AP5
février 2005 |
Bulletin de l’association des personnels de
la «5 » Base aérienne
115 - 84871 ORANGE Cedex Téléphone : 04.90.11.57.49
- Fax : 04.90.11.57.50 New’s N° 34 juillet 2005 |
EDITORIAL |
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J’ai écouté sur une
radio périphérique une interview du plus grand architecte français (je
laisse à la station la responsabilité du classement) commentant les
conclusions des expertises sur l’effondrement du terminal de Roissy 2 E.
Son propos était le suivant.
Sur ce projet il y avait un architecte, un maître d’ouvrage, un maître d’œuvre
et des sous traitants tous dépendant de hiérarchies différentes. En revanche
sur le pont de Millau, Bouygues était le seul patron d’un projet beaucoup
plus complexe que le terminal.
Le premier est un échec le second est une réussite.
Les lanceurs européens dispensent la même leçon :
La fusée EUROPA, juxtaposition d’étages fournis par des nations jalouses de
leurs prérogatives a été un échec et ARIANE avec un patron, ARIANESPACE, est
un succès.
Alors, que faut-il faire dans notre Armée de l’air ?
Un Strike Command qui a tout dans la main comme chez les anglais (à moins
que ce ne soit le patron du pôle OPS), ou une juxtaposition verticale de
filières métiers ?
Même avec des pôles la problématique est la même : une
mission, des chefs de métiers et des moyens ou une mission, un chef, des
moyens.
C’est le pont de Millau ou le terminal de ROISSY
A vous de choisir TOP
Extrait de " Chasseurs, mes frères " Toujours dans la tradition du général CLAUSSE TOP
Chapitre II - Suite de " : Une arrivée qui promet "
Le repas trompa mon optimisme. Visiblement, un
drame couvait, dans le groupe. On m’avait placé à la droite du jeune
commandant, mais il me traita comme un meuble qui eût gêné les
libres mouvements de ses coudes. L’aspirant si fraternel lut le menu, car on l’avait
évidemment chargé de la pire corvée : celle d’assurer la pitance de
trente ventres exigeants, tant sur la qualité que sur la quantité. Il lut donc
le menu, au plus fort d’un tonnerre d’insultes et de récriminations
variées, et après la traditionnelle réponse hurlée en chœur :
" Bon appétit, cochon de popotier, et que le cul te
pèle ! " le silence pesa, plus lourd que jamais.
Décidément, ces pilotes du groupe " Province " me
semblaient être de drôles de gens !
Soudain, au plus fort des bruits de
fourchettes, le commandant se tourna vers moi pour me demander
brutalement :
- Vous avez morpionné
Bérard ?
- Non, répondis-je avec une
arrogante brièveté, en serrant les dents sur les commentaires qui
auraient voulu suivre.
Il me sembla être foudroyé…
- Non, mon commandant, rectifiai-je
lâchement.
Nouveau silence, plus chargé, et
plus profond.
- Ce groupe me dégoûte, cria
soudain le petit commandant.
Et s’adressant à mon ami l’aspirant :
- C’est comme vous ! si vous
ne morpionnez pas mieux qu’hier…
La suspension était sinistre. Le
vieux brave, constellé de décorations, pencha en silence la tête vers
son assiette.
- Vous savez bien que c’était
impossible ! murmura-t-il seulement.
Le commandant ébranla la table d’un
formidable coup de poing :
- Je vous dresserai tous !
Bande de cloches ! Un équipier, ça morpionne ou ça crève !
Compris ? S’il faut en tuer trois ou quatre pour en garder un, on les
tuera ! Mais ici, avec moi, ça morpionnera !
Les têtes se
courbèrent. L’assistance était domptée. Le tintamarre des fourchettes
devint insupportable. Je m’acharnais à deviner quelles pensées
roulaient sous ces crânes, mais je ne pus déchiffrer les faces closes. J’étais
horriblement contracté.
Soudain, la porte de la baraque s’ouvrit
avec violence, et, dans l’ouverture, s’encadra la plus authentique
silhouette de truand qu’il m’ait jamais été donné de contempler.
Colossal, gras, chauve, le nouvel arrivant considérait l’assemblée de ses
petits yeux porcins, perdus dans une trogne enluminée. Il apparaissait comme la
réincarnation d’un de ces moines du moyen âge, qui faisaient ripaille et
scandale dans les abbayes de Thélème.
- On ne se gêne plus, le
Marab ! aboya le commandant.
- On est en République, sacré nom
de Dieu ! tonna cet aumônier invraisemblable, avant de s’asseoir.
L’assistance ne manifesta par aucun signe qu’elle
était étonnée ou gênée. Je vivais un rêve étrange. J’étais
perdu dans un monde lunaire. J’attendis.
- Et vous, là-bas, le
nouveau ?
C’était à moi que l’aumônier
s’en prenait ! Il parlait, la bouche pleine de victuailles, qu’il fit
passer à l’aide d’une large rasade de rouge.
- Vous viendrez vous confesser
demain ! Et tâchez que ce soit salé ! Qu’on s’amuse un
peu !
" Cet aumônier, me dis-je, est un malin. Il joue un jeu dangereux, mais plein d’astuce. Il conquiert le terrain en se naturalisant. Pas si bête ! " Je souris finement pour lui montrer que j’avais compris et que je le plaignais d’être contraint de recourir à d’aussi tristes expédients pour sauver quelques âmes…
A nouveau, le silence pesa. L’on
n’entendait que le raclement des fourchettes sur les plats d’étain. L’orage
menaçait et l’atmosphère était électrique. Au bout de la table s’éleva
soudain la voix désagréable du toubib. Il criait, hargneux :
- Quoi, qu’est-ce que tu
dis ?
- Je dis que tu ferais mieux de t’occuper
de médecine que de pilotage, répondit Jules, qui était congestionné.
Instantanément éclata un concert
de huées, de provocation et de mots malsonnants au possible. C’était une
curée. Toute la gent pilote fonçait, enragée.
- Quand on la ramène tant,
on se montre hurla quelqu’un. Le docteur avait une personnalité batailleuse.
Il se leva, fit front :
- Parfaitement ! Je ne demande
pas mieux ! Non mais, voyez-vous ça ! Ca joue les sous-dieux, parce
que ça pilote une Cobra !. Vous parlez d’une histoire !
- Prends-en un, alors !
susurra une voix perverse.
- Parfaitement, j’en prendrai
un !
- Je parie ma solde !
- Tenue ! dit le toubib avec
une assurance qui me donna le frisson.
Je regardai le jeune commandant. Il
ne bronchait pas. Ses yeux de petite fille étaient cruels.
- Vous permettez, mon commandant,
qu’on lui fasse faire un tour sur un Cobra ? demanda l’homme au
journal, qui m’avait reçu à la 1ère escadrille.
- Ca vous regarde… dit le
commandant froidement.
Je songeai, une fois encore, au
cuisinier américain…
- Ils ne vont tout de même
pas oser cela ? Demandai-je à voix basse à mon voisin de
gauche.
- Oh, tu sais, ici… me
répondit-il avec un léger haussement d’épaules.
- Eh bien, d’accord ! dit le
commandant. Pas plus tard qu’après le dessert. Toubib, tu nous
montreras ce que tu sais faire. Vous êtes prêt, le Marab ?
- Enfin un client ! Tonna le
Marab. On ne se tuait plus beaucoup ici ! Je commençai à perdre la
main !
- C’est une plaisanterie ?
demandai-je au commandant.
- Une plaisanterie ? Pourquoi
voulez-vous que ce soit une plaisanterie ? Il l’a voulu. Ou bien il se
tue ou bien il se calme. C’est comme ça, ici. Les râleurs, on les
élimine ! Les flambards, on les colle au pied du mur.
Je doutai jusqu’à la
minute où le toubib fut équipé dans le tonneau de la Une. Je doutais
encore lorsqu’on le mena au Cobra pour lui expliquer longuement les
mystères de la carlingue. Si les pilotes avaient l’intention de tuer
cet homme qui les écoutait, silencieux et buté, je dus reconnaître qu’ils
lui donnaient généreusement toutes ses chances. Pour celui qui allait tenter l’impossible,
ils devenaient maternels. Patiemment, méticuleusement, ils lui apprenaient sa
leçon.
Un mécano mit en route, et ferma
la carlingue. Nul doute n’était plus permis : le toubib allait
décoller !
Il ne savait pas se servir de ses
freins, car il fit un bond en avant au premier coup de gomme, et rata de
justesse une rangée d’oliviers. Ensuite, il fit deux tours sur
lui-même, comme un hanneton ivre. Il donnait au hasard de terribles coups
de moteur. L’appareil soubresautait, menaçant alternativement de son hélice
une rangée d’oliviers, puis l’autre, sur le chemin de roulement qui menait
à la bande de départ. Je n’y tins plus :
- Vous êtes tous
complètement fous, hurlai-je. Vous voyez bien qu’il ne sait même
pas rouler au sol ! Vous êtes en train de l’assassiner !
- Et sans bavures encore !
cria un loustic, tandis que ma véhémente intervention allumait des regards
amusés ou féroces.
Toujours caracolant, le Cobra
était arrivé à la bande de grilles qui nous servait de piste, et
gagnait l’aire de départ.
" Ce n’est pas
possible ! me répétais-je, ce n’est pas possible ! Ils ont beau
faire partie d’un groupe engagé, ils ont beau être fous – et Dieu
sait qu’ils le sont ! – ils ne peuvent jouer comme cela ! Le
toubib va revenir, abandonner ! "
- Il y est ! hurlai-je.
Je tenais mes compagnons pour une
poignée d’assassins. Je le leur criai. Mais ils ne pipèrent pas. Une
fois encore, le toubib avait échappé à la catastrophe et redressé
à temps ! L’avion était en l’air ! Il rentrait ses pattes
sous son ventre !... Une sorte de saut de mouton brutal ramena encore l’hélice
à cinquante centimètres du sol. Je m’apprêtait à
assister à une belle catastrophe, mais l’appareil repris sa ligne de
vol !...
La piste se terminait devant un
ravin très abrupt. L’avion s’y engloutit, disparut à notre vue…
- Je crois qu’il y est, cette
fois ! prononça une voix calme.
Je considérais stupidement ces
hommes, dont pas un ne bougeait. Dans quelle humanité païenne m’étais-je
fourvoyé !...
Mais voici soudain qu’au ciel
jaillit une flèche crissante. Elle monte, s’alanguit un instant au
zénith de son orbe. Gracieuse, intelligente, elle pointe vers nous. L’avion
du toubib glisse, fulgurant, à un mètre de nos têtes,
emportant au ciel sa trombe de vent et de bruit. D’un coup de reins souple, il
inscrit là-haut une courbe harmonieuse. Le génie, celui du savetier
comme celui du mathématicien, dispense toujours le ravissement qui accompagne
toute perfection. J’étais ravi ! J’avais oublié l’invraisemblance
de ce flirt mortel avec les mystères de l’espace… Je ne songeais plus
à rien d’autre qu’à m’imprégner de cette grâce.
Je n’eus pas besoin de scruter
longtemps toutes les faces hilares des amis, qui jouissaient de mon
ébahissement avec une affectueuse ironie, pour saisir d’un coup toute la
signification de cette farce…
Ainsi, j’avais été admis dans
ce groupe avant même d’y arriver ! Tous ces hommes s’étaient mis
en peine pour m’acclimater, en riant un brin à mes dépens ! Je me
pris à rire avec eux, d’un rire salubre, fait de confiance et d’abandon.
- Il y tâte pas mal, notre toubib,
hein ? vint me dire mon ami l’aspirant en me prenant le bras. Ne t’en
fais pas, c’est le commandant de la Une. Il te plaît ?
- Toi, avec tes manières de
faux ami, tu as bien été le plus vache de tous, lui reprochai-je en riant.
Nouvel éclat de rire ! Le jeune commandant s’approche. Il a perdu soudain sa morgue et son tranchant. Il se présente respectueusement :
- Aspirant, dit " Jésus ", popotier. Organisateur des réjouissances !...
Et, désignant mon ami l’aspirant :
- Voici le patron !... Mon
commandant, je m’excuse si j’ai laissé échapper quelques paroles
regrettables à votre endroit, mais l’occasion était si belle !...
- Vieux !... me dit l’aumônier.
J’avais peur que tu ne marches pas ! Le Marab, le vrai, a refusé de me
prêter sa croix ! Heureusement que les mécanos en ont fabriqué une
en vitesse !
De bons pots, et quelques vieilles chansons
achevèrent de m’introniser dans cette petite famille homogène et
joyeuse. TOP
Je vous avais annoncé dans le dernier AP5 NEW’S que Jean BOURDILA nous parlerait du P 39. Voici cette histoire incroyable qui a du faire le tour des mess. TOP
"Le Tumble" (*)
A l'occasion de retrouvailles "chasse", à moins que ce ne soit à l'issue d'un meeting quelconque, l'un de mes grands Anciens me dit en rigolant (c'était proche du ricanement): "Je racontais justement l'histoire de ton "Tumble" sur Cobra. L'as-tu déjà écrite?" ….Il ajouta "Non?... Tu devrais!". Cédant aux encouragements de la foule de mes admirateurs, je vais donc essayer de coucher sur le papier le récit de cette mémorable aventure qui se passait à Mekhnès (Maroc) en décembre 1947.
Comme chacun ne le sait plus, le Bell-P39-Airacobra était un très bel avion, monoplace de chasse, qui était un peu raté malgré le 12 cylindres Allison dont il était doté. (Il fut avantageusement remplacé par le P63 King cobra, lequel lui ressemblait comme un frère mais se montrait beaucoup moins vicieux). Le cockpit du P39, avion tricycle, se présentait comme une conduite intérieure dotée du confort made in USA. On y accédait par une porte type Peugeot 203. Une fois installé, le pilote dominait le sol et jouissait d'une vue remarquable. C'est à la mise en route,
Le décor étant ainsi planté, je préciserai que
j'étais déjà un chaud pilote (hot pilot, made in USA) frisant
les 500 heures et que j'avais gagné un concours de voltige sur le Hurricane qui
précédait le Cobra (ce qui sous entend que j'avais déjà une
réputation à défendre).
Or, il se trouve que, à l'époque, Mekhnès abritait des champions prestigieux qui vous faisaient des déclanchés à répétition sur Dewoitine 520 et qui s'affrontaient en démonstrations éblouissantes au dessus de la piste: Seguin, Nédélec et bien d'autres. Le renversement constituait l'arme ultime. Avec un Spit on arrêtait l'avion en montée, on plantait une punaise à hauteur des plans et il pivotait gentiment autour. C'est ainsi que le Ned, mis au défi d'en faire autant sur P47, s'était lâché sur la bête, était revenu à la verticale-piste autour des 1500' et avait entrepris de relever le challenge. Premier coup = un éventail !! "Ah, Ah", ricana la foule. Deuxième coup = départ en vrille = un tour. Troisième tour = départ en vrille = un demi-tour…. Hurlements du colonel, arrivé sur les lieux, "dites à ce zèbre d'arrêter immédiatement ses c…!" Trop tard, le quatrième coup était déjà parti et le P47, dompté, pivotait sagement autour de sa punaise. Le Ned, retourné au sol, déclara sereinement "Z'avez vu! Votre chaudière c'est un engin comme les autres, suffit de trouver manière. D'accord, le premier coup il m'a baisé, mais le deuxième c'était volontaire (juste pour voir comment il partait), et le troisième c'est moi qui lui ai montré". Un sacré pilote ce Ned! Comme j'étais copain avec lui je m'en fus discrètement le consulter pour savoir comment éviter le fameux éventail en Cobra. Il m'expliqua que le secret consistait à trouver le "badin zéro": "Tu pars (par exemple) le premier coup à 220 nœuds… et puis tu baisses de 5 nœuds en 5 nœuds jusqu'à trouver le bon départ. Quand ça passe à zéro, tu bascules" m'expliqua-t-il avec patience. Mieux il me fit même une démo alors que je l'accompagnais en convoyage A24 sur Rabat. Effectivement le badin se trouvait à zéro quand il avait botté!! Sacré Ned, easy show! Y restait plus qu'à appliquer…!
Ce jour-là donc, (c'est ici
que commence l'histoire) je partais avec le Lt Figuières
et un autre
équipier pour une "mission de voltige relative". Pendant que le
premier équipier s'amusait avec le CP, le deuxième (moi en
l'espèce) attendait sur son axe en faisant de la voltige à 10
000'. Au bout de 25' on échangeait les postes. Demeuré seul je démarre donc
mes séquences d'accro et me mets bien sûr en mesure d'appliquer la
recette du Ned. Premier coup= l'éventail! Deuxième coup = itou!
Troisième (ou quatrième, j'ai oublié) Le Sabah! Cul par-dessus
tête, c'est le cas de dire! Le nez, la queue, le nez, la queue, le nez
….et le manche déchaîné qui me battait follement les jambes et que j'avais
eu toutes les peines du monde à récupérer. Panique à bord, ce
f.. piège basculait autour d'une mystérieuse aiguille enfilée dans ses
plans et l'altimètre…!!!...
Je vous raconte pas : ça tournait à toute allure. Brusquement j'ai vu
passer "6 000'" et la phrase inscrite en lettres de feu dans mes
neurones quelques deux ans plus tôt "six thousands feet anyway bell
out" a produit son effet salvateur: j'ai tiré sur la goupille et
poussé la porte. Celle-ci a disparu sans protester et je me suis retrouvé sur
le plan à lutter contre un vent de tempête. J'allais plonger dans
le vide, comme on me l'avait appris, lorsque le Tumble a stoppé ses cabrioles
et que nous nous sommes (le Cobra et moi) retrouvés en léger piqué. Trop
bête, ai-je sur le plan (et le champ) décidé, remontons à bord.
Il me fallut (avec précaution) enjamber le manche redevenu stable, remettre des
gaz et regarder remonter le badin "Attention mec! La perte de vitesse
secondaire c'est la mort" me suis-je ordonné in petto et j'ai
attendu 220 noeuds pour tirer doucement sur le manche. C'est le moment où
j'ai (un peu) décapité un eucalyptus (j'ai ramené qq. feuilles dans les
radiateurs latéraux). De nouveau ça baignait (presque), si ce n'est que le
courant d'air avec l'absence de porte!! Fallait voir et ressentir. Je m'étais
solidement breslé et je tenais fermement les filasses radio (écouteurs +
laryngo+…) dans la gueule (autrement ça s'envolait et ça me tirait dehors).
Bref, ayant repris la main, mes esprits et le contrôle des opérations, je me
suis mis en demeure de retrouver mon leader. Je suis donc remonté à 10
000' (en ramant un peu) et je l'ai attendu au point de rendez-vous. Il n'a pas
tardé à paraître sur mon côté tribord. "Vert deux, qu'il m'a
ordonné, commencez vos virages relatifs, je pars au 90°!" ..Non, ai-je
voulu crier (De fait, ça a du murmurer "HHohon", avec les filasses
dans la bouche). Indigné cependant par cette réponse inadaptée, le
Figuières s'est retourné en répétant son ordre. HON/hon! Ai-je
confirmé en essayant de montrer mon côté gauche. J'étais plein pot, mais
dur, très dur de passer dessous pour croiser.
Enfin, j'y suis arrivé et il a
compris que qq. chose ne tournait pas rond. "Ok! On rentre, a-t-il consenti
en se mettant en patrouille sur moi". La suite est sans intérêt = on
est rentrés et j'étais entier. J'ai expliqué et nous nous sommes retrouvés
devant le Cdt de Groupe (Pissote ou Vinçotte, j'ai oublié) lequel m'a écouté
avant de conclure "Si je vous comprends bien, dès que vous lui avez
ff… la paix, il s'est remis à voler normalement cet avion. Enfin vous
l'avez pas cassé… C'est bien!" N'était le respect du à son grade
et à ses fonctions, je lui aurais bien craché à la g..! Le
lendemain, un quidam autochtone et qui guidait un âne a rapporté la porte dont
la glace n'était même pas ébréchée. Il avait suffi de la remettre en
place avec des goupilles neuves.
A quelques jours de là, mon camarade Hellouin, qui avait du oublier la règle, ou qui a eu un malaise, ou qui n'a pas eu mon pot, s'est planté sous nos yeux avec son P47, en vrille à plat depuis 10 000'. C'était en combat tournoyant, je crois.
C'est comme cela que suis entré dans la liste (très courte parait-il= happy few) des survivants du "Tumble-P39". En prime, moi, j'avais ramené le bestiaux à l'écurie. Je dédie ce récit à la mémoire de mon bien aimé et très respecté Cdt de Groupe Michel B. de St Venant, lequel, du temps où il interprétait "Le Mareb" légendaire de "Chasseurs mes Frères", avait joué lui aussi au "Tumble"… mais lui, il avait suivi la porte!
JAB le Bika (20.07.04)
(*)
In French=La
culbute!
Notes de
l'auteur sur Figuières:
Ai été 13 ému de relire "My Tumble"dans bulletin! However, les
témoignages étant et possédant valeur relatives (cqfd) malgré carnet de vol
appelé en rescousse... Figuières (suite à publication Piège
du même tumble) m'a écrit ke ce ne pouvait être lui (mon CP)
because l'avait jamais posé son C... dans un Cobra!! (y se rappellrait...donc
c'est vrai = c'était palui! Mais Ki alorsse?)
Pourtant j'aurais juré, craché! J'ai donc rendu compte au Piège en
demandant rectification et appel à vrai témoin! YZont rien fait!
Renouvelle donc demannde identique à AP5! Merci d'avance!
Retour lecture TOP
qui connaît cette fabuleuse aventure ou comme dans de nombreux exemples, on ne vaut que ce que l’on veut seule la victoire est jolie, sous reserve d’y croire. TOP
La libération de Provence
Un événement célèbre est survenu le 19 août 1944 et les jours suivants, du côté de Toulon.
L'un des héros de cette aventure était le général Charles-Edouard Lasnier-Lachaise. Il est en pleine forme, participe couramment à de nombreuses activités et raconte volontiers l'histoire. Cela a d'ailleurs fait l'objet d'articles dans Le Piège, par lui et, ailleurs aussi.
Ce grand ancien était pilote
Commandant de bord d'un B26 Marauder du Franche-Comté,
attaquant au milieu d'un groupe d'avions du même modèle
les défenses de Toulon. Les dites défenses l'ont descendu (depuis 20000
pieds). Il a fait sauter tout le monde et l'avion, encore muni de ses bombes, a
explosé au-dessus d'eux. L'équipage s'est ensuite retrouvé nageant au large
de Toulon et, capturé par les Allemands, a été emmené au Fort Gardanne,
occupé par 400 (environ) teutons, lesquels commençaient à sentir
le roussi.
Parmi les 7 membres de l'équipage, se trouvait en surnombre le
lieutenant-colonel Bouvard, en instance de prendre le commandement de l'escadre
et qui volait sans fonction définie afin de s'informer sur les missions de ses
futurs subordonnés (quelle idée!). Ce chef parlait allemand. Il a réussi
à convaincre ses gardiens qu'ils auraient grand intérêt à
se rendre à une unité régulière, composée de soldats en
uniforme réglementaire " quoique toujours humide ", plutôt
que d'être traités on ne sait trop comment par des FFI annoncés
comme barbares et tout proches. Ce qui était doublement inexact. L'argument fut
cependant compris. Et c'est ainsi que 7 aviateurs, arrivés via le
parachute en pays non encore conquis, sont descendus du Fort Gardanne
à la tête d'une colonne. TOP
Encore un témoignage de notre historien de Méchéria, Robert MOLIS. Sans qu’il soit très glorieux de dire dans cette circonstance " j’y étais " j’atteste de la véracité de l’histoire et de l’honorabilité des participants. TOP
Sissi
Reine éphémère du
DTO
L’Afrique du Nord a tous les climats, moins l’inter-tropical seul funeste aux enfants de l’Europe et pourtant, longtemps on a pu dire que l’Algérie ne donnait à la France que des dattes.
Nous autres à Méchéria, en 1960 n’avions plus du tout cela mais la steppe d’Alfa, de chichah, de diss, avec parfois des jujubiers et des betouns, le tout sous un climat extrême ayant des froids de – 5, - 10 sinon – 12 degrés et des chaleurs de 40 à 45 avec des vents infatigables, genre mistral, secouant plus de poussière qu’ils n’amènent de pluie. Ainsi à Géryville (1307 m d’altitude, il est vrai) la neige cloua mon détachement au sol le jour de Pâques cette année-là en fin avril ! Au total, un climat rude mais sain.
Au Nord, le mauvais port d’Oran qui fut parfois culbuté par des séismes, jouit d’un climat vraiment tempéré, très humide mais, soit par des entrées d’air maritime ou par les vapeurs de la Jebkhra, misérable lagune à moustiques de 32000 hectares, il arrive que la ville et ses abords soient noyés d’un brouillard épais et sec (la garua du Chili !) cloouant là aussi les aéronefs au sol et obligeant ceux en vol à se poser sur le haut plateau, par exemple à Méchéria où l’atmosphère est limpide, si limpide…
C’était un spectacle distrayant que d’assister à l’atterrissage d’un Neptune incapable de rentrer chez lui (à Lartigue) et puis de voir la théorie des mathurins sortir de là dedans en rang d’oignons. On pouvait en compter deux douzaines ! C’était très amusant de se payer la tête des marins échoués dans la mer d’Alfa ! Et c’était aussi très intelligent, avouons-le. Il fallait bien jouer aux tarots et payer des soldes à l’Air.
Seulement voilà ! Un certain jour se posa un transporteur duquel descendit un équipage comptant une fille !
Branle-bas ! C’est le cas de le dire, chez les aviateurs volants et même rampants.
Chacun se fait propre, se crachant même dans les mains faute de gomina, arborant le plus gracieux sourire, c’est à dire une grimace fugitive, un rictus provoqué par ce phénomène inouï qu’avait la présence d’une femme, tombée du ciel en plus, sur la base !
Et le chef : " Venez, venez ! Passons au bar, je vous prie ! "
-" Vous prendrez bien un verre ?" dit aussi sec le toubib, veillant à son confort. Etc, etc…
Se lève alors un bruit insistant : elle s’appelle Sissi.
Sissi ? Ah, bon ! Je n’en avais personnellement rien à cirer, mais nous étions rares, les indifférents, autant que je me souvienne.
Tout l’escadron, épaulettes en sautoir, est là, faisant des ronds de jambe et assaut de banalités et astuces éculées.
Tout à coup, de la musique ! Un intrépide fonce : " Vous dansez, Mademoiselle "
-" Volontiers ! "
Et cette fille adorable dansa avec touts les danseurs de l’escadron, avec tous ceux qui le lui demandèrent, ne s’arrêtant finalement qu’après avoir jeté ses chaussures, usé ses bas, terminant littéralement pieds nus !
Voilà ce que fit cette brave fille de France qui, ce jour-là, remonta le moral du DTO bien autrement qu’une (ou même deux) citations.
Sissi, funeste autrichienne est oubliée depuis longtemps ; Romi, la magnifique interprète s’éloigne tous les jours ; Sissi, la vaillante convoyeuse de l’air, elle, est ici, présente au souvenir, Reine d’un jour à Méchéria.
Il se trouve que le pseudo-journal de l’escadron a le mérite de montrer des photos de Sissi dansant et c’est très bien. Mais il est dommage que l’écrivain et son pousse-au-jouir** notent : " elle ne se fit guère prier pour faire admirer ses charmes et battit tous les records du toubib en danses lascives… " Lascives ? Faire admirer ses charmes ? Qu’est-ce à dire ? Méchéria n’est pas Amsterdam ni Hamburg.
Une robuste, belle et brave fille, voilà ce qu’était très exactement Sissi, l’inconnue qui bouleversa, sans crier gare, un escadron où les forts en gueule n’étaient pas rares qui, genou à terre, lui auraient mangé dans la main.
NDLR ** l’écrivain et son pousse à jouir n’entretenaient pas de relations très cordiales avec notre ami Molis. Ils avaient eu dans le journal de marche des mots très durs, sans raison j’en fus témoin, pour cette fille sympa qui est restée parfaitement à sa place, ce qui est d’autant plus facile qu’elle était seule sur un DTO de 800 gus. Cne (H) R. Molis
Toujours de notre historien ces quelques mots sur LYAUTEY le pacificateur du Maroc. J’atteste que dans mes fonctions d’inspecteur le plus difficile n’était pas de voir des disfonctionnements dont les échelons subalternes n’étaient pas responsables, mais d’obtenir de l’ETAT-MAJOR souverain et dissonant un début de remise en cause…. TOP
Extrait de " paroles d’Action "
du Marechal Lyautey
2ème édition 1927 – Page 38
Paris, 19 février 1900 :
" Je ne puis m’empêcher
d’évoquer la vieille histoire de ce Maréchal de France qui, passant une
revue, aperçoit un Houzard parmi des Lanciers :
" Que fait ce Houzard
chez ces Lanciers ? "
Tous les Etats-majors de s’enquérir ;
et quand, après plusieurs heures, un officier d’ordonnance vient dire
au grand chef qui n’y songeait plus du tout :
" Monsieur le Maréchal,
ce Houzard qui était chez les Lanciers…
- Parfaitement, qu’on le
décore ! "
Eh bien, je crois que j’ai
beaucoup bénéficié d’avoir été Houzard chez les Lanciers… qui étaient
des marsouins. […]
Avant de partir pour les colonies,
mes fonctions de Capitaine de Houzards m’avaient peu donné l’occasion de
fréquenter les bureaux. Je les ai fréquentés davantage depuis quelques temps
et j’y ai acquis une admiration profonde pour le labeur, le zèle, la
conscience qu’y déploient tant d’employés modèles, tous pénétrés
de la conviction que ce qu’ils font n’est jamais destiné à aboutir.
C’est là l’admirable ! Et chaque fois qu’il m’est arrivé d’y
aller m’enquérir de la suite réservée à un rapport, de la solution
attendue pour une question, j’ai toujours lu dans les yeux étonnés cette
interrogation muette : " Mais enfin d’où diable
sortez-vous pour vous figurer qu’un rapport ait jamais eu une suite et une
question une solution ? "
Une question qui aboutit, ce n’est
pas le normal, c’est le cataclysme. […]
Lyautey, Louis Hubert, Gonzalve ( Nancy 1854 – 1934 – Thorey – Meurthe-et-Moselle) Maréchal de France. Entré à Saint-Cyr en 1873 – Officier de cavalerie – Royaliste légitimiste et catholique social – En Algérie (1800-82) – Tonkin (1894) - Madagascar (1897 – 1902) sous Galliéni – 1904 en Algérie (Aïn Sefra) S’empare d’Oujda (Maroc) en 1907 – Rappelé en France – 1er résident général de France au Maroc (1912) Ministre de la Guerre de 1916 à 1917. Retourne au Maroc. Maréchal de France en 1921, démissionne en 1925 – Académicien en 1912. TOP
Jacques
Drapier grand
chasseur devant l'éternel est mort
Ces mots ont été écrits
pour témoigner
de l’affection que ses
pairs lui témoignaient
Colonel Jacques DRAPIER TOP
1928-2005
Reconnu sans une seule contestation
par ses pairs et par ses patrons, le colonel Jacques DRAPIER a été un pilote
de chasse exceptionnel, un tireur aérien redoutable et un officier que ses
hommes ont suivis avec une adhésion totale à ses qualités de meneur, de
chef et d’humaniste.
Débutant comme Caporal-chef
mécanicien il a terminé sa carrière militaire comme Colonel Commandant
de base.
Le vol était sa vie Jeune pilote
de planeur à 17 ans il a maîtrisé 91 type d’avions différents en
plus de 7000 heures de vol, achevant sa carrière aéronautique sur l’avion
le plus récent de l’époque, le Mirage F1.
Chasseur débutant en 1952 il a
obtenu les plus hautes distinctions professionnelles que peut espérer un pilote
de chasse grâce à ses exceptionnelles qualités de tireur. TOP GUN avant
la lettre, son sens de la manoeuvre aérienne lui a permis de remporter les
coupes de tir et de voltige les plus prestigieuses: la coupe Aircent dans un
concours de niveau international en confrontation avec toutes les nations de l’OTAN
en 1959, la coupe de tir sur T28 en 1961 en Algérie sur T28, par deux fois la
coupe COMETE pointe de diamant des trophées des escadrons de chasse français.
Patron charismatique dans tous ses
commandements. Il a su transmettre un souffle d’enthousiasme, de don de soi et
de générosité à Orange, à Mécheria par deux fois, à la
tête du Centre de Détection et de Contrôle de Tours, à Cazaux
comme commandant de l’escadron 2/8 NICE, à Hao comme commandant de
base, et lors de sa seconde carrière comme délégué général France d’une
mutuelle d’entraide et de prévoyance militaire.
Il a connu dans sa chair tous les
grands combats que la France a menés dans ce demi-siècle, l’Indochine
et l’Algérie. Il a combattu avec Honneur et Fidélité comme savent le faire
les grands soldats.
Il était Officier de la Légion d’honneur,
commandeur de l’Ordre National du Mérite, titulaire de la Croix de Guerre
TOE, de la valeur militaire avec palmes, de la médaille de l’Aéronautique et
de plusieurs médailles commémorant ses campagnes.
Merci colonel Jacques DRAPIER pour l’amitié dont tu nous a honoré merci pour ces leçons fraternelle de droiture, d’efficacité et d’humanité
Tiré de son recueil de pensées,
quelques mots qui qualifient le sens du devoir et la générosité de cet
officier d’exception : "
NE VOUS DEMANDEZ PAS CE QUE VOTRE
PAYS PEUT FAIRE POUR VOUS, DEMANDEZ VOUS SEULEMENT CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE LUI."
PROCES VERBAL
DE L'ASSEMBLEE GENERALE DE
L'ASSOCIATION DES PERSONNELS DE LA
5° ESCADRE DE CHASSE
BILAN FINANCIER EXERCICE 2004/2005 très bon TOP |
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