mis à jour / updated : 03/11/2019 16:28:56
: Monday, March 11th, 2019

                                              Lucien Gambade: Le joli nom -n'est-il pas vrai? pour chevaucher les nuages!   admis, en 1928, à l'Aéropostale pendant trois années

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Le joli nom — n'est-il pas vrai ? — pour chevaucher les nuages! 
Lucien Gambade est le plus jeune des millionnaires du ciel : il n'a que vingt-huit ans. 
Son palmarès? 6.225 heures sur les lignes, le million de kilomètres atteint de 10 mai dernier, sans un seul accident de personnes, chevalier de la Légion d'honneur, deux fois (lauréat du prix des pilotes de lignes, deux médailles d'argent de l'Aéro-Club de France.
Pour l'écouter ICI  (Documents sonores, fichiers mp3)
  Vous y entendrez aussi: 
Lucien Gambade: Une bande de copains. Marche ou crève... Les oiseaux ne volent pas dans les nuages, pourquoi irons-nous? Et pourtant il décrit son premier vol sans visibilité, en rase mottes, il se trouve devant l'entrée d'un tunnel, il n'a plus qu'une chose à faire, tirer sur le volant,  et, le voilà dans la couche...    4'33
Le père Pierre Secondi: "Les machines étaient presque humaines tant elles étaient soumises à leur pilote". Dominicain, établi au Brésil depuis 1931, il apporte sa part de témoignage...   3'26 
Jean Dabry:  "Premier navigateur aérien de l'Aéropostale. Il narre les préparatifs et la première traversée de l'Atlantique Sud, le 12 mai 1930, temps de vol 21 h. 30, à bord d'un monomoteur Laté 28, avec Mermoz et Gimié..   3'42  
Léon Antoine:  "Ce n'était pas rigolo. Demain tenez-vous prêt!... nous étions payés pour voler mais les passagers, eux, payaient... la camaraderie... les salades de bielles... Casablanca était à nous, on avait 24 ans... il y avait de tout comme à la Légion Etrangère, un boucher, Reine, Guillaumet, Mermoz, Delaunay, Etienne... les Alpes c'est une plaine...  le courage c'est vaincre la peur...  8'17  
Joseph Kessel:  "Deux heures d'angoisse. En 1929, à bord d'un Laté 25, avec Emile Lécrivain, Edouard Serres... ils volent de Cap Juby à Villa Cisneros dans une tempête de sable... la peur de ma vie...  un document...   7'26  
Source
Sur la ligne Toulouse-Dakar 
C'est à dix-huit ans qu'il prend contact avec l'aviation en s'engageant, à Istres, comme élève pilote. Libéré au bout de trois ans, le voici admis, en 1928, à l'Aéropostale où, pendant trois années il va parcourir, comme son camarade Dubourdieu, l'âpre tronçon céleste Toulouse-Dakar. 
Certains jours, brume et vent de sable se liguent contre les énergies humaines et mécaniques conjuguées et lorsqu'on est contraint d'atterrir, c'est souvent à l'aveuglette. A son premier voyage sur ce long secteur de 4.500 kilomètres, Gambade, pris dans un vent de sable, percute plein moteur sur une dune, l'altimètre, déréglé, indiquant encore 400 mètres. Du Latécoère, il ne reste que des allumettes qui heureusement ne flambent pas. Mais, constatation plus grave pour le sort de l'équipage miraculeusement indemne, le bidon contenant la réserve d'eau s'est éventré dans le choc, imité en cela, bien entendu, par le radiateur. En revanche, autre miracle, les lampes du poste radio sont intactes. Mais la batterie, fatiguée, ne peut que recevoir et non émettre. 

La soif
L'attente va durer trois jours et trois nuits, sans le secours d'une goutte d'eau pour apaiser le feu qui dévore les gorges... Enfin, au matin du quatrième jour, un avion, conduit par Delpech, repère l'épave et se pose auprès d'elle. O! la vue de cette dame-jeanne remplie d'eau, mais qu'on  leur mesure cruellement au compte-gouttes et qu'ils ne sentent même pas passer dans leur gosier tel un liquide qui se vaporiserait instantanément sur un métal chauffé à blanc... Le récipient est confié à la garde d'un Maure interprète, qui demeure inflexible aux supplications des réchappés. Mais Gambade, né malin, rodant autour de l'avion sauveteur, découvre soudain de précieuses bouteilles: du vin blanc! il en vide une d'un trait et tombe ivre-mort : «La plus belle cuite de ma vie!» conclut-il en riant. 

Une aventure chez les Maures 
Bien entendu, notre millionnaire a fait connaissance avec les Maures. Le 12 janvier 1931, partant d'Agadir à la tombée de la nuit et après escale à Juby, l'équipage —-Gambade, pilote ; Champlain mécanicien; Riguellc, chef de base à Dakar, passager, el El Boun, interprète maure— doit, après avoir fait route vers l'est pour éviter de se poser en mer, atterrir à bout d'essence, par visibilité nulle, vers 4 heures du matin. On installe l'antenne et l'on transmet un message à Port-Etienne: bref discours avant que la batterie cette fois encore, ne tombe à plat. On a, en revanche, de l'eau et quelques victuailles, mais on n'envoie pas moins un «mois de cauchemar à l'imbécile de pharmacien» qui a eu l'idée de sa composition des boîtes de vivres si peu consistantes qu'on les surnomme couramment: «Perdons du poids.» 
Et c'est la longue attente tout le jour alors qu'aux alentours, un avion dépanneur ronronne en vain comme un chat insouciant. 
Le lendemain matin, on reprend l'écoute à la radio. Non loin de là, l'interprète El Boun, après avoir observé, une demi-journée durant, la couleur du sable, les traces de végétation et quelques fientes de chameau, pointe son doigt vers l'ouest et déclare péremptoirement: «Cap Lefrech y a par-là, une journée bon chameau.» Ses compagnons se refusent à croire à ce qui est cependant l'exacte vérité. 
Vers midi, au moment de se mettre à table, deux silhouettes de Maures apparaissent à l'horizon. En un tournemain, le repas est englouti, afin qu'au moins lui ne tombe pas en dissidence. Sur un feuillet de cahier d'école. Gambade trace ces lignes qui, tout à l'heure, seront peut-être le testament de celte équipe de braves: «Le 13 janvier à midi, nous voyons des Maures à l'horizon. Riguelle appelle son monde à table. Cassons la croûte en attendant les événements. Bon appétit à tous. Le moral est bon.»  
Que va-t-il sortir de la palabre engagée par l'interprète maure, durant laquelle chacun fait, d'un geste rituel, voler le sable en l'air d'un revers de main? Il en sort ceci, de la bouche même d'un des guerriers qui dépose son fusil et s'avance en souriant: «Bonjour monsieur Riguelle, qu'est-ce que tu fais là?» Ceci prononcé en français. Décidément, il n'y a plus de... Sahara! 
Quelques heures après, les pilotes Vidal et Delpech ramenaient à tire-d'aile, vers Port-Etienne Gambade et ses compagnons. 

Sur la ligne Damas-Saïgon
Depuis lors, Gambade a change de secteur. Et voici bientôt quatre ans que, chaque semaine, il dévide l'écheveau de 9.000 kilomètres qui joint Damas à Saïgon. Dure besogne que celle des équipages sur ce réseau où l'on vole onze heures quotidiennement pendant six jours consécutifs, exposé aux vents de sable du désert syrien, aux brusques changements d'une température qui dépasse parfois 50° à l'ombre, à la mousson indienne, aux traîtrises de la forêt birmane. Mais Gambade encaisse tout avec le sourire depuis qu'il a trouvé son alter ego en la personne du mécanicien Pouliquen, qu'il affectionne mieux qu'un frère: trois ans et demi de voyages en commun sur la ligne, trois mille heures de vol sans la moindre défaillance mécanique ; ce sont là des liens plus forts que ceux du sang. 

Chasse au tigre
Mais que de belles «virées» en commun, ou cours de la décade de repos à Saïgon succédant à chaque voyage! Aussi ne vous étonnez pas si je vous conte que Gambade ayant un beau soir, après une longue atttente en «mirador» tué un magnifique tigre. Pouliquen, le lendemain, égalisa le tableau. Et n'allez pas croire, malgré l'accent, que ce soient là des chasses à la Tartarin. car Gambade m'a montré le film immortalisant son exploit cynégétique, unique parmi les millionnaires du ciel.