LA PEUR DE PRENDRE L’AVION mai 2001 Jean Belotti
La peur
La peur de souffrir de claustrophobie, de vertige, du mal de l’air ou de "manquer d’air".
Peur du voyage.
(Hygiène, soleil, chaleur, moustiques... )
La peur de contracter une maladie grave
La peur de tomber malade pendant le voyage
"L'anti-stress" 


Une réaction, souvent dissimulée, est celle de la peur en avion. Elle transparaît au travers des commentaires reçus à la suite des mes précédentes chroniques consacrées à la santé des passagers. Peut-on s’en guérir ou s’en prémunir?

La peur
Si l'on peut légitimement déclarer comme révolu l'âge héroïque de l'aviation, il faut admettre que le voyage en avion est encore un événement inhabituel pour de nombreux passagers et quelque peu extraordinaire pour d'autres. Plus de 90% de la population européenne n'a pas encore pris l'avion! Certes, le nombre de passagers augmente régulièrement, mais il n’en reste pas moins vrai que de nombreuses personnes refusent de monter en avion, par simple peur. Tel est le cas, par exemple, d’une personnalité incontournable de la télévision qui a avoué ne jamais prendre l’avion, par peur.
Si la technique progresse vite, la mentalité humaine suit avec un certain retard. Toute nouveauté technique nous contraint à modifier nos comportements habituels et amène souvent émotion, inquiétude, appréhension. Il faut quelquefois une génération avant que les hommes l'incluent définitivement dans leurs moeurs. Or, l'homme a été rivé à la terre depuis des millions d'années. Il ne faut donc pas s'étonner, une fois en l'air, de le voir inquiet.

Cette inquiétude, le personnel navigant peut la lire dans le comportement des passagers:
- certains, qui voyagent beaucoup, ont simplement appris à la dissimuler,
- beaucoup ont l'esprit tendu, l'esprit en éveil au moindre bruit,
- d'autres laissent paraître leur inquiétude derrière une activité fébrile ou en prenant un air faussement dégagé.

Plusieurs enquêtes ont été faites au sujet du comportement des passagers. Elles ont toutes montré que cette inquiétude n'avait pas pour origine la crainte du vol ou de l'accident. Elle existe chez des personnes qui sont intimement persuadées qu'elles courent moins de risques dans l'avion qu'au volant d'une voiture. C'est quelque chose de beaucoup plus vague, de mal défini, de beaucoup plus profond. Les spécialistes affirment que c'est à notre enfance qu'il faudrait remonter pour en trouver l'analogie, à ces instants où nous nous sentions inquiets, anxieux, sans raison précise, sans que nous ayons réellement peur d'un danger connu.
Ce parallèle entre l'enfant et le passager, les hôtesses le connaissent bien. Elles savent que vous pourrez être exigeant,"ronchonneur" ou très gentil. Leur présence à vos côtés vous rassurera, sans même que vous en soyez conscient.
De toute façon, si au moment de passer le seuil de la porte d'entrée de l'avion, ou au moment du décollage, ou lorsque l'avion est secoué par des turbulences, votre attention est attirée par ces événements, sachez que cela est tout à fait normal et que vous n'êtes pas le seul à bord à partager ces pensées.
Dans le cas où vous ne pourriez pas supporter seul votre anxiété, inutile de souffrir en silence. Confiez-vous au personnel de bord qui s'occupera de votre confort et vous proposera éventuellement un calmant ou vous guidera dans l'application d'une technique respiratoire de relaxation.
Indépendamment de cette peur générale et diffuse, il existe des peurs ou appréhensions plus spécifiques.       TOP

La peur de souffrir de claustrophobie, de vertige, du mal de l’air ou de "manquer d’air".

- Claustrophobie. 
Il s’agit d’un sentiment d'angoisse ressenti par certaines personnes lorsqu'elles sont enfermées dans un espace clos, par exemple, un ascenseur, une cabine d'avion.
Détendez-vous, écoutez le programme musical, engagez la conversation avec votre voisin,... Si cela ne suffit pas à vous apaiser, appelez le personnel de bord qui vous rassurera et vous donnera éventuellement un calmant. Si l’hôtesse ne vous le propose pas, prenez l’initiative de lui dire que vous êtes intéressé par une visite du cockpit. En effet, chaque fois que le cas d’une personne ayant manifestement peur m'a été signalé, j'ai demandé que lui soit proposée une visite du poste de pilotage. Accompagnée par une souriante hôtesse ou un avenant steward, elle découvrait, aussitôt, la rassurante décontraction des pilotes puis, ayant une meilleure vue vers l'extérieure du ciel et des nuages, et écoutant nos propos rassurants, tout était toujours revenu dans l’ordre rapidement.
- Vertige.
 "Le vertige qui nous prend sur les hauteurs est une maladie véritable qui vient de ce que nous mimons la chute et les mouvements désespérés d'un homme qui tombe. Ce mal est tout d'imagination". Alain (Propos. La fin des Oracles).
Rassurez-vous ou rassurez les futurs passagers. En avion, vous ne serez pas pris de vertige car aucun lien physique ne vous relie au sol. En effet, il est reconnu que ce trouble n'apparaît que lorsque l'on se sent ou l'on se voit relié au sol, comme du haut de la tour Eiffel, d’une échelle ou, simplement, debout sur un tabouret.
Vous pourrez donc, en toute tranquillité, admirer, à travers les hublots, les mille et un paysages qui se dérouleront sous vos yeux, aussi beaux les uns que les autres, sans aucun vertige.
- Mal de l'Air. 
Le mal de l'air est dû aux accélérations ressenties par les organes de l'équilibre de l'oreille interne et par un effet psychique qui peut se rapporter à un fond d'anxiété latent à l'égard du vol. Les signes cliniques sont essentiellement d'origine digestive. Ils consistent en pâleur, sudation, salivation, bâillements, nausées, éventuellement vomissements, céphalées, vertiges, prostration, lipothymies. Un examen montrerait des variations de la tension artérielle et des troubles respiratoires.
Si vous êtes sensible au mal de l'air ou si vous craignez de l'être au cours de votre premier vol, n'hésitez pas à consulter votre médecin. Il vous prescrira un traitement préventif et vous recommandera un médicament antinaupathique.
Chaque siège est pourvu d'un sac vomitoire. Si vous avez le mal de l'air, n'en soyez pas gêné. De nombreuses personnes y sont sensibles. Si vous sentez venir la nausée, n'essayez pas de résister trop longtemps, mais, si cela est autorisé, rendez-vous aux toilettes pendant qu'elles sont encore disponibles. En effet, si vous êtes sensible au mal de l'air, il est fort probable que d'autres passagers le soient aussi. Vous vous sentirez mieux au retour à votre siège. N'oubliez pas, cependant, à titre de précaution, de demander un autre sac, on ne sait jamais!
- Manque d'air.
 Plusieurs causes peuvent être à l'origine de cette sensation. Appelez aussitôt le personnel de bord qui prendra les dispositions nécessaires afin de faire disparaître rapidement votre malaise.           TOP

Peur du voyage
Si l’hygiène corporelle et alimentaire est généralement bien connue, elle ne pose pas de problème sur la plupart des vols courts, à nos latitudes. Il n’en est pas toujours ainsi de l’hygiène tropicale. Beaucoup de passagers s’inquiètent de savoir comment va se dérouler leur voyage lointain et ignorent souvent quelles précautions ils doivent prendre. Des centaines de fois, j’ai prodigué des recommandations à des passagers en cours de vol ou rencontrés en escale. Elles sont résumées, ci-après.
-Hygiène corporelle. Dès que vous devenez un touriste exotique, veillez tout particulièrement à votre hygiène corporelle:
- Ne jouez pas à l'explorateur et restez dans le circuit officiel.
- Après un vaccin de la fièvre jaune, l'exposition au soleil est interdite pendant huit jours.
- Mieux vaut ne pas de laver que de se doucher avec de l'eau polluée. Utilisez alors une eau de toilette.
- Lavez-vous au savon. Séchez-vous bien, en particulier dans les plis des orteils, des aines, des fesses, des aisselles.
- Lavez-vous les mains au savon avant chaque repas.
- Brossez-vous les dents avec de l'eau minérale en bouteille,
- Ne léchez pas les timbres que vous allez coller sur vos cartes postales.
- Evitez de marcher pieds nus.
- Evitez tout bain d'eau douce.
- Hygiène alimentaire. Dès que vous devenez un touriste exotique, pour bénéficier pleinement de votre séjour, du charme des régions traversées, portez la plus grande attention à votre hygiène alimentaire.
- Restez dans les circuits organisés dans lesquels le minimum d'hygiène et de confort vous est généralement assuré.
- Evitez de boire de l'eau du robinet et ne buvez pas dans des verres malpropres.
- Ne consommez du lait qu'après l'avoir fait bouillir.
- Méfiez-vous des nourritures exotiques qui vous seront proposées hors des circuits officiels.
- Evitez également les mets trop épicés, sauf si vous en avez l'habitude.
- Evitez les crudités, sauf les fruits que vous éplucherez vous-même.
- Evitez les glaces des marchands ambulants.
- Ne mangez que de la viande bien cuite.
- Ne mangez aucun fruit cueilli par vous-même sur un arbre inconnu.
Ce faisant, vous éviterez ainsi des troubles digestifs et intestinaux passagers, voire plus graves qui pourraient vous handicaper pour la suite de votre voyage ou se manifester plus tard, après votre retour.
- Hygiène tropicale. Si vous allez vers le soleil, dans des pays tropicaux, vous devez savoir que tous ont leurs maladies spécifiques, d'où l'impérieuse nécessité de prendre certaines précautions. D'une part, pour que votre voyage soit agréable et d'autre part pour éviter des manifestations tardives de maladies survenant plusieurs jours après votre retour en métropole.
- Le soleil. Sur la plage, à laquelle vous aspiriez depuis longtemps, soyez prudent. Les coups de soleil arrivent très vite, même chez les personnes prévenues et qui ont pris certaines précautions. Le chapeau protège des rayons directs, mais non des rayons réfléchis. Les crèmes protègent avec une efficacité différente. Allez-y donc progressivement et si vous voulez faire dorer votre corps, déterminez dès le premier jour la surface que vous souhaitez faire bronzer. En effet, si à partir du 3ème jour d'exposition, votre corps commence à rougir ou brunir régulièrement, le fait d'enfiler un maillot de bain (ou soutien-gorge) plus petit conduira à coup sûr à des brûlures sur les nouvelles parties exposées (bas des reins, hauts des cuisses, contour des seins). Non seulement cela contribuera à "gâcher" votre séjour, mais le jour du départ, vous supporterez difficilement des vêtements et l'atmosphère de la cabine étant très sèche intensifiera vos démangeaisons.
- La chaleur. Elle est pénible à supporter si elle est accompagnée d'une atmosphère très humide. Une exposition trop prolongée, sans chapeau, peut déclencher une insolation appelée aussi "coup de bambou" ou "coup de chaleur". La fatigue, un repas copieux trop bien arrosé sont également des facteurs contributifs. Il s'agit en fait d'une congestion cérébrale. La température du corps qui monte à 40, voire 41degrés, est accompagnée de violents maux de tête. La lumière vous gêne. Vous avez soif.
Il faut alors rapidement refroidir votre corps, si possible dans une pièce climatisée. Allongez-vous dans une pièce sombre. Buvez abondamment. Tout devrait rapidement redevenir dans l'ordre. Sinon, demandez l'assistance d'un médecin.
- Les moustiques. Le stecomaya est le vecteur de la fièvre jaune, de la dengue et d'une certaine filariose. L'anophèle est essentiellement le vecteur du paludisme, maladie qui évolue de différentes façons et se manifeste sous plusieurs formes. Il s’agit d’une affection sérieuse qui peut être contractée dans de nombreux pays, même au cours d'une courte escale. Négligée ou méconnue, elle peut être mortelle.
Le risque:
- est très élevé dans toute l'Afrique Tropicale et tout le Sud-Est Asiatique,
- existe également en Afrique du Nord (Tunisie exceptée), à Madagascar, au Moyen-Orient, en Inde,
- varie selon les îles, en Océanie,
- peut être très élevé en Amérique Centrale et dans la zone tropicale d'Amérique du Sud,
- est quasiment nul en Amérique du Nord et aux Antilles Françaises.
Pour vous protéger du paludisme:
- la nuit, utilisez une moustiquaire qui vous isolera des moustiques,
- le jour (ou également la nuit, si vous ne pouvez obtenir une moustiquaire), étalez une pommade aromatique répulsive sur les parties nues du corps,
- prenez régulièrement un médicament protecteur tel que cela vous sera conseillé par votre médecin de famille ou par le service médical des grandes compagnies.
- Les mouches et amibiases. Elles transportent des kystes d'amibes qui peuvent infecter l'eau, les aliments, les fruits, les mains. Pour vous en prémunir, veiller à votre hygiène alimentaire. Par exemple, n'acceptez jamais que l'on vous remette une bouteille d'eau minérale avec la capsule déjà ouverte.
- Les mycoses. La chaleur et l'humidité favorisent l'éclosion de champignons sur la peau, presque toujours aux mêmes endroits: région de l'aine et de l'aisselle, entre les orteils. Pour éviter ce désagrément, rincez-vous correctement après la douche et séchez-vous bien, en complétant éventuellement par du talc. Seul un médecin est en mesure de vous conseiller la pommade adaptée à votre cas. Sachez que la disparition des mycoses est généralement assez longue.              TOP

La peur de contracter une maladie grave
En cas de doute, dès votre retour de voyage:
- prévenez votre entourage, votre médecin, que vous venez d'effectuer un séjour en zone infestée,
- consultez, sans tarder, votre médecin en cas de fièvre ou malaise survenant après votre voyage, même si vous avez correctement absorbé les médicaments conseillés.
Retenir que toute manifestation clinique, même mineure, survenant quelques jours, semaines ou mois après votre retour, peut être en rapport avec une infection ou une parasitose exotique.
En cas de doute, adressez-vous, le plus tôt possible, aux médecins des compagnies aériennes ou au service spécialisé de maladies tropicales des hôpitaux: "La Pitié", 83 Bd de l'Hôpital 75013 Paris. "Claude Bernard", 10 Av. de la porte d'Aubervilliers Paris.                                       TOP

La peur de tomber malade pendant le voyage
La très grande majorité des pays accueillant des touristes sont équipés d’hôpitaux en mesure de vous apporter - à tout le moins - les premiers soins. Cela étant, en cas de nécessité, sachez qu’il existe des transports médicalisés. Il s’agit de transports sanitaires à bord des avions de ligne qui sont désormais courants, grâce à une coopération entre les compagnies aériennes et les sociétés d'assistance.
Les moyens qui sont alors mis en oeuvre permettent de réduire pratiquement à néant les contre-indications médicales du vol commercial.
L'aide fournie par les services médicaux des sociétés d'assistance aux voyageurs éloignés de leur domicile comporte: le rapatriement avec, si nécessaire, un accompagnement médical; le suivi par téléphone des patients hospitalisés; les conseils médicaux aux voyageurs; la recherche pour une consultation du médecin compétent et, si possible, parlant la même langue.
Ces services sont gratuits pour les abonnés qui ont souscrit un contrat d'assistance avant leur départ en voyage.
Selon les cas, les transports sanitaires se font à l'aide d'avions spéciaux ou à bord d'avions de ligne réguliers, particulièrement sur de longues distances.
Dans ce dernier cas, une partie de la cabine de l'avion peut être équipée d'une civière; de rideaux d'isolement; d'un espace réservé aux convoyeurs et à leur équipement. Tout le matériel alors embarqué est autonome, grâce à une alimentation par piles ou batteries rechargeables. Il s'agit, en fait, d'une unité mobile miniaturisée de réanimation. Elle permet de prendre en charge et de transporter les malades les plus graves, lorsque l'évacuation sanitaire est la seule possibilité de sauver une vie.   TOP

                                                                                                           
 Conscient de cette anxiété ressentie par de nombreux passagers, j’avais proposé - il y a bien longtemps - que, par exemple, dans les agences de voyages, soient installés quelques sièges d’avions dans lesquels les clients auraient pu s’asseoir tout en visionnant un film décrivant les différentes phases de vol accompagnées de rassurantes images et explications. Il est vrai que nul n’est prophète dans son pays! Bonne nouvelle, avant votre voyage, vous pouvez maintenant participer au stage "Apprivoiser l'avion", organisé par Air France dans son Centre anti-stress Aéronautique (JH-NB) de Paray Vieille Poste (Téléphone: 01 41 75 25 05. Coût du stage: 2.500 francs).

Que l’on me comprenne bien! Parler de la peur n’est pas faire peur. Bien au contraire, il s’agit de présenter aux passagers éprouvant une crainte quelconque de s’engager dans un long voyage, les quelques conseils élémentaires qui permettent de les rassurer et de rendre leur voyage confortable, donc agréable.

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