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Quinze
jours après l'accident du Boeing de Flash Airlines, une analyse
complète sur l'environnement. - les
médias - les prises de position politiques - les premières
déclarations - les charters mis en accusation - les défauts de
maintenance - les deux hypothèses avancées - État de psychose collective - Informations
des passagers - Policiers à bord des avions. Jean Belotti, ancien
Commandant de Bord à Air France, a participé en qualité d'expert
judiciaire dans
les principaux accidents en France et à l'etranger. Voir
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Accident de Flash
Airlines et Psychose sécuritaire collective
À la suite de l'accident du Boeing de Flash Airlines, survenu le
3
janvier 2004, au décollage de Charm El Cheikh, avec la profonde
compassion qui s'est manifestée pour les familles des victimes,
nombreuses ont été les interrogations de mes lecteurs.
Aussi, quelques
jours après ma chronique de janvier, je considère devoir,
sans
attendre, apporter quelques précisions et commentaires.
* Les médias
Tout d'abord, il convient de noter l'importance démesurée
de la
couverture médiatique de cet accident. Déjà
à l'aéroport, les caméras
étaient là pour filmer les regards interrogateurs, la
peur, l'effroi,
de l'annonce de la nouvelle et les premiers cris de douleurs
insoutenables. Jusque dans des villages, les caméras ont
montré les
interviews de parents de victimes, afin de recueillir leurs
premières
impressions de la perte d'un être cher. Des gros plans ont
montré des
visages bouleversés de personnes ne se rendant pas encore compte
de la
triste réalité qui venait, tout à coup,
d'endeuiller leur famille et
très surpris de ces intrusions dans leur vie privée. Les
caméras sont
partout, sur les lieux du crash, filmant tout, les débris de
l'avion...
et, "bientôt, nous ne devrons pas être
étonnés de voir à la télévision,
le corps boursouflé de la première victime,
retrouvée au fond de la mer
!" m'écrit un lecteur.
Le respect qui est dû à ces familles dans la peine, ne
devrait-il pas
faire partie des règles d'éthique des médias ? Or,
ce qui a été montré
manque totalement de discernement et ressemble plus à du
voyeurisme
qu'à de l'information et a été
considéré comme étant indécent par
nombre de personnes.
Puis, ce sont, à chaque émission, les premiers
témoignages, les prises
de position des politiques, les conclusions prématurées
et les
hypothèses de la cause de l'accident qui font, de cet accident,
un
merveilleux scoop qui tient "la une" à l'antenne, pendant plus
d'une
semaine.
* Les prises de position politiques
Les nombreuses déclarations faites, jusqu'aux plus hautes
autorités du
pays, sont-elles justifiées, à tout le moins
appropriées à l'événement
? Bien sûr, cela est fortement exagéré. Il en est
ainsi de la minute de
silence respectée par l'Assemblée Nationale. Si vraiment
cette décision
part d'un "bon sentiment", alors, il faut être cohérent et
respecter,
chaque semaine, une minute de silence pour la centaine de morts sur les
routes, sans oublier les handicapés à vie (a).
* Les premières déclarations
Comme à la suite de graves accidents antérieurs, il est
courant
d'entendre les hypothèses les plus farfelues et des
affirmations,
totalement non fondées, sur la cause de l'accident.
Pour Concorde, avait été citée l'existence de
criques dans les ailes.
Pour un autre accident, quelqu'un avait déclaré avoir vu
des valises
tomber du ciel, etc... Cela étant, toutes les hypothèses
sont prises en
compte par les enquêteurs, auxquels il appartient d'analyser
toutes les
informations récupérables, en vue de rechercher la cause
de l'accident
et ses facteurs contributifs.
Or, ici, dès le lendemain, c'est le gouvernement égyptien
qui assurait
que l'accident n'était pas dû à un attentat.
Personne ne peut être dupe
d'une telle prématurée conclusion officielle, alors que
l'enquête
n'avait pas encore débuté, puisqu'aucun des
éléments à analyser (boîtes
noires, épave) n'était disponible.
Quant à l'étonnement face au silence de
l'équipage, la réponse est
simple. En cas de survenance d'un grave dysfonctionnement - surtout
dans une phase à proximité du sol - la première
réaction de l'équipage
n'est pas d'informer la tour de contrôle, mais de trouver la
parade,
afin de récupérer au plus vite la trajectoire normale de
l'avion. Dans
l'hypothèse où il n'aurait pas pu le faire avant
l'écrasement, ce qui a
été dit dans le cockpit serait connu par l'exploitation
d'une des
"boîtes noires" (CVR - Cockpit Voice Recorder).
* Les charters mis en accusation
L'attaque en règle contre les charters est-elle justifiée
? Les
charters sont des intervenants indispensables aux
tour-opérateurs. Des
tour-opérateurs d'Europe du Nord ont créé leurs
propres compagnies
charter (b).Des grandes compagnies ont créé leur propre
filiale
charter, dont les avions ont été exploités dans
les mêmes conditions
d'entretien. Sans développer les raisons pour lesquelles
certaines
d'entre-elles s'en sont séparées, disons qu'elles ont
désormais
l'opportunité, grâce au "yield management" (c), de
proposer
d'attractifs tarifs aux tours-opérateurs pour des
réservations faites
longtemps à l'avance. Cela étant, l'essentiel du trafic
charter est
fait par des affrètements d'avions. Depuis des décennies,
des millions
de passagers ont été transportés jusqu'à
des aéroports, points de
départ de leurs circuits (donc non desservis par les compagnies
régulières). Il est également important de
signaler que les avions
affrétés sont soumis aux mêmes règles que
ceux des compagnies
régulières et que si des carences ou anomalies existent,
il appartient
aux autorités de les constater et de prendre les sanctions et
mesures
correctives éventuelles qui s'imposent.
Le procès d'intention qui est fait aux vols charters est donc
non fondé et porte un grave préjudice sur le plan :
- économique, aux régions desservies ;
- commercial, aux compagnies et tour-opérateurs
concernés, par dégradation de leur image de marque.
* Les défauts de maintenance
Des bouches s'étant déliées pour dénoncer
des défauts d'entretien, il
convient de faire remarquer que c'est avant l'accident qu'elles
auraient dû se manifester.
Que dire des témoignages recueillis auprès de passagers
ayant embarqué
sur cet avion dans les jours précédents? Il est
évident qu'à part un
constat portant sur la non propreté de la cabine ou
l'état de vétusté
éventuel de sièges ou de moquettes, les touristes lambda
ne peuvent
porter un avis fondé sur la nature de la maintenance des avions,
laquelle ne peut être appréciée uniquement que par
les hommes de l'art.
Tout d'abord, les équipages. Ce ne sont pas des kamikazes et ils
n'ont
aucune raison d'accepter de décoller s'ils estiment qu'il existe
un
risque d'accident du fait du mauvais état de l'appareil.
Ensuite, il y
a les vérifications des services d'entretien (qu'ils
appartiennent à la
compagnie ou qu'ils soient fournis par un sous-traitant), lesquels
disposent de tous les documents relatifs aux travaux
réalisés. Enfin,
les contrôles (réguliers ou inopinés) des
différents organismes
accrédités.
On retiendra également que :
- si sept compagnies charters et une vingtaine d'appareils ont
été
interdits de vol en Suisse, ce n'est pas une raison suffisante pour
crier avec les loups contre les autres compagnies charters ;
- si le B 737-300 SU-ZCF y a également été
interdit, il convient tout
d'abord d'en indiquer pour quelles raisons et, plus tard, de
vérifier
si les anomalies à l'origine de l'accident ont eu un lien avec
la
survenance de l'accident.
Certes, à la suite de nombreux changements d'exploitant, ce
Boeing
737-300 avait, sur trois continents, reçu sept immatriculations
différentes, en onze ans, ce qui peut laisser planer un doute
quant à
l'existence d'un scrupuleux suivi de la maintenance, qu'elle soit
préventive ou corrective. Cela étant dit, tant que les
experts ne se
seront pas prononcés, toute affirmation quant à la
maintenance, doit
être purement et simplement rejetée.
* Les deux hypothèses avancées
1°- L'accident est dû à un acte de sabotage ou de
présence dans le poste de pilotage d'un kamikaze.
Dans ce cas :
- ce serait le constat d'une nouvelle manifestation du terrorisme
international qui, malheureusement, se manifestera encore dans le
futur pour les raisons que j'ai déjà exposées dans
une précédente
chronique ;
- ce serait, de toute façon, le premier attentat sur avion de
ligne, depuis la tragédie du 11 septembre 2001.
Alors, indépendamment de la réelle indignation que
déclenche de tels
actes criminels, il n'en reste pas moins que cet
événement ne
justifiait pas un tel ras de marée médiatique, surtout
avant toute
certitude.
2° - L'accident est dû à un défaut d'entretien
Dans ce cas :
- c'est l'enquête technique qui l'aura alors
démontré et aura fait des
recommandations pour ne pas que le même type d'accident se
reproduise
sur le même type d'avion ;
- c'est l'enquête judiciaire qui l'aura également
confirmé en
présentant les éventuels éléments
techniques de responsabilité, afin
que la justice dise le droit.
Or, bien que le niveau de sécurité s'améliore au
fil des ans, grâce aux
efforts de prévention de toutes les parties prenantes
(constructeurs,
compagnies, administrations, organismes représentatifs des
personnels,...), force est de reconnaître que des impasses sont
faites
et :
- soit, sont alors découvertes et sanctionnées par les
autorités ;
- soit, ne sont, parfois et malheureusement,
révélées qu'après la survenance de
l'accident.
Alors, ici, également, il n'y avait pas lieu d'un tel
débordement médiatique, surtout avant toute certitude.
* État de psychose collective
Cet accident, avec toute la publicité qui en a été
faite, contribue à
entretenir, voire aggraver, la psychose qui règne depuis les
tragiques
événements du 11 septembre 2001.
Les mesures qui sont prises dans les aéroports sont telles
qu'elles
déclenchent maintenant la réaction de plusieurs
associations,
considérant (avec les contraintes subies et la
nécessité de présenter
de multiples documents d'identification) qu'il y a atteinte aux
libertés individuelles.
Les coûts financiers ajoutés aux coûts des retards
représentent des
sommes de plus en plus importantes qui seront, d'une façon ou
d'une
autre, à la charge des citoyens et des passagers.
Mais, la question à laquelle réponse n'a pas
été apportée
officiellement est de savoir si tout ce dispositif extrêmement
perturbateur et coûteux - indépendamment de son effet
d'être rassurant
- est réellement efficace ? Il y a tout lieu d'en douter, quand
on sait
:
- le peu de terroristes (en puissance ou réellement) dangereux
qui ont été interceptés et neutralisés
avant l'embarquement ;
- la facilité avec laquelle il est possible de
pénétrer dans l'enceinte
des aéroports (dont le périmètre est de plusieurs
kilomètres) sans
passer par les filtres successifs à l'embarquement ;
- la possibilité d'obtenir des complicités dans une
population composée
de milliers d'employés (de toutes races et toutes religions)
travaillant dans les zones réservées des aéroports
et étant employés
dans des sociétés privées.
* Information des passagers
Alors qu'une loi de 1992 imposait d'aviser les passagers du nom de la
compagnie, cela n'a jamais été fait
systématiquement.
Et voilà que les législateurs (français et
européens), tirant les
premières leçons de la catastrophe de Charm El Cheikh,
rajoutent une
obligation formelle d'informations à l'égard des
utilisateurs de
transport aérien concernant toutes les caractéristiques
techniques des
avions empruntés en terme d'ancienneté, d'usure, de
nombre d'heures de
vol, de contrôles effectifs et d'incidents ayant affecté
l'avion au
cours de son exploitation. Sont-elles appropriées ? On peut en
douter
si l'on admet que lorsqu'un passager achète son billet dans une
agence,
même si le préposé lui indique le nom d'une
compagnie et le type
d'avion, il n'est pas forcément en mesure de porter un jugement
sur le
niveau de sécurité de ladite compagnie et sur la
fiabilité du type
d'avion désigné. La seule façon de le renseigner,
afin de lui permettre
un choix rationnel, serait de lui présenter la liste noire (et
actualisée) des compagnies aériennes interdites de survol
de certains
pays en indiquant leurs noms et surtout, les raisons desdistes
interdictions. Il est vrai que l'existence d'une telle liste
signifierait la mort des compagnies citées et serait un moyen
rapide de
mettre hors-jeu ceux qui ne respectent pas les règles communes !
Mais, ces nouvelles dispositions ne traduisent-elles pas le fait que
les autorités reconnaissent de facto qu'il existe des compagnies
non
sérieuses et des avions en mauvais état ? La question est
recevable
puisque les autorités, au lieu d'agir afin de détecter
avec plus de
rigueur les dysfonctionnements, reporte en fait la
responsabilité sur
le dos du passager qui, le pauvre, ne possède pas les
informations lui
permettant de faire un choix judicieux.
* Policiers à bord des avions
Aux Etats-Unis, la psychose du terrorisme est à son comble :
- n'ayant pas confiance à la validité des contrôles
effectués à
l'étranger, sur certains aéroports les passagers
débarquant sont
fouillés une nouvelle fois avant de pouvoir
pénétrer sur le territoire
américain ;
- une procédure spécifique d'entrée sur le
territoire des Etats-Unis
(NSEERS - National Security Entry - Exit Registration System), vient
d'être instaurée pour les personnes nées dans 10
pays listés par les
services de sûreté américains (d). Les personnes
concernées (passagers
et équipages) originaires de ces pays, à l'arrivée
et parfois au
départ, suivent un circuit spécifique avec un entretien
individuel avec
un agent du TSA (Transportation Security Agency).
Et voilà, maintenant, que les américains - descendance
des cow-boys à
la gâchette facile - repartent vers le projet d'embarquer sur les
vols
des sky marshals (e). J'ai déjà présenté
les nombreuses raisons pour
lesquelles il n'était pas souhaitable d'armer les pilotes (f).
Or, armer des policiers en civil - indépendamment que cela fait
perdre
des sièges à la vente et qu'un problème de
recrutement d'un important
effectif se poserait - reste dangereux, aussi bien pour les passagers,
que pour la sécurité du vol. Certes, les armes tirent des
balles
spéciales qui, en théorie, ne peuvent pas percer la
carlingue (ce qui
provoquerait une dépressurisation avec toutes les complications
qui en
résulteraient). L'X-26 envoie un éclair électrique
qui neutralise toute
personne visée dans un rayon de six mètres. Mais, est-ce
suffisamment
rassurant ?
De plus, admettre ce principe c'est reconnaître officiellement
que tous
les successifs contrôles effectués au sol ne sont pas
efficaces à 100%.
Heureusement, de ce côté de l'Atlantique, les pilotes
restent opposés à
ce que la cabine des passagers devienne le terrain d'une seconde ligne
de défense, la première, au sol, ayant été
franchie par les terroristes (g).
Certains syndicats ont même demandé à leurs
commandants de bord de
refuser la présence d'hommes armés à bord de leur
avion et de ne pas
accepter de faire le vol dans le cas où ils n'obtiendraient pas
satisfaction.
Quant à l'Association Internationale pour le Transport
Aérien (IATA) -
laquelle regroupe plus de 270 compagnies aériennes, de 180 pays
- elle
ne veut pas d'armes à bord des avions de ligne, contrairement
à
l'exigence des Etats-Unis. ---*** ---
L'expérience montre que les causes réelles des accidents
ne peuvent
être connues rapidement. Seule l'existence de fortes
présomptions peut
conduire à la formulation de recommandations par les organismes
officiels chargés de l'enquête technique. Alors, cette
précipitation,
cette agitation collective, ce surdimensionnement de
l'événement, n'ont
aucun sens. En effet, quelles que soient les indications qui seront
éventuellement dévoilées par les boîtes
noires lorsqu'elles auront été
récupérées, il n'en résultera aucune action
immédiate de qui que ce
soit. Les terroristes seront toujours aux aguets. Les impasses sur la
maintenance ne seront pas supprimées. De toute façon,
dans le meilleur
des cas où tout fonctionnerait normalement, il est admis que le
risque
zéro n'existe pas, surtout dans des systèmes de plus en
plus complexes
que représentent les avions et les espaces dans lesquels ils
évoluent.
* En conclusion :
- l'objectivité consiste à reconnaître que la
surinformation (redites
et mêmes images présentées pendant des jours)
quotidiennement assénée
aux spectateurs que nous sommes, n'a pour but que de nous
maintenir
en haleine, en attendant une révélation suprême,
une image choc, qui
tardent à arriver ;
- la pudeur consiste à laisser les familles des victimes en paix
faire
leur travail de deuil, dans le recueillement et le silence ;
- la prudence consiste donc à laisser les experts diligenter
leurs travaux dans le calme et la sérénité.
Terminons en reconnaissant que tous les contrôles
effectués pour rendre
le transport aérien plus sécurisé, contribuent
à rassurer les passagers
ce qui est essentiel, car toute peur généralisée
conduirait à une grave
récession du transport aérien. Puis, bien que de
nombreuses lacunes
subsistent, il faut rendre hommage à tous ceux qui, à
leur niveau,
contribuent à oeuvrer pour améliorer la
sûreté des vols.
=====
(a) - "En
France, en trente ans, les accidents de la route ont tué 400.000
personnes et en ont blessé près de huit millions. Aux
Etats-Unis, le
nombre de morts entre 1913 et 1976 est plus du triple des
américains
tués dans l'ensemble des guerres (d'Indépendance de 1812,
du Mexique,
de Sécession, hispano-américaine, première et
deuxième guerre mondiale,
de Corée, du Vietnam) auxquelles les États-Unis ont pu
participer". (Colin Ward. "La liberté de circuler" Editions
Silence).
(b) - Exemples :TUI et Thomas Cook possèdent leurs propres
compagnies
charter : Britannia, Corsair, Hapag-Lloyd, Neos, Thomas Cook, Sun
Express.
(c) - Méthode permettant de maximiser la recette grâce
à des tarifs
différentiels (variant de 1 à 10), en fonction de la date
de
réservation et des taux de remplissage.
(d) - Algérie, Egypte, Indonésie, Irak, Iran, Liban,
Lybie, Maroc, Syrie et Tunisie.
(e) - Récente décision de l' "US Department of Homeland
Security" (DHS)
au sujet du transport de personnes armées ("law enforcement
officers" -
LEO) sur certains vols au départ ou à l'arrivée
aux Etats-Unis ou
survolant les Etats-Unis.
(f) - Ma chronique : "Pilotes armés", de septembre 2002.
(g) - L'Européan Cockpit Association (ECA) qui représente
plus de
30.000 pilotes a pris position contre l'embarquement de personnes
armées, sauf dans des cas très précis et
après établissement d'un
protocole de garantie, entre autres, de l'expérience desdites
personnes, de la nature de leurs armes et de l'information au
Commandant de bord
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