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Joseph ROIG, Henri ROZES, Claude GONIN, Pierre DELEY


Joseph ROIG le négociateur  page spéciale   
Roig, pilote, militaire, en démontrant la viabilité des lignes Casablanca-Dakar et Rio de Janeiro-Buenos Aires a été un des créateurs de l'Aéropostale...

Officier français, issu de l'aviation militaire. En poste au Maroc, mis en congé spécial pour préparer et réaliser la pénétration du tronçon aérien Casablanca-Dakar. Il s'avère dans l'esprit du Maréchal Lyautey indispensable pour dialoguer avec les indigènes des régions survolées qui étaient sous contrôle espagnol, cette région où sévissaient des bandes de pillards et d'assassins appelés les "Hommes Bleus". Les pilotes risquaient en permanence d'être égorgés, les avions et leur chargement pillés et incendiés. Dés 1922 il est à pied d'œuvres et réussira non sans mal. Ensuite il sera envoyé en Amérique du Sud en 1924, pour le tronçon Buenos-Aires-Natal et ses bretelles. Il a été un collaborateur précieux et efficace, et, restera indissolublement lié à la réussite de cette merveilleuse aventure aérienne française que fut la Ligne... 
 

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Officier français, issu de l'aviation militaire. En poste au Maroc, mis en congé spécial pour préparer et réaliser la pénétration du tronçon aérien Casablanca-Dakar.
Spécialisé dans l'observation et la photographie aériennes, bien connu et apprécié du Maréchal Lyautey pour son dynamisme et sa connaissance du désert et de ceux qui le hantent, Joseph Roig s'avère dans l'esprit du Maréchal comme l'homme indispensable à la Cie Latécoère pour procéder à la préparation et à la mise en route du tronçon Casablanca- Dakar. Tronçon de 2.800 kilomètres dont 1.500 hérissés de difficultés car sous mandat Espagnol, ils échappent à l'autorité française. Tronçon de 1.500 kilomètres à très haut risque, du fait de l'incapacité des espagnols à contrôler efficacement cette immense étendue de désert qui, des frontières du Sud Marocain aux frontières de l'Afrique Occidentale française est ratissée par des bandes de Maures pillards et assassins, en marge de toutes lois. On les appelle « les Hommes bleus »
D'Agadir à Port-Etienne, les pilotes courront en permanence le risque d'être égorgés, les avions et leur chargement pillés et incendiés... s'ils ont le malheur de tomber en panne.
Les bandes opèrent par groupes de 100 à 250 fusils. Joseph Roig sait tout cela et c'est parce qu'il le sait que le Maréchal Lyautey lui demande de se mettre à la disposition de la Ligne.
Dès la fin 1922, J. Roig est à pied d'œuvre. Il prend contact avec les militaires espagnols installés à Cap Juby et Villa Cisneros dans des positions fortifiées dont ils ne sortent qu'en de très rares occasions. En réalité leur autorité ne dépasse pas leurs fortifications. De plus, ils ne sont pas chauds devant une entreprise française qui en cas de « coup dur » parfaitement prévisible dans l'état du matériel aérien de l'époque, leur vaudra d'énormes ennuis.
Imperturbable, J. Roig fait ce qu'il a à faire. Par voie maritime il rejoint Cap Juby et Villa Cisneros, entrepose matériel et carburant et surtout, tente de neutraliser les pillards assassins par des accords avec leurs chefs.
Il réussira. Le 3 Mai 1923 un groupe de trois Bréguets XIV décollera de Casablanca et ralliera Dakar par Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros et Port-Etienne. Pilotes Delrieu, Cueille, et Hamm. Mécaniciens Lefroid et Bonnord. Passagers J. Roig, évidemment et G. Louis courageux rédacteur en chef du journal « La Vigie Marocaine ».
Le 23 Mai, la Mission au complet sera de retour à Casablanca. Et pourtant les incidents auront été nombreux dont une panne en territoire dangereux. Mais tout finira bien, les pillards ayant raté le rendez-vous.
A J. Roig revient le mérite d'avoir réalisé sans coup férir le défrichage du terrible tronçon du désert.
Et si les négociations avec les espagnols pour autoriser le passage de la Ligne traîne deux ans en longueur, si des drames affreux ensanglantent plus tard le tronçon du désert J. Roig n'y est pour rien. Bien au contraire il est certain que si l'on avait utilisé les deux années perdues avec les espagnols à préparer soigneusement les choses avec les Chef des Maures... hélas Maîtres du désert... on aurait évité une grande partie des catastrophes qui, à un moment donné, ont bien failli stopper le rêve de P.G. Latécoère dans une grande flaque de sang.
Il a bien fallu d'ailleurs en passer, un jour, par là.
Mais les éminents services de Joseph Roig ne s'arrêtent pas à sa remarquable opération d'ouverture du tronçon du désert. Ses dons de négociateur reconnus, on l'envoie dès 1924, en Amérique du Sud pour préparer le tronçon de Natal à Buenos-Aires avec, si possible, bretelles aériennes sur les pays avoisinant le tracé futur de la Ligne France-Amérique du Sud. Il rentre en France en Octobre 1924 et déclare « Il n'y a pas à hésiter, pas une minute à perdre ». L'Amérique du Sud nous attend". Collaborateur précieux et remarquablement efficace, ayant, dès le début assimilé et fait sienne la grandeur de l'entreprise, le nom de Joseph Roig est et restera indissolublement lié à la réussite de cette merveilleuse aventure aérienne française que fut la Ligne... Toulouse, Casablanca, Dakar, Natal, Rio de Janeiro, Buenos-Aires, Santiago.





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Henri ROZÈS  un destin à la Mermoz, (1894-1944)

Breveté pilote en 1917, après avoir été sévèrement blessé à Verdun. Quatre victoires lui sont homologuées. A peine démobilisé il est engagé comme pilote aux Lignes Aériennes Latécoères à Toulouse. Sur Casablanca-Dakar, il tombe en panne, se pose sur la plage, Ville, pilotant l'avion accompagnant se pose à coté sans arrêter  son moteur pour le repêcher. Au moment où les deux pilotes commencent le transbordement du courrier de son avion dans celui de Ville, les Maures les attaquent et les deux aviateurs sont obligés de dégainer et sous le feu des balles décollent. La tête de Rozès étant mise à prix à 200 Douros, il est affecté en Amérique du Sud, mêlé a l'équipe dont Mermoz est le chef. Il a la nostalgie de son pays natal. Il démissionne et rentre en France.
Il travaille peu de temps comme pilote à Air-Union, sur Paris-Londres et Paris Amsterdam. Il fonde à Toulouse une école de pilotage, mais la guerre civile éclate en Espagne. Il sert en convoyant des avions militaires les plus variés. Il se crache au cours d'une de ces missions en Potez 63, reste dans le coma plusieurs jours, son mécanicien, Bruniquel, lui, succombera à ses brûlures. En 1944, il meurt des suites de cet accident. Les ailes se fermeront sur celui qui les avaient déployées dans tous les cieux. Un grand et beau destin d'aviateur.
 
                 
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Né à Soueich (Hte-Garonne) le 31 Mai 1894 dans une nombreuse famille de six enfants. L' aîné, Maxime, est tué dès le début de la guerre 1914-1918. Henri, son cadet, est mobilisé lui-même dès les premiers jours du conflit dans l'infanterie où il se distingue immédiatement par son audace et son sang-froid.
Plusieurs citations et la Croix de Guerre viennent attester de ses qualités du combattant. Sévèrement blessé devant Verdun, il demande, dès sa convalescence, à servir dans I'aviation. Dès le début de son apprentissage, se font jour ses qualités innées de combattant de choc. Très vite, il obtient son brevet de pilote et dès 1917, il est affecté à une escadrille de chasse. Comme il s'était distingué dans l'infanterie, il se distingue dans l'Aviation abattant plusieurs avions allemands dont quatre lui furent homologués.
A peine démobilisé, il est engagé comme pilote aux Lignes Aériennes Latécoère à Toulouse-Montaudran où son habileté au pilotage, son sang-froid et son exceptionnelle résistance attirent sur lui l'attention de ce chef difficile qu'est Didier Daurat.
Très vite, Henri Rozès s'affirme comme pilote de ligne de haut niveau. Sa réputation s'impose sur Toulouse-Casablanca et atteindra son plus haut niveau lorsqu'il sera affecté sur le dangereux secteur Casablanca-Dakar. Le 22 Juillet 1925, effectuant avec son camarade Ville, pilotant à ses côtés l'avion de secours prévu sur ce difficile tronçon du parcours Casablanca-Dakar, il tombe en panne, se pose en bordure de la mer où Ville vient aussitôt le rejoindre, se posant à ses côtés, en laissant par précaution tourner son moteur.
Au moment où les deux pilotes se préparent à charger dans l'avion de Ville le courrier de l'avion de Rozès en panne, les Maures pillards surgissent et attaquent les deux aviateurs qui, pour sauver leur vie, sont obligés de dégainer leurs revolvers, abattent plusieurs Maures et décollent sous une grêle de balles.
La tête d'Henri Rozès est mise à prix par les Maures à 200 Douros, somme énorme pour l'époque et pour le désert.
Reculant devant leurs responsabilités, les autorités espagnoles du Rio de Oro demandent à la Direction de la Ligne de muter Henri Rozès sur un autre secteur.Le voilà en Amérique du Sud, mêlé à l'équipe fameuse dont Jean Mermoz est le chef. Là comme ailleurs, il accomplit sa tâche en homme exceptionnel parmi d'autres hommes exceptionnels. Il défriche un continent gigantesque où tout est démesuré, forêts, fleuves, montagnes, tempêtes et tornades.
Henri ROZES, pourtant, n'est pas heureux. Ce Toulousain, fruit exclusif de son terroir, rêve de revenir en France d'abord, à Toulouse ensuite. Et comme chez lui, la décision va de pair avec l'action. il démissionne de la Cie Aéropostale pour rentrer en France. A peine a-t-il fait sa demande qu'il est embauché par la Sté Air-Union qui exploite les liaisons Paris-Londres Paris-Amsterdam. Mais tout cela n'est pour lui qu'un expédient provisoire. Ce qu'il veut, c'est « revenir » Aussi, après avoir soigneusement préparé ses voies, donne-t-il à nouveau sa démission et rejoint-il Toulouse où il fonde une école de pilotage à son nom.
Heureux, maître de son destin, il pourrait vivre tranquille en faisant profiter ses élèves de son prodigieux savoir. Mais la guerre civile éclate en Espagne et, sans hésiter, Henri Rozès offre ses services à la République espagnole. Il amènera chez ses amis républicains les avions dont ils ont le plus grand besoin et il y risquera, plus d'une fois, sa vie. A peine terminée, la guerre d'Espagne fait place à la guerre tout court, la vraie, celle avec les Allemands contre lesquels il s'est si vaillamment battu de 1914 à 1918.
Devenu trop vieux pour le combat, il sert, en convoyant vers les points qui lui sont indiqués, les avions militaires les plus divers. C'est à l'occasion de ce travail de routine, pratiquement sans risque, que le destin a donné rendez-vous à ce ««géant, de l'air. Convoyant un Potez 63 qu'il devait amener à Toulouse, trompé par des renseignement météo erronés, bloqué par une brume allant jusqu'au sol, fonçant comme il avait toujours foncé, il réalise avec quelques minutes de retard le piège où il s'est engagé. Volant trop bas, il heurte le sol du bout d'une aile au moment de manœuvrer pour se dégager. Le choc est terrible. Ejecté de l'habitacle par la violence de l'impact, projeté à une dizaine de mètres,il heurte le sol avec violence et restera plusieurs jours dans le coma.
Durant le même laps de temps, son mécanicien, Bruniquel, un ancien lui aussi de la Ligne, prisonnier de l'avion désarticulé, brûle dans l'inconscience. Tous deux pourtant, seront sauvés par la promptitude des secours.
Bruniquel survivra malgré ses terribles brûlures.
Henri Rozès mourra des suites de cet accident le 2 Septembre 1944.

Les ailes se refermeront sur celui qui les avaient déployées dans tous les cieux. Un grand et beau destin d'aviateur. Un destin à la "MERMOZ".
 
Livre sur Henri ROZES: “Henri ROZES. Le laboureur du ciel” par Henri SOULA 
Excellent blog avec textes et images intéressants    












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Claude GONIN  Ingénieur Pilote

Il est pilote d'essai chez Latécoère où il a un grave accident. Rétabli il continue les essais. En 1933, à la création d'Air France, il est nommé Directeur de l'Exploitation de la Ligne Toulouse-Casablanca-Dakar, adjoint d'Edouard Serres, remplaçant Daurat. Puis, il est nommé Directeur Génréral de la Société d'Etat chargée d'exploiter les capacités du S.E.2010, ARMAGNAC", quadrimoteur de gros transport à longue distance, avion qui sera arrêté en 1958. Il accomplit plusieurs voyages sur toutes les routes aériennes du globe terrestre. Il meurt d'une longue maladie.

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Ingénieurs des Arts et Manufactures
Ingénieur, pilote célèbre par ses raids aériens à longue distance accomplis en compagnie de Pelletier d'Oisy en direction du Japon. Pilote d'essai aux Usines Latécoère à Montaudran, est très grièvement blessé au cours d'un essai d'avion nouveau. A peine rétabli, reprend ses fonctions en continuant à prendre tous les risques.
En 1933, à la création d'Air-France, devient Directeur de l'Exploitation de la Ligne Toulouse-Casablanca-Dakar, adjoint d'Edouard Serre, remplaçant Didier Daurat.
En 1950 est nommé Directeur Général de la Société d'Etat chargée d'exploiter les capacités d'un remarquable avion de fabrication française, le S.E.2010 «ARMAGNAC» quadrimoteur de gros transport à longue distance. A la demande du Ministre des Armées de l'époque, M. Pleven, le quadrimoteur «ARMAGNAC » est affecté au service du Corps Expéditionnaire Français en Indochine. En moins d'un an, de la fin de 1953 à la mi-1954, les S.E.2010 ««Armagnac accompliront avec une remarquable régularité 163 voyages Toulouse-Saïgon et retour, transportant 25.000 passager ainsi que des centaines de tonnes de poste et de fret. Mais, sous la direction efficace de Claude Gonin, la brillante carrière de l'excellent quadrimoteur français ne s'arrête pas avec la fin de la guerre d'Indochine. A la demande conjuguée des Ministres des Affaires Extérieures et des Armées, il accomplit plusieurs voyages sur toutes les grandes routes aériennes du Globe.
A citer, plus particulièrement, en Octobre 1954, Toulouse-Caracas-Bogota-Paramaribo Dakar-Orly-Toulouse et en Novembre 1955 Toulouse-Orly-Moscou-Orly-Toulouse. Il est permis de regretter que l'exploitation de « L'ARMAGNAC » ait pris fin en 1958 après avoir effectué plus de 30.000 heures de vol sans le moindre incident... Les Compagnies Françaises étant à l'époque largement pourvues de matériel américain. Tel fut Claude Gonin, Ingénieur Pilote, Chef respecté et estimé de tous ses collaborateurs qu'une grave maladie devait emporter à quelques années d'une retraite largement méritée.














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Pierre DELEY  né en1893, l'homme sympathique  

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Association "Les Amis de Pierre DELEY"
4 Chemin de Tabarka, 34340 MARSEILLAN
Tél. 04 67 77 60 00

Pour l'histoire restez vigilant.

Après l'artillerie, il passe dans l'Aviation et est breveté pilote de chasse, six victoires homologuées. Il participe à la guerre du Rif. Il est engagé en 1923, aux Lignes Aériennes Latécoères. Chef d'Aéroplace-Pilote à Port-Etienne il ne chôme pas, il effectue de nombreuses recherches, de nombreux dépannages dans le désert.
Il est affecté le premier, après Paul Vachet, en Amérique du Sud et en sa compagnie il reconnaît la ligne Rio-Natal et Rio-Buenos-Aires. Chef de place à Santagio,et sur Potez 25, il traverse plusieurs fois les Andes, et participe activement aux recherches d'Henri Guillaumet. Pour Air France il crée de nombreuses et efficaces amitiés dans les milieux de l'Aviation Civile et Militaire chilienne qui le considère comme un des leurs. A Rio et à Buenos-Aires il a aussi su créer une atmosphère de sympathie dont Air France a profité. 
 




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- Né le 1 er Novembre 1893 à Marseillan (Hérault).
- Engagé volontaire dans l'artillerie, débute dans cette arme à la guerre de 1914/1918. Passe dans l'aviation en 1916 et est breveté pilote de chasse. Fait dans cette nouvelle arme une guerre magnifique et descend officiellement six avions allemands en moins d'un an.
- Toujours comme pilote, participe plus tard à la guerre du Rif, et se distingue à nouveau en effectuant de nombreuses missions particulièrement périlleuses.
- Engagé en qualité de pilote aux Lignes Aériennes Latécoère en Mai 1923, est affecté sur le tronçon TOULOUSE - CASABLANCA et CASABLANCA - ORAN qu'il parcourt régulièrement aux temps héroïques du début de la Ligne.
- Au moment de la création du secteur CASABLANCA - DAKAR, est affecté comme Chef d'Aéroplace-Pilote à l'escale de PORT-ETIENNE, en pleine Mauritanie, à proximité du Rio del Oro Espagnol, alors complètement dominé par la dissidence. A ce poste, il a l'occasion d'effectuer de nombreux dépannages et recherches d'avions ayant été contraints d'atterrir le long de la côte, dans le désert, en zone dissidente, chacune de ces missions représentant un exploit.
- Il a même l'occasion d'effectuer, en compagnie du pilote COLLET, le sauvetage de l'équipage du cargo FALCON II qui s'était échoué sur la côte de Mauritanie, à proximité du Cap Barbas, en sauvant d'une mort certaine le Capitaine et cinq hommes.
- Affecté le premier en Amérique du Sud, après Paul Vachet, il effectue en compagnie de ce dernier, la reconnaissance du nord du tronçon RIO - NATAL et BUENOS-AIRES.
- Il est un des pilotes ayant effectué le transport du courrier de la première liaison FRANCE - AMERIQUE DU SUD, ayant assuré le transport de ce courrier de NATAL à BUENOS-AIRES en 1928.
- Est affecté ensuite comme Chef d'Aéroplace-Pilote à SANTIAGO.
- A ce dernier poste, il a l'occasion d'effectuer de nombreuses traversées des Andes sur POTEZ 25, participant notamment activement aux recherches d'Henri GUILLAUMET, perdu dans la Cordillère en Juin 1930.
- A su créer pour la Cie AIR-FRANCE, de nombreuses et efficaces amitiés dans les milieux de l'Aviation Civile et Militaire chilienne qui le considèrent comme un des leurs.
- A la reprise de la ligne en 1946, Pierre DELEY est nommé Représentant de la Compagnie pour l'Argentine et le Chili, avec siège à BUENOS-AIRES.
- Il a occupé ces fonctions en ayant su créer une atmosphère de sympathie à qui AIR FRANCE doit une grande partie de son succès à BUENOS-AIRES et à SANTIAGO.
      

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L'attaque des Maures.

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Nous sommes en juillet 1925, au second mois de l'exploitation. Les avions en service sont de vieux Bréguet XIV du type employé à la fin de la guerre, dont le rayon d'action a pu être porté à un millier de kilomètres et que l'on a sommairement aménagé pour le transport de la poste.
Un deuxième voyage qui commence mal.
Ce jour-là, deux Bréguet ont quitté l'escale d'Agadir, l'un piloté par Ville, l'autre par Rozés. C'est leur deuxième voyage. Sera-t-on aussi heureux qu'au premier dont la régularité a stupéfait les incrédules ? Bientôt, deux heures de vol ; l'on vient de dépasser le lit desséché de l'Oued Draa, à la limite de la zone espagnole du Rio de Oro, quand brusquement, le moteur de l'avion de Rozés s'arrête. Une panne irrémédiable -rupture d'arbre à cames - l'a frappé. Rozés réussit un atterrissage de fortune sur une petite plage au bord du rivage ; aussitôt il saute se son avion et, suivant le code convenu, s'étend sur le sol, bras en croix, pour indiquer le sens de l'atterrissage à son camarade qui vole en cercles autour de l'avion blessé.
Mais soudain il se relève d'un bond. Tels une nuée de diables de diables noirs, des Maures apparaissent tout près du sommet d'une dune. Avec son optimisme de Méridional, Rozés a vite jugé la situation : ces bons bougres n'ont jamais vu d'aviateur. Ils vont sans aucun doute le prendre  pour un surhomme, envoyé par Allah pour pacifier le Sahara. ! Et il s'avance bravement vers eux, sans méfiance, s'efforçant de se faire comprendre en parlant  "petit nègre " à la bonne franquette; avec une pointe d'assent toulousain. Peine perdue ! Les maures, tout d'abord méfiants devant l'homme du ciel, s'étonnent de l'accueil bon enfant, haussent le ton, s'indignant de n'être pas compris... Rozés a perdu la face, les gestes deviennent menaçants, les fusils sont prêts à parler.
Pendant cette brève palabre, Ville s'est posé à son tour. Laissant le moteur tourner au ralenti - car il a compris la gravité de la situation - il entraîne son camarade près de son avion, protégeant leur retraite à coups de revolver. Deux Maures tombent, deux autres sont blesses. La fusillade crépite. Un décollage acrobatique sous une grêle de balles qui transperceront les plans. L'équipage est sauvé.

La ligne compromise.
Cet incident dramatique faillit compromettre l'existence de la ligne. Car le gouverneur de la place de Cap Juby, les colonel Benz, avait sous sa propre responsabilité d'autoriser le passage des avions français au-dessus de Rio de Oro. Quand Ville et Rozés lui eurent conté leur aventure, il s'en montra très impressionné, connaissant le sentiment implacable des Maures, quand une dette de sang est en jeu. Aussi sa décision fut-elle vite prise : interdire le survol de son territoire et renvoyer sans délais les pilotes français qui y stationnaient moitié vers le Nord, moitié vers le Sud.
C'en était fait de l'avenir immédiat de la ligne - il ne pouvait être question de la dérouter par le Sahara encore trop hostile. - sans l'intervention énergique du maréchal Lyautey et de l'action décisive d'un de ses officiers, le capitaine Roussel, comandant le bastion avancé de Tiznit. Jouissant d'un prestige considérable sur les chefs des tribus voisines, passionné par l'oeuvre de l'Aéropostale, le capitaine Rousselle provoqua chez le caïd Jerrari, grand seigneur vivant en zone dissidente dans un faste digne d'un conte Mille-et-une-nuit, une réunion d'où sorti un modus vivendi signé et paraphé par-devant le notaire indigène aux termes duquel les chefs maures s'engageaient à intervenir auprès de leurs sujets pour assurer la sauvegarde du courrier. On notera comme typique de l'état d'esprit local cette stupéfiante apostrophe du Caïd Jerrari au représentant de l'Aéropostale : " Pourquoi tu es venu ? Tu as eu bien tort ! Il ne fallait pas avoir de regrets sur ce qui s'est passé.. le ciel avait donné tort à mes hommes ".
Comme quoi la plus subtile des diplomaties sera toujours exposée à l'échec en vertu de la loi du plus fort.
C'est à la suite de cet accord, qui, tirant sa force exécutoire de l'autorité des chefs maures sur leurs sujets, fut trop souvent lettre morte, que l'on décida d'embarquer à bord des avions du courrier in interprète indigène chargé, en cas d'atterrissage forcé, d'entamer avec ses congénères des pourparlers qui peuvent se résumer en un seul mot :  
" Combien ? ". Car la première expérience avait suffi à persuader les Maures que les avions roumis transportaient des fortunes : quelques plis décachetés par eux et d'où s'étaient échapper des banknotes, il n'en fallait pas plus pour transformer les sacs postaux en sacs d'écus.
Aussi bien, à chacun des atterrissages forcés qui survinrent par la suite, le courrier dut-il subir la  " censure indigène ". Consciencieux à leur manière, les Maures rendaient d'ailleurs régulièrement correspondance et enveloppes, mais dans le plus parfait désordre. Il ne restait plus, à l'infortuné équipage, en attendant l'heure se son rachat, qu à faire coïncider contenant et contenu, ce qui, on le conçoit, n'était pas une mince besogne.
Henry Beaubois, dans l'AERO. Août 1936.     Retour Henri Rozés

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