AP5
février 2004 |
Bulletin de l’association des personnels de![]() New’s N° 33 février 2004 |
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L’année 2005 s’annonce bien. Pour la première
fois depuis 1991, les décisions prises au niveau de l’Armée de l’Air ne
sont plus prises sur le coin d’un bureau entre commensaux, mais une vraie
stratégie de décision commence à s’imposer.
Ainsi l’Armée de l’Air consacre une dizaine de colonels
et de généraux à réfléchir sur la future organisation de notre
armée. Cela est tellement " anormal " qu’il fallait
le relever.
On peut donc imaginer que les résultats de ces cogitations
seront plus d’ordres stratégiques que tactiques comme nous l’avions vu
jusqu’à maintenant.
Pour me conforter dans cette orientation nous venons d’apprendre
de la bouche de notre Ministre que les Rafale seront commandés massivement en
mono place et non plus en biplace. La raison prend le dessus, mais il
conviendrait de faire ressortir les sommes dépensées en pure perte et d’établir
les responsabilités…
Quand l’AAir aura admis que des Airbus bimoteurs pourront
faire des ravitailleurs, idée combattue en 1993 par les plus hautes instances
mais qui est un fait établi sur le continent américain et chez certains
européens, il ne restera plus au CEMAA qu’à rétablir le niveau
Escadre.
Si ne n’est pas cette fois ci, j’attendrai plus tard car
c’est inéluctable. Comme pour l’exemple du Rafale et de l’Airbus
ravitailleur la raison l’emportera.
Mais le plus tôt sera le mieux. TOP
Notre ami et
ancien JM VAUCHY m’a fait parvenir ce récit ou la
" 5 " s’est illustrée. On y parle entre autre du King
Cobra. Le numéro 34 de AP 5 NEW’S retracera une aventure de J Bourdila sur
cette machine. Vous verrez il y a de quoi rêver… TOP
1945 Nous reprenons le contrôle de la frontière entre l’Indochine et la Chine Récit de jean-Marie Vauchy
Votre journal a publié dans son numéro 2662, un article sur la RC4 qui me remet en mémoire pour partie les années mi 1949 à mi 1950 que je vécus au Tonkin comme commandant en second du Groupe de Chasse 1/5 Vendée.
Cette unité, qui comportait deux escadrille, appartenant
à la 5ème Escadre de chasse dite " La
5 " basée sur l’aéroport de Gia lam (Tonkin). Elle était
équipée du relativement moderne chasseur américain PN 63 King Cobra, queue de
série d’une importante livraison ( ? 400) faite à l’URSS
à la fin du conflit 39/45. La guerre froide étant survenue entre-temps,
le P 63 ne fut plus suivi en maintenance par son constructeur. Les avions non
livrés restant en stock devenant disponibles à la vente, l’Armée de l’Air
française en fit l’acquisition, bien que sans espoir de renouvellement du
stock de rechanges associé à cette vente. Néanmoins, une fois en
Indochine, quelques rechanges purent être trouvés à Hong Kong,
issus peut-être d’un trafic clandestin avec l’URSS… D’un point de
vue opérationnel le P 63 avait cette particularité que le pilote était assis
devant le moteur comme sur son prédécesseur de la guerre 39/45, le P 39. Ce
moteur, un 12 cylindres en V Allison de 1750 CV référé V 1710-117, était
parfaitement au point et d’une remarquable robustesse. A 500 heures de
fonctionnement, l’autorisation fût donnée de le prolonger de cinquante
heures de vol. A 550 heures les moteurs tournaient toujours rond, bien que leur
consommation en huile limitait le temps de vol ! Une nouvelle demande
à 600 heures ne fut toutefois pas accordée.
Ce moteur se mettait en marche comme celui d’une automobile
ce qui permettait de détacher les P 63 sur des terrains non équipés. Il ne
tombait en panne que très exceptionnellement, et encore après
avoir " prévenu ". Cependant, il était sans avenir car
construit par la firme " Lockheed " pour satisfaire une
commande soviétique il cessa d’être suivi en maintenance par cette
société dès le début de la guerre froide. De même les obus de 37
mm destinés à son canon cessèrent pour la même raison d’être
livrés. Cette situation eut pour conséquence que ce canon, bien adapté au
combat Air-sol (non antichar), ne put être utilisé que sur un ordre
strict du Commandement. C’est ainsi que je fus personnellement
autorisé par radio à l’utiliser avec mes trois équipiers pour
dégager un poste encerclé au sommet d’un piton dénudé situé au nord-est
de Langson. Le résultat fut très satisfaisant et tout se termina par un
" pot " à la légionnaire. A partir de novembre 1949
LA détacha en permanence une escadrille sur le petit terrain de Langson, base
arrière de Cao Bang. Dès 1945, les hauts-commissaires en Indochine
avaient insisté sur la nécessité de contrôler notamment la zone
frontière avec la Chine comprise entre ces deux bases d’où la
présence permanente d’avions de chasse sur le terrain de Langson.
Le personnel de LA 5 était hébergé de façon très
satisfaisante à Langson et partageait les mess et ordinaire du 3ème
REI. Au mess des officiers la présidence de table était assurée par le
lieutenant-colonel Pierre Charton dont on lira avec grand intérêt son
livre intitulé " RC43 (Ed. Albatros, 1975).
C’était un hôte grand seigneur, mais parfois très
caustique. Une de ses remarques traditionnelles était de s’adresser à
l’in de ses jeunes collaborateurs, le lieutenant de D…, en l’interpellant
par la phrase : "Mes ancêtres aussi ont fait les croisades,
mais ils portaient les valises, eux "… Fantassin, il plaisantait
parfois les " tabors ", cavaliers peu habitués aux
forêts et herbages du Haut Tonkin, ce qui les conduisit à arriver
une fois en retard à un rendez-vous tactique avec son régiment ! Il
y a lieu de souligner à ce propos que je n’ai jamais eu connaissance
d’exercices tactiques d’entraînement en salle réunissant des cadres
fantassins, cavaliers et aviateurs !
Mon souvenir va également à l’officier de cavalerie chargé de la
liaison " appui aérien " auprès des aviateurs basés
à Langson, le très sympathique Capitaine de l’arme blindée
cavalerie R.R. Ducanchez. Grand mutilé dans son char en 1944, cet officier
était peut-être le seul à l’époque à avoir suivi les
cours de l’Ecole interarmes d’appui aérien de Mersburg (Allemagne).
Le 26 mai 1950, je fus chargé de conduire pour la
quatrième fois une formation de 16 P 63, armés chacun de deux bombes de
50 kg, au tri tonal, à savoir douze du G.C. 1/5 et quatre du G.C. 2/5,
avec pour mission de précéder de quelques minutes l’arrivée des
parachutistes du B.C.C.P. (Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes) d’HanoÏ,
Dong Keh (porte routière de la Chine) fut ainsi réinvesti par l’Armée
française sans trop de pertes. Aujourd’hui avec le recul je pense que le
Vietminh avait monté ses opérations à titre d’essai, et
d’entraînement sans intention de se maintenir à Don Khé.
Le Groupe de chasse 1/5 Vendée fut rapatrié fin juillet
1950. Son retour urgeait car l’Armée de l’Air avait du mal à tenir
en Europe les engagements pris par la France en 1949 en adhérant à l’OTAN ;
On relira à ce sujet les textes publiés par le S.A.H.A. EN 1999 et
intitulé " L’aviation militaire française en Indochine
1940-1945 ", notamment l’article de M. Patrick Facon.
Je laisse à chacun le soin de juger d’une politique qui ne voulût ou ne sût pas, choisir clairement entre l’Europe et ses rêves impériaux. TOP Jean-Marie VAUCHY
Extrait de " Chasseurs, mes
frères "
Toujours dans la tradition de notre grand ancien le Gnl CLAUSSE
Chapitre II - Suite de " : Une arrivée qui
promet " TOP
Lorsque je m’éveillai Mérovée avait disparu. Je m’habillai
à la hâte et je me dirigeai vers la baraque en planches qui servait de
popote. A mon entrée, les garçons qui avalaient tranquillement leurs oeufs au
jambon dans le débraillé le plus libéral ne manifestèrent par aucun
acte ni aucune parole qu’ils m’avaient vu. Heureusement, je reconnus Pipo et
m’accrochai à lui. Mais cette bonne figure, pourtant si fraternelle, me
parut ce matin-là inexplicablement ironique. Je scrutai les visages qui
condescendaient à se tourner vers moi : tous n’étaient que
mépris.
- Où est le commandant de groupe ? demandai-je en hâte à
Pipo, car je craignais de commettre quelque impair.
Pipo me désigna un jeune garçonnet auquel je n’accordais
pas vingt ans. On m’avait bien affirmé que le " patron "
était jeune, mais tout de même !... Cependant, tel était mon parti
pris d’émerveillement, que je n’aurais pas été autrement étonné d’entendre
le chien du bar parler comme un homme.
Ce jeune patron accepta mes respects avec ennui et me laissa
planté là, sans daigner me tendre la main. Il me détailla avec le parti
pris visible de m’humilier :
- Vous êtes foutu comme un amiral ! marmonna
t-il.
De fait, ma tenue bleue rutilante au milieu des surtouts de
mécanicien et des vieux pyjamas troués me paraissait parfaitement ridicule. Le
choix du bleu pour l’uniforme d’aviateur suffit à donner la mesure de
l’esprit pratique français. Habiller un monsieur qui vit dans la
poussière, l’huile et le vent, d’une étoffe si délicate que le
moindre petit flocon la souille aussitôt, voilà en vérité une
trouvaille !
- J’attends impatiemment de me changer, dis-je aussitôt
avec ardeur.
- Lieutenant, vous volerez d’abord, rectifia le patron
avec un sourire glacé. Si vous devez être éjecté demain, inutile de
déranger notre magasinier.
Affolé, je cherchai secours après des gens assemblés là, mais j’étais
prisonnier dans un cercle de regards malins.
- D’autant qu’il n’a pas passé la visite, dit Jules
négligemment.
Si les très sérieuses tribulations qui avaient
marqué ma carrière militaire ne m’avaient revêtu d’une solide
cuirasse contre toutes sortes de malheurs, je crois que je me serai enfui. Je n’étais
qu’un pauvre être, en butte aux silencieux sarcasmes de ces gens si
naturellement supérieurs.
- Il faut que je l’essaie ! dit un lieutenant.
Je fis face à ce nouvel adversaire. Il mangeait paisiblement. Il avait un
visage rougeaud assez bonasse, mais lorsqu’il fixa dur moi ses petits yeux
noirs et perçants, j’eux la sensation d’être une souris guettée par
un chat. En vérité, j’étais une proie…
- On va toujours lui faire passer la visite, dit encore un
quelconque pilote, au bout de la table.
Je pressentais que cette visite avait une importance
cruciale, et mon malaise s’en accrut. J’essayait de me raccrocher à
Pipo, mais ce traître faisait visiblement cause commune avec les autre, sous
prétexte qu’il était arrivé quinze jours avant moi ! Je fus
très affecté par cette preuve nouvelle de la mesquinerie humaine.
Tandis qu’on m’emmenait à l’infirmerie, je fus
abreuvé de sinistres prédictions. L’infirmier m’apprit que le toubib
était absent.
- Encore à regarder les avions, dit Jules… Va le
chercher !
L’infirmier, me sembla t-il, me considérait, lui aussi, d’un
air goguenard et méprisant. J’étais transi, j’étais misérable. Enfin une
jeep ramena le toubib. Un simple coup d’œil suffit à me révéler
que je me trouvais en présence d’un de ces individus spéciaux auxquels il
est convenu d’appliquer le qualificatif générique de " mauvais c… ".
- On reste là. S’il te fait des ennuis, on verra.
On en a marre de ce mironton ! me souffla Jules.
Mais le toubib les chassa…
L’arguez votre froc, me dit-il sèchement lorsque
nous fûmes seuls.
- Pissez ! m’ordonna t-il en me tendant un verre
minuscule. J’étais si ému, si contracté, que je ne parvins pas à
assurer une fonction qui, en d’autres temps, ne m’avait jamais donné d’ennuis.
J’étais étanche.
- Vous paraissez bien nerveux, mon vieux ! grogna le
toubib, en me considérant avec suspicion.
Au prix d’efforts inouïs, je parvins à libérer quelques
gouttes, mais tout aussitôt j’y vis se former d’étranges flocons blancs,
que le toubib considéra longuement :
- Hum… hum..., fit-il en me regardant de
travers. De mauvaises habitudes, hein ?
- Quoi ! fis-je, scandalisé.
- Ca va, ça va !
Il me palpa longuement, s’attardant un peu trop à
mon avis, en des endroits où il n’avait que faire, et je commençais
à songer à me rebeller, lorsqu’il me dit :
" Toussez ! ". Je toussai.
- Elles ne remontent pas ! me jeta t-il comme une
insulte.
- Quoi ?
- Je vous dis qu’elles ne remontent pas !... Mauvais,
mon ami ! Mauvais ! C’est bien ce que je pensais :
" Satisfactions solitaires effrénées, occasionnant des troubles
nerveux graves ".
- Vous vous foutez de moi ! éclatai-je.
- On verra, mon ami, on verra !... Je devrai rédiger
un rapport pour couvrir ma responsabilité. Vous êtes vieux ! Vous
êtes même extrêmement vieux, physiologiquement. Je m’étonne
qu’on vous ait laissé voler. Je pense que je vous enverrai un mois en
observation à O… Voilà, c’est terminé, vous pouvez vous
rhabiller !
Cinq ou six pilote m’attendaient dehors, interrogatifs.
- Interdit de vol ! dis-je seulement, les dents
serrées.
Alors Jules, se précipitant dans l’infirmerie,
cria au toubib :
- Il volera quand même ! Et pas plus tard que cet
après-midi !
- Pas pour longtemps ! rétorqua le toubib en frappant
rageusement sur ses notes.
Les pilotes et le docteur se mesurèrent, superbes, du
regard. A ma grande confusion d’avoir été l’agent involontaire qui
précipite un drame, se mêlait cependant un vague réconfort. Ce faisceau
de volontés dressées entre moi et cet énergumène me faisait bien
augurer de l’avenir…
Un aspirant d’une trentaine d’années vint me prendre fraternellement par le
bras. Il me considérait depuis mon arrivée avec bienveillance. Il s’offrit
à se faire mon cicerone, et me révéla qu’il était réserviste, et
que les réservistes, ici, étaient les parias. Je vis aussitôt en cet homme un
frère de souffrance, et je me soulageai dans son giron de mes rancoeurs,
et de mes appréhensions.
- Il faut que tu te présentes aux commandants d’escadrille,
me dit-il. Ne t’étonne pas trop ! Ils sont, tous les deux,
complètement ravagés.
Il me conseilla ensuite de les désarmer à force de
patience et de soumission, si je voulais gratter ici quelques menus droits
à voler. J’en vins bientôt à considérer cet aspirant
affectueux comme mon seul ami, dans cette arène où se jouait mon
martyre.
La première escadrille logeait dans un
" demi-tonneau " en tôle, où ronflait avec un bruit
de tonnerre un poêle rougi au blanc. Flanqué de mon aspirant, je m’approchai
d’un bureau de campagne, entièrement caché par le journal que
déployait un homme dont je ne voyais que les deux pieds qui écrasaient les
papiers. Je poussai un " hum " discret. Le journal resta
immobile. J’osai tenter un autre " hum " un peu plus
appuyé. Le journal fut aussitôt froissé violemment, découvrant un homme
malveillant, qui hurlait :
- Alors quoi ! On ne peut plus travailler ici !...
Ah ! C’est vous, le réserviste ?... Je forme des vœux pour que
vous alliez grossir le tas de cloches d’à côté. Il y en a assez
à cette escadrille, dit-il en désignant l’aspirant avec qui je
commençais à me sentir beaucoup de points communs.
L’homme au journal ne me tendit même pas la main. Mon ami, l’aspirant,
m’emmena discrètement, sur la pointe des pieds.
- Je te laisse, me dit-il, car je dois voler. Rends visite
à l’autre escadrille. C’est le demi-tonneau là-bas, à l’autre
bout de la piste. Ne t’étonne pas trop ! Ce sera pire encore. A la Deux,
ils ne peuvent vraiment pas sentir la réserve…
J’y allais bravement… Le seul être humain que je
découvris dans ce demi-tonneau abandonné était un simple soldat. Touts les
avions de l’escadrille étaient en l’air, occupés à protéger au
large un convoi de pétroliers. Ce secrétaire me considéra avec une insolence
inouïe :
- Qu’ss qu’voulez ? s’enquit-il, sans se
déranger.
- Voir le commandant d’escadrille, lui dis-je, assez
réticent.
- Y vole !... Asseyez-vous !
Je tardai un instant à m’asseoir, car j’étais indécis sur la
conduit à tenir à l’égard de cet étrange soldat. Il en profita
pour ajouter :
- Je vous dis de vous asseoir !
Je décidai alors que ma lâcheté avait fait ses dernières concessions.
- Dites donc, mon ami ! Commençai-je, tâchez donc d’être
correct ! J’en ai assez à la fin ! Je n’ai jamais mis de
punitions et je ne suis pas porté sur la discipline, mais tout de
même !...
Je vis le visage du secrétaire passer au rouge, puis au
violacé. Ses lèvres se pincèrent, et laissèrent finalement
éclater le plus énorme fou-rire qui ait jamais dévasté un visage. Je me
sentais menacé de l’une de ces rages froides, absolues, qui risquent de mener
un homme aux plus regrettables extrémités.
Je claquai la porte en hurlant que j’allais voir le
commandant de groupe et que " ça ne se passerait pas comme
ça ". Mais, en chemin, je rencontrai des pilotes. Ils m’avertirent
que Bérard me cherchait pour m’essayer, et me conduisirent aux avions,
où je rencontrai des pilotes. Ils m’avertirent que Bérard me cherchait
pour m’essayer, et me conduisirent aux avions, où je rencontrai mon
homme, qui m’attendait :
- Inutile de vous habiller, me dit-il, vous volerez en bleu.
Juste un petit vol d’essai. Si ça ne gaze pas…
Il fit le geste de briser, de rayer. Je serrai les dents.
Longtemps je me souviendrai de ce " petit
vol " avec Bérard. Il décolla devant moi et tous aussitôt, s’éloigna
prodigieusement vite. Je poussais les gaz… Il s’éloignait toujours.
- Alors quoi, vous rejoignez ? Entendis-je à la
radio.
Je poussai rageusement la manette, par delà une
butée que l’on ne doit dépasser que dans les cas extrêmes. Le moteur,
avec un hennissement furieux, me lança en avant, déchaînant ses deux mille
quatre cents chevaux. Mais l’avion de Bérard s’amenuisait toujours devant
moi. Il n’était déjà plus qu’un point infirme, lorsqu’il disparut
à ma vue, derrière une colline. Je sus que j’étais voué
à la honte. Pour ne plus voir les visages ironiques, qui m’attendaient
sûrement au retour, j’étais résolu au pire. Je maintins cette
carburation de folie, jusqu’à ce qu’une aiguille m’avertisse que
mon moteur avait l’intention de m’éclater à la figure. Je tournai et
retournai en rond, pour essayer de retrouver mon seigneur et maître, mais le
ciel était désert. Je parvins à des sommets de désespoir. J’envisageai
froidement de me jeter en parachute, et de prétendre ensuite que mon moteur
avait éclaté. Mais il fallait bien que je me pose !... et ce fut pour
retrouver mon Bérard, revenu depuis longtemps, entouré d’un groupe de
pilotes dont les sentiments s’exprimaient lumineusement.
- Et voilà ! dit simplement Bérard avec un
petit geste concluant.
J’étais rouge, et je suais de rage.
- C’est incompréhensible ! m’écriai-je. J’ai
dépassé la butée !
Aussitôt tous les hommes présents hochèrent la
tête avec un petit air entendu, et un adjudant mécanicien, à cette
affirmation malheureuse, poussa un gémissement de douleur :
- Hein ? Vous avez dépassé la butée ? Mais mon
zinc est foutu !
Ils eurent de la chance, tous, que je n’aie pas possédé
une mitraillette ! Je les aurais fauchés, comme au jeu de massacre. Oui,
je les aurais fauchés ! Ils hochaient tristement la tête, en me
regardant. Je me contentai de les englober dans une seule épithète,
prononcée assez haut et assez distinctement pour être comprise de tous.
Mon ami l’aspirant se précipita aussitôt à mon secours et me dit
à l’oreille :
- Doucement, mon vieux, doucement ! Si tu le prends sur ce ton, tu ne feras
pas de vieux os ici !
Puis il me réconforta par quelques paroles gentilles et s’offrit
à m’accompagner dans ma tournée des services. Tandis que nous
marchions, je lui laissai à entendre que j’étais fier de notre état
de réserviste, si décrié pourtant par ici, car le sport particulier que nous
pratiquions n’absorbait qu’une faible part de nos possibilités.
- Notre mérite, lui dis-je, est infiniment plus grand, de
nous sacrifier avec cette ardeur, car nulle basse préoccupation de
carrière ne vient entacher notre désintéressement.
Encouragé par les signes de sympathie que cet aspirant me
prodiguait, j’ajoutai que j’avais pour ces monocordes d’officiers d’active,
une estime mitigée de quelque dédain et que les militaires étant conçus pour
la destruction, il était bien naturel que cette désolante organisation que
nous passions présentement en revue fût leur œuvre. Je relevai méticuleusement
toutes les inepties rencontrées en chemin, toujours appuyé avec chaleur par
nouvel ami, si bien que lorsque nous revînmes au mess pou y déjeuner, j’étais
ragaillardi à l’ides de posséder un compagnon aussi compréhensif.
Bref, nous étions enchantés l’un de l’autre.
Lorsque nous arrivâmes au mess, c’était l’hure des
pots. Nous fûmes conviés au bar assez froidement, et j’éprouvai de
nouveau la désagréable sensation d’être guetté. Mais les patrouilles
rentraient tout juste de leur mission de protection des convois, et j’attribuai
à la fatigue cette contrainte générale.
A suivre… TOP
Pour ceux qui ne savent pas, la ST
Valentin est
fêtée à Roquemaure le 14 février (Roquemaure, point de départ de
nombreuses navigations, lieu de création de Minuit Chrétien cher à
notre ami M Giraud ), ce qui en soit n’est pas anormal. En revanche les
raisons de cette fête à Roquemaure valent la peine d’être
racontées.
L’origine de cette tradition est aussi profonde que celle
qui consistait à faire les Rogations à Notre Dame de LAMARON sur
le plateau d’Albion (et que j’ai vu faire quand je commandais le 1er
GMS) assurant ceux qui y participait, d’une belle récolte…
Pardonnez moi ce rappel à notre culture Judéo Chrétienne, mais j’ai
reçu cette éducation et je ne saurais m’en démentir.
TOP
voir aussi http://www.saintvalentin.org/S000.HTM
Petite histoire des Reliques de Saint-Valentin
TOP
L’appellation CDR
Au cœur de l’ancienne basse viguerie d’Uzès,
appelée la " Côte du Rhône ", Roquemaure a toujours vécu
au rythme de sa production viticole. Ce terroir, fait d’argile, de sables et
de cailloux est connu depuis le premier siècle après Jésus Christ
pour la qualité de son vin.
Sur le Rhône, le poste de Roquemaure occupait un emplacement
particulièrement favorable. Il était dédié au transport.
Ce vin gagna notamment toute sa valeur, lorsqu’en 1709 le
froid gela les vignes du nord de la France.
En 1737, les consuls de Roquemaure, en collaboration avec les viticulteurs du
pays plus soucieux de la qualité que du rendement, organisèrent une
appellation contrôlée, bien avant la lettre : " les vins de la
Côte du Rhône ", basée sur des moyens de protection très
stricts. Ainsi, sur une des fonds de chaque tonneau, les lettres
" CDR " devaient être gravées avec le millésime et
le lieu de la récolte.
La culture de la vigne était également sérieusement
réglementée. Enfin, un vin étranger ne pouvait être stocké ni
mélangé sur le territoire de l’appellation sous peine d’amende.
Les vins de la Côte du Rhône étaient les plus recherchés
et les plus chers du Languedoc.
Du Port de Roquemaure, on embarquait les tonneaux de vin vers
le nord de la France, la Bourgogne, l’Angleterre mais également vers Avignon,
Bordeaux, la Toscane, Florence et l’Espagne.
La vigne tombe malade
C’est alors qu’en 1866 un fléau anéantit la vie
économique et sociale du village. Pour la première fois en Europe, une
maladie de la vigne appelée à son début " les tâches de
Roquemaure " apparaît : c’est le phylloxéra.
Alors que les vignerons ayant déjà presque tout
essayé pour sauvegarder leurs vignes, voient leur avenir compromis, Maximilien
Richard, riche propriétaire du domaine de Clary décide de faire l’acquisition,
à Rome, des reliques d’un Saint protecteur.
En ce temps-là, les gens croyaient à la valeur
protectrice de saintes reliques ; ils espéraient ainsi redonner
" santé et vigueur " à leurs vignes, et les
protéger contre de nouveaux maux.
Un jour d’espoir
Le 25 octobre 1868 l’évêque de Nîmes, Mgr Plantier,
célèbre l’arrivée des reliques de Saint Valentin à Roquemaure,
dans une grande liesse. Sur la place de la Pousterle, le panégyrique de
Saint-Valentin est dit en présence d’une foule immense qui ensuite accompagne
les reliques vers la Collégiale où désormais elles demeurent dans une
chasse dorée à droite de l’autel.
En ce jour, une grande fête est donnée où les
danses se mêlent aux chants, le son des galoubets et des tambourins résonne sur les places du village. Les rues sont pavoisées
d’oriflammes, et des arcs de triomphe ornent le village.
Désormais, Valentin veille sur ce pays de la rive droite du
Rhône, sur ses habitants unis dans un même amour ou une même
amitié et sur ces vignobles célèbres.
Aux hommes et aux femmes de ce pays, Valentin donne toujours,
la volonté nécessaire pour surmonter les fléaux de la vie.
Une fête romantique.
Depuis maintenant 16 ans, chaque année, nous revivons ce
temps fort de l’histoire de notre pays.
D’ores et déjà, réservez votre fin de semaine de
la Valentin pour la fête des Baisers, de l’Amitié et des Amoureux
à Roquemaure.
17ème Edition.
L’association " Saint-Valentin ",
entourée d’associations roquemauroises, de la Municipalité et de plusieurs
centaines de villageois, vous a concocté, cette année encore, une fête
romantique où l’art de vivre, l’art de la musique, du spectacle et l’art
d’aimer s’harmonisent avec bonheur.
Un véritable voyage dans le passé
Le village s’est métamorphosé : les rues sont
pavoisées, l’apothicaire a repris possession de ses splendides bocaux
renfermant plantes et potions, le perruquier barbier aiguise d’un geste
sûr son " coupe-chou, la bouquetière dispose élégamment
dans son échoppe brins de mimosa et bouquets de violettes pour que les amoureux
les offrent à leur belle.
Les habitants retrouvent les habits de 1868, accentuant
encore ce voyage dans le temps.
Les artisans de l’authentique
Les marchands ouvrent leurs échoppes, leurs étals sont un régal pour les yeux. Le maraîcher dispose artistiquement dans des paniers ses coloquintes aux formes variées. Un doux fumet vient chatouiller les narines des badauds. La soupe cuit à gros bouillons dans l’énorme chaudron avant de venir réchauffer l’estomac des gourmands. Les enfants sont beaucoup plus attirés par ces merveilleuses sucettes et meurent d’envie de tremper leurs doigts dans les confitures alléchantes.
Les métiers d’autrefois
Le soleil n’est pas encore levé sur la place de la
Pousterle que chacun s’active à sa tâche : le ferronnier fait
résonner son enclume du fracas des marteaux, le rémouleur, penché sur son
établi, sans jamais arrêter de faire tourner sa meule, appâte le chaland
" Rémouleur, rémouleur, couteaux, ciseaux à réparer… ".
Sur le trottoir, le rempailleur propose ses services. Avec la
paille tressée de manière ancestrale, il répare les chaises qu’on lui
a confiées. Les quelques pièces gagnées lui permettent de s’offrir ce
soir un peu de pain et de fromage. Le tonnelier ajuste les cercles de fer sur le
bois de ses fûts. Bien sûr, les vignerons les lui achètent
pour garder et transporter leur vin, mais ils sont aussi utilisés pour l’huile,
le blé ou le seigle. Dans un coin attendent deux lessiveuses qui serviront
à la ménagère pour faire bouillir son linge. Le vannier travaille
à la commande. Ce matin, un fermier lui a demandé un panier pour ses
fromages. Les doigts agiles du vannier métamorphosent les brins d’osier en
quelques tours de main.
Puis, il fabrique une cage pour l’oiseleur qui, appeau aux
lèvres, propose ses petits oiseaux aux passants.
Un camp militaire
Sur la place de la Pousterle, les militaires, parés de leur beau costume, ont monté leur camp. Les uns s’affairent au feu de camp où ils préparent la soupe pour le repas de midi. D’autres nettoient leur fusil, avec minutie et précautions, pour le défilé de l’après-midi, en présence de Monseigneur Plantier, évêque de Nîmes. A proximité de là, le marchand de balais prépare son étalage alors que le maréchal Ferrand se remet à l’ouvrage. La journée promet d’être dure… Beaucoup de monde doit venir pour accueillir les reliques de Saint-Valentin à Roquemaure.
Le Cortège 1868
L’ensemble de la société de 1868 est recomposé, paysans et bourgeois, pauvres et aristocrates, notables du village, saltimbanques et gitanes. Plus de 800 personnes costumées, des attelages, des cavaliers, un cracheur de feu, des musiciens, des groupes folkloriques, animent ce cortège de 1868. au détour des rues et des places du vieux village, se rencontrent aussi des chanteurs de rues, des artistes de cirque, des orgues de Barbarie, des limonaires et des manèges de chevaux de bois. Le soir venu, un feu d’artifice illuminera la cité du Baiser d’Amour.
La légende de Saint valentin
Le prêtre des amoureux
Valentin était un prêtre chrétien de la religion
chrétienne à Rome, au IIIème siècle. C’était
un homme bon et généreux, toujours prêt à aider ses amis
chrétiens martyrisés.
Doux et accueillant, il l’était avec tous, tout
particulièrement avec les jeunes couples car il sentait battre son cœur
au même rythme qu’eux. Heureux les amoureux qui allaient le consulter,
leur avenir devenait plus évident et leur choix plus éclairé, car des yeux de
Valentin émanait une lumière qui traversait le cœur et parfois une
vie. Quand un jeune homme, en proie au doute, venait lui demander conseil, il
repartait toujours le cœur serein, et à la fin de sa visite, sur le
pas de sa porte, Valentin lui remettait une fleur de son jardin qu’il s’empressait
de porter à l’élue de son cœur. Doucement, la fleur s’épanouissait
et les pétales en tombant se transformaient en chastes baisers.
Mariages interdits…
En 268, l’Empereur Claude II le Cruel, avait beaucoup de
difficultés pour trouver des soldats pour ses multiples campagnes militaires.
Aussi, il décidé d’interdire les mariages car, pour lui, les hommes mariés
ne faisaient pas de bons soldats. Valentin décida d’unir secrètement
les jeunes amoureux. La bénédiction avait lieu dans son jardin.
Pour avoir transgressé la loi, Claude II le fit
arrêter. En prison, Valentin reçut beaucoup de messages de soutien et d’encouragement,
car beaucoup croyaient en l’amour. Certains lui mettaient même des
fleurs sur sa fenêtre.
" De votre Valentin… "
Julia, la fille de son geôlier, aveugle de naissance fut
touchée par cette arrestation et demanda à son père de le
rencontrer. Durant sa captivité, elle lui rendit de nombreuses visites. Elle
lui apportait même à manger. Valentin lui décrivait le monde, la
nature et lui parlait de son Dieu.
Touché par la détresse de la jeune fille, Valentin
implorait son Dieu matin et soir pour qu’elle retrouve la vue. Puis, un soir,
lors d’une de ses visites, une lumière illumina la cellule. Julia se
mit à pleurer car un miracle venait de se produire, elle voyait
enfin !
" Je suis heureuse " dit-elle
" je voulais tellement voir tout ce que vous m’avez raconté… "
Devant ce miracle, toute la famille de Julia se convertit
à la religion chrétienne.
L’empereur Claude II fut informé rapidement de ce miracle
et Valentin, ayant refusé de renier son Dieu, fut condamné à mort.
La veille de sa mort, il écrivit une dernière lettre
à Julia, l’invitant à rester près de son Dieu et la
signa : " de votre Valentin "
Le lendemain, Valentin fut battu, brisé par les coups de
bâtons des soldats romains, pour être enfin décapité sur la voie
fléminienne, le 14 février 268. Il est dit que Julia planta un arbre fleuri d’amandes
près de sa tombe.
L’arbre d’amandes, est aujourd’hui un symbole d’Amour
et d’Amitié.
Chaque 14 février, des messages d’amour, d’affection, d’amitié
sont échangés dans le monde, gage de l’amour qui triomphe toujours… TOP
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