|
Ami(e)
Internaute,
Ce soixante-huitième diaporama
est le quinzième des dix-sept
diaporamas consacrés à la Seconde
Guerre Mondiale en Algérie. Il
concerne le réarmement de l’armée
française, les Merlinettes, les
Chaufferrettes, l’évasion du S0 90,
les missions secrètes allemandes, la
libération de la Corse et la
situation politique.
Pierre
Jarrige.Faites le circuler sans restriction ! N’hésitez pas à me demander les diaporamas précédents. Merci aux propriétaires des photos dont les noms apparaissent entre parenthèses. Pour l’histoire de l’aviation en Algérie que je prépare, je recherche des photos, des documents, des récits et des témoignages, merci d’en parler autour de vous. Bien cordialement. Pierre Jarrige. http://www.aviation-algerie.com |
|
Les Chaufferettes Lors de
la renaissance de l‘armée
française, un appel est
lancé aux filles d’Afrique du Nord
par une affiche disant que
l'engagement d'une fille
permettait à un homme de porter
les armes. Elles furent
plusieurs milliers à
répondre à cet appel.
Créée en février 1943, la Compagnie des ambulancières dépend du 27ème escadron du Train et combattra dans le Corps expéditionnaire français en Italie (CEF), puis dans la 1ère Armée. Les volontaires, surnommées Chaufferettes par les combattants du CEF, reçoivent, en plus de la formation militaire et de conductrice, un enseignement médical sanctionné par l’octroi d’un diplôme d’ambulancière les autorisant à porter l’insigne de la Croix-Rouge. La compagnie est composée de quatre sections de vingt ambulances Dodge WC54. Les conductrices sont formées à Chéragas, Rivoli, Marengo et Constantine où se succèdent formation militaire, cours de brancardage de jour et de nuit et école de conduite et d’entretien des Dodge WC54. Les Marinettes forment le peloton d'ambulances du régiment blindé de Fusiliers-marins. Les Marquises sont les ambulancières du 7ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, formé à partir des Chantiers de Jeunesse d'Algérie et dont la chanson parle d’une Marquise. |
A Rivoli en 1943 (ECPAD) |
A Rivoli en 1943 (ECPAD) |
A
Rivoli en 1943 (ECPAD) Une section d’ambulancières au débarquement de Provence (USNA) |
Marie Loretti (par
Clément Charrut) La conductrice
Marie Loretti servait au
3ème Bataillon médical de la
3ème DIA. Elle était née
à Belfort mais vivait en
Algérie où elle avait épousé
un sous-officier des
Tirailleurs. Arrivées à
Naples en décembre 1943, les
filles du 3ème BM furent
engagées dès le 6
janvier en secteur
opérationnel. Alors,
comme leurs camarades
ambulancières de la 2ème
DIM déjà sur place depuis
décembre, puis plus tard
celles de la 4ème DMM en
février 1944, et de la
1ère DMI en avril, elles
connurent l'inconfort et
les conditions de vie
précaires de la vie en
campagne et le danger,
soumises quotidiennement aux
feux terriblement
meurtriers de l'artillerie
ennemie, au plus près
des combats dans le terrible
hiver des Abruzzes, plus
tard dans l'offensive de
mai, puis dans la phase de
poursuite de juin et
juillet 1944. Elles
remplissaient avec calme
et courage leurs missions
de ramassages des
blessés et
d'évacuations, par tous
les temps, de jour et de
nuit en black-out, sur des
routes défoncées par les
tirs d'artillerie ou des
pistes boueuses où il
leur fallait souvent
mettre les chaînes. Dans
le secteur de la 3ème
DIA, il y avait la route
d'Acquafondata à San
Elia dans la vallée du
Rapido au pied des
montagnes, dont le
redoutable et obsédant
Monte-Cassino. Les Allemands
qui ont tenu pendant des
mois cette barrière de
montagnes baptisée Ligne
Gustav, tiraient sur cette
longue descente à découvert
mais qu'il fallait tout de
même emprunter. Cette terrible
route jalonnée de carcasses de
véhicules alliés détruits ou
accidentés méritait son surnom
de "route de la mort". Sur le
versant opposé du Rapido,
après la conquête du Belvedere
fin janvier 1944, une piste
symétrique fut activée entre
San Elia et Terelle. C'est là
que le 5 février 1944, Marie
Loretti fut prise sous un tir
d'artillerie au bas de la
route dans la vallée alors
qu'elle allait enfin franchir
le gué et être un peu plus à
couvert. En voulant absolument
mettre à l'abri les blessés
qu'elle transportait, elle fut
atteinte d'un éclat d'obus et
mourut en quelques minutes.
Ses camarades présentes ne
purent rien pour celle
qu'elles appelaient Lorette.
Le 6 février, par un triste matin, le général Juin épingla sur le drapeau qui couvrait son cercueil la première Médaille Militaire jamais décernée à une femme. Lorette, âgée de 28 ans, fut la première des cinq ambulancières tuées en Italie et elle fut inhumée dans un de ces nombreux cimetières provisoires qui ont jalonné la route de souffrances et de victoires du CEF entre Naples et Florence. Plus tard, à partir de la Provence, les Chaufferettes des 1ère et 5ème Divisions blindées rejoignirent la bataille depuis l'Algérie et elles accomplirent le même travail, avec le même dévouement, dans la campagne de France, puis celle d'Allemagne. Lorette est restée en Italie. Elle repose aujourd'hui parmi les 3 400 tombes de ses frères d'armes dans le plus grand cimetière militaire français d'Italie, à Venafro, près de Cassino, au pied des collines d'oliviers et de ces montagnes de caillasse pour lesquelles tant des nôtres sont tombés. 3 400 tombes ! C'est presque la moitié du cimetière américain d'Omaha Beach en Normandie que tout le monde connaît. Qui connaît celui de Venafro ? |
Denise Ferrier
(par
Clément Charrut)
L'Aspirant Denise Ferrier, née
à l'Arba en 1924,
s'engagea assez tôt pour
servir en Tunisie puis,
affectée à une section
territoriale d'ambulancières,
elle convoya des blessés
du port d'Alger vers les
hôpitaux, jusque dans
l'intérieur. Durant l'été
43 elle suivit avec
succès les cours d'une
école de cadres et fut nommée
Aspirant. Début 44, elle
s'engagea au 25ème
Bataillon médical de la
9ème Division
d'Infanterie Coloniale,
avec lequel elle arriva
en Corse en mai, avec un
groupe de sept filles
sous ses ordres. Sa campagne
d'Italie, elle la fit à
l'Île d'Elbe avec la
9ème DIC, où elle fut
citée une première fois
pour son comportement au
secours des nombreux blessés
du débarquement et de la
conquête de l'île en
juin 44. Fin août la
9ème DIC débarquait à
Sainte-Maxime et libérait
Toulon. Puis ce fut la
Provence et la remontée
vers l'Alsace au cours de
l'épopée de la 1ère
Armée, qui, pour être
rapide, n'en fut pas
moins meurtrière avec
son lot de blessés à
évacuer encore et
toujours. Nos ambulancières
connurent alors le
redoutable hiver 44-45 pendant
cette longue période où
les Allemands
s'accrochaient avec
acharnement à ce morceau de
France qu'ils ne
voulaient pas restituer.
Comme en Italie, il
fallut recommencer à
chaîner les roues des
Dodge, évacuer de nuit
sur des routes verglacées et
dangereuses, par des
températures qui descendirent
jusqu'à moins 20.
Plusieurs ambulancières furent
grièvement blessées et
d’autres capturées. En
décembre, pour avoir
procédé à une évacuation
sous le feu, Denise Ferrier a
été une seconde fois
citée à l’ordre de la
Division. Le 20 janvier
commença la bataille
finale pour réduire la
poche de Colmar. La
section de Denise
s'installait dans dans
l’hôpital
Pfasttat-Richwiller. Le
24 janvier 45, devant partit
tôt le matin pour
soutenir une attaque du
Bataillon de choc, elle sortit
vers 6 heures du
bâtiment où elle avait
été logée pour effectuer
les vérifications
quotidiennes de son
ambulance. Au moment de
rentrer boire le café
avant de se mettre en
route, un obus tomba près
d'elle et elle fut
fauchée par un éclat
mortel. Le lendemain, Denise
reçut la Médaille
Militaire et la Croix de
Guerre avec palme. Sa
route s'arrêta là. Elle
fut inhumée dans le parc de
l'hôpital tenu par des
religieuses.
En 1948, à la demande de ses parents, Denise Ferrier fut transférée à Alger. Lors de l'exhumation, la mère supérieure de l'hôpital de Richwiller préleva une mèche de cheveux qu'elle lia avec un ruban bleu blanc rouge et la fit parvenir à sa famille avec son cercueil dans lequel avait été déposée de la terre d'Alsace. Denise, devenue le symbole de l'engagement patriotique des filles d'Algérie, reçut l'hommage des Algérois et la municipalité donna son nom à une rue du quartier d'Hydra sur les hauteurs de la ville. L'école primaire de son enfance, dans la rue Tirman fut aussi rebaptisée Ecole Denise Ferrier. Plus de 2 000 personnes l'accompagnèrent au cimetière de Saint-Eugène, le 23 mai 1948. Un livre lui a été consacré : Vie et mort de Denise Ferrier par Lucienne Jean-Darrouy. La métropole ne fut pas toujours ingrate : Il y a à Pfasttat, aujourd'hui banlieue de Mulhouse, un lotissement qui s'appelle Parc Denise Ferrier. Sur le site Internet de la ville, on parle d'elle dans un texte émouvant qui conclut ainsi : Les vicissitudes de l'histoire ont peut être relégué les cendres de Denise dans l'anonymat d'un cimetière à l'abandon, mais son souvenir en terre d'Alsace restera vivant aussi longtemps que les futures générations passant devant la maison n°71 de la rue principale à Richwiller ou devant la cité construite par les Mines de potasse pour leur personnel et baptisée Parc Denise Ferrier, poseront aux aînés la question: "Mais qui était Denise Ferrier ?" et qu'on saura leur répondre que, venant du pays du soleil, elle est tombée à l'âge de 20 ans sous la mitraille ennemie, comme des milliers de jeunes soldats, par une froide matinée d'hiver, pour que vive la liberté. |
L’organigramme de l’organisation alliée, le 1er avril 1944 à Alger, qui fait apparaître les places des généraux Giraud, Bouscat, Juin, Leyer et Regnault et des sections françaises (USNA) |
L’armée française de juin 1941 au 8 mai 1945 |
Libération de
la Corse |
Le 10 décembre
1942, le général Ronin,
chef des Services spéciaux,
envoie en Corse les
quatre premiers agents de
la mission dite Mission
secrète Pearl Harbour : Roger
de Saule, spécialiste de
l'espionnage, et responsable
de la mission, Toussaint et
Pierre Griffi (fusillé le 16
août 1943) et Laurent
Préziosi. De mi-décembre à
mi-mars, ils sillonnent l'île
pour rencontrer de futurs
responsables pour créer les
réseaux.
Le 6 février 1943, ils organisent la livraison de 450 pistolets-mitrailleurs et 60 000 cartouches par le sous-marin Casabianca. Le 10 mars, ils reviennent à Alger avec le Casabianca après avoir réalisé la coordination politique de la résistance. En avril, le capitaine Paulin Colonna d'Istria prend la relève comme délégué militaire du général Giraud pour coordonner l'action des groupes de résistance. Fin juillet, le Casabianca dépose 15 tonnes de munitions aux Agriates. Début septembre, il débarque 5 tonnes de matériel antichars aux portes d'Ajaccio et récupère Giovoni, le chef du Front national qui est le principal mouvement de résistance corse, appelé en consultation par Giraud. En même temps, des avions anglais effectuent des parachutages de matériel sur les 64 terrains que Colonna a dispersés dans l'île. Le 9 septembre 1943, le général Giraud reçoit un télégramme de la Résistance corse qui réclame de l'aide : Ajaccio s'est soulevé. On se bat à Bastia. Il décide de prévenir le général de Gaulle en passant outre au général Eisenhower dont les plans n'intègrent pas la libération de la Corse et il envoie les forces françaises régulières disponibles prêter main-forte aux insurgés corses. C’est l’opération Vésuve. Le 13 septembre 1943, le général Henry Martin mène le débarquement avec succès, en liaison avec les résistants corses. En trois semaines, la Corse est libérée au prix de 170 résistants, 75 militaires français, 1 000 Allemands et 637 Italiens tués ; 12 000 jeunes Corses sont mobilisés. Le 21 septembre, le général Giraud atterri à Ajaccio, accompagné des généraux Bouscat et Chambe. Bastia est libéré le 4 octobre. De Gaulle ne pardonnera jamais cette victoire au général Giraud Le journal de navigation du pilote Roger Dupuy, le 28 septembre 1943, pour transporter le général De Gaulle à Ajaccio (Henry Dupuy) |
Libération
de la Corse (ECPA) Déminage Dégâts causés lors de la prise du port de Bastia. Aux portes de Bastia |
Mairie de Bastia. 2ème Régiment de Spahis Marocains au col de Teghime. 2ème Groupe de Tabors Marocains à Bastia | A Ajaccio, un Kite Balloon Mk VI accroché à un LCP (IWM) |
Un B-24 Liberator de l’USAAF survole Bastia au cours d’un bombardement (USNA) | En
Corse, sur la
tombe d’un
pilote
anglais,
l’ambassadeur
de
Grande-Bretagne
et le colonel
André
Hartemann,
futur général de
corps d’armée
commandant
l’Air en
Indochine
où il
disparaîtra en
mission
aérienne
le 28 avril 1951
(Philippe
Hartemann)
|
|
L’évasion
du SO 90 Cassiopée |
||
Le
SO 90 Cassiopée (Michel
Marani)
|
L’évasion
du commandant Maurice
Hurel est une des plus
audacieuses évasions
aéronautiques durant
l’occupation. Le 16 août 1943, le commandant Maurice Hurel décolle de Cannes avec le prototype du SO 90 Cassiopée en emmenant sept personnes : L’ingénieur Jean Weil (son copilote), trois de ses fils : Jean-Marie, Jacques et Fred, l’ingénieur électronicien Jean Turk, le général Jean Mollard, ancien gouverneur de la Corse, grand résistant recherché par la Gestapo et qui allait reprendre son poste à Ajaccio et son fils André, et Gérald Allégret. Le décollage de Cannes a lieu sous les yeux de la sentinelle italienne, après un roulage sous prétexte de vérification des freins. Philippeville est atteint train sorti en 3 heures 10. Il s’agit du premier vol de ce prototype construit à Cannes sous le contrôle de Maurice Hurel. Cet avion sera construit en série sous l’appellation de SO 94 / SO 95 Corse. Maurice Hurel, ancien de l’Ecole Navale, sera connu par la suite avec ses bimoteurs Hurel-Dubois à grand allongement. Cette évasion n’a pu se dérouler qu’avec la complicité de l’équipe de piste de la SNCASO. Trois personnes seront déportées : Augiron (directeur de l’usine), Weill (frère du copilote) et Boixera. Malgré de durs traitements, tous auront la chance de revenir vivants des camps de la mort. |
Le SO 90 Cassiopée (Michel Marani) |
La bombe planante téléguidée |
L’ingénieur
électronicien Jean Turk,
qui fait partie du voyage
du SO 90 de Cannes à
Philippeville, et Maurice
Hurel s’adressent en 1938
à la société Bougault pour
étudier un avion sans
pilote, conduit à distance
vers sa cible grâce à une
télécommande sans fil en
modulation de fréquence. Un modèle est essayé sur le polygone de Vincennes et la Marine et l’armée de l’Air passent un marché conjoint en 1939 afin de pousser plus avant la réalisation de bombes volantes téléguidées. La partie aérodynamique, conçue par Maurice Hurel, est réalisée par la société Caudron et la partie radioéléctrique, de Jean Turk, par la société Bougault. Fin avril 1940, la commande est livrée dans sa totalité et le matériel est envoyé au Centre d’expérience des prototypes aéronavals (CEPA) à Saint-Raphaël. Le matériel est détruit après l’armistice. Les essais sont repris à Boufarik après l’arrivée du SO 90. En 1943, Jean Turk trouve les contre-mesures pour détourner de leur trajectoire les bombes volantes allemandes Hs 293 et plusieurs navires français sont équipés de son appareil de brouillage. Les photos: La bombe planante à Boufarik en 1943, sous un Glenn Martin 167 de l’Aéronautique Navale. La bombe sous un LeO 45 à Cuers en 1944 (Jean Turk via Daniel Decot) |
Missions spéciales allemandes |
Sonderkommando
Blaich
Le
21 janvier 1942, Fort-Lamy,
tenu par les Français
Libres, est bombardé par
un Heinkel 111 qui largue 1
650 kg de bombes. Il
arrive de Lybie,
accompagné par un Messerschmitt
Bf 108 Taïfun. 300 000 litres
d'essence, tout le stock d’huile
et dix avions sont incendiés.
C'est un coup très dur car
l'essence, débarquée à Douala,
est amenée à Fort-Lamy, situé à
plus de 1 200 kilomètres, par
des camions sur de mauvaises
pistes qui ne sont praticables
qu'une partie de l'année.
L'essence stockée à Fort-Lamy
constitue un capital
particulièrement précieux sur la
route des Alliés qui relie la
côte atlantique à l’Egypte. Ce
raid remet également en cause la
défense de la base de Fort-Lamy
jusqu’alors protégée par son
isolement. L’organisateur
du raid, Theo Blaich, est
un pilote allemand qui a
fait fortune dans les
bananes en Amérique
Centrale, puis au
Cameroun. Il avait acheté
un Bf 108B-1 avant la
guerre qu’il mit au service
de la Luftwaffe. Photos: Le Messerschmitt Bf 108 Taïfun de Theo Blaich utilisé pour le Sonderkommando Blaich (Deutsches bundesarchives). Theo Blaich et son Taïfun (Jacques Strubi). La couverture de la boite de la maquette Eduard |
Opération Etappenhase |
Le
Kampfgeschwader 200 (KG
200) est une unité de la
Luftwaffe spécialisée dans les
opérations secrètes, les vols à
longue distance et l’utilisation
d’avions ennemis capturés. Le KG
200 participe à l’opération
Etappenhase au printemps 1944,
destinée à obtenir des
renseignements sur la route
aérienne alliée de Freetown et
Monrovia vers Fort-Lamy et Le
Caire, à installer des stations
météo, à recruter des agents
pour le sabotage et la
propagande derrière les lignes
alliées et à obtenir des
renseignements sur le trafic
maritime. Un He 111, équipé en avion remorqueur, tracte un Bf 108 (codé T9+XK) chargé de la recherche de terrains d'atterrissage secrets. Les deux avions décollent en pleine nuit d'Athènes-Kalamaki et, après un vol de 4 heures à basse hauteur, le Bf 108 est largué sur la terre africaine. Deux jours plus tard, grâce à lui, un nouveau terrain ultra-secret accueille un B-17 aux marques allemandes avec 4 tonnes de matériel pour la construction de la piste et de l’essence. Le Bf 108 repart pour créer un deuxième terrain, puis un troisième situé à proximité des objectifs de la côte ouest africaine. Ainsi, l'été 1944, un système permet aux Allemands de traverser le Sahara en diagonale avec les aérodromes secrets de Al-Mukaram, Wadi-Tamet et Chott-el-Djerid. Mais des agents capturés à Monrovia, après avoir commis l’erreur de fumer des cigarettes allemandes, révèleront les bases secrètes qui seront détruites. Le Bf 108 sera incendié sur place et le B-17, mitraillé lors d’un atterrissage à Al-Mukaram dont il ignorait la prise par les Alliés, pourra retourner à Athène. Photos: B-17 aux couleurs allemandes – L’Allemagne a utilisé une quarantaine de B-17 reconditionnés après avoir été plus ou moins abîmés lors d’atterrissages forcés et rebaptisés Dornier 200. |
Infiltrations
ennemies
Jusqu’au débarquement du
8 novembre 1942, la présence
des commissions
d’armistice allemandes et
italiennes permettent à
l’Axe d’entretenir un
réseau d’espions et
d’indicateurs en AFN.
Pendant et après la
campagne de Tunisie, l’Abwehr
(espionnage allemand)
utilise l’enclave de
Melilla (au Maroc) et
les consulats espagnols
pour maintenir son activité.
Des agents sont laissés
en arrière durant la
retraite des troupes de
l’Axe, d’autres sont
déposés sur les côtes en
sous-marins et la
Luftwaffe largue des
parachutistes au Maroc,
en Tunisie et en Algérie. Dans
la nuit du 14 février
1943, un agent est
parachuté dans la région de
Médéa avec un émetteur
et 50 Louis d'or. Le 13
avril 1943, des parachutistes
italiens font dérailler
un train à Duvivier. Le
28 juillet 1943, un Junkers
90 venant d'Athènes
largue des agents sur la
Tunisie et deux vers Boufarik.
Des explosions suspectes
de trains et de
munitions sont
enregistrées, des
hommes-torpilles coulent
des bateaux dans le port
d’Alger. Les Allemands
entretiennent également des
agitateurs nationalistes
et de nombreux vols d’armement
américain ont lieu. Les
radios de l’Axe et de
Melilla font des émissions de
propagande nationaliste.
Le général Paillole,
résistant évadé de
métropole, directeur du
Service de sécurité
militaire (SSM) en
janvier 1943, et son
adjoint le colonel
Chrétien, avec de bons
moyens en personnel et
en matériel, prennent des
mesures énergiques pour
lutter contre les agents
ennemis. Des émetteurs
sont détectés par
radiogoniométrie et des
primes sont offertes pour
les dénonciations.
Plusieurs centaines d’agents
sont neutralisés et la
plupart des groupes déposés
en arrière des lignes
sont rapidement
capturés. A partir
d’avril 1944, l’Abwehr
concentre son effort sur la
France métropolitaine et
les Espagnols ralentissent
leurs actions
antifrançaises.
Le SSM s’occupe également des liaisons avec la métropole par sous-marins ou parachutages.
Mohamedi Saïd, alias Si
Nacer
Né à
Aït-Frah, près de
Larbaa-Nath-Irathen
(kabylie) en 1912, Mohamed
Saïd est aspirant de
l’armée française, puis
volontaire en Allemagne
dans la LVF (le grand
mufti de Jérusalem, Amin
El-Hussaini, est
collaborateur actif de
la propagande nazie).
Il reçoit la Croix de fer sur le front russe. En 1944, il est, en même temps que cinq autres agents, envoyé par en mission de renseignement en Algérie. Il est arrêté dans la région de Tébessa et condamné aux travaux forcés à perpétuité pour espionnage. Libéré après plusieurs remises de peine au début de 1954, il passe à la clandestinité sous le nom de Si Nacer. Il participe au congrès de la Soummam, devient membre du CNRA et succède, en 1956, à Krim Belkacem à la tête de la wilaya III, toujours coiffé de son casque allemand. Il dirige, en avril 1958, le Comité d’organisation militaire-est à Tunis, puis il est nommé par le GPRA chef d’état-major général le 1er octobre 1958 au Caire. Après l’indépendance, il est chargé de l'Education et de la Santé publique. Député de Tizi-Ouzou le 20 septembre 1962, il est ministre des Anciens moudjahidines et des victimes de la guerre, le 27 septembre, dans le premier gouvernement de Ben Bella. Le 16 mai 1963, il devient 2ème vice-président du Conseil derrière Boumediene. Membre du Comité central et du Bureau politique du FLN le 24 avril 1964, il est chargé de l'arabisation. Il est éloigné du pouvoir en décembre 1964. En 1991, il reconnaît avoir donné l'ordre d'exécuter les 303 habitants du village de Melouza le 28 mai 1957. Il est candidat du Front islamique du salut aux élections législatives de 1991. Il meurt à Paris le 6 décembre 1994. |
3
Juin 1943 – 2 juin 1944 Comité français de libération nationale Général Giraud / Général De Gaulle Après
six mois de tractations
entre le général
Catroux, le général
Bouscat, Robert
Murphy, Harold Macmillan et
Jean Monnet pour
trouver un arrangement
qui satisfasse les
généraux Giraud et De
Gaulle, est créé le Comité
français de libération
nationale (CFLN) sous
la double présidence
des deux généraux,
destiné à unir toutes
les forces françaises
en guerre. Mais la
collaboration des deux
généraux est jalonnée de
différents parfois
graves.
Photos:
Le
général De Gaulle arrive à
Maison-Blanche le 30
mai 1943 en Lockheed Hudson,
accueilli par les généraux
Giraud et Noguès (IWM) De Gaulle arrive le 30 mai 1943, accompagné de politiciens rescapés de la 3ème république, avides et ambitieux. Il trouve sur place des jeunes gens, souvent mis en place à Alger par le gouvernement de Vichy, en âge de porter les armes mais s’étant bien gardés d’avoir connu le Fezzan et la Tunisie. Négligeant plus tard les Appenins et les Vosges, ils se consacreront désormais à la politique et à l’invective après avoir réquisitionné voitures, villas et personnel. Dans cette cohorte se trouveront les pires liquidateurs de l’Algérie. Quand à ceux qui ont pris le risque d’aider le Débarquement, le Groupe des Cinq, leur sort sera moins enviable. Les foudres du pouvoir gaulliste s’abattront sur ceux qui s’étaient, depuis le Débarquement, consacrés aux tâches militaires et aux exigences de l’organisation civile et administrative de l’Empire et de l’Algérie bastion de la France en guerre. C’est à dire sur à peu près tout le monde. Les responsables seront progressivement remplacés par des Gaullistes et se retrouveront, pour la plupart, devant des tribunaux de circonstances (peuplés de magistrats ayant fait le serment de fidélité au Maréchal Pétain !). Des sbires sont envoyés sur le front italien à la recherche des militaires ayant pu avoir, à leurs yeux, un comportement douteux. Ils arrivent quelques fois trop tard, les personnes ciblées étant déjà mortes pour la France. L’exécution de Pierre Pucheu, le 20 mars 1944, entame la liste des fusillés qui seront envoyés au poteau par des tribunaux d’exception aux ordres du pouvoir dans les vingt années qui suivront. Le Décret du 22 juin 1943 qui fusionne les troupes de l’Armée d’Afrique et de la France Combattante permettra au général De Gaulle de se retrouver à la tête d’une armée de près de 500 000 hommes qui ne lui doit rien, équipée par les Américains. En juillet 1943, le général Giraud se rend longuement aux Etats-Unis pour traiter les problèmes du réarmement. Son absence permet au général De Gaulle de multiplier les ralliements et de consolider sa position politique. Le 3 mars 1944, André Diethelm est nommé commissaire à la Guerre. Ses fonctions sont étendues au détriment du général Giraud qui perd la co-présidence du CFLN le 3 novembre 1943, tout en restant commandant en chef sans pouvoir réel. Il se fera écarter progressivement du CFLN, jusqu’à en disparaître. Ci-dessus : Le général De Gaulle au Monument aux Morts d’Alger (IWM) et, ci-contre : A Oran-La Sénia le 21 août 1943 (USAF) |
Le
titre euphorique de la revue Le
courrier de l’Air du 3
juin 1943 présume de l‘accord
entre les généraux. Les
affranchissements des deux
enveloppes ci-contre, montrent
que, cinq mois après, l’entente
est loin d’être réalisée. L’Assemblée consultative provisoire est une assemblée de 82 membres représentant les mouvements résistants, les partis politiques et les territoires engagés dans la guerre au côté des Alliés sous la direction du CFLN (tous les membres ne pourront pas être présents). Elle siège à Alger du 3 novembre 1943 au 25 juillet 1944 puis se déplace à Paris. Elle est purement consultative, Félix Gouin en est le président. Elle sera remplacée par l’Assemblée Nationale élue après la libération de la France métropolitaine. Le soutien de l'Assemblée à l'action du général de Gaulle se manifeste clairement dès la séance inaugurale, à l'occasion de l'éviction du général Giraud de la coprésidence du CFLN. (Henri Dupuy) |
2ème Division Blindée |
En
février 1943, la Colonne
Leclerc qui combat
héroïquement depuis le
Tchad devient la Force
L, elle devient la 2ème
DBFL le 30 mai 1943, puis
le 2ème DB le 24 août
1943.
La
2ème DB est formée de :
Après la campagne de Tunisie, elle est cantonnée en Lybie et tente de grossir ses rangs (environ 3 000 hommes) avec des cadres et des soldats de l’armée d’Afrique. Des procédés de sergent-recruteur, avec promesse d’inflation des soldes et des grades, appâtent quelques intéressés mais indisposent au plus haut point les cadres de l’armée et les Alliés. Les tentatives de débauchage s’adressent à toutes les Armes et Le Troquer, commissaire à la Guerre, est contraint de publier la note ci-contre concernant l’armée de l’Air. La 2ème DB, déplacée au Maroc en attendant son embarquement pour l’Angleterre, est alors renforcée par des transferts en bloc de régiments de l’Armée d’Afrique qui représenteront les 2/3 de son effectif. Le détachement précurseur qui pénètre dans Paris le 24 août 1944 est à dominante d’anciens de l’Armée républicaine espagnole réfugiés à Oran et leurs chars portent des noms évocateurs : Teruel, Guernica, Guadalajara etc. – Régiment de marche du TchadQuelques uns des membres de cette division : Buis, Crépin, Massu, Vézinet, de Boissieu et d’autres n’ont vu dans leurs hommes que des «supplétifs» qui seront abandonnés plus tard aux couteaux du FLN. Le signataire de la note ci-contre achèvera sa carrière publique dans la rubrique des faits divers les plus sordides en 1960. Le général anglais Henry Wilson, commandant en chef des forces alliées en Méditerranée, qui a succédé au général Eisenhower. Le général Jacob Drevers, commandant l’armée américaine sur le théatre méditerranéen. Le général de Lattre de Tassigny. Le général Drevers remet la Legion of Merit à la veuve d’un officier français. |
3 Juin 1944 – 8 mai
1945
Général De Gaulle Gouvernement
provisoire de la
République Française
|
||
Le 3
juin 1944, peu avant le
Débarquement en Normandie
du 6 juin, le CFLN se
proclame, à la demande de
l’Assemblée consultative,
le Gouvernement provisoire
de la République Française
(GPRF). Ce gouvernement
provisoire sera reconnu comme
tel par les grandes
puissances (Royaume-Uni,
États-Unis, URSS, Canada)
le 23 octobre 1944. Paris est
libéré le 25 août 1944 et
le siège du Gouvernement
provisoire y est transféré
le 31 août. Alger n’est
plus la capitale de la
France en guerre. Le
général De Gaulle abandonnera le
pouvoir le 20 janvier
1946. Le général Giraud Le 22 avril 1944, le général Giraud est déchargé de toutes ses fonctions et assigné à résidence dans la région de Mostaganem sous la surveillance d’un «commandant» dissimulé sous une fausse identité et qui s’évanouira ultérieurement sans laisser de traces. Le général est blessé dans un attentat le 28 août 1944. Le compte-rendu officiel ahurissant relate l’accident : Une sentinelle de la garde d’honneur de l’ancien commandant en chef a dans un accès de folie mystique subitement fait feu sur le général Giraud. Le tirailleur, auteur de l’attentat, sera immédiatement fusillé malgré la demande de grâce adressée par le général Giraud au général De Gaulle. Le commandant Voituriez, chargé de l’enquête comme il l’avait été lors de l’attentat contre l’amiral Darlan, sera prié de mettre immédiatement fin à ses investigations, comme il l’avait été dans l’affaire Darlan. La famille du général Giraud a été internée dans des conditions très dures en Allemagne, une de ses filles y est décédée, une autre a pu être exfiltrée en Algérie. Ses deux fils et ses deux gendres ont combattu dans l’armée d’Afrique. Le général Giraud a pu rassembler et remettre en guerre l’Empire et l’Armée de la France. Dans l’intérêt supérieur de la France, il n’a jamais voulu entrer en conflit ouvert avec le général De Gaulle. |
|