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Alors que les Allemands renforcent
leur dispositif en occupant
le nord et le centre de
l'Italie, les
Anglo-Américains, sous le
commandement du général
Alexander, débarquent, le 3
septembre 1943, en Calabre
et à Salerne où ils se
heurtent aux hommes du
maréchal Kesselring.
Contraints d'évacuer Naples et les
terrains d'aviation de la
région de Foggia, les
Allemands se rétablissent
rapidement sur la ligne
Gustav qui, traversant la
péninsule italienne du Garigliano
au Sangro, de part et d'autre du
défilé de Cassino, défend l'accès
de Rome. Les troupes allemandes,
solidement appuyées sur les
défenses naturelles des Apennins,
opposent une âpre résistance aux
Alliés dont le plan prévoit de
prendre Rome et les terrains
d'aviation de la région avant la
fin de l'année 1943, en empruntant
la seule route passant par Cassino
et la vallée du Liri. Durant tout
l'hiver 1943-1944, ceux-ci ne
parviennent pas à passer les
défenses ennemies, même si, dès
décembre, les troupes du général
Juin mènent avec succès plusieurs
combats, s'emparant des massifs du
Pantano et de la Mainarde puis,
franchissant en janvier le Rapido,
de celui du Belvédère. Les
conditions météorologiques sont
particulièrement mauvaises ; des
pluies torrentielles détrempent le
terrain. Les Alliés progressent
difficilement et ne réussissent
pas à obtenir la rupture du front.
Un débarquement
à Anzio, derrière la ligne
Gustav, doit permettre de
contourner les Allemands. Tenus en
échec à Cassino, les Alliés ne
parviennent pas non plus à
déboucher d'Anzio où ils sont aux
prises avec de vigoureuses
contre-attaques. Les violents
assauts n'arrivent pas à percer
les lignes allemandes et les
succès locaux obtenus ne peuvent
être exploités. La situation
piétine.
À la mi-mai, les Alliés reprennent
l'offensive, selon un plan établi
par le général Juin prévoyant
notamment un large débordement de
l'ennemi par la montagne qui
couperait ses communications
arrières et ouvrirait la route de
Rome.
Les Américains progressent le long
de la côte tyrrhénienne
tandis que le corps
expéditionnaire français (CEF)
intervient dans la zone
montagneuse contre les monts
Aurunci et les Britanniques,
Polonais et Canadiens dans
le secteur est, celui de
Cassino.
Les Britanniques
établissent une tête de pont
sur la rive droite du Rapido
mais restent sous la menace
du mont Cassin qui ne peut
être réduit.
Le CEF se lance
à l'assaut des monts Aurunci,
prenant le mont Majo et
Castelforte. Grâce à cette
manœuvre, le front ennemi est
rompu. Les Français
s'engagent dans la vallée de
l'Ausente, contraignant les
Allemands à se replier et
permettant aux Américains
d'accélérer leur progression le
long de la côte.
Évacuant le
mont Cassin, les troupes
allemandes tentent de freiner
l'avancée alliée en renforçant
leurs défenses sur la ligne
Hitler. Après de violents combats,
Kesselring replie ses forces sur
la ligne César, en avant de Rome,
mais ne peut tenir la position.
Dans le même temps, les troupes
d'Anzio se lancent à l'attaque
pour faire leur jonction avec la
5ème Armée américaine.
Le 4 juin, les Américains entrent
dans Rome. Talonnés par les
Alliés, qui peu à peu voient
leurs effectifs destinés à
être engagés en Provence
retirés du front, les
Allemands poursuivent leur
retraite en menant de rudes
combats retardateurs. Lancés
à la poursuite de l'ennemi,
les Français libèrent Sienne
le 3 juillet, les Polonais
Ancône le 18, les Américains
Livourne le 19, les Anglais
Florence le 19 août.
Repliés sur la ligne Gothique,
qui, au nord de l'Arno, s'étend
entre Pise et Pesaro, les
Allemands repoussent les
offensives alliées par de
violentes contre-attaques. Les
Alliés s'emparent de Pise,
Lucques, Rimini, Forli et Ravenne
mais l'épuisement et les
conditions météorologiques
exécrables rendent toute
progression lente et difficile.
Ils ne peuvent exploiter leurs
succès. Le front se stabilise
jusqu'au printemps.
En avril 1945, reprenant
l'initiative, les Alliés
déclenchent une large offensive.
Supérieurs en nombre et en
matériel face aux troupes
allemandes du général von
Vietinghoff, successeur du
maréchal Kesselring nommé à
la tête du front Ouest, ils
s'emparent de Bologne le 22,
franchissent le Pô et
entrent à Vérone le 26. Plus
rien ne peut arrêter leur
avancée tandis que
l'insurrection, menée par la
résistance italienne, se
développe, apportant son
soutien à la libération du
territoire. Toutes les
villes de l'Italie du nord
sont occupées : Mantoue, Parme,
Gênes, Turin, Milan.
Franchissant les Alpes, les
Français investissent le
nord-ouest de l'Italie, du
Val d'Aoste à Vintimille, tandis
que les Alliés rejoignent
les partisans yougoslaves à
Montefalcone et s'apprêtent, au
sud du col du Brenner, à
faire leur jonction avec
leurs troupes venant d'Allemagne.
Toute résistance étant désormais
vaine, les Allemands
capitulent le 29 avril après
avoir retardé durant près de
vingt-deux mois
l'investissement de leur
territoire par le sud. La
reddition prend effet le 2
mai 1944.
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Le corps
expéditionnaire français est
mis sur pied au cours de l'été
1943. Il constitue au mois
d'août l'un des deux
groupements du 1er Corps de
débarquement formé à partir
d'unités rassemblées en
Afrique du Nord rééquipées par
les Alliés. Il se compose
alors de la 2ème division
d'infanterie marocaine du
général Dody, de la 3ème
division d'infanterie
algérienne du général de Goislard
de Monsabert, des 3ème et 4ème
Groupes de tabors marocains du
général Guillaume et
d'éléments de réserve
générale.
Le 18 novembre 1943,
sous les ordres du général
Juin et en vue de son
engagement en Italie, il est mis
à la disposition du 15ème
Groupe d'armées alliées du
général Alexander, commandant
le théâtre d'opérations, composé de
la VIIIème armée britannique
placée sous les ordres de
Montgomery, puis de Leese, et
de la 5ème Armée américaine de
Clark. Les Français
interviennent dans le cadre de
la 5ème Armée américaine. La
2ème DIM et le 4ème GTM
embarquent à Bizerte et à Oran
à partir du 19 novembre,
suivis de la 3ème DIA et du
3ème GTM en décembre. En
janvier 1944, ces unités
prennent officiellement le nom
de Corps expéditionnaire français.
Le CEF se renforce en février
de la 4ème Division marocaine
de montagne du général Sevez
puis en avril de la 1ère
Division de marche d'infanterie
(ex-1ère Division française
libre) du général Brosset et
du 1er GTM. Ses effectifs
atteignent alors près de 112
000 hommes.
Les Français
s'illustrent tout au long de
la campagne, dans la conquête
du Pantano et de la Mainarde,
en décembre 1943, du Belvédère
en janvier 1944 et lors de
l'offensive du printemps
suivant en obtenant la rupture
du front allemand sur la ligne
Gustav. Après la prise de Rome, ils
remontent sur Sienne et le nord de
la Toscane. Relevés et retirés du
front courant juillet, ils sont
intégrés au sein de l'armée B
(future 1ère Armée française)
commandée par le général de Lattre
de Tassigny, pour débarquer en
Provence en août 1944.
En sept mois, les
pertes du CEF en Italie
s'élèvent à 6 400 tués, 4 200
disparus et 20 900 blessés.
L'intervention du CEF
en Italie témoigne du
renouveau militaire français. Les
unités issues de l'armée
d'Afrique et des Forces
françaises libres, réunies pour la
première fois sous les ordres
d'un même chef, sont
l'expression d'une armée
reconstituée qui démontre son
aptitude à combattre et à
vaincre. Les Alliés lui
rendront un hommage unanime. |