Ami(e) Internaute,
Ce soixante-quinzième diaporama et le
premier de deux diaporamas
concernant les essais atomiques. Il
traite du Centre saharien
d’expérimentations militaires (CSEM) à
Reggan.
Faites le circuler sans restriction !
Merci aux propriétaires des photos
dont les noms apparaissent entre
parenthèses.
Pour l’histoire de l’aviation en
Algérie que je prépare, je recherche
des photos,
des documents, des récits et des
témoignages, merci d’en parler autour
de
vous.
Bien cordialement.
Pierre Jarrige.
jarrige31@orange.fr
http://www.aviation-algerie.com
CSEM – Reggan
Centre Saharien d’expérimentations
militaires
Le 18 octobre 1945, le général De
Gaulle crée le Commissariat à
l'énergie atomique
(CEA) pour mettre en oeuvre l'énergie
atomique dans les domaines de la
science, de
l'industrie et de la défense
nationale. La décision d'accéder au
nucléaire militaire est
prise le 5 décembre 1956 avec la
création de CAMEA (Comité des
applications militaires
de l'énergie atomique) présidé par le
général Ely, chef d'état-major de la
Défense
nationale. Le Groupe mixte des
expérimentations nucléaires, dirigé
par le général
Ailleret, choisit, le 10 mai 1957, une
zone de 108 000 km2 au sud-ouest de
Reggan,
classée terrain militaire. Le général
Ailleret explique les raisons de son
choix : " La
chose la plus remarquable était
l'absence totale, je dis bien totale,
de vie animale ou
végétale... La sècheresse presque
absolue avait fait son oeuvre tout
était mort... Il
apparaissait clairement que ce serait
l'endroit idéal pour y faire des
explosions nucléaires
sans danger pour les voisins,
puisqu'il n'y en avait pas...
L'absence totale de vie étant
bien entendu l'élément essentiel en
faveur du choix de ce site ". Ces
propos traduisent la
méconnaissance totale du Sahara du
général Ailleret qui ne connaîtra pas
mieux
l’Algérie quand il commandera en chef
pour la liquidation.
Dès son retour aux affaires, le
général De Gaulle assure une priorité
absolue à
l’entreprise en disant que la bombe
atomique serait " Un moyen politique
de s’asseoir à
la table des Grands " et crée la
Division des applications militaires
(DAM) le 12
septembre 1958. Le Centre saharien
d'expérimentations militaires (CSEM
330) a en
charge l'opération Gerboise qui permet
à la France de se doter de la bombe
atomique.
Le 13 février 1960, le général De
Gaulle est satisfait, 42 minutes après
l'explosion il
adresse à Reggan le message suivant :
" Hourrah pour la France, depuis ce
matin elle
est plus forte et plus fière, merci à
vous et à ceux qui ont pour elle
remporté ce
magnifique succès ".
L'Algérie est ainsi réduite au
magnifique Sahara transformé en champ
de tir contaminé,
alors que la population et l'armée
d'une France " plus forte et plus
fière " commencent à
entrevoir le tragique destin qui les
attend dans la honte et l’infamie.
Le site du CSEM à Reggan – Les essais
atomiques
seront déplacés ensuite au Centre
d'expérimentations
militaires des Oasis (CEMO) à In-Eker,
dans le Hoggar
Fin 1957, commencent les travaux
d'aménagement d'une base
de vie sur le plateau du Tidikelt,
absolument plat, au sol
compact, et où il ne pleut jamais. Le
premier convoi du 11ème
Régiment de génie saharien, parti
d'Oran, arrive sur le site le 20
janvier 1958. Les travaux commencent
dans l'effervescence pour
construire la base et pour préparer
les tirs. Les entreprises
Bourdin et Chaussées et Colas
participent aux travaux.
A Reggan-Ville, sur l'oasis de Reggan,
se trouve le commandant
du centre et de nombreuses familles de
civils. A Reggan-
Plateau, à l'est de l'oasis de Reggan,
la base rassemble plus de
1 500 personnes, militaires des trois
armes et civils du CEA, de
la DAM, des entreprises de
construction et de la main-d'oeuvre
locale qui compte 300 PLBT
(Populations locales du Bas-
Tadémaït). On y trouve les logements,
les services
administratifs, les dépôt de munitions
et de carburants, la station
de pompage de l'eau, un hôpital et
plusieurs terrains d'aviation
provisoires avant que soit terminé, en
mai 1958, l'aérodrome
avec une piste de 2 400 m.
A 45 km au sud-ouest de
Reggan-Plateau, à la base avancée de
Hamoudia, se trouvent, contigus, deux
postes de
commandement : Le PC militaire qui
donne l'ordre de tir et le PC
du CEA destiné à recueillir toutes les
informations résultant de
l'expérience.
A 16 km au sud d'Hamoudia, se trouve
le champ de tir, le Point
Zéro, avec le pylône de 106 m qui
supporte l'engin expérimental.
A 900 m, un très grand blockhauss en
béton (blockhauss Alpha)
renferme des caméras et des
instruments de mesure. Tout
autour, des point d'observation
numérotés M01 à M09 sont
enterrés avec des instruments à
l'intérieur de caissons
ét lli
(Petrosino)
Carte de navigation Air France en mai
1960 – Les zones Bleue 42B et Verte
42C sont interdites temporaires lors
des essais
(Gilbert Heim)
Le 20 janvier 1958, en provenance
d’Oran, l’arrivée du premier
convoi sur le site de Reggan, la
première section de protection
et la première base de vie
(Ghislain Cassiani)
(Ghislain Cassiani)
L’aérodrome provisoire et,
au premier plan, la route
d’accès au plateau
(Gérard Lacour) (Gérard Lacour)
Les premiers travaux d’aménagement en
1958
Entrée de la base (Morurea.org)
1958 – Recherche de l’eau Construction
d’un laboratoire souterrain
(Morurea.org)
(Jean Bellec)
Sur le plateau, la base de vie du
CIEES en 1961 – Au premier plan à
gauche, les bâtiments du Train et les
véhicules. Au fond, au bord
du plateau, de gauche à droite, la
villa du colonel, les logements des
cadres et des officiers, les logements
des sous-officiers. Devant
ces derniers, l’hôpital en forme de H
et les logements de la troupe. A
droite, la piscine couverte et le
foyer de la troupe.
(Morurea.org)
(Christian Vroland)
(Christian Gérault)
Prise d'armes de la Légion Etrangère
sur l'aérodrome
(Alain Brochard)
Les installations sur le plateau et la
piscine
(Christian Gérault) (Lucien Doiret)
Certains restent sur place, comme le
Breguet 761 F-RAPA et ce Ju 52
(ECPAD) (Christian Vroland)
La noria des transporteurs, dont un
Breguet 765 de l’ET 2/64 Maine et un
Nord 2502C avec des réacteurs Marboré
en bouts d’ailes
(Jean Delacroix)
(Pierre Nardey)
Vautour VIIN PP avec tuyère de
prélèvement sous l’aile gauche
Mistral téléguidé, avec sa tuyère sous
l’aile droite
Le 25 mai 1959, les Vautour VIIN 302,
305, 307, 308 et
309 de l'ECN 3/30 sont convoyés de
Tours à Melun-
Villaroche pour leur transformation,
par la SNCASO, en
Vautour VIIN PP pour " prélèvement
poussières ". Ils sont
dépourvus de radar et, afin de rendre
l'avion étanche lors
de la traversée du nuage atomique, la
pressurisation, qui
d'origine prélève de l'air sur le
deuxième étage du
compresseur, est remplacée par des
bouteilles d'air
comprimé installées en soute et qui
mettent l'avion en
surpression.
Les soutes étant occupées par les
bouteilles d'air,
l'autonomie est limitée à moins de
deux heures.
Le Vautour PP est équipé d'un bidon
gauche tronqué à
l'avant duquel est installée une
tuyère de prélèvement
dotée d'un filtre. Un volet, commandé
par le navigateur,
permet d'effectuer les prélèvements
lors du passage
dans le nuage. Pour ne pas être
aveuglés par le flash
dangereux pour les rétines, les
équipages sont dotés de
lunettes fortement teintées et les
avions sont équipés de
rideaux.
Les Vautour PP seront par la suite
utilisés pour des
prélèvements de poussières résiduelles
des explosions
russes, américaines, anglaises et
chinoises.
Un seul Mistral a été équipé de
télécommande et d’une
tuyère de prélèvement.
Les Vautour
(Guy Louv ion)
(Christian Gerault)
Fin 1959 est créé, au sein du CEAM de
Mont-de-Marsan, le Groupe
d'expérimentation air de Reggan (GEAR)
qui réunit les éléments issus des
(Pierre Nardey)
sections transport, hélicoptères et
chasse tout temps. Il rassemble le
Mistral
télécommandé, un Neptune de
l’Aéronautique Navale, des Vautour et
des
MD 311 et 315.
(Gérard Bournaud)
(Christian Vroland)
Alizée et Etendard de l’Aéronautique
Navale
A Hamoudia, le campement des
mécaniciens de l’armée de l’Air et le
démontage des pièces des Ouragan
cibles
(André Langlois) (André langlois)
A gauche : Le blockhauss des
collimateurs. Quelques blindés, des
véhicules et des mannequins
accompagnent les
avions cibles.
(François Bedei)
(Morurea.org)
(Sciences et Vie)
Le point zéro (26.19N,
00.04E) est à 47 km de
l'aérodrome. L'explosion
de Gerboise Bleue a lieu
le 13 février 1960 à
7 h 4 mn 20 s.
Pendant l'explosion, le
personnel au sol doit
s'allonger, la tête dans le
coude et les yeux
fermés. Le séisme est
perçu 7 à 8 secondes
plus tard et le souffle à
H+2.
Trois autres tirs auront
lieu : Le 1er avril 1960,
Gerboise Blanche,
explosion au sol de
4 kilotonnes.
Le 27 décembre 1960 :
Gerboise Rouge,
explosion aérienne de
faible puissance.
Le 25 avril 1961 :
Gerboise Verte,
explosion aérienne de
moins d'une kilotonne qui
est déclenchée
prématurément lors de la
Ré lt d Gé é
Les tours de Gerboise Bleue et
Gerboise Verte
(Morurea.org)
Le ballet aérien réglé par le PC
Antinéa
par Jean Pangon, auteur de
Tribulations d’un navigateur radariste
A H-30, un Neptune de la 22F est mis
en attente assez
éloignée, il doit suivre le nuage
radioactif par radar. Ensuite, le
Vautour B n° 04 décolle, équipé de
caméras, suivi d'un MD 315
Flamant équipé en photo et
radiamétrie. Les derniers à décoller
avant l'explosion sont deux Mistral,
l'un piloté par le sergent
Gourlaouëne et l'autre télépiloté par
deux agents du CEV à
partir d'une cabine au sol. Le sergent
Gourlaouëne doit prendre
le relais du pilotage du Mistral
télépiloté à H-5 afin de le faire
passer au milieu du nuage, tout en
virant sèchement pour éviter
le nuage, le sol reprenant l'avion
télépiloté à la sortie. C'est une
mission complexe mais essentielle, car
le Mistral télépiloté
ramènera de précieux prélèvements
gazeux.
Après le tir, quatre Vautour PP
décollent à H+30, H+40, H+50
et H+60 pour assurer les prélèvements
de poussières en deux
passages en VSV de quelques seconde
dans le nuage.
Ensuite, deux Vautour VIIB de la 92ème
EC décollent pour
suivre le nuage qui monte à 35 000
pieds en dérivant vers l'est
et en se fragmentant en paquets
jaunâtres, ainsi que trois MD
315 et deux Alouette pour la
radiamétrie et d'autres MD 311
pour assurer les relais radio.
Enfin, en dernière position, un
Vautour VIIB poursuit le nuage
jusqu'à la frontière libyenne (les
observateurs américains
placés en Libye pourront, tout à
loisir, étudier le nuage).
Le PC Antinéa a orchestré le tout sans
fausse note, excepté
pour le sergent Gourlaouëne qui, pris
par le souffle, part en
vrille est ne se rétablit qu’à très
basse hauteur.
Après la bombe
(Lucien Doiret)
Au retour du vol, les avions
contaminés ayant traversé le nuage
(Vautour PP) sont évacués par leurs
équipages qui doivent prendre
une goulée d'oxygène, conserver le
masque en bouchant l'embout
avec du coton, éviter de toucher
l'extérieur de l'avion et s'en
éloigner
le plus rapidement possible.
Les mécaniciens s'approchent de
l'avion avec des combinaisons et
des masques à gaz, ils doivent le
décontaminer en l'arrosant
abondamment après avoir retiré la
tuyère avec une perche et derrière
un bouclier en plomb. Les équipages
doivent également subir des
douches abondantes et décapantes.
(ECPAD)
(Claude Requi
Le résultat d’un tir et
l’enfouissement des avions contaminés
(Moruroa.org) (Lucien Doiret)
(Morurea.org)
Cages à animaux
(Morurea.org)
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