Il est difficile, voire impossible, de donner un avis fondé, sans connaître les causes réelles de l'échec de la négociation, dans laquelle sont intervenus plusieurs participants : Air Lib, la Politique, l'Administration, Airbus, le repreneur IMCA, les syndicats.
Tous déclarent avoir fait des efforts pour qu'une solution soit trouvée, mais sont-ils réels et sincères? N’y a-t-il pas des objectifs inavoués, voire des "arrangements" sous-jacents ? Alors, que manquait-il pour faire prendre la mayonnaise ?
Cette délicate situation peut s'analyser sur trois périodes : avant, maintenant et après
Avant. Cette désolante situation résulte du contexte dans lequel se développe le transport aérien, depuis plusieurs années. "Qui sème le vent récolte la tempête" résumerait bien mes nombreux écrits au sujet de l'instabilité chronique du système, dont l'origine se trouve dans des dysfonctionnements, effets pervers et dans son extrême sensibilité à de très nombreux facteurs exogènes, bien connus.
Maintenant. Maintenant que l'on connaît la réponse négative du Conseil d’Etat (devant lequel Air Lib a déposé un recours pour faire annuler la suppression de sa licence d'exploitation) le présent se situe au niveau de la Justice : dépôt de bilan ou redressement judiciaire.
Après. Le premier "rush" porterait sur les 27% des créneaux horaires
d’Orly, libérés par la disparition d'Air Lib. Ils
seraient alors délivrés, conformément au règlement
95/93, par le coordonnateur (selon des principes de transparence, de neutralité
et de non discrimination).
Des repreneurs frappent déjà à la porte ! Puis,
qui assurera l'exploitation des lignes précédemment desservies
par Air Lib ?
Ni les passagers, ni les citoyens d'en bas (puisque l'expression est à la mode) ne comprennent comment on a pu en arriver là !
Comment est-il possible d'admettre que 3.200 employés, tous hautement qualifiés et dévoués à leur entreprise, puissent, du jour au lendemain, se retrouver au chômage ?
Comment croire au reclassement de tout ce personnel dans d'autres compagnies aériennes privées ? Aucune n'acceptera d'alourdir ses coûts en personnel au motif de la solidarité nationale, l'impérieuse nécessité de faire des profits faisant loi.
Quant à Air France - qui a été le premier nom cité - comment l'État pourrait-il exiger qu'Air France - sans besoins exprimés et, de plus, en voie de privatisation - accepte également d'alourdir ses coûts, alors qu'une stratégie adaptée à l'évolution du marché et une saine gestion, engagée depuis quelques années, lui a permis de se placer dans le peloton de tête des compagnies aériennes?
Comment admettre qu'une compagnie située entre les compagnies de pointe et les "low-cost" puisse être déficitaire, disposant d'une flotte, de personnels compétents et d'une fidèle clientèle ?
En attendant les réponses
à ces questions, ce sont, une nouvelle fois, les passagers et les personnels
qui sont les plus pénalisés, s’agissant d’un vrai hold-up,
avec la prise d’otages de 3.200 salariés.
Puisse le bon sens, la bonne volonté, le respect des êtres
humains - force vive de l’entreprise –conduire à une solution évitant
la perte de tout ce "savoir faire" et rassurant les passagers, quant au
devenir d'Air Lib.
RETOUR CHRONIQUES JEAN BELOTTI
OU
Tables des matières