AP5 février  2005                   
                   
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Bulletin de l’association des personnels de la «5 » Base aérienne 115 - 84871 ORANGE Cedex Téléphone : 04.90.11.57.49  - Fax : 04.90.11.57.50    
    New’s         N° 34  juillet  2005     

 EDITORIAL    
  Extrait de " Chasseurs, mes frères " Chapitre II - Suite de "Une arrivée    qui promet"   
Le Tumble  (la culbute) par Jean Bourdila    
La libération de Provence   une fabuleuse aventure    
Sissi.  Reine éphémère du DTO   
Extrait de " paroles d’Action " du Marechal Lyautey     
Jacques DRAPIER  est parti       
                                                                 
 

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         0-ap5 EDITORIAL            TOP  

J’ai écouté sur une radio périphérique une interview du plus grand architecte français  (je laisse à la station la responsabilité du classement) commentant les conclusions des expertises sur l’effondrement du terminal de Roissy 2 E. 
Son propos était le suivant. 
Sur ce projet il y avait un architecte, un maître d’ouvrage, un maître d’œuvre et des sous traitants tous dépendant de hiérarchies différentes. En revanche sur le pont de Millau, Bouygues était le seul patron d’un projet beaucoup plus complexe que le terminal. 
Le premier est un échec le second est une réussite. 
Les lanceurs européens dispensent la même leçon : 
La fusée EUROPA, juxtaposition d’étages fournis par des nations jalouses de leurs prérogatives a été un échec et ARIANE avec un patron, ARIANESPACE, est un succès. 
Alors, que faut-il faire dans notre Armée de l’air ? 
Un Strike Command qui a tout dans la main comme chez les anglais (à moins que ce ne soit le patron du pôle OPS), ou une juxtaposition verticale de filières métiers ? 
Même avec des pôles la problématique est la même : une mission, des chefs de métiers et des moyens ou une mission, un chef, des moyens.

C’est le pont de Millau ou le terminal de ROISSY

A vous de choisir   TOP  

0-ap5 Extrait de " Chasseurs, mes frères " Toujours dans la tradition du général CLAUSSE  TOP

Chapitre II - Suite de " : Une arrivée qui promet "

Le repas trompa mon optimisme. Visiblement, un drame couvait, dans le groupe. On m’avait placé à la droite du jeune commandant, mais il me traita comme un meuble qui eût gêné les libres mouvements de ses coudes. L’aspirant si fraternel lut le menu, car on l’avait évidemment chargé de la pire corvée : celle d’assurer la pitance de trente ventres exigeants, tant sur la qualité que sur la quantité. Il lut donc le menu, au plus fort d’un tonnerre d’insultes et de récriminations variées, et après la traditionnelle réponse hurlée en chœur : " Bon appétit, cochon de popotier, et que le cul te pèle ! " le silence pesa, plus lourd que jamais. Décidément, ces pilotes du groupe " Province " me semblaient être de drôles de gens ! 
Soudain, au plus fort des bruits de fourchettes, le commandant se tourna vers moi pour me demander brutalement : 
- Vous avez morpionné Bérard ? 
- Non, répondis-je avec une arrogante brièveté, en serrant les dents sur les commentaires qui auraient voulu suivre.

Il me sembla être foudroyé… 
- Non, mon commandant, rectifiai-je lâchement.

Nouveau silence, plus chargé, et plus profond. 
- Ce groupe me dégoûte, cria soudain le petit commandant.

Et s’adressant à mon ami l’aspirant : 
- C’est comme vous ! si vous ne morpionnez pas mieux qu’hier…

La suspension était sinistre. Le vieux brave, constellé de décorations, pencha en silence la tête vers son assiette. 
- Vous savez bien que c’était impossible ! murmura-t-il seulement.

Le commandant ébranla la table d’un formidable coup de poing : 
- Je vous dresserai tous ! Bande de cloches ! Un équipier, ça morpionne ou ça crève ! Compris ? S’il faut en tuer trois ou quatre pour en garder un, on les tuera ! Mais ici, avec moi, ça morpionnera !

Les têtes se courbèrent. L’assistance était domptée. Le tintamarre des fourchettes devint insupportable. Je m’acharnais à deviner quelles pensées roulaient sous ces crânes, mais je ne pus déchiffrer les faces closes. J’étais horriblement contracté. 
  Soudain, la porte de la baraque s’ouvrit avec violence, et, dans l’ouverture, s’encadra la plus authentique silhouette de truand qu’il m’ait jamais été donné de contempler. Colossal, gras, chauve, le nouvel arrivant considérait l’assemblée de ses petits yeux porcins, perdus dans une trogne enluminée. Il apparaissait comme la réincarnation d’un de ces moines du moyen âge, qui faisaient ripaille et scandale dans les abbayes de Thélème.

- On ne se gêne plus, le Marab ! aboya le commandant. 
- On est en République, sacré nom de Dieu ! tonna cet aumônier invraisemblable, avant de s’asseoir.

L’assistance ne manifesta par aucun signe qu’elle était étonnée ou gênée. Je vivais un rêve étrange. J’étais perdu dans un monde lunaire. J’attendis. 
- Et vous, là-bas, le nouveau ?

C’était à moi que l’aumônier s’en prenait ! Il parlait, la bouche pleine de victuailles, qu’il fit passer à l’aide d’une large rasade de rouge. 
- Vous viendrez vous confesser demain ! Et tâchez que ce soit salé ! Qu’on s’amuse un peu !

" Cet aumônier, me dis-je, est un malin. Il joue un jeu dangereux, mais plein d’astuce. Il conquiert le terrain en se naturalisant. Pas si bête ! " Je souris finement pour lui montrer que j’avais compris et que je le plaignais d’être contraint de recourir à d’aussi tristes expédients pour sauver quelques âmes…

A nouveau, le silence pesa. L’on n’entendait que le raclement des fourchettes sur les plats d’étain. L’orage menaçait et l’atmosphère était électrique. Au bout de la table s’éleva soudain la voix désagréable du toubib. Il criait, hargneux : 
- Quoi, qu’est-ce que tu dis ? 
- Je dis que tu ferais mieux de t’occuper de médecine que de pilotage, répondit Jules, qui était congestionné.

Instantanément éclata un concert de huées, de provocation et de mots malsonnants au possible. C’était une curée. Toute la gent pilote fonçait, enragée. 
- Quand on la ramène tant, on se montre hurla quelqu’un. Le docteur avait une personnalité batailleuse. Il se leva, fit front : 
- Parfaitement ! Je ne demande pas mieux ! Non mais, voyez-vous ça ! Ca joue les sous-dieux, parce que ça pilote une Cobra !. Vous parlez d’une histoire ! 
- Prends-en un,  alors ! susurra une voix perverse. 
- Parfaitement, j’en prendrai un ! 
- Je parie ma solde ! 
- Tenue ! dit le toubib avec une assurance qui me donna le frisson.

Je regardai le jeune commandant. Il ne bronchait pas. Ses yeux de petite fille étaient cruels. 
- Vous permettez, mon commandant, qu’on lui fasse faire un tour sur un Cobra ? demanda l’homme au journal, qui m’avait reçu à la 1ère escadrille. 
- Ca vous regarde… dit le commandant froidement.

Je songeai, une fois encore, au cuisinier américain… 
- Ils ne vont tout de même pas oser cela ? Demandai-je à voix basse à mon voisin de gauche. 
- Oh, tu sais, ici… me répondit-il avec un léger haussement d’épaules. 
- Eh bien, d’accord ! dit le commandant. Pas plus tard qu’après le dessert. Toubib, tu nous montreras ce que tu sais faire. Vous êtes prêt, le Marab ? 
- Enfin un client ! Tonna le Marab. On ne se tuait plus beaucoup ici ! Je commençai à perdre la main ! 
- C’est une plaisanterie ? demandai-je au commandant. 
- Une plaisanterie ? Pourquoi voulez-vous que ce soit une plaisanterie ? Il l’a voulu. Ou bien il se tue ou bien il se calme. C’est comme ça, ici. Les râleurs, on les élimine ! Les flambards, on les colle au pied du mur. 
Je doutai jusqu’à la minute où le toubib fut équipé dans le tonneau de la Une. Je doutais encore lorsqu’on le mena au Cobra pour lui expliquer longuement les mystères de la carlingue. Si les pilotes avaient l’intention de tuer cet homme qui les écoutait, silencieux et buté, je dus reconnaître qu’ils lui donnaient généreusement toutes ses chances. Pour celui qui allait tenter l’impossible, ils devenaient maternels. Patiemment, méticuleusement, ils lui apprenaient sa leçon.

Un mécano mit en route, et ferma la carlingue. Nul doute n’était plus permis : le toubib allait décoller ! 
Il ne savait pas se servir de ses freins, car il fit un bond en avant au premier coup de gomme, et rata de justesse une rangée d’oliviers. Ensuite, il fit deux tours sur lui-même, comme un hanneton ivre. Il donnait au hasard de terribles coups de moteur. L’appareil soubresautait, menaçant alternativement de son hélice une rangée d’oliviers, puis l’autre, sur le chemin de roulement qui menait à la bande de départ. Je n’y tins plus : 
- Vous êtes tous complètement fous, hurlai-je. Vous voyez bien qu’il ne sait même pas rouler au sol ! Vous êtes en train de l’assassiner ! 
- Et sans bavures encore ! cria un loustic, tandis que ma véhémente intervention allumait des regards amusés ou féroces.

Toujours caracolant, le Cobra était arrivé à la bande de grilles qui nous servait de piste, et gagnait l’aire de départ. 
" Ce n’est pas possible ! me répétais-je, ce n’est pas possible ! Ils ont beau faire partie d’un groupe engagé, ils ont beau être fous – et Dieu sait qu’ils le sont ! – ils ne peuvent jouer comme cela ! Le toubib va revenir, abandonner ! " 
- Il y est ! hurlai-je. 

Je tenais mes compagnons pour une poignée d’assassins. Je le leur criai. Mais ils ne pipèrent pas. Une fois encore, le toubib avait échappé à la catastrophe et redressé à temps ! L’avion était en l’air ! Il rentrait ses pattes sous son ventre !... Une sorte de saut de mouton brutal ramena encore l’hélice à cinquante centimètres du sol. Je m’apprêtait à assister à une belle catastrophe, mais l’appareil repris sa ligne de vol !... 
La piste se terminait devant un ravin très abrupt. L’avion s’y engloutit, disparut à notre vue… 
- Je crois qu’il y est, cette fois ! prononça une voix calme.

Je considérais stupidement ces hommes, dont pas un ne bougeait. Dans quelle humanité païenne m’étais-je fourvoyé !... 
Mais voici soudain qu’au ciel jaillit une flèche crissante. Elle monte, s’alanguit un instant au zénith de son orbe. Gracieuse, intelligente, elle pointe vers nous. L’avion du toubib glisse, fulgurant, à un mètre de nos têtes, emportant au ciel sa trombe de vent et de bruit. D’un coup de reins souple, il inscrit là-haut une courbe harmonieuse. Le génie, celui du savetier comme celui du mathématicien, dispense toujours le ravissement qui accompagne toute perfection. J’étais ravi ! J’avais oublié l’invraisemblance de ce flirt mortel avec les mystères de l’espace… Je ne songeais plus à rien d’autre qu’à m’imprégner de cette grâce. 
Je n’eus pas besoin de scruter longtemps toutes les faces hilares des amis, qui jouissaient de mon ébahissement avec une affectueuse ironie, pour saisir d’un coup toute la signification de cette farce… 
Ainsi, j’avais été admis dans ce groupe avant même d’y arriver ! Tous ces hommes s’étaient mis en peine pour m’acclimater, en riant un brin à mes dépens ! Je me pris à rire avec eux, d’un rire salubre, fait de confiance et d’abandon. 
- Il y tâte pas mal, notre toubib, hein ? vint me dire mon ami l’aspirant en me prenant le bras. Ne t’en fais pas, c’est le commandant de la Une. Il te plaît ? 
- Toi, avec tes manières de faux ami, tu as bien été le plus vache de tous, lui reprochai-je en riant.

Nouvel éclat de rire ! Le jeune commandant s’approche. Il a perdu soudain sa morgue et son tranchant. Il se présente respectueusement : 

- Aspirant, dit " Jésus ", popotier. Organisateur des réjouissances !...

Et, désignant mon ami l’aspirant : 
- Voici le patron !... Mon commandant, je m’excuse si j’ai laissé échapper quelques paroles regrettables à votre endroit, mais l’occasion était si belle !... 
- Vieux !... me dit l’aumônier. J’avais peur que tu ne marches pas ! Le Marab, le vrai, a refusé de me prêter sa croix ! Heureusement que les mécanos en ont fabriqué une en vitesse !  
De bons pots, et quelques vieilles chansons achevèrent de m’introniser dans cette petite famille homogène et joyeuse.
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0-ap5 Je vous avais annoncé dans le dernier AP5 NEW’S que Jean BOURDILA nous parlerait du P 39. Voici cette histoire incroyable qui a du faire le tour des mess.   TOP

"Le Tumble" (*) 

A l'occasion de retrouvailles "chasse", à moins que ce ne soit à l'issue d'un meeting quelconque, l'un de mes grands Anciens me dit en rigolant (c'était proche du ricanement): "Je racontais justement l'histoire de ton "Tumble" sur Cobra. L'as-tu déjà écrite?" ….Il ajouta "Non?... Tu devrais!". Cédant aux encouragements de la foule de mes admirateurs, je vais donc essayer de coucher sur le papier le récit de cette mémorable aventure qui se passait à Mekhnès (Maroc) en décembre 1947.

Comme chacun ne le sait plus, le Bell-P39-Airacobra était un très bel avion, monoplace de chasse, qui était un peu raté malgré le 12 cylindres Allison dont il était doté. (Il fut avantageusement remplacé par le P63 King cobra, lequel lui ressemblait comme un frère mais se montrait beaucoup moins vicieux). Le cockpit du P39, avion tricycle, se présentait comme une conduite intérieure dotée du confort made in USA. On y accédait par une porte type Peugeot 203. Une fois installé, le pilote dominait le sol et jouissait d'une vue remarquable. C'est à la mise en route,  que le tableau s'assombrissait car il réalisait immédiatement que le moteur (contrairement à ses habitudes précédentes) se trouvait dans son dos et que lui même chevauchait un arbre d'hélice qui vibrait à tout rompre, à croire que le tableau de bord se mettait à tourner (da vero, acarbi, j'ty jure, c'était ahurissant). Quand le régime se stabilisait tout rentrait à peu près dans l'ordre et le moteur reprenait un murmure acceptable alors que le tableau de bord s'immobilisait. Restait que le susdit moteur était toujours derrière et que la notice (et les consignes aussi) indiquait que le centrage était (très) arrière et qu'il faudrait (toujours) en tenir compte. Vous aurez noté qu'il s'agissait d'un monoplace et que le lâcher se faisait au briefing (n'y avait pas de biplace, si vous voyez ce que je veux dire): il suffisait d'avoir la connaissance, la foi … et un peu de pot!). Au demeurant c'était un avion très plaisant et très agréable à "conduire". Un jour où j'étais un peu long j'avais même allongé la piste en virant direct sur le chemin du mess = 10cm de chaque côté des roues (z'auriez du voir la tronche des piétons gerbant sur les côtés pour me laisser la place). Comme j'avais rien cassé…personne avait rien dit!

Le décor étant ainsi planté, je préciserai que j'étais déjà un chaud pilote (hot pilot, made in USA) frisant les 500 heures et que j'avais gagné un concours de voltige sur le Hurricane qui précédait le Cobra (ce qui sous entend que j'avais déjà une réputation à défendre).

Or, il se trouve que, à l'époque, Mekhnès abritait des champions prestigieux qui vous faisaient des déclanchés à répétition sur Dewoitine 520 et qui s'affrontaient en démonstrations éblouissantes au dessus de la piste: Seguin, Nédélec et bien d'autres. Le renversement constituait l'arme ultime. Avec un Spit on arrêtait l'avion en montée, on plantait une punaise à hauteur des plans et il pivotait gentiment autour. C'est ainsi que le Ned, mis au défi d'en faire autant sur P47, s'était lâché sur la bête, était revenu à la verticale-piste autour des 1500' et avait entrepris de relever le challenge. Premier coup = un éventail  !! "Ah, Ah", ricana la foule. Deuxième coup = départ en vrille = un tour. Troisième tour = départ en vrille = un demi-tour…. Hurlements du colonel, arrivé sur les lieux, "dites à ce zèbre d'arrêter immédiatement ses c…!" Trop tard, le quatrième coup était déjà parti et le P47, dompté, pivotait sagement autour de sa punaise. Le Ned, retourné au sol, déclara sereinement "Z'avez vu! Votre chaudière c'est un engin comme les autres, suffit de trouver manière. D'accord, le premier coup il m'a baisé, mais le deuxième c'était volontaire (juste pour voir comment il partait), et le troisième c'est moi qui lui ai montré". Un sacré pilote ce Ned! Comme j'étais copain avec lui je m'en fus discrètement le consulter pour savoir comment éviter le fameux éventail en Cobra. Il m'expliqua que le secret consistait à trouver le "badin zéro": "Tu pars (par exemple) le premier coup à 220 nœuds… et puis  tu baisses de 5 nœuds en 5 nœuds jusqu'à trouver le bon départ. Quand ça passe à zéro, tu bascules" m'expliqua-t-il avec  patience. Mieux il me fit même une démo alors que je l'accompagnais en convoyage A24 sur Rabat. Effectivement le badin se trouvait à zéro quand il avait botté!! Sacré Ned, easy show! Y restait plus qu'à appliquer…!

Ce jour-là donc, (c'est ici que commence l'histoire) je partais avec le Lt Figuières et un autre équipier pour une "mission de voltige relative". Pendant que le premier équipier s'amusait avec le CP, le deuxième (moi en l'espèce) attendait sur son axe en faisant de la voltige à 10 000'. Au bout de 25' on échangeait les postes. Demeuré seul je démarre donc mes séquences d'accro et me mets bien sûr en mesure d'appliquer la recette du Ned. Premier coup= l'éventail! Deuxième coup = itou! Troisième (ou quatrième, j'ai oublié) Le Sabah! Cul par-dessus tête, c'est le cas de dire! Le nez, la queue, le nez, la queue, le nez ….et le manche déchaîné qui me battait follement les jambes et que j'avais eu toutes les peines du monde à récupérer. Panique à bord, ce f.. piège basculait autour d'une mystérieuse aiguille enfilée dans ses plans et l'altimètre…!!!...
Je vous raconte pas : ça tournait à toute allure. Brusquement j'ai vu passer "6 000'" et la phrase inscrite en lettres de feu dans mes neurones quelques deux ans plus tôt "six thousands feet anyway bell out" a produit son effet salvateur: j'ai tiré sur la goupille et poussé la porte. Celle-ci a disparu sans protester et je me suis retrouvé sur le plan à lutter contre un vent de tempête. J'allais plonger dans le vide, comme on me l'avait appris, lorsque le Tumble a stoppé ses cabrioles et que nous nous sommes (le Cobra et moi) retrouvés en léger piqué. Trop bête, ai-je sur le plan (et le champ) décidé, remontons à bord. Il me fallut (avec précaution) enjamber le manche redevenu stable, remettre des gaz et regarder remonter le badin "Attention mec! La perte de vitesse secondaire c'est la mort" me suis-je ordonné in petto et j'ai attendu 220 noeuds pour tirer doucement sur le manche. C'est le moment où j'ai (un peu) décapité un eucalyptus (j'ai ramené qq. feuilles dans les radiateurs latéraux). De nouveau ça baignait (presque), si ce n'est que le courant d'air avec l'absence de porte!! Fallait voir et ressentir. Je m'étais solidement breslé et je tenais fermement les filasses radio (écouteurs + laryngo+…) dans la gueule (autrement ça s'envolait et ça me tirait dehors). Bref, ayant repris la main, mes esprits et le contrôle des opérations, je me suis mis en demeure de retrouver mon leader. Je suis donc remonté à 10 000' (en ramant un peu) et je l'ai attendu au point de rendez-vous. Il n'a pas tardé à paraître sur mon côté tribord. "Vert deux, qu'il m'a ordonné, commencez vos virages relatifs, je pars au 90°!" ..Non, ai-je voulu crier (De fait, ça a du murmurer "HHohon", avec les filasses dans la bouche). Indigné cependant par cette réponse inadaptée, le Figuières s'est retourné en répétant son ordre. HON/hon! Ai-je confirmé en essayant de montrer mon côté gauche. J'étais plein pot, mais dur, très dur de passer dessous pour croiser. 
Enfin, j'y suis arrivé et il a compris que qq. chose ne tournait pas rond. "Ok! On rentre, a-t-il consenti en se mettant en patrouille sur moi". La suite est sans intérêt = on est rentrés et j'étais entier. J'ai expliqué et nous nous sommes retrouvés devant le Cdt de Groupe (Pissote ou Vinçotte, j'ai oublié) lequel m'a écouté avant de conclure "Si je vous comprends bien, dès que vous lui avez ff… la paix, il s'est remis à voler normalement cet avion. Enfin vous l'avez pas cassé… C'est bien!" N'était le respect du à son grade et à ses fonctions, je lui aurais bien craché à la g..! Le lendemain, un quidam autochtone et qui guidait un âne a rapporté la porte dont la glace n'était même pas ébréchée. Il avait suffi de la remettre en place avec des goupilles neuves.

A quelques jours de là, mon camarade Hellouin, qui avait du oublier la règle, ou qui a eu un malaise, ou qui n'a pas eu mon pot, s'est planté sous nos yeux avec son P47, en vrille à plat depuis 10 000'. C'était en combat tournoyant, je crois.

C'est comme cela que suis entré dans la liste (très courte parait-il= happy few) des survivants du "Tumble-P39". En prime, moi, j'avais ramené le bestiaux à l'écurie. Je dédie ce récit à la mémoire de mon bien aimé et très respecté Cdt de Groupe Michel B. de St Venant, lequel, du temps où il interprétait "Le Mareb" légendaire de "Chasseurs mes Frères", avait joué lui aussi au "Tumble"… mais lui, il avait suivi la porte!

JAB le Bika (20.07.04)

(*) In French=La culbute! 
 
Notes de l'auteur sur Figuières:  
Ai été 13 ému de relire "My Tumble"dans bulletin! However, les témoignages étant et possédant valeur relatives (cqfd) malgré carnet de vol appelé en rescousse... Figuières (suite à publication Piège du même tumble) m'a écrit ke ce ne pouvait être lui (mon CP) because l'avait jamais posé son C... dans un Cobra!! (y se rappellrait...donc c'est vrai = c'était palui! Mais Ki alorsse?) 
Pourtant j'aurais juré, craché! J'ai donc rendu compte au Piège en demandant rectification et appel à vrai témoin! YZont rien fait! Renouvelle donc demannde identique à AP5! Merci d'avance!     Retour lecture     
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0-ap5    qui connaît cette fabuleuse aventure ou comme dans de nombreux exemples, on ne vaut que ce que l’on veut seule la victoire est jolie, sous reserve d’y croire.  TOP

La libération de Provence

Un événement célèbre est survenu le 19 août 1944 et les jours suivants, du côté de Toulon.

L'un des héros de cette aventure était le général Charles-Edouard Lasnier-Lachaise. Il est en pleine forme, participe couramment à de nombreuses activités et raconte volontiers l'histoire. Cela a d'ailleurs fait l'objet d'articles dans Le Piège, par lui et, ailleurs aussi.

Ce grand ancien était pilote Commandant de bord d'un B26 Marauder du Franche-Comté, attaquant au milieu  d'un groupe d'avions du même modèle les défenses de Toulon. Les dites défenses l'ont descendu (depuis 20000 pieds). Il a fait sauter tout le monde et l'avion, encore muni de ses bombes, a explosé au-dessus d'eux. L'équipage s'est ensuite retrouvé nageant au large de Toulon et, capturé par les Allemands, a été emmené au Fort Gardanne, occupé par 400 (environ) teutons, lesquels commençaient à sentir le roussi. 
Parmi les 7 membres de l'équipage, se trouvait en surnombre le lieutenant-colonel Bouvard, en instance de prendre le commandement de l'escadre et qui volait sans fonction définie afin de s'informer sur les missions de ses futurs subordonnés (quelle idée!). Ce chef parlait allemand. Il a réussi à convaincre ses gardiens qu'ils auraient grand intérêt à se rendre à une unité régulière, composée de soldats en uniforme réglementaire " quoique toujours humide ", plutôt que d'être traités on ne sait trop comment par des FFI annoncés comme barbares et tout proches. Ce qui était doublement inexact. L'argument fut cependant compris. Et c'est ainsi que 7 aviateurs, arrivés via le parachute en pays non encore conquis, sont descendus du Fort Gardanne à la tête d'une colonne.
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0-ap5 Encore un témoignage de notre historien de Méchéria, Robert MOLIS. Sans qu’il soit très glorieux de dire dans cette circonstance " j’y étais " j’atteste de la véracité de l’histoire et de l’honorabilité des participants.  TOP

Sissi  
Reine éphémère du DTO

L’Afrique du Nord a tous les climats, moins l’inter-tropical seul funeste aux enfants de l’Europe et pourtant, longtemps on a pu dire que l’Algérie ne donnait à la France que des dattes.

Nous autres à Méchéria, en 1960 n’avions plus du tout cela mais la steppe d’Alfa, de chichah, de diss, avec parfois des jujubiers et des betouns, le tout sous un climat extrême ayant des froids de – 5, - 10 sinon – 12 degrés et des chaleurs de 40 à 45 avec des vents infatigables, genre mistral, secouant plus de poussière qu’ils n’amènent de pluie. Ainsi à Géryville (1307 m d’altitude, il est vrai) la neige cloua mon détachement au sol le jour de Pâques cette année-là en fin avril ! Au total, un climat rude mais sain.

Au Nord, le mauvais port d’Oran qui fut parfois culbuté par des séismes, jouit d’un climat vraiment tempéré, très humide mais, soit par des entrées d’air maritime ou par les vapeurs de la Jebkhra, misérable lagune à moustiques de 32000 hectares, il arrive que la ville et ses abords soient noyés d’un brouillard épais et sec (la garua du Chili !) cloouant là aussi les aéronefs au sol et obligeant ceux en vol à se poser sur le haut plateau, par exemple à Méchéria où l’atmosphère est limpide, si limpide…

C’était un spectacle distrayant que d’assister à l’atterrissage d’un Neptune incapable de rentrer chez lui (à Lartigue) et puis de voir la théorie des mathurins sortir de là dedans en rang d’oignons. On pouvait en compter deux douzaines ! C’était très amusant de se payer la tête des marins échoués dans la mer d’Alfa ! Et c’était aussi très intelligent, avouons-le. Il fallait bien jouer aux tarots et payer des soldes à l’Air.

Seulement voilà ! Un certain jour se posa un transporteur duquel descendit un équipage comptant une fille !

Branle-bas ! C’est le cas de le dire, chez les aviateurs volants et même rampants.

Chacun se fait propre, se crachant même dans les mains faute de gomina, arborant le plus gracieux sourire, c’est à dire une grimace fugitive, un rictus provoqué par ce phénomène inouï qu’avait la présence d’une femme, tombée du ciel en plus, sur la base !

Et le chef : " Venez, venez ! Passons au bar, je vous prie ! "

-" Vous prendrez bien un verre ?" dit aussi sec le toubib, veillant à son confort. Etc, etc…

Se lève alors un bruit insistant : elle s’appelle Sissi.

Sissi ? Ah, bon ! Je n’en avais personnellement rien à cirer, mais nous étions rares, les indifférents, autant que je me souvienne.

Tout l’escadron, épaulettes en sautoir, est là, faisant des ronds de jambe et assaut de banalités et astuces éculées.

Tout à coup, de la musique ! Un intrépide fonce : " Vous dansez, Mademoiselle "

-"  Volontiers ! "

Et cette fille adorable dansa avec touts les danseurs de l’escadron, avec tous ceux qui le lui demandèrent, ne s’arrêtant finalement qu’après avoir jeté ses chaussures, usé ses bas, terminant littéralement pieds nus !

Voilà ce que fit cette brave fille de France qui, ce jour-là, remonta le moral du DTO bien autrement qu’une (ou même deux) citations. 

Sissi, funeste autrichienne est oubliée depuis longtemps ; Romi, la magnifique interprète s’éloigne tous les jours ; Sissi, la vaillante convoyeuse de l’air, elle, est ici, présente au souvenir, Reine d’un jour à Méchéria.

Il se trouve que le pseudo-journal de l’escadron a le mérite de montrer des photos de Sissi dansant et c’est très bien. Mais il est dommage que l’écrivain et son pousse-au-jouir** notent : " elle ne se fit guère prier pour faire admirer ses charmes et battit tous les records du toubib en danses lascives… " Lascives ? Faire admirer ses charmes ? Qu’est-ce à dire ? Méchéria n’est pas Amsterdam ni Hamburg.

Une robuste, belle et brave fille, voilà ce qu’était très exactement Sissi, l’inconnue qui bouleversa, sans crier gare, un escadron où les forts en gueule n’étaient pas rares qui, genou à terre, lui auraient mangé dans la main.

NDLR ** l’écrivain et son pousse à jouir n’entretenaient pas de relations très cordiales avec notre ami Molis. Ils avaient eu dans le journal de marche des mots très durs, sans raison j’en fus témoin, pour cette fille sympa qui est restée parfaitement à sa place, ce qui est d’autant plus facile qu’elle était seule sur un DTO de 800 gus.                                                        Cne (H) R. Molis

0-ap5Toujours de notre historien ces quelques mots sur LYAUTEY le pacificateur du Maroc. J’atteste que dans mes fonctions d’inspecteur le plus difficile n’était pas de voir des disfonctionnements dont les échelons subalternes n’étaient pas responsables, mais d’obtenir de l’ETAT-MAJOR souverain et dissonant un début de remise en cause…. TOP

Extrait de " paroles d’Action "

du Marechal Lyautey

2ème édition 1927 – Page 38

Paris, 19 février 1900 :

" Je ne puis m’empêcher d’évoquer la vieille histoire de ce Maréchal de France qui, passant une revue, aperçoit un Houzard parmi des Lanciers : 
" Que fait ce Houzard chez ces Lanciers ? " 
Tous les Etats-majors de s’enquérir ; et quand, après plusieurs heures, un officier d’ordonnance vient dire au grand chef qui n’y songeait plus du tout : 
" Monsieur le Maréchal, ce Houzard qui était chez les Lanciers… 
- Parfaitement, qu’on le décore ! " 
Eh bien, je crois que j’ai beaucoup bénéficié d’avoir été Houzard chez les Lanciers… qui étaient des marsouins. […]

Avant de partir pour les colonies, mes fonctions de Capitaine de Houzards m’avaient peu donné l’occasion de fréquenter les bureaux. Je les ai fréquentés davantage depuis quelques temps et j’y ai acquis une admiration profonde pour le labeur, le zèle, la conscience qu’y déploient tant d’employés modèles, tous pénétrés de la conviction que ce qu’ils font n’est jamais destiné à aboutir. C’est là l’admirable ! Et chaque fois qu’il m’est arrivé d’y aller m’enquérir de la suite réservée à un rapport, de la solution attendue pour une question, j’ai toujours lu dans les yeux étonnés cette interrogation muette : " Mais enfin d’où diable sortez-vous pour vous figurer qu’un rapport ait jamais eu une suite et une question une solution ? " 
Une question qui aboutit, ce n’est pas le normal, c’est le cataclysme. […]

Lyautey, Louis Hubert, Gonzalve ( Nancy 1854 – 1934 – Thorey – Meurthe-et-Moselle) Maréchal de France. Entré à Saint-Cyr en 1873 – Officier de cavalerie – Royaliste légitimiste et catholique social – En Algérie (1800-82) – Tonkin (1894) - Madagascar (1897 – 1902) sous Galliéni – 1904 en Algérie (Aïn Sefra) S’empare d’Oujda (Maroc) en 1907 – Rappelé en France – 1er résident général de France au Maroc (1912) Ministre de la Guerre de 1916 à 1917. Retourne au Maroc. Maréchal de France en 1921, démissionne en 1925 – Académicien en 1912. TOP

     

0-ap5 Jacques Drapier grand chasseur devant l'éternel est mort 
Ces mots ont été écrits pour témoigner 
de l’affection que ses pairs lui témoignaient 

Colonel Jacques DRAPIER  TOP

1928-2005

Reconnu sans une seule contestation par ses pairs et par ses patrons, le colonel Jacques DRAPIER a été un pilote de chasse exceptionnel, un tireur aérien redoutable et un officier que ses hommes ont suivis avec une adhésion totale à ses qualités de meneur, de chef et d’humaniste.  
Débutant comme Caporal-chef mécanicien il a terminé sa carrière militaire comme Colonel Commandant de base. 
Le vol était sa vie Jeune pilote de planeur à 17 ans il a maîtrisé 91 type d’avions différents en plus de 7000 heures de vol, achevant sa carrière aéronautique sur l’avion le plus récent de l’époque, le Mirage F1. 
Chasseur débutant en 1952 il a obtenu les plus hautes distinctions professionnelles que peut espérer un pilote de chasse grâce à ses exceptionnelles qualités de tireur. TOP GUN avant la lettre, son sens de la manoeuvre aérienne lui a permis de remporter les coupes de tir et de voltige les plus prestigieuses: la coupe Aircent dans un concours de niveau international en confrontation avec toutes les nations de l’OTAN en 1959, la coupe de tir sur T28 en 1961 en Algérie sur T28, par deux fois la coupe COMETE pointe de diamant des trophées des escadrons de chasse français. 
Patron charismatique dans tous ses commandements. Il a su transmettre un souffle d’enthousiasme, de don de soi et de générosité à Orange, à Mécheria par deux fois, à la tête du Centre de Détection et de Contrôle de Tours, à Cazaux comme commandant de l’escadron 2/8 NICE, à Hao comme commandant de base, et lors de sa seconde carrière comme délégué général France d’une mutuelle d’entraide et de prévoyance militaire. 
Il a connu dans sa chair tous les grands combats que la France a menés dans ce demi-siècle, l’Indochine et l’Algérie. Il a combattu avec Honneur et Fidélité comme savent le faire les grands soldats.  
Il était Officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre National du Mérite, titulaire de la Croix de Guerre TOE, de la valeur militaire avec palmes, de la médaille de l’Aéronautique et de plusieurs médailles commémorant ses campagnes.

Merci colonel Jacques DRAPIER pour l’amitié dont tu nous a honoré merci pour ces leçons fraternelle de droiture, d’efficacité et d’humanité

Tiré de son recueil de pensées, quelques mots qui qualifient le sens du devoir et la générosité de cet officier d’exception : "
NE VOUS DEMANDEZ PAS CE QUE VOTRE PAYS PEUT FAIRE POUR VOUS, DEMANDEZ VOUS SEULEMENT CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE LUI."

0-ap5PROCES VERBAL DE L'ASSEMBLEE GENERALE DE L'ASSOCIATION DES PERSONNELS DE LA  
5° ESCADRE DE CHASSE

BILAN FINANCIER EXERCICE 2004/2005    très bon  TOP


                                                                   
  

  
 
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