La fin d'un monopole

La concession de la SPELA. par les portugais fut annulée le 7 octobre 1933 pour défection. A cette époque, l'Aéropostale avait été achetée pour presque rien par Air France, nouvellement formée, et la compagnie unique française n'avait fait aucune tentative pour conserver le monopole des droits d'atterrissage aux Acores bien qu'elle bénéficiait des avantages d'une entreprise supportée par l'Etat et même pas pour conserver un traitement préférentiel. A la place, elle préféra coopérer avec les Allemands sur les lignes d'Amérique du Sud, et, en 1934, elle conclut un accord de pool avec la Lufthansa selon lequel l'avenir serait partagé, bien que pour une fois, l'Allemagne avait une avance technique avec ses lignes à passagers en Graf Zeppelin et ses lignes postales en hydravion qui utilisaient ingénieusement les navires ravitailleurs stationnés au milieu de l'Atlantique. Le vieux Marcel, virtuellement exilé à Rio, qui essayait en vain de sauver les restants de son empire industriel et bancaire pour rembourser ses créanciers, dut contempler cette collaboration franco-allemande avec une grande tristesse. Il avait mis tout ce qu'il avait pour donner à la France la maîtrise de l'Atlantique. Maintenant, il voyait son œuvre non seulement abandonnée, mais, en fait, transmise à ses rivaux. Comme le Laté 38 dans son hangar, Marcel se désagrégea au Brésil, victime de l'ostracisme de ses propres concitoyens.

Les britanniques devinrent indifférents à la question des Açores. Malgré une offre portugaise faite aux Imperial Airways allant jusqu'à 60 % des parts de la. "Compania Portuguesa de Aviaçao" (filiale portugaise de la SPELA le colonel Harold Burchall, représentant la compagnie britannique, considéra que l'obligation d'assurer un service avec les colonies portugaises était un prix trop fort à payer pour avoir accès aux Açores.

L'annulation du monopole de concession de la SPELA, en 1933, doit avoir été reçue avec jubilation à Berlin. La Lufthansa avait instauré un système de catapulte à vapeur pour ses lignes sur le Brésil à partir de Bathurst, en Gambie britannique (où elle avait échangé les droits d'atterrissage contre la construction d'une base aérienne), et par les navires ravitailleurs WESTFALEN, SCHWABENLAND et OSTMARK. Maintenant, enfin, comme le fit remarquer un observateur britannique " l'espoir s'éveillait dans les milieux allemands ; ils pouvaient prendre part avec succès à la création d'une ligne aérienne transatlantique". Et naturellement, cet espoir se matérialisait.

Les Portugais eux-mêmes avaient envisagé la construction d'un emplacement de lancement par catapulte dans une baie da Terceira, aux Açores. En temps opportun, la Lufthansa basa simplement un de ses navires ravitailleurs, le SCHWABENLAND à cet endroit et un autre, le FRIESENLAND, à New York, puis elle effectua une série très satisfaisante de vols expérimentaux et de reconnaissance entre les Açores et New York de 1936 à 1933.

Martin Wronsky récolta ce que Bouilloux-Lafont avait semé.

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Le rêve brisé (fin)

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