Ce soir-là, les DC 3 étaient alignés sur le parking du BOURGET, attendant l'heure du départ. La petite équipe du soir, elle, devisait joyeusement en attendant l'arrivée des voitures postales.

J'avais été promu depuis peu chef d'équipe mais tous ceux qui étaient avec moi étaient toujours mes copains et non pas des "subordonnés". Ce qui explique cette histoire.

Donc nous attendions... lorsque nous vîmes apparaître sur la piste Monsieur Daurat accompagné d'un groupe d'amis. Comme, à cette époque, on se sentait fautif si l'on ne faisait rien, chacun se dispersa, cherchant à avoir l'air occupé ! L'un de nous choisit de se planquer dans la camionnette de nuit qui se trouvait à proximité et, pour ne pas être vu, de se coucher sur une des banquettes.

Monsieur DAURAT arrive et montre les avions à ses invités. Une dame semblant gênée par la bise qui soufflait ce soir-là, Monsieur DAURAT, très galamment, l'entraîna vers la camionnette pour qu'elle s'y abrite. Jugez de son étonnement en voyant un gars allongé sur la banquette !

Ce dernier s'éclipse rapidement tandis que Monsieur Daurat m'interpelle : " j'ai trouvé Ce gars vautré dans la camionnette. Vous lui ferez les remontrances qui s'imposent" sans hausser la voix puis retourne vers ses amis.

Nous étions finalement assez heureux de nous en être tirés à si bon compte

Les avions partis, vient la fin du service. Comme d'habitude je téléphone au bureau pour savoir si tout va bien et si nous pouvons rentrer à la maison. Monsieur DAURAT me répond : " Tout va bien, vous pouvez partir... Mais avant, passez donc tous les deux à mon bureau !"... Aie, aie, aie !

Nous voici donc tous les deux devant Monsieur Daurat. Pas au garde à vous... mais presque

Monsieur DAURAT tapotant sur son éternel mégot s'adresse à moi et me montrant celui qui était à mes côtés :

- "Alors, vous lui avez fait des remontrances ?

- Oui, Monsieur Daurat, répondis-je très sûr de moi.

"Bon... et que lui avez-vous dit ?

'Ben ! Heu... je lui si dit que... heu... ça n'était pas bien ! Heu ! ... heu ! ...

'Oui, je vois, vous ne lui avez rien dit du tout ! Bon, eh bien dites-lui maintenant ce que vous avez à lui dire !

Je ne sais plus du tout ce que j'ai pu alors bredouiller. Je bafouillais, j'étais cramoisi et je n'arrivais pas à m'en sortir. Il y a vraiment des jours ou l'on aimerait avoir son petit trou de souris portatif pour pouvoir s'y réfugier !

Je me souviens souvent de cette situation ô ! combien  inconfortable mais qui nous a fait bien rire quand nous l'évoquions des années plus tard.

Raymcnd LECOMTE

 

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