Le LATE 38

Le Ministère de l'Air, un nouveau département gouvernemental, fut créé en France le 15 septembre 1928 dans le gouvernement Poincaré et le premier ministre de l'air fut Victor Laurent Eynac (celui qui signa le premier accord bilatéral avec les anglais). Un de ses premiers objectifs, fut d'encourager le développement du projet d'un grand hydravion transatlantique, et l'avion reçut beaucoup de publicité. Le Laté 521 "Lieutenant de Vaisseau Paris" ne fit cependant pas son premier vol avant 1935 et quand il atteint les U.S.A. via Dakar et l'Atlantique Sud on 1936, il fut malheureusement presque détruit par un cyclone à Pensacola en Floride. Avant d'être réparé et d'être à nouveau prêt pour d'autres vols d'étude entre Biscarosse et New York en 1938 et 1939, les USA, la Grande Bretagne et l'Allemagne étaient déjà bien avancés dans leurs préparatifs pour commencer les services aériens transatlantiques et devançaient la France.

D'autres appareils, notamment le Laté 300 "Croix du Sud", avait volé sur la ligne pour la première fois en fin 1931. Cependant, on ne connaît que très peu de choses au sujet d'une entreprise antérieure. En fait, un des plus intrigants évènements de l'histoire complexe de l'Aéropostale fut l'extraordinaire épisode du Laté 38. Il avait été le premier hydravion à coque (différent d'un avion marin à flotteurs) dessiné et construit par l'usine Latécoère à Biscarosse, près de Bordeaux. Le Laté 38-01 avait volé pour la première fois la 24 août 1930 et il avait été suivi par le Laté 38-02, le 31 décembre de la même année. Les vols d'essai avaient confiés aux mains expertes de Gonord et de Verges qui firent les essais de tous les Laté jusqu'en 1936. late38

La Laté 38 était un sesquiplan, ressemblant beaucoup dans sa conception générale au Dornier WAL bien connu, avec deux moteurs montés en tandem sur l'aile supérieure. Ces moteurs étaient des Hispano Suiza 12 Nbr de 650 CV chacun. A cette époque, le WAL de la série J n'avait crue deux moteurs de 500 CV et il ne fut effectivement équipé de moteurs de 650 CV qu'en 1933, devenant ainsi le "WAL 10 tonnes". Le Laté 38 était peu près de la même longueur mais son envergure et sa surface alaire étaient supérieures. Son poids total était presque le double de celui de son contemporain, le WAL, et sa charge utile était de plus du double. La capacité en charge transportable était donc bien supérieure, mais le plus significatif était son autonomie deux fois plus grande que celle au WAL soit près de 4 000 km.

En bref, le Laté 38 pouvait traverser l'Atlantique Sud sans ravitaillement alors que le Dornier dépendait entièrement des navires ravitailleurs. Ceux-ci étaient des bateaux spécialement construits, équipés d'un amarrage flottant où le WAL pouvait taxier après l'amerrissage d'une grue pour le hisser à bord et d'une puissance catapulte à vapeur pour l'assister à son décollage.

Selon Marie-Paule Vie-Klase, auteur de "Les Grands Latécoères sur l'Atlantique'', le Laté 38-02 avait été commande par l'Aéropostale pour transporter la poste sur l'Atlantique. Il avait reçu son certificat de navigabilité le 1er janvier 1931, et le 15 février, l'Aéropostale envoyait un mécanicien navigant, Louis Cavaillès, pour évaluer l'appareil.

Six semaines plus tard, la 31 mars 1931, Marcel Bouilloux-Lafont entrait en liquidation judiciaire. Son Aéropostale était réduite à l'ombre de ce qu'elle avait été. Les projets établis pour conquérir l'Atlantique Nord furent abandonnés. Au lieu de faire de "l'Aéropostale de Venezuela" le point central de ces opérations, Vachet dut organiser le transfert de cette compagnie au gouvernement du Venezuela afin d'aider Marcel Bouilloux-Lafont à rembourser les dettes. Jean Mermoz, qui avait reçu le feu vert pour se préparer sur l'Atlantique Nord resta sur les lignes d'Amérique du Sud où il devait plus tard trouver la mort.

Et le Laté 38 ? Selon Vie-Klaze, il ne quitta jamais son hangar do Biscarosse, bien que d'autres appareils du même type eussent été livrés à la Marine Nationale. Louis Cavaillès se contentait d'aller, à la pêche et, finalement, il quitta Biscarosse en juillet 1932. 

Vie-Klaze qui a fait de nombreuses recherches sur l'histoire de Latécoère, ne peut fournir aucune explication. Il est bien connu que Mermoz n'aimait pas les hydravions, mais le Couzinet 70 "Arc en Ciel" n'arriva qu'en 1933. Est-ce que les autorités alors en charge des restes de l'Aéropostale pouvaient croire à l'entrée en service immédiate du Laté 300 "Croix du Sud" ? Mais lui aussi ne vola pas avant 1932, le prototype s'étant écrasé à son premier vol en décembre 1931. (a) 

Citons Vie-Klaze : "les affaires de l'Aéropostale n'étaient pas très bonnes en 1931, mais l'appareil, étant une commande de l'Etat, avait certainement été payé, du moins en partie. On s'explique mal que l'appareil ait été négligé. Après le départ de Cavaillès, il a lentement rouillé au fond d'un hangar et a fini à la ferraille". 

(a) (F-ALRP Latécoère 38.0 > 38.0 Bis n° 1052 CGA/ 1931, il n'a pas été mis en service par CGA car liquidation en 02/31, repris par AIR FRANCE, il est détruit le 16/03/33 et réformé en 1934. Ce type avait répondu en janvier 1928 au programme d'un hydravion d'exploitation en vue de remplacer les Latham et CAMS. La SIDAL en concurrence avec la SPCA, la Sté Villiers, les Ateliers Breguet et la CAMS, avait offert le modèle 38.1 Reprise du 38.0 n° "01" le 02 étant celui de la CGA", afin de le mettre au standard 38.1..... avec des modifications importantes du fait d'emport d'armement, surtout en moins sur les réservoirs. Le 2 novembre 1931 le 38.0 Bis vola sous livrée marine (celui de la CGA) et il sera détruit le 16 mars 1933 (équipage Perriot-Robert Bert tué sur le coup) à St Laurent de la Salanque par percussion sous effet de mirage. Une commande pour 3 Laté 38.1 (3 millions de francs) était passée par la marine. mise en service en février 1934. les N° 1053 à 1055 furent mis en service à l'escadrille 3-E-3 à St Raphaël, en appoint aux CAMS 55/1 et à l'unique CAMS 55/6, elle deviendra en 1938 la E-5. Source:  Dominique Roosens) 

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