Jean Belotti     juin 2003                                 
  GRÈVES ET TRANSPORTS  

 

   -On peut comprendre   
   -
Mouvements expliqués, mais sont-ils justifiés ?  
   -
Quid du droit de grève ?    
   -Premières victimes : les usagers des transports  

                 
    MA LETTRE DE JUIN 2003 

On peut comprendre      TOP  

Las d’apprendre:

- les scandales à répétition qui ébranlent l’univers des affaires (mensonges, pots-de-vin, délits d’initiés,...) qui ont fait la Une des médias (Crédit-Lyonnais ; Enron ; Vivendi ; France Telecom ; Elf ; AirLib ; Aérolyon (a) ; etc...), et dont les montants se comptent par dizaines de milliards d’euros, 
- la gabegie des aides françaises à l’Afrique qui coûte à la France (généreuse et solidaire) 5 milliards d’euros par an, pour financer des programmes souvent inadaptés ou pharaoniques et enrichir des dictateurs, 
- la fermeture de plusieurs établissements dont, par exemple et sans prévenir, l’usine de Metaleurop, 
- le montant des salaires de certains patrons qui, en une trentaine d’années sont passés de 40 fois à 1.000 fois celui du salaire moyen d’un ouvrier, 
- les milliers de salariés qui - malgré l'espérance de vie en constante augmentation - atteignent le troisième âge sans pouvoir en profiter pleinement, du fait de séquelles d’incidents ou accidents survenus pendant leur carrières professionnelles, lourd tribut payé à la croissance (b), 
- etc..., etc...

il est compréhensible que les travailleurs d"en bas", écoeurés de ces dysfonctionnements et anomalies, soient contraints de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement et exiger que "ça change ", en recourant aussi à la grève, pour se faire entendre !

Mouvements expliqués, mais sont-ils justifiés ?        TOP  

Si cela "explique", cela ne "justifie pas" pour tout autant ! En effet, faut-il accepter que ce soient les manifestations populaires qui imposent leurs slogans ? 
La voie d’expression des aspirations de la population n’est-elle pas celle des élus de la Nation, à tous les niveaux décisionnels, de celui de la Commune à celui du Gouvernement, en passant par toutes les Institutions décentralisées ? 
Depuis des décennies, les faits montrent, d’une part que ces manifestations ne représentent pas la majorité du peuple (critère de référence de la démocratie) et d’autre part qu’elles débouchent, souvent, sur une radicalisation des mouvements, accompagnée des habituels saccages et actes de vandalisme, rendant, d’ailleurs, la manifestation impopulaire et risquant, en plus, de déboucher sur la chienlit. 
Bien évidemment, il n’est pas question, en quelques lignes, d’aborder le fond des revendications en cours (les retraites, la décentralisation dans l’enseignement, etc...). En revanche, force est de constater que des problèmes ont été clairement posés et pris à bras le corps par le gouvernement. 
Est-ce vraiment une régression sociale de proposer des solutions, après avoir démontré qu’un "droit acquis" ne pourra pas être maintenu en l’état et qui si de nouvelles dispositions ne sont pas prises, ce "droit acquis" disparaîtra totalement, à plus ou moins brève échéance ? 
Quant aux dispositions prises par le gouvernement, non seulement il n’y a pas unanimité des syndicats, mais des contre-manifestants se sont exprimés : "Non au blocage. Oui à la nécessaire réforme indispensable, car l'évolution démographique ne permettra bientôt plus d’assurer la pérennité du système actuel" ; "Une trop grande inégalité entre le public et le privé". "Attitude irresponsable des syndicats - aussi vindicatifs qu'ils sont peu représentatifs - qui prennent le pays en otage pour défendre des intérêts catégoriels. Ils nous parlent de défense du service public, or ils arrêtent les transports en commun, bloquent les rues avec leurs défilés et empêchent les étudiants de passer leurs examens. Pourtant, ils ne représentent que 5% des salariés" ; "Prise en otage par les fonctionnaires et les syndicats de l'économie nationale" ; "Abus des grèves à répétitions, payées par nos impôts" ; "Il faut faire sauter ce verrou syndical qui entend dicter sa loi au Gouvernement, élu par les Français et privilégier les intérêts de ses adhérents, protégés et déjà bien pourvus, sur l'intérêt général". 
Au sujet de la SNCF, un de mes lecteurs s’insurge et écrit : "Ils osent se mettre en grève et prendre les usagers (le mot client n'existe pas à la SNCF) en otage et on laisse faire..." et joint les informations suivantes (lues également dans un quotidien) :

* Subvention annuelle de l'État : 75 milliards de francs, soit un Crédit Lyonnais tous les deux ans, avec nos impôts. 
* Financement des retraites : 14 milliards de francs, toujours avec nos impôts. 
* Dette à financer : 232 milliards de francs. 
* Situation d'un conducteur de TGV : salaire de 14.000 francs net en début de carrière, à 32.000 francs net en fin de carrière. 
* Plus : prime de fin d'année ; prime de travail (restons calme !) ; prime de parcours ; prime de TGV ; prime de charbon (vous lisez bien !) ; gratification de vacances (restons calme !) ; gratification annuelle d'exploitation ; indemnités pour heures supplémentaires ; allocation de déplacements (non imposable) ; etc... 
* Horaire de travail : 25 heures par semaine (vive les 35 heures !). * Pour un conducteur TGV de 40 ans, le salaire net annuel (toutes primes et avantages confondus) s'élève à 490.000 francs (source: vie du rail 2002). 
* Retraite à 50 ans. 
* Soins gratuits (sur leur temps de travail) auprès d'un des 15.900 établissements de soins agrées où ils sont couverts à 100%. * Autres privilèges : Gratuité des transports pour les agents et leur famille ; Comité d’entreprise très généreux et, surtout, "Emploi à vie".

Un autre adhérent m’envoie un long article comparant les avantages des salariés privés à ceux des fonctionnaires (c). Ainsi, les travailleurs - au sens large du terme - passent leur temps à comparer les différentiels de leurs statuts, au lieu de collaborer en vue d’une modification du système en place, vers des dispositions plus équitables et dont la pérennisation serait assurée.

Quid du droit de grève ?      TOP  

Il est vrai que le droit de grève est inscrit dans notre Constitution. Il est vrai, également, qu’aucun gouvernement - de droite comme de gauche - n’a eu la volonté (pour ne pas dire le courage) de s’y frotter, ne serait-ce que pour y apporter des aménagements, dans l’intérêt, non seulement des travailleurs, mais également dans celui de la France. 
Tout dernièrement, un député (de droite) à proposé d’autoriser les grèves, mais uniquement dans la journée, afin que le matin et le soir, les moyens de transport habituels (bus, trains,...) puissent amener, puis ramener de leur lieu de travail des millions de salariés. Un député (de gauche) a répondu, à la télévision, qu’il n’était pas question de toucher au droit de grève. 
Et pourtant, comment admettre qu’un groupe restreint de salariés - quel que soit le métier et quelle que soit la nature de la revendication - puisse bloquer l’économie d’un pays tout entier, en immobilisant des millions d’autres salariés ! 
Journellement, les médias nous montrent que les grèves actuelles ont conduit à un "ras le bol" d’une grande partie de la population. En effet, dès lors qu’une grève sectorielle pour défendre des intérêts corporatifs met un coup d’arrêt à l’économie du pays, il y a de quoi s’indigner. D’où ce "ras le bol" cité qui est également celui de plusieurs de mes lecteurs.

Premières victimes : les usagers des transports     TOP  

Les perturbations sur les réseaux SNCF et RATP ont été extrêmement pénalisantes pour des millions de personnes ne pouvant se rendre à leur lieu de travail ou profiter d’un repos de fin de semaine. La télévision nous a montré des centaines de passagers s’engouffrant dans des TGV, en infraction totale avec les règles les plus élémentaires de sécurité ! 
L'Union des transports publics (UTP) a dressé un désastreux bilan sur les grèves frappant les réseaux de transport public urbain de province. 
Quant au transport aérien, déjà fragilisé par les attentats du 11 septembre 2001, l’épidémie SRAS et la guerre en Irak, c’est une perte de 25 milliards de dollars qu’il a enregistrée pour 2001 et 2002. Avec la baisse de trafic constatée en début d’année, les mouvements de grèves actuels de la navigation aérienne, des personnels au sol, contribuent à aggraver la situation. 
Ajoutons que sont également touchées toutes les activités périphériques reliées aux différents modes de transports et au tourisme.

"La liberté des uns s’arrête ou commence celle des autres".

===

(a) - La Compagnie aérienne AEROLYON faisait partie, jusqu'en novembre 2001, du groupe Nouvelles Frontières (TUI PREUSSAG, aujourd'hui). TUI a décidé de mettre la compagnie en redressement judiciaire, après avoir enregistré une dette de 65 millions de francs. Un repreneur a été désigné, en mai 2002, mais il n’a effectué aucun vol ! C'est sur l’initiative des personnels que le Tribunal de commerce de Lyon a été saisi et a, de nouveau, remis la compagnie en redressement judiciaire. C'est alors qu’ayant trouvé d'énormes anomalies et bizarreries, le personnel a déposé des plaintes pénales pour escroquerie au jugement, etc....amenant à démasquer un escroc international qui, aujourd'hui, est en prison. D’autres importantes personnalités sont aussi impliquées dans cette triste affaire qui a mis au chômage 250 salariés, abusés par un grand groupe nE°1 du tourisme!!! 
(b) - Rapport de l’OIT (Organisation Internationale du Travail): Chaque année dans le monde, 270 millions de salariés sont victimes d'accidents du travail et 160 millions contractent des maladies professionnelles. L'étude révèle que le nombre de travailleurs morts dans l'exercice de leur métier dépasse, par an, les 2 millions. Chaque jour, donc, le travail tue 5.000 personnes, chiffre estimé être au dessous de la réalité ! Rien qu’en France, chaque année, selon la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance-Maladie), 780 salariés sont également tués par leur travail, soit plus de 2 par jour ! Il y a environ 1.350.000 accidents du travail, ce qui correspond à 3.700 victimes par jour, soit, pour une journée de huit heures, à 8 blessés par minute ! 
(c) - Le privé actif paie 50% de plus que le fonctionnaire actif, tandis que le fonctionnaire en retraite touche 60% de plus que le retraité privé, etc...    TOP  

MA LETTRE DE JUIN 2003

   Bonjour,

1°.- Ma chronique de juin

L’actualité nous prend à la gorge et il est impossible de ne pas être interpellé par les manifestations et grèves qui viennent de déclencher, dans toute la France, un raz-de-marée de "ras le bol", des utilisateurs des modes transports. Plusieurs d’entre-vous m’ayant d’ailleurs contacté à ce sujet, ma chronique de ce mois a donc pour titre "Grèves et Transports".

2°.- Où lire cette chronique? 
Afin de vous éviter d’entrer dans un site pour la rechercher, elle figure à la suite de cette Lettre. Bien sûr, vous pouvez également la lire - mieux formatée - sur les principaux sites habituels qui, chacun en fonction de sa spécificité, vous apportera d’autres informations susceptibles de vous intéresser :

Vous le savez, cette chronique ne figure plus à la suite de ma Lettre, car vous pouvez la lire - mieux formatée - sur les principaux sites habituels.
 
http://www.fraggo.com (Transport et logistique internationale),  
http://www.tourmag.com (Premier portail des professionnels du tourisme),  
http://www.lex-aero.com  (Droit aérien communautaire et français),  
http://chezpeps.free.fr/henri/html/ (Passionnant site de la Postale de nuit).  
http://www.iutcolmar.uha.fr/cerdacc/ (Centre Européen de Recherche sur le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes) dans son “JAC” (Journal des Accidents et des Catastrophes).    
Http://Airinfos.com/ (L'actualité du transport aérien).  
Http://www.latecoere.com/arppnac (Site de l’ARPPNAC - Association des Retraités et Pensionnés du PN de l'Aviation Civile). 

3°.- Les "Familles de l'attentat du DC10 UTA en colère !" 
Elles se mobilisent pour montrer aux autorités libyennes leur détermination à obtenir justice. Elles ont besoin de messages de soutien et de signatures ( dc10-uta@wanadoo.fr ) afin de les aider à faire pression sur notre gouvernement, les officiels libyens et le Colonel Kadhafi. C’est bien volontiers que je transmets le message que j’ai reçu au nom des 494 membres des familles du DC 10 représentées. 
"Un attentat terroriste organisé par la Lybie vient d’être commis et le destin vous a frappé, un membre de votre famille faisant partie des victimes. La suite de l'histoire dépend de l'État ciblé. 

A.- Si c'est la FRANCE qui est visée : 
1°- Les inculpés NE SERONT PAS extradés, 
2°- Vous n'aurez droit qu'à un procès par CONTUMACE 
3°- Les CONDAMNÉS resteront EN LIBERTÉ, 
4°- Malgré l'enquête accablante et le procès, la Libye DÉMENTIRA toute implication, 
5°- Si vous avez été partie civile, vous percevrez de 3.000 à 30.000 Euros, 
6°- Vous serez ABANDONNÉ par la France, MÉPRISÉ par la Libye. * Cerises sur le gâteau : 
- Le principal condamné, Abdallah SENOUSSI, (bien que sous le coup d'un mandat d'arrêt international), a été nommé par son gouvernement à une fonction officielle de premier plan. 
- La France ne votera pas contre l'élection d'un libyen à la présidence de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU. - La France normalisera ses relations avec la Libye.

B.- Si ce sont les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne qui sont visés : 
1°- Les inculpés seront EXTRADÉS, 
2°- Vous assisterez à un procès CONTRADICTOIRE, 
3°- Les CONDAMNÉS purgeront leur PEINE 
4°- La Libye finira par RECONNAÎTRE les faits, 
5°- Votre famille percevra 10 millions de Dollars de la Libye, 
6°- Vous serez SOUTENUS par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, RECONNUS par la Libye. À drame équivalent, espérons pour vous que ce soient les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne qui aient été visés. Nous sommes désolés si cette fiction vous a heurté, elle est pour nous une triste réalité. Elle s'appuie sur la comparaison entre le traitement des suites de deux attentats très similaires celui de Lockerbie et celui du DC10 UTA.

Cette histoire montre que vivant en France, travaillant pour une société française ou utilisant un moyen de transport français, nous devons tous nous considérer comme des cibles potentielles particulièrement intéressantes pour des terroristes : risque faible pour fort impact médiatique".

4°.- Musique 
À écouter et à lire : le récent CD de Jean Labre. Nous avions jusqu’alors pour habitude de nous livrer à la lecture de publications aéronautiques que nous gardons soigneusement dans un coin de notre bibliothèque. Notre ami Jean Labre nous propose, aujourd’hui, son parcours planétaire, 33 ans navigant, dans un fort beau CD, digipack, conçu par le publiciste Jean Claude Cintas. À écouter, bien sûr, mais lire aussi le petit livret très poétique qui l’accompagne. Vous pouvez vous procurer cet étonnant périple musical (23euros) en vous adressant à : Jean LABRE « Le Belvédère » Bât B - 118, avenue Jean Jaurès 75019 Paris. Téléphone : 01 42 03 10 06. E-mail : labrej@club-internet.fr

Bien cordialement et bonnes vacances d’été.

Jean Belotti

PS-1 : Si vous connaissez des personnes intéressées par l'aérien, continuez à me communiquer leurs adresses E-mail, afin qu'elles soient automatiquement destinataires de ma Lettre bimestrielle.  
PS- 2: Votre adresse figure dans mes fichiers et vous êtes donc destinataire de mes messages. Cela étant, pour être certain de ne pas vous importuner, si vous souhaitez ne plus figurer dans les listes de mes correspondants, il vous suffit de cliquer sur jean.belotti@wanadoo.fr en tapant "FIN" dans la case objet.           TOP  

 

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