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les dossiers de Pierre Jarrige (A/C
du No 1)
Archéologie aérienne (1)
Ami(e) Internaute,
Ce soixante-dix-huitième diaporama est
le premier de trois
diaporamas concernant l’archéologie
aérienne en Algérie. Faites
le circuler sans restriction !
Merci aux propriétaires des photos dont
les noms apparaissent
entre parenthèses.
Pour l’histoire de l’aviation en Algérie
que je prépare, je recherche
des photos, des documents, des récits et
des témoignages, merci
d’en parler autour de vous.
N’hésitez pas à me demander les
diaporamas précédents.
Bien cordialement. Pierre Jarrige.
Jarrige31@orange.fr
http://www.aviation-algerie.com
Afrique du Nord romaine
Après plus d'un siècle d'exploration de
ce qui fut l'Afrique romaine, après les
investigations de détail et les travaux
de synthèse des premiers explorateurs
que sont les officiers, fonctionnaires,
voyageurs, archéologues et historiens,
Stéphane Gsell, auteur du monumental
Atlas archéologique de l'Algérie,
déclare avant sa mort en 1932 : "Pour la
période qui s'étend depuis la conquête
romaine jusqu'à la fin de la domination
byzantine, il faut, là où il n'est pas
trop tard, procéder à l'inventaire
complet et raisonné des ruines éparses
de telle ou telle région". Mais
l'inventaire,
poursuivi par son successeur Louis
Leschi à la Direction des Antiquités,
est lent, difficile et coûteux.
Algérie romaine
En décembre 1933, le professeur Maurice
Reygasse, piloté par Pierre Averseng en
Caudron Phalène, effectue ce
qu'il appelle, une "Mission dans la
Préhistoire" au Sahara, à la suite de
laquelle il déclare : " Je suis
émerveillé des
facilités de travail que donne l'avion.
J'ai parcouru le Sahara en tous sens, en
auto et à dos de chameau, et il
m'aurait fallu six mois pour faire le
même voyage avec des méhara. Et les
régions que j'ai survolées après les
avoir
parcourues au pas lent des caravanes, il
me semblait que je les voyais pour la
première fois. De terre, on ne voit
rien, on ne découvre rien. C'est d'avion
seulement que l'on a l'impression vraie
de la géographie physique ".
Pierre Averseng
A l'exemple des travaux d'archéologie
aérienne du père
jésuite Poidebard (observateur aérien de
la première
guerre) en Syrie, Pierre Averseng,
agriculteur né à El-
Affroun le 20 mai 1906, humaniste érudit
et fin pilote,
licencié en lettres, entreprend en 1934,
avec son
Caudron Phalène F-AMKV et souvent
accompagné de
l’adjudant-chef Jehan de Frayssinet, des
reconnaissances dans le Sud-Algérien, en
accord avec
Louis Leschi, directeur des Antiquités.
A gauche : Pierre Averseng fait des
essais d’alimentation en
oxygène
Dessous : Mission archéologique en
Phalène dans le Sud-
Algérien
(Germaine Av erseng)
(Alain Piéchon)
Lieutenants Fernand Piéchon
et Schneider
Vivement intéressé par les résultats
obtenus lors des
prospections de Pierre Averseng, Louis
Leschi obtient le
concours de l'armée de l'Air.
A partir de 1935, le colonel Pierre
Weiss, puis le général
Lacolley, confient aux lieutenants
Fernand Piéchon et
Schneider, du 1er GAA, des missions de
photographies
aériennes en Potez 25. Les documents
photographiques
obtenus sur la zone du limes de Numidie
et sur les
principaux sites archéologiques sont
utilisés, dès 1938,
pour des missions de recherche sur le
terrain par Julien
Guey et Gilbert Picard, précurseurs de
la forme
moderne de l'archéologie.
A gauche : Fernand Piéchon et dessous :
La dédicace
de Fossatum Africae par Jean Baradez aux
deux
officiers morts en service aérien
Jean Baradez
L'archéologie aérienne de l'Algérie et
même l'archéologie, d'une façon
générale,
sous cette forme moderne, doit tout au
colonel Jean Baradez (à gauche). Né le 7
mars 1895 à Nancy, ancien élève de
l'Institut national agronomique, il est
gravement blessé en 1916 et termine la
guerre comme observateur en ballon
captif
et spécialiste de la recherche du
renseignement aérien et de la
photographie
aérienne qui trouve alors a première
application.
Entre les deux guerres, il est chargé de
nombreuses missions à l'étranger. Après
un voyage à Addis-Abéba, il publie le
livre En survolant cinquante siècles
d'histoire
(Plon-1935), premier ouvrage consacré à
l'archéologie aérienne. Colonel en 1939,
devenu préfet en Algérie de 1940 à 1942,
il prend la retraite en 1945 et,
désormais
fixé en Algérie, il se met à la
disposition du Gouvernement général pour
se
consacrer aux recherches archéologiques,
essentiellement aériennes. Il a le
courage de s'initier, tardivement, à
l'archéologie romaine.
En partant des travaux fragmentaires
anciens et des photographies aériennes,
Jean Baradez recherche et identifie les
limites de l'Empire romain en Afrique du
Nord. Bénéficiant d'une confiance
générale, il accomplit, en trois ans, un
travail
énorme, toujours soutenu par Louis
Leschi, Louis Berton, directeur de
l'Intérieur et
des Beaux-arts, Léon Lehuraux, directeur
des Territoires du Sud, Georges Drouin,
directeur du Service de l'hydraulique,
Georges Gautier, chef des Services
hydrogéologiques et aussi, bien entendu,
par l'état-major de la Région aérienne
et
par le gouverneur-général Edmond
Naegelen.
Seul, sans aucune équipe, aidé seulement
de son épouse qui effectue une part
importante de son secrétariat, Jean
Baradez réunit avec obstination les
matériaux
de l'ouvrage qu'il prépare. Il est à la
fois l'observateur en vol, le
prospecteur en
avion ou au sol, l'archéologue décidant
le lieu des fouilles de contrôle, le
dessinateur, le photographe, le
mécanicien et le chauffeur de sa vieille
Ford 1930.
Jean Baradez met au point une nouvelle
méthode de détection, il ne s'agit plus
de
rechercher du haut des airs des vestiges
encore inconnus, de les photographier à
moyenne ou basse altitude et de les
situer approximativement sur une carte
souvent incomplète ou schématique, mais
bien de prendre à haute altitude des
photographies de vastes étendues de
terrains, puis d'en examiner
attentivement les
moindres détails, d'en faire jaillir les
plus petits indices, de restituer
l'aspect
archéologique d'une contrée et d'y
découvrir toutes les traces laissées par
le
passage, la présence et le travail de
l'homme. Les heures de déchiffrement
patient
et laborieux alternent avec les missions
aériennes et les journées de fouilles et
de
sondages sur des points essentiels.
(L’Algérianiste)
Fossatum africae
Après trois années de travail opiniâtre,
Jean Baradez termine, en
1949, son oeuvre principale : Fossatum
africae édité par le
Gouvernement général. Ce livre
fondamental sur l'archéologie
aérienne en Algérie s'ajoute à de
nombreuses autres publications
faites de 1948 à 1969.
Sous son titre, le livre de Jean Baradez
évoque la plus
surprenante des découvertes obtenues :
L'ouvrage militaire, le
"Lime" qui, sur des centaines de
kilomètres, borde le sud des
provinces romaines d'Afrique. C'est le
nom qu'il porte dans une
Constitution du Code Théodosien (avril
409), le seul document
connu de l'Antiquité qui aborde ce
sujet.
La création du système défensif romain :
Forts, fortins, routes et
fossés (fossatum), n'a pas eu pour
unique conséquence de
dresser une barrière contre les Nomades
du sud, réfractaires et
pillards, mais de fixer, dans la zone
ainsi organisée, une
population d'agriculteurs sédentaires
chargés à la fois d'entretenir
les défenses et de mettre le sol en
valeur, en exploitant au mieux
les richesses naturelles dont la plus
importante : l'eau.
Le travail essentiel de Jean Baradez
porte sur le Fossatum, sur
plus de 750 kilomètre de
fossé-frontière, de Tobna à la frontière
tunisienne, mais la photographie
aérienne révèle toute
l'organisation économique et sociale
romaine de régions
aujourd'hui quasi désertiques. L'étude
de l'hydrologie agricole,
révélée par les vues aériennes, apporte
une notion nouvelle sur la
mise en valeur des terres anciennes et
sur la prospérité qui a suivi
pendant plusieurs années de Pax romana
protégée par le
fossatum.
(Christian Bernateau)
Armée de l’Air (1945-1962)
Après la guerre, l’armée de l’Air, avec
l'EOM 86 Hoggar en
Flamant, puis les unités de bombardement
GB 1/91
Gascogne, GB 2/91 Guyenne et de
reconnaissance ERP 1/32
Armagnac, équipées de Douglas RB-26
(version de
reconnaissance du B-26 Invader),
effectue un travail immense
de relevés photographiques des vestiges
archéologiques. Les
vues verticales et les vues obliques
obtenues sont d'une
qualité remarquable.
A gauche : L’adjudant-chef photographe
Robert Bernateau
monte dans un RB-26 du GB 1/91 Gascogne
à Bône en 1961.
Au-dessus de l’échelle, se trouve une
des trappes pour photos
obliques. Des photos verticales sont
prises par d’autres
trappes sous l’avion. Le nez vitré
permet de prendre des
photos vers l’avant, à travers la paroi
plane
Dessous : RB-26 de l'ERP 1/32 Armagnac à
Reggan
(Christian Vroland)
(Jacques Lavaut)
IGN
L’Institut géographique national (IGN)
n’a pas
pour mission de s’attacher à
l’archéologie
aérienne, mais la couverture totale et
précise qu’il
a faite de l’Algérie permet d’exploiter
avec succès
les clichés de grande qualité obtenus en
photographies verticales.
A gauche : LeO 45 de l’IGN
Dessous : Hurel-Dubois HD 34 et Boeing
B-17 de
l’IGN à Maison-Blanche
(Jacques Delol)
Pierre Morizot
L’ambassadeur, historien et archéologue
Pierre
Morizot a exploité une partie des photos
détenues par
le Centre d’exploitation des images de
l’armée de l’Air
(CEIAA) pour publier ce livre
remarquable en 1997.
Jean-Pierre Laporte
L’archéologue Jean-Pierre Laporte
poursuit
méthodiquement l’inventaire des vestiges
archéologiques nord-africains.
De nombreuses photos sont visibles sur
son
site :
www.tabbourt.com
et notamment les photographies aériennes
d'Edouard Stawski, prises en Broussard,
à
l'adresse suivante :
http://tabbourt.perso.sfr.fr/stawski
Extrait de Fossatum africae : Procédé
d’interprétation d’une photo verticale à
l’aide d’un calque…
…et transcription sur une carte, après
orientation
Autre extrait de Fossatum africae
Interprétation d’une vue verticale de
Henchir Ikhetteben (Aurès) par Pierre
Morizot
A – Mausolée
B – Construction de 48 m X 45 m
C et D – Autres vestiges antiques
Bône – Hippone
(Marine Nationale)
Bône – Hippone
(Philippe Martin)
Djémila – Cuicul
Il est des lieux où meurt l'esprit pour
que naisse une vérité qui est sa
négation même. Lorsque je suis
allé à Djémila, il y avait du vent et du
soleil, mais c'est une autre histoire.
Ce qu'il faut dire d'abord, c'est
qu'il y régnait un grand silence lourd
et sans fêlure – quelque chose comme
l'équilibre d'une balance.
Des cris d'oiseaux, le son feutré de la
flûte à trois trous, un piétinement de
chèvres, des rumeurs
venues du ciel, autant de bruits qui
faisaient le silence et la désolation de
ces lieux. De loin en loin, un
claquement sec, un cri aigu, marquaient
l'envol d'un oiseau tapi entre des
pierres. Chaque chemin
suivi, sentiers parmi les restes des
maisons, grandes rues dallées sous les
colonnes luisantes, forum
immense entre l'arc de triomphe et le
temple sur une éminence, tout conduit
aux ravins qui bornent de
toutes parts Djémila, jeu de cartes
ouvert sur un ciel sans limites. Et l'on
se trouve là, concentré, mis
en face des pierres et du silence, à
mesure que le jour avance et que les
montagnes grandissent en
devenant violettes. Mais le vent souffle
sur le plateau de Djémila. Dans cette
grande confusion du vent
et du soleil qui mêle aux ruines la
lumière, quelque chose se forge qui
donne à l'homme la mesure de
son identité avec la solitude et le
silence de la ville morte.
Dans cette splendeur aride, nous avions
erré toute la journée. Peu à peu, le
vent à peine senti au
début de l'après-midi, semblait grandir
avec les heures et remplir tout le
paysage. Il soufflait depuis une
trouée entre les montagnes, loin vers
l'est, accourait du fond de l'horizon et
venait bondir en cascades
parmi les pierres et le soleil. Sans
arrêt, il sifflait avec force à travers
les ruines, tournait dans un cirque
de pierres et de terre, baignait les
amas de blocs grêlés, entourait chaque
colonne de son souffle et
venait se répandre en cris incessants
sur le forum qui s'ouvrait dans le ciel.
Je me sentais claquer au
vent comme une mâture. Creusé par le
milieu, les yeux brûlés, les lèvres
craquantes, ma peau se
desséchait jusqu'à ne plus être mienne.
Albert Camus – Le vent à Djémila
Djemila – Cuicul en 1930 (Driss Drissi)
Djémila – Cuicul en 1934
(Jean Studer)
Djémila – Cuicul
(André Rojon) (Christian Bouv art)
Djémila – Cuicul
(André Rojon)
Djémila – Cuicul
(Philippe Martin)
Djémila – Cuicul
(Christian Bouvart)
Guelma – Calama
(Jacques Bonneu -EB 1/91)
Guelma – Calama
(Odile Tommy-Martin)
Khamissa – Thurbursicum Numidarum
(Jean-Marie Meunier)
Khamissa – Thurbursicum Numidarum
(Odile Tommy-Martin)
Khamissa – Thurbursicum Numidarum
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