il s’allonge sur le long ruban des grilles et danse avec les poussières affolées. C’est une magie cruelle. Dans une trouée de lumière débouche une tarasque grondante, ceinte d’une chevelure de flammes. Elle naît d’un coup de baguette magique, se transmute en une flamboyante comète et disparaît soudain, avalée par la nuit. Très loin des grilles gémissent. Les féeries s’évanouissent. Il ne reste plus là-bas, que deux étoiles, une rouge, une verte, qui dansent, s’amenuisent… Quelque part, très loin, on perçoit le léger soupir d’un moteur qui s’éteint.
Alors, dans l’ombre, les copains murmurent : " Pas mal ", si c’est vraiment très bien. Aussitôt l’ami redevient le pilote. On oublie toutes ces secrètes sollicitudes dont on l’entourait pendant l’accomplissement de sa performance cruciale. On le passe au crible d’une critique féroce, minutieuse, car le rival possède des yeux de femme jalouse pour déceler les défectuosités d’une facture…
J’avais serré dans l’ombre les mains indifférentes de gros bonshommes informes, boursouflés par leurs lourds vêtements chauds. Aucun d’eux ne m’accorda une pensée : habitants fascinés d’un univers d’ombres et de lumières, tout à l’intensité de cette bataille avec l’irréel, ils étaient les proies du vol de nuit.
- Tiens, voici justement Mérovée qui se pose. Tu vas le voir, me dit Jules.
Une fois encore, le miracle s’opéra devant moi. Une Jeep courut chercher Mérovée au bout de la piste. Lorsqu’elle revit, j’en vis descendre un grand gaillard blond qui me rappelait étrangement ces images classiques qui représentent les Francs sur nos manuels d’histoire. Il ne lui manquait que la longue moustache retombante… Pour l’heure, ses traits étaient encore crispés par la terrible dépense nerveuse qu’il venait d’exiger de son organisme.
Dans l’ombre, la voix venimeuse d’un inconnu lui glissa :
- On pourrait peut-être te commander une piste sur mesure, Mérovée ! (car Mérovée avait été un peu trop long).
Mérovée ne répondit que par cinq lettres brèves, qui ne fatiguent pas l’imagination, car il était sans défense, n’ayant qu’une envie : se jeter sur un lit et dormir…
Je me présentai à lui et il me serra la main sans me voir.
- Je cohabite avec vous, lui dis-je.
- Ah !... Tu ?... Ah ! Oui… bon ! Il semblait somnambulique.
- Je n’ai pas vu le " beam ", dit-il pensivement à une ombre indistincte qui lui répondit aussitôt que " ce n’était pas fait pour les bigleux ".
- M…, répondit encore Mérovée d’une voix chaude et profond.
Une seconde, pas davantage, son regard bleu se fixa surmoi :
- Tu viens te pieuter ?
Une Jeep nous emmena à travers les rues pleines d’ombre du petit village assoupi. Mérovée dormait debout. Dans notre chambre, il alluma une petite lampe à pétrole qui émit une épaisse fumée accompagnée d’un rien de lumière, s’enroula dans ses couvertures et se jeta sur son lit.
- C’est quand même formidable que je n’aie pas vu ce maquereau de beam ! Grogna-t-il encore à mon adresse, avant de sombrer dans le sommeil.
J’appris plus tard que le " beam " désigne le faisceau lumineux vert qu’on dirige sur le pilote pour lui montrer le sens de l’approche correcte.
C’est tout ce que je connus de mon ami Mérovée, ce soir-là. Un homme terrassé, obsédé par un " beam " qu’il n’avait pas su voir.

* J’ai encore le souvenir cuisant de cet officier qui ne voulant pas décider entre JM HARENT et moi pour partir dans les FAS dans les années 1965, n’a eu d’autre courage que de nous tirer au sort….

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Faites moi leplaisir de lire cela completement et vous pourrez percevoir une autre facette de la personnalité des hommes et des femmes.

Le saviez-vous ? A l’origine, le Coca-Cola était vert.
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Pourcentage du continent africain encore sauvage : 28 %
Pourcentage du continent nord-américain encore sauvage : 38 %
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Sur tous les jeux de cartes, les 4 rois représentent les 4 Grands Rois de l'Histoire :
Pique : le Roi David
Trèfle : Alexandre
Le Grand Coeur : Richard Coeur de Lion
Carreau : Jules César
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111 111 111 x 111 111 111 = 12 345 678 987 654 321
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Lorsque vous croisez une statue équestre dans un parc, si le cheval a ses 2 jambes avant en l’air, le personnage représenté est mort au combat. Si une jambe est en l’air, le personnage est mort des suites de blessures reçues au combat. Si les 4 jambes sont au sol, le personnage est mort de causes naturelles (pas au combat).
Au passage, le cheval a des jambes, et non des pattes.
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Qu'est-ce qui se produit le plus au mois de décembre que dans n'importe quel autre mois ?
La conception.
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Si on écrit tous les nombres en anglais (one, two, three, four, …), jusqu’où faut-il aller pour trouver la lettre A ?
- 1000 (one thousAnd)
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Quel est le seul aliment qui ne se gâte pas ? - Le miel   
Une coutume vieille de 4000 ans, à Babylone, voulait que pendant le mois qui suivait un mariage, le père de la mariée devait offrir à boire à son beau-fils autant de "mead" qu'il pouvait. Le "mead" était une bière à base de miel, et comme le calendrier était basé sur les cycles lunaires, cette période était appelée le mois du miel, et d'où, de nos jour la Lune de Miel.
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Sous l'Ancienne Angleterre, si on n'était pas membre de la famille royale, on ne pouvait pas avoir de relations sexuelles sans l'accord du Roi. Pour avoir un bébé, il fallait demander audience auprès du Roi, qui vous remettait un panneau à clouer sur votre porte pendant le rapport. Sur le panneau était écrit F.U.C.K. pour " Fornication Under Consent of King". Vous connaissez maintenant l'origine de ce mot.
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Les Écossais ont inventé un jeu il y a des années. Il était intitulé : "Gentlemen Only, Ladies Forbidden" (Réservé aux Hommes, Interdit aux Femmes). G.O.L.F ! C’est ainsi que ce mot est entré au dictionnaire !
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Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça voulait dire, se donner à 100 %?
Et comment font ceux qui se vantent de donner plus que 100 %?
Voici une réponse qui donne à réfléchir... Considérant que...
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
valent : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
Alors... T R A V A I L = 20 18 1 22 1 9 12 = 83%.
E N G A G E M E N T = 5 14 7 1 7 5 13 5 14 20 = 91%
 
C O M P É T E N C E = 3 15 13 16 5 20 5 14 3 5 = 99%
On s'approche du résultat, n'est ce pas?
Donc... : A T T I T U D E = 1 20 20 9 20 21 4 5 = 100%
D I S C I P L I N E = 4 9 19 3 9 16 12 9 14 5 = 100%
Wow, impressionnant, non? Continuons! ...
V A N T A R D I S E = 22 1 14 20 1 18 4 9 19 5 = 113%
On vient de péter le 100% !!!
Et voyons jusqu'où cela peut nous mener...
S U C E R L E B O S S = 19 21 3 18 12 5 2 15 19 19 = 133%
La prochaine fois que quelqu'un vous dira qu'il a obtenu une augmentation
parce que il se donne à plus de 100%...MÉFIEZ-VOUS !!!                        J. BOURDILA
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0-ap5  Une superbe histoire d’aviateurs et d’hommes qu’ilfaut replacer dans son contexte    TOP  

SAMY – Pilote de chasse

Samy est un pilote de chasse ayant été transformé en France quand son pays acheta des MIR F1. Il n’était pas le seul, il y avait entre autres Osman (né de père irlandais du Nord et de mère berbère) Belkacem (pur berbère) et un certain Djellal bien connu à la 30ème E.C. pour avoir brillamment rendu quelques services à certains barons de la 30 (ceci est une autre histoire)
Samy est français, né à Bordeaux au milieu des années 50. Son père, commerçant ayant perdu son épouse, a laissé ses trois enfants à sa sœur, est parti en Tunisie, s’est marié avec une tunisienne et est revenu exercer son commerce à Bordeaux. Aujourd’hui il a rejoint la Tunisie et il réside à au Cap Bon.
Passé 18 ans et son bac en poche, Samy en vacances scolaire a voulu aller voir ses frères et faisant fi des conseils de son père, s’est vu retenu dès le premier contrôle de police à sa descente d’avion à l’aéroport. Mis d’office dans une école militaire sans savoir ni lire ni écrire un mot d’arabe, il en est sorti pilote de chasse.
Samy était plus qu’une relation de travail, c’était un ami avec qui j’ai volé sur MIR F1 B. Aujourd’hui, je l’ai perdu de vue. Il avait l’intention de rejoindre son amie qui lui a donné un fils et qui vit au Québec
A partir de fin 1984, la Base aérienne avait en permanence 2 MR F 1 dans le grand sud à 680 NM de la base de soutien avec un personnel militaire réduit et rendant compte dès qu’un léger problème se présentait. Nous étions souvent sollicités afin de les aider et ils auraient aimé avoir quelques techniciens français sur place. Nous n’étions pas d’accord car la plage était trop loin. J’y suis allé une fois en ILIOUCHINE 72 afin de déposer le moteur objet de la suite de cette histoire. Arrivé un soir, la matinée du lendemain s’est passée à déposer le moteur cassé, poser un neuf, point fixe de contrôle et à 11 heures retour dans le nord.
En été, les vols ne se font que le matin et avant midi car il n’est pas rare que la température atteigne 50 voir 56° sous abri ce qui entraîne une moindre densité de l’air et donc des Vitesses SOL plus élevées ainsi qu’une diminution de la poussée et une gêne pour le personnel au sol car il est difficile de rester dehors plus de 5 à 6 minutes. On a très vite l’impression d’avoir la tête dans le four d’une cuisinière et la sensation d’une brûlure des yeux.
 
Donc dans le sud, Samy se programme un vol vers 09h00. A 08h45 il est au bureau de piste, il signe la forme en consultant ce qui s’est passé la veille : R.A.S.
L’avion est à 30 m du bureau. " Salamaleks " d’usage au mécano : " Ca va ! Tes femmes vont bien ? Les poules et les lapins aussi ? Il fait beau aujourd’hui ? (On ne sait jamais quelques fois qu’il aurait neigé !) " .
Il dépose son casque au pied de l’échelle et commence le sacro saint tour avion suivi du mécano. Samy connaît très bien le personnel mécano. Il a une confiance limitée et de ce fait il regarde tout et même plusieurs fois. Le voilà au croupion ; un œil sur le parachute frein (il n’a pas du servir ni être démonté depuis sa visite de départ de France) un œil dans le canal PC, les sondes T4
(1) la sonde à ions (2), les couronnes accroche flammes, la tuyère, les volets chauds et froids
Le canal, la tuyère et les volets sont tapissés d’un produit ressemblant à de la sciure de bois avec quelques copeaux de couleur jaune ou rouge. Derrière, dans l’axe de l’avion, le sol en recèle une grande quantité.
- " qu’est-ce cela mon cher maître " m’aurait dit un pilote que je connais bien
- " Diable ! Aurais-je répondu ! " Car c’est un mot de passe entre nous.
Là, le mécano ne sait rien, n’a rien vu, n’a rien fait.
Le pilote s’énerve : - c’est quoi ce bordel ?
- c’est peut-être du sable
 
- du sable en copeaux ? Tu te fous de moi !
- non Allah est grand
- je sais plus de deux mètres sans les talons.
Samy n’a rien d’un musulman intégriste. Ce n’est pas un honnête whisky qui va l’arrêter. Il ordonne l’ouverture des trappes principales de train afin d’avoir accès par une petite porte à Noël 80 (micro turbo). Il passe une main qui se pose sur une tas de sciure et de copeaux en ressort une grosse poignée qu’il jette par terre, recommence l’opération et sent sous ses doigts les ailettes de la RM1
(3) dont les bords d’attaque lui semblent ébréchés avec de grosses bavures qui lui écorchent le bout des doigts.
Il redescend.
- " Alors c’est toujours rien ! Ou du sable et tu as mis une échelle devant l’entrée d’air pour qu’il monte plus vite ? 
- Je ne sais pas
- Et mes doigts ? C’est le sable qui m’a écorché ?
- Faut pas toucher, ça coupe !
- Je veux savoir ce que c’est, d’où ça vient, ce que tu as fais ?
- C’est pas moi, c’est Ali qui a signé la PPV
(4) 
- Où il est ?
- Il est parti chez lui, il était fatigué
- Oui, il était sûrement fatigué de s’entraîner à dormir ".
Samy ramasse son casque et traîne le mécano au bureau de piste ; là il explique le problème à un officier.
L’officier s’en va et reviens tout de suite avec à la main le CORAN.
Il s’adresse au mécano :
-" Mets ta main droite sur le " saint CORAN inimitable " et jure sur Allah de dire la vérité 
- Je le jure !
* Au nom d’Allah le miséricordieux que s’est-il passé ?
- J’ai fais une mise en route, Ali était au sol, le moteur avait trop de mal à démarrer. J’ai arrêté, j’ai attendu deux minutes et j’ai recommencé. Le moteur a démarré en broutant et le T4 a dépassé 1000°. J’ai tout coupé et le TAT
(5) a fait 12 secondes, c’était bon parce qu’il s’est dépêché de s’arrêter. Je suis descendu et Ali m’a fait voir que le moteur avait mangé les caches d’entrée d’air en stratifiée avec les sangles et les crochets qui n’étaient pas en place. Ali a dit aussi qu’il y avait le feu au cul. On est allé voir mais il n’y avait plus rien.
Question : - Et pourquoi vous n’avez rien dit ?
 
- On a cru que le pilote en démarrant allait s’apercevoir de quelque chose. Alors c’était lui le responsable ".
Avant dépose j’ai constaté beaucoup de métallisation dans le canal PC et sur les volets chauds de tuyère. Après dépose, la RM1 était un peu abîmée et la RM2 avait pris un coup de vieux. Le dernier étage turbine était mort. Au retour à El Watia, après ouverture du compresseur, dépose turbine et chambre de combustion, les dégâts étaient tels que le coût des réparations aurait dépassé la valeur du moteur. Je ne pense pas qu’après une mise en route si tant est qu’elle ait pu se faire ! la poussée eut été suffisante pour faire rouler l’avion.
Samy a eu une autre frayeur. Trois pilotes déjà s’étaient éjectés pour une même panne. Sans aucun signe précurseur, le tachy
(6) dévissait lentement, gentiment et toute action sur la manette des gaz était inefficace, même le secours " panne d’huile " sollicité ne voulait plus rien savoir. On allait jusqu’à l’extinction, l’éjection, la perte du piège et personne n’allait récupérer les morceaux pour enquête.
J’avais dit à Samy au cas ou… en se posant sur une route, on aurait au moins la faculté de faire des investigations et d’en savoir plus.
Dans le sud les routes à deux voies ont la largeur d’une trois voies en France. Elles sont parfaitement bitumées et on enregistre guère plus d’un véhicule à l’heure ; d’autre part, il n’est pas rare de trouver 15 Kms de ligne droite voir 20 ou 30 ou plus.
C’est donc ce qu’a fait Samy un matin vers 10 h 00. ACONTUCOU dit-on Slats flaps
(7) et aérofreins sortis, train aussi s’entend, parachute frein non utilisé. Après arrêt au milieu de la route, il a coupé la batterie, mis le parking et il est sorti de la cabine, a contourné le canopy, a suivi l’arête dorsale jusqu’à se laisser glisser sur un plan fixe arrière et de là rejoindre le sol. Casque à la main, tranquille, il s’assoit par terre, à l’ombre, le dos appuyé sur les roues du train principal. Il a même mis les sécurités sièges.
Au travers des masses d’air surchauffées et qui ondulent sur le sable et le bitume, il aperçoit au loin un véhicule qui lui fait des appels de phare.
 
C’est un camion, une calabrese qui date de l’occupation italienne et qui sert à transporter en principe des pierres de en forme de parallélépipèdes rectangles sciées dans leur carrière d’extraction et servant à la construction de maisons individuelles. Ces camions roulent à 25 Kms/h perpétuellement en surcharge si bien que les amortisseurs arrière constitués d’un empilement de lames de ressort courbées vers le haut, le sont maintenant vers le bas même s’ils sont à vide.
Le camion s’arrête à 2 mètres du nez du F1. Le chauffeur descends furieux et demande à Samy de pousser son " engin " afin qu’il puisse passer car il n’a pas que cela à faire, le mois du Ramadan approche.
Réponse de Samy qui sait que le frein de parking est en place :
" Aide-moi à le pousser, je suis en panne et en plus fatigué ".
Le chauffeur s’épuise en vains efforts et finit par prendre la décision de contourner l’obstacle.
Nous avons récupéré cet avion et l’avons tracté jusqu’à la base, (150 Kms environ, 10 heures de route aller et retour). Le moteur a été démonté, envoyé en France, l’expertise a constaté le colmatage des filtres carburant du régulateur par de la poussière de sable (manque d’entretien des camions citernes de ravitaillement qui servent en même temps à la reprise de carburant dans les bacs de vidange).
A nous revoir Samy même chez Allah pourquoi pas, dans son paradis où coulent le lait et le miel.
    Pierre Colombe.

1. Sonde T4 : sondes thermiques situées après la turbine et qui renseignent sur la température du lieu : environ 750° sur F1.
2. Sonde à ions : sonde qui lorsqu’elle détecte l’allumage post combustion, allume en cabine le voyant " fonctionnement PC et coupe l’injection qui projette le pétrole enflammé des chambres de combustion vers les rampes PC à travers la turbine. Ne pas couper l’injection brûlerait la turbine. L’arrêt de l’injection est signalé en cabine
3. RM1 : première rangée d’ailettes de rotor du compresseur axial.
4. PPV : préparation pour le vol.
5. TAT : temps d’arrêt turbine (en principe 60 secondes si plus long cela peut indiquer de la casse, si plus court, quelque chose freine le moteur)
6. Tachy : tachymètre : donne la vitesse de rotation d’un moteur en tours par minute.
7. Slats flaps : becs et volets hypersustentateurs
Hors texte :.
Aucune sanction n’a été prise à l’encontre du ou des mécanos. Un sous-off ou un soldat puni d’un nombre X de jours de prison, bénéficie à sa sortie du trou d’un nombre égal de jours de permissions.

                                                                   

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La canicule aidant, j'avais entrepris de relire qq. pages de l'excellent ouvrage édité par mon ami le Sqn. Lr.Derek Letland Stevenson, RAF, DFC (dit Steve), ouvrage intitulé Five crashes later. Est-il encore utile de rappeler la remarquable traduction (in french) réalisée par Edouard Crétinon (42) (assisté par un modeste -mais brillant- chasseur) sous un titre admirable "Et Cinq de Chute" ? Cet ouvrage exceptionnel montre comment un pilote de chasse RAF aurait pu largement prétendre à une Croix de Fer (avec bar) pour avoir détruit (ou contribuer à) 5 avions militaires appartenant à la couronne de "Sa Majesté"! Si vous ne connaissez pas, je ne saurais trop vous encourager à vous procurer cette œuvre proche du célèbre "Chasseurs mes frères", paru aux Editions Sécavia en 1992 (Pnp).
Bref, il faisait chaud en cet été 2003 et ma pauvre cervelle se mettant à bouillir, la vision de la planche de bord du Hurricane, figurant dans le livre, m'avait renvoyé dans mes souvenirs des années 46/48.
C'était une bien étrange époque en vérité. Revenant des States avec des "Wings" et un brevet stipulant que j'avais été lâché sur P47 Thunderbold, j'avais connu la surprise infamante d'apprendre que je ne savais rien (ce qui pouvait être vrai) et que des maîtres très experts allaient tout m'apprendre. Du coup, je m'étais retrouvé dans une file d'attente d'une longueur invraisemblable qui devait me conduire au savoir. c.a.d. "savoir faire voler des avions de chasse" (et non plus seulement "des projectiles". Sic!). La route du savoir passait par le franchissement/traversée d'une basse-cour composée de poubelles volantes avec lesquelles il était normal de se tuer joyeusement (et nous n'y manquâmes point! Hellouin, Luciani et tant d'autres ne sont plus là pour le dire). Bof, ça faisait partie du jeu. Je me suis donc revu, disais-je, volant sur Hurricane. Une bizarre et vilaine barcasse (typiquement british) qui comportait (starboard side) un levier de changement de vitesse permettant de descendre (au choix), ou de relever (toujours au choix) le train ou les volets, ou les deux (quand ça marchait).
Au demeurant, un avion assez agréable et qui conduisait au Spit V.
 
Un souvenir en enchaînant un autre, je me suis alors rappelé une histoire, à laquelle je n'avais pas participé mais qui m'avait rattrapé, portée sur les ailes d'une rumeur, dans ma neuve et prestigieuse Escadrille. L'histoire doit donc se tenir en 1948, ou au plus tard en 49. Un malheureux sous-off, dont je n'ai pas retenu le nom, mais qui s'était trouvé plus aval dans la fameuse file d'attente, s'était lui aussi fait lâcher sur l'un des Hurricane encore existant. Suivant "la progression", il avait reçu l'ordre d'effectuer en solo la nav Mks, Oujda, Kasbah Tadla… et va savoir où (ou qq. chose d'approchant) pour une durée estimée de qq. 75 minutes. Oui, mais voilà, il s'était paumé et n'avait retrouvé sa Base que trois heures plus tard. On le croyait déjà mort. Samar-Sater le cherchaient partout. Le refuelling en vol n'existant pas encore on lui avait demandé: Pourquoi? Comment? D'où sortez vous? Il avait avoué s'être paumé, puis avait expliqué qu'il avait économisé la benzine, qu'il avait utilisé le grand pas…etc. et qu'il avait tenu l'air jusqu'alors. C'était une histoire invraisemblable: trois heures en Hurricane ça ne tenait pas la route, encore moins l'air. On l'avait passé au deuxième degré… Mais il s'était obstiné, n'avait pas changé un mot dans sa version des faits et la Strass s'était lassée. Après tout il n'avait rien cassé. On avait donc conclu à une erreur de calculs et on l'avait relaxé au bénéfice du doute. Il avait repris son entraînement, avait terminé la fameuse progression et s'était vu lui aussi affecté en Escadre. [Je ne sais pourquoi je pense à "la Six". Purement subjectif et sans intérêt du reste]. Bref il avait quitté Mekhnès. Ce n'est donc que beaucoup plus tard (six mois au moins) que la vérité vraie s'était fait connaître sous la forme d'un Mod.19-Terre qui avait rejoint la Base. Pièce administrative indiscutable, démontrant que le Hurricane N° xxx avait reçu nx100 litres d'essence fournis et délivrés par un peloton de chars manoeuvrant dans le moyen Atlas.
Et l'histoire fut enfin rétablie : Faute de pétrole, la lampe bas niveau clignotant au fixe, notre Icare en herbe, mais complètement paumé, s'était senti obligé de faire qq. chose. Peu désireux de se larguer et avisant une route assez droite, il avait sorti le train (grâce à la fameuse commande) et s'était posé comme un grand. Impec! Il avait coupé et s'était assis à l'ombre du plan gauche pour se remettre et réfléchir un tantinet. Il était là depuis qq. secondes lorsqu'une jeep empoussiérée était venue lui demander ce qu'il f… là? "Je suis paumé, j'ai plus de pétrole et il me faudrait un téléphone" avait-il répondu. Le Pitaine commandant la jeep avait déplié sa carte et lui avait montré la route = 30' de vol au 275°. Puis avait ajouté: "Nous n'avons pas de téléphone, la radio est HS, mais j'ai une citerne d'essence! Si ça peut vous dépanner… Facile, il vous suffit de signer là, et je vous fais livrer!…" Sitôt dit, sitôt fait ! Et le Hurricane avait redécollé. Vous connaissez la suite. A l'époque, on faisait "ouah, ouah! ".
 
Moi, qui suis juste l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, j'ai oublié les détails, les noms et la fin de l'histoire, mais serais bien heureux si qq pouvait compléter à ma place, ne serait-ce que pour certifier les faits. Merci d'avance.
Signé: J.A.Bourdila      
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