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Dans l'indifférence totale, de Toulouse à Toulouse en 82 ans, quelle triste nuit! Je rédige cette page et décide de faire un site sur la Postale de Nuit. Comment la France peut effacer aussi facilement l'aventure du courrier postal qui débuta en 1918? 

 Nous sommes des virtuoses du minable  le 14/01/2000   A 23h 54,cette nuit-là  Jean-Loup CHRETIEN écrivait. 

Dans la nuit du 14 au 15 janvier 2000, tous les avions de la Postale de Nuit se sont retrouvés à Toulouse. C'est la fin d'une épopée dont Didier DAURAT et Raymond Vanier ont été les principaux animateurs...           english version 

Le 26 octobre 1945, la première liaison postale de nuit d'après-guerre, Paris-Bordeaux-Toulouse-Pau, marquant la continuité de la grande aventure des pionniers du transport du courrier, était le début d'une autre aventure dont les hommes, modestes mais discrètement fiers de leurs aînés, ont su préserver une résonance humaine.

Passer ayant été leur règle, le législateur leur donna "le droit d'aller voir" en 1947. Ils se sont posés par tous les temps, brouillard, neige, vent, orage…et même par ciel clair. Ce droit disparaît avec la Postale (14 janvier 2000) . Les avions de cette période : Junkers 52, DC3, DC4, F27, Transall.

Le 15 mai 1918, l'industriel Latécoère installé à Toulouse-Montaudran, expose son projet de liaisons postales aériennes grande distance et avec des horaires rigoureux, 12.400 kilomètres en sept jours et demi. Le 25 décembre 1918, Latécoère monte dans un Salmson piloté par le capitaine Henri Lemaître pour faire Toulouse-Barcelone. Il écrit : "on écrit tous les jours, l'avion postal n'a de sens que s'il décolle tous les jours". Ainsi démarre la Ligne postale.

1919. Toulouse-Rabat. Daurat rejoint Latécoère.

1925. Toulouse-Casablanca-Dakar.

Pendant ce temps, en Amérique du Sud, Vicente Almendoz de Almonacid, de la Légion Etrangère ayant terminé la guerre sur Farman, démobilisé, retourne à Buenos-Ayres en 1919, avec dans ses bagages deux avions dont un Spad que l'Armée de l'Air lui avait offert. Il survole toutes les régions et se spécialise dans le vol de nuit. Il sera le lien entre toutes les aventures aériennes en Amérique du Sud.

1927. Création de l'Aéropostale, Latécoère cède 93% des actions de sa société à Marcel Bouilloux-Lafont, maire d'Etampes de 1912 à 1929 (Etampes, un des berceaux de l'aviation), qui lance ses talents d'organisateur à l'extension de la ligne aérienne sur toute l'Amérique du Sud.  

1931. Déroute de l'Aéropostale. Le gouvernement français retire ses substantielles subventions postales. Sans subvention aucune ligne ne pouvait survivre. "Les pionniers comme les prophètes ne sont pas honorés dans leur pays" écrit R.E.G. DAVIS* en 1981. Il veut savoir pourquoi et il conclut:  "L'Aéropostale était une ligne modèle. Elle était menée selon de sévères niveaux de sécurité, tenait presque des horaires parfaits, elle avait investi  considérablement en terrains d'aviation, installations au sol et  communications radio, elle modernisait ses avions et ses bateaux avec toute la rapidité  possible…Les Navigants de l'Aéropostale, les gens du sol et de  l'administration maintinrent  une tradition lancée par Latécoère en 1918. L'esprit de corps pratiqué dans l'Aéropostale était  inégalé par les autres lignes de son époque, et est encore présent chez les rares survivants de ces  jours. Un tel idéal doit avoir reflété le dévouement et les qualités de leader de Bouilloux-Lafont  lui-même. Les hommes ne marchent pas pour un mauvais leader et certainement pas avec  l'enthousiasme qui fut toujours déployé par l'équipe de l'Aéropostale".

1935. Naissance d'Air Bleu. Daurat veut une aviation postale intérieure. La ligne France-Amérique du Sud se faisait de Toulouse à Paris neuf mois dans l'année en train à cause du mauvais temps. Daurat soumit le projet à Air France qui le repoussa. Avec le Ministre des P.T.T., Georges Mandel et Massimi la compagnie Air Bleu est créée pour "appliquer à un réseau intérieur de transport postal ce qui avait été réalisé sur le réseau international". Les avions partent et arrivent à Paris de jour. Le P.S.V. est étudié et sera normalisé, le vol de nuit est retenu. Le 10 mai 1939, Vanier, pilote, Pauzié, radio, inaugurent officiellement le vol de nuit sur Paris-Bordeaux-Pau, Libert faisant le vol Pau-Bordeaux-Paris.

26 octobre 1945. La Postale de Nuit repart. Vol inaugural Paris-Bordeaux-Toulouse-Pau. Paul Graugnard écrit : "la Julie (c'est le Junkers 52) vous connaissez…les phares aéronautiques placés par Air Bleu se succèdent… à bord c'est la détente… Clément explique, sort le café des thermos, facile le vol de nuit. Les choses se compliquent, le radio, Roger Favier, vient de passer à Clément un message annonçant brouillard en formation à Bordeaux. Les pilotes se préparent, une plaquette de contre-plaqué fixée par un élastique sur le genou droit, des notes, des plans dessinés à la main y sont tenus par une pince. Les lampes de poche sont à portée de la main. Visi 50 mètres… Visi 30 mètres, le mécanicien lit l'altimètre, Visi 10 mètres les QDM défilent, l'antenne radio est rentrée. Une vague loupiote, le train qui touche le sol, une piste en ciment, les freins qui poussent leurs gros soupirs, l'avion est immobilisé, on attend la camionnette qui nous ramènera au hangar, vol sans histoire commente Clément…Il est difficile d'imaginer aujourd'hui la volonté qui devait animer l'ensemble du personnel, navigants et mécaniciens au sol, pour surmonter les obstacles humains ou matériels…une chose est sûre, la Postale peut être fière d'avoir rempli sa mission…"

1947. Convention entre Air France et les P.T.T. créant le Centre d'Exploitation Postal Métropolitain, la Postale de Nuit, dont la direction est confiée à Daurat secondé par Vanier.

1948. Arrivée des DC3.

1962. Arrivée des DC4

1967. Arrivée des F27

1973. Arrivée des Transall

1983. Réduction lente de l'activité de la Postale. Le réseau commence à s'étoffer. Le fait d'assurer une régularité presque parfaite n'intéresse plus l'administration de la Poste.

Nuit du 14 au 15 janvier 2000. Commencée à Toulouse l'histoire de la Postale se termine à Toulouse.

MERMOZ écrivait en 1931 : "Les Français savent créer, mais ne savent rien garder"

* R.E.G. DAVIS est professeur d'histoire Aéronautique au Smithsonian Institute, Washington DC, USA.

Henri Eisenbeis, 14/01/2000 23:35    

Passer quelques années à La Postale a été la consécration d'un autre rêve.  Voler a toujours été ma passion, et pour un enfant élevé dans le rêve de pouvoir un jour vivre ce que St Ex racontait à nous faire oublier de dormir.  La Postale a été un des plus beaux temps de mon existence de pilote. Quand j'étais un enfant dévorant toutes les pages de la Grande Aviation, St Ex, Daurat, Mermoz n'étaient déjà plus, mais pas depuis bien longtemps.  Et c'est sans doute un privilège de notre génération de les avoir sentis si près de nous. Ils continuent à faire rêver les jeunes générations.  Puissent ces jeunes générations avoir les ressources nécessaires pour mieux réussir dans l'avenir a préserver des entités aussi prestigieuses que notre Chère Postale, qui n'aurait jamais dû partir tant il est indécent de forcer quelqu'un à mourir. Jean-Loup CHRETIEN, Nasa, Houston    Reçu par e-mail le 14/01/2000 à 23:54, la nuit des derniers vols de la Postale de Nuit.

	Nous sommes des virtuoses du minable  Le Choucas a été racheté par Jean-Michel Daubagna, commandant sur longs courriers à Air France... Jean-Michel est là pour une semaine, en pèlerinage. Je tourne autour du Choucas, admiratif et je découvre un autocollant incongru au sommet de la dérive, de toute évidence placé là par le nouveau propriétaire du Piper: le hibou sur L'ILS, le symbole de la Postale de Nuit. La Postale de Nuit est morte elle aussi, partie en même temps que Giraud et Frison-Roche. Le dernier mythe de l'aviation française, le dernier maillon reliant la légende et le contemporain a cessé son activité, dans une indifférence honteuse, sans un mot dans les gazettes, sans un hommage à la télé. Nous assassinons nos pères avec une étrange facilité, nous les habitants de la France de l'an 2000. Nous oublions notre âme avec une étrange légèreté. Nous sommes des virtuoses du minable. De retour dans le bureau du club, alors que Nano raccroche et farfouillle dans ses tiroirs, j'imagine que là-haut, au paradis, ils ont des problèmes de transport de courrier. Pensez donc: c'est un immense territoire, le paradis. Plus de problèmes, me dis-je : la Postale est montée au paradis avec ses DC 3, DC 4 et Fokker. Elle y a retrouvé Didier Daurat et la plupart de ceux qui l'ont inventée, trente ans avant Fédéral Express. Ce qui fut le joyau sur la couronne de l'aviation civile non seulement française mais mondiale, ce qui fut la plus fabuleuse école de pilotage tous temps jamais inventée, ce qui fut la quintessence planétaire de toute l'aéronautique est finalement montée au ciel. Les impératifs des gestionnaires n'ont que faire de l'âme humaine. C'est d'ailleurs pour cela que les jours des gestionnaires sont comptés. Car ils n'auront pas de descendance, ne sachant que gérer et pas inventer: pour fonder des Postale de Nuit, il faut de l'âme, des Daurat, des Giraud, des Frison-Roche. Pour qu'il fasse chaud dans le club-house de sapin doré de l'aéro-club de Méribel il faut des Nano, des Robert Merloz, et l'apport des dizaines d'âmes amicales, fidèles et compétentes qui inventent ensemble une niche à humains où, tout bêtement, on se sent bien. De nos jours, se sentir bien fait partie des luxes authentiques. Et sur la dérive du Choucas de Giraud vole l'emblème de la Postale de Daurat... Bernard Chabbert source
	L'Aéropostale «une partie de l'héritage de la France déposée sur l'autel du sacrifice» Je suis sûr qu'un jour justice sera faite et que l'on comprendra que Marcel Bouilloux-Lafont a réalisé l'Aéropostale pour que la France puisse être et demeurer en Amérique du Sud  Mermoz  "Mes vols", page 74 (édition originale) C'est minable.

Beaucoup de liens coupés ci-dessous  Essayer http://archive.org/web/web.php
Voir aussi: la page de Nikolas Loukakos  ou son coup de coeur  et Brève , trop brève histoire.....     par Jean-Louis Chatelain, Commandant de bord Concorde      

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