REVUE DE FIN D'ANNÉE 2002                 Jean Belotti  


Cette première  chronique de 2003 traite brièvement des principaux sujets qui ont préoccupé mes lecteurs et auditeurs pendant l'année écoulée.

MA LETTRE DE JANVIER 2003  

- FAILLITES DANS LE TRANSPORT AÉRIEN   
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LE MARCHÉ DU TRANSPORT AÉRIEN  
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LES COMPAGNIES "LOW COST"  
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LA PRIVATISATION D'AIR FRANCE  
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LE TROISIÈME AÉROPORT PARISIEN  
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LES GRÈVES   
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ENCORE UN DRAME EN MER   
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ATTENTATS TERRORISTES  
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LE "PRINCIPE DE PRÉCAUTION"  
-
LA SÛRETÉ DU TRANSPORT AÉRIEN  
-
LA SÉCURITÉ DU TRANSPORT AÉRIEN    


FAILLITES DANS LE TRANSPORT AÉRIEN
Tout le monde a encore en mémoire l'effondrement, tout à fait inattendu, de la sérieuse compagnie Swissair. US Airways, septième transporteur américain - placée sous la protection de la loi américaine sur les faillites, depuis le mois d'août 2002 - a annoncé la suppression de 2.500 postes supplémentaires. Aujourd'hui, des craintes sérieuses pèsent sur le devenir d'AirLib.
Quant à United Airlines - deuxième compagnie aérienne des Etats-Unis
(83.000 employés) - n'étant pas en mesure de rembourser sa dette de un milliard de dollars, elle s'est également placée sous la protection de la loi sur les faillites, afin de se protéger de ses créanciers et de pouvoir continuer à assurer ses vols.
Comme dans tous les cas similaires, on notera - une nouvelle fois - l'existence d'un plan de restructuration. Ici, ce plan prévoit 14 milliards de dollars d'économie d'ici à 2008
(dont 5,2 milliards au titre de baisse des salaires) et 10.000 suppressions d'emplois.
Ce plan est pénalisant:
1°.- Pour les passagers. Privée de 10.000 salariés, il est évident que la compagnie ne pourra pas continuer à desservir son réseau actuel. L'expérience montre que ce sont les lignes les moins rentables qui sont abandonnées, limitant ainsi les possibilités de déplacement des passagers.
2°.- Pour la sécurité des vols. De telles drastiques mesures de réduction des coûts n'épargneront pas les postes touchant à la sécurité des vols et seront, automatiquement, une pression aux impasses
(maintenance, formation, contrôles,...).
3°.- Pour les salariés:
- Après avoir accepté une baisse générale des salaires de 5 milliards de dollars sur 5 ans, le plan de restructuration prévoit une nouvelle baisse annuelle des salaires d'environ 10%.
- Après avoir cru en l'avenir de leur compagnie, la plupart des employés ont acquis 55% du capital. Or, l'action s'est effondrée à moins d'un dollar.
- Ceux restés en place verront, à tout le moins partiellement, leurs charges de travail augmenter.
4°.- Pour l'entreprise. Elle perd une partie de son "savoir-faire", ce qui ne manquera pas d'avoir un impact négatif sur la qualité des prestations fournies.
Quant aux chances de sortir de la protection de la loi sur les faillites (b), TWA, par exemple, avait été absorbé par American Airlines. Seule Continental Airlines avait réussi à conserver son indépendance après une faillite. Mais cet exemple permet de montrer que les compagnies aériennes ne sont pas que des systèmes complexes mis en oeuvre par des hommes et des femmes en vue de transporter des passagers, mais également des objets de transaction, de convoitise "to make money". C'est ainsi qu'en 1993, alors que la compagnie Continental est en faillite, elle est reprise par Texas Pacific Group qui après restructuration la revend dix fois la mise initiale. La même opération de redressement et de revente est également faite, un an après, avec America West.
Deux constats:
1°- Ce n'est pas parce que les personnels deviennent actionnaires - voire les principaux actionnaires - que cela garanti la pérennité de l'entreprise.
2°- Ces faillites confirment la fragilité de l'industrie du transport aérien, extrêmement sensible à l'évolution de nombreux facteurs échappant à la volonté des dirigeants: événements politiques, manifestations syndicales, conditions météorologiques,... sans oublier l'augmentation généralisée des coûts. Il convient donc de conserver la plus grande prudence sur la pérennité des compagnies, dans ce monde en pleine mutation technologique, commerciale, relationnelle et humaine.
 
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(b) - Apports envisagés:
- Une garantie publique pour un prêt de 1,8 milliards de dollars de la part de l'organisme créé par Washington pour venir en aide au secteur aérien touché par le drame du 11 septembre 2001.
- Aide de DLH sous forme d'un prêt ou d'une entrée au capital qui ne pourrait dépasser le seuil des 25%, limite imposée aux investisseurs étrangers.

LE MARCHÉ DU TRANSPORT AÉRIEN                                                        TOP  
L'Association Internationale des Transporteurs Aériens
(IATA) estime que les compagnies aériennes mondiales devraient encore accuser une perte de 5 à 7 milliards de dollars en 2002, rien que sur leurs dessertes internationales, les plus gros déficits concernant essentiellement des transporteurs américains.
Face à cette situation, les compagnies sont contraintes à rationaliser leur production en adaptant leur offre à la demande
(destinations, horaires, fréquences, tarifs, confort,...). Après application des diverses dispositions internes, la seule voie permettant de rester sur l'échiquier international est la coopération, solution que j'avais mise en exergue il y a déjà trente ans (c).
Aux Etats-Unis, signalons l'accord commercial passé entre Delta Airlines, Northwest Airlines et Continental Airlines, s'appliquant d'abord au marché domestique nord-américain avant d'être étendu aux liaisons intercontinentales. Un tel regroupement ferait de "Sky Team" (d) - auquel appartient Air France - la première alliance mondiale. Air France a également annoncé que tous les membres de l'alliance seront heureux d'entamer des discussions avec Aéroflot, en vue de l'accueillir dans Sky Team, si elle le souhaitait.
Quant à compagnie Air France, des progrès constants sont enregistrés. Par exemple, au sujet de la ponctualité, elle est la troisième européenne en court-courrier et quatrième au global. Ainsi, elle peut s'enorgueillir d'un bon bilan ponctualité obtenu cette année: 81,7 % des vols sont partis à l'heure.
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(c) - Voir aussi ma chronique de Juillet 2000 "Les hyper-groupes aériens".
(d).- Sky Team: 228 millions de passagers pas an et plus de 8.000 vols par jour.

LES COMPAGNIES "LOW COST"                                          TOP   
Ces compagnies ont le vent en poupe. Non seulement elles ont contribué à l'émergence d'une nouvelle couche de clients, mais elles ont mordu dans la clientèle des autres compagnies.
Leurs réseaux contribuent à une meilleure irrigation de l'Europe. Avec 574 fréquences, la France se situe juste derrière le Royaume-Uni
(1.718 fréquences) et devant l'Espagne (374) et l'Allemagne (174). Après l'avènement des charters, les low cost sont donc une nouvelle phase de la démocratisation du transport aérien. Pourront-elles continuer leur spectaculaire progression?
La première limite est celle de la saturation du segment de clients potentiels acceptant les spécificités de ce type de prestation.
La deuxième est la réaction des compagnies aériennes traditionnelles. Air France, par exemple, avec l'electronic ticketing
(ET); son nouveau serveur vocal (SVI) de pré-enregistrement; sa centaine de bornes libre-service (BLS); son service d'assistance aux passagers (saphir); son rappel opérationnel des clients en cas d'irrégularités (ROC), est en train de constituer des atouts concurrentiels non négligeables, mis en avant par les clients eux-mêmes. En tenant compte de sa nouvelle grille tarifaire, on notera que l'écart entre les tarifs proposés par les uns et par les autres s'amenuise de jour en jour. Finalement, une situation d'équilibre devrait s'établir, les compagnies traditionnelles créant, elles-mêmes, leur propre filiale low cost, bénéficiant des économies d'échelle de leur maison mère.
Connaissant les composantes des coûts d'exploitation d'une compagnie aérienne, les coûts élevés des taxes de survol, de maintenance, etc...
(que supportent toutes les compagnies) il reste une question à laquelle réponse n'a pas été apportée: Comment est-il possible de proposer un tarif de 25 euros sur un Paris-Nice, alors que le simple trajet en taxi, qui vous amène de Paris à l'aéroport, vous coûtera plus cher? Dumping (vente d'un produit à un prix inférieur à son coût de revient)? Impasses diverses? Si des certitudes sont obtenues quant aux respect des normes d'exploitation, alors - comme je l'ai écrit dans ma chronique d'avril 2001 - "Vive les low cost".

LA PRIVATISATION D'AIR FRANCE                                   TOP
Les enjeux et les implications réelles de la privatisation envisagée d'Air France méritent d'y consacrer quelques lignes.
Quand?
Le projet ramène la part de l'Etat entre 15 et 25 % contre 54 % aujourd'hui. Le cours de l'action évoluant autour de 10 euros
(inférieur au cours de sa première mise sur le marché à 14 euros) contre 26 euros, atteint en janvier 2001, il est vrai que le moment n'est pas propice à cette probable privatisation.
Or, il est clair que l'action est sous cotée si l'on tient compte des performances de la compagnie qui - malgré la crise économique amplifiée par les attentats du 11 septembre 2001 - est en tête du peloton, face à ses principaux concurrents. En effet, son Président, Jean-Cyril Spinetta, après avoir commenté les bons résultats de l'année et relevé que cela ferait ainsi la 6ème année consécutive qu'Air France présenterait des résultats positifs.
Raisons de la privatisation?
Le Président Spinetta les a décrites très clairement: La privatisation n'était pas, de la part de l'Etat, un choix idéologique ou un moyen de renflouer ses caisses, mais une décision pragmatique qui visant à donner à Air France la pleine maîtrise de son avenir et des moyens de sa stratégie. Certes, jusqu'à maintenant, l'appartenance d'Air France au secteur public ne l'a pas empêchée de construire des alliances avec d'autres transporteurs, mais la consolidation de ces alliances et le rapprochement avec d'autres partenaires, pourront se traduire dans le futur par des liens capitalistiques
(tels que des participations croisées, comme dans le cas de Renault et Nissan). Ils supposeront, nécessairement, la privatisation du capital de la Compagnie, ne serait-ce que par réduction progressive de la part de l'Etat au profit des compagnies partenaires. Ainsi, la décision de privatiser permet d'anticiper cette inéluctable évolution, sauf à accepter l'isolement d'Air France et donc son déclin face aux blocs d'alliances en cours de constitution en Europe. La privatisation donnera également à Air France de meilleures possibilités de financement de ses investissements (flotte, nouveaux produits, etc.) en recourant au marché financier par augmentation de son capital plutôt qu'à des emprunts bancaires plus coûteux.
Air France pourra ainsi se donner les moyens de sa stratégie de croissance en gardant le niveau d'endettement qui en fait actuellement la compagnie la moins endettée d'Europe et donc la moins pénalisée par le remboursement, année après année, des intérêts de sa dette.
Conséquences?
Deux blocs d'actions seront détenus, l'un par l'Etat
(autour de 20 %), l'autre par les salariés (entre 15 et 20 %, contre 11 % actuellement) suivant le succès de l'offre qui leur aura été réservée.
Le reste sera réparti, comme aujourd'hui, dans la part de capital déjà ouverte depuis 1999, entre des actionnaires individuels et des investisseurs institutionnels
(Caisses d'épargne, fonds de placement de banques ou de compagnies d'assurance) qui répartissent - sur des branches d'activité et des entreprises très diverses - l'épargne qui leur a été confiée. Il faut savoir qu'Air France compte à ce jour quelques 900.000 actionnaires, essentiellement individuels et qu'aucun investisseur institutionnel ne détient plus de 2 % du capital de la Compagnie.
Perte de la protection que représente l'appartenance au secteur public?
C'est une des craintes essentielles des salariés. Or, constat doit être fait que cette protection n'existe plus dans le transport aérien (e). Comme la plupart des compagnies aériennes européennes, Air France a bénéficié, en 1994, d'une recapitalisation pour surmonter ses difficultés. On sait qu'il n'y en aura pas d'autre (f), pas plus pour Air France que pour ses concurrentes. Le droit européen l'interdit et la Commission européenne, comme la Cour de justice européenne, dont les décisions s'imposent à tous les Etats, y veillent (g).
À l'intérieur d'un marché européen unique - dans un secteur totalement concurrentiel depuis 1995 - rien ne peut justifier que des Etats apportent à leurs compagnies aériennes des subventions leur donnant un avantage compétitif indu par rapport à leurs concurrentes. Comme le rappelle Air France, la privatisation ne changera donc rien à cet état de choses.
Retenons la mise en place d'une protection sous la forme d'un dispositif permettant de s'opposer à une tentative de prise de contrôle hostile de la part d'investisseurs étrangers.
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(e) Les grandes compagnies aériennes européennes sont toutes privées (British Airways, Lufthansa, KLM, Iberia) ou en voie de privatisation (Air France, Alitalia). Les rares exceptions sont SAS, dont la moitié du capital reste détenue par les trois Etats scandinaves, et deux compagnies publiques dont l'activité se réduit du fait de leurs difficultés financières, TAP et Olympic Airways, cette dernière risquant de disparaître à brève échéance.
(f) Il est un seul cas dans lequel l'Etat pourrait intervenir, en France comme dans les autres pays de l'Union européenne et avec l'accord de la Commission européenne, celui d'une catastrophe exceptionnelle mettant en danger tout le transport aérien européen, comme ce fut le cas en septembre 2001 pour les compagnies américaines, et justifiant des aides à tous les transporteurs aériens de notre continent, qu'ils soient privés ou publics.
(g)- C'est ainsi que l'Etat belge s'est vu interdire une nouvelle aide à Sabena, dont il détenait plus de 50 %, et que cette compagnie a disparu.
Wait and see!
Si nous devons être fiers du chemin parcouru par Air France grâce aux stratégies mises en oeuvre et à la participation active de ses personnels, il convient d'écouter leurs interrogations et prendre en compte leurs inquiétudes.
Certes, le statut du personnel sera maintenu pendant deux ans, afin de laisser aux syndicats de l'entreprise et à la direction tout le temps nécessaire pour négocier un accord collectif d'entreprise
reprenant les droits et garanties dont bénéficient aujourd'hui les salariés d'Air France. Mais qu'en sera-t-il exactement des garanties sociales devant les contraintes et obligations des compagnies privées insérées dans des marchés mondialisés? Les faits démontrent que ce sont toujours les personnels qui sont les premiers pénalisés chaque fois qu'il s'agit de réorganisation, de restructuration, de redressement.
De plus, dans le système libéral actuel, la permanente pression à la réduction des coûts est un facteur contributif à diverses impasses préjudiciables, non seulement à la pérennité de l'entreprise, mais également à la sécurité des vols.


LE TROISIÈME AÉROPORT PARISIEN                                      TOP
En décembre 2000, je faisais le point de la situation dans ma chronique "Un 3ème aéroport parisien: un pari pour l'avenir". Après l'abandon du site de Chaulnes dans la Somme, on apprend que l'Assemblée Nationale doit se prononcer sur la question au printemps 2003. Quels sont les facteurs nouveaux à prendre en compte? Indépendamment du ralentissement constaté après le drame du 11 septembre 2001 et des possibilités d'extension de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, notons que ce sont les compagnies low cost qui sont à l'origine du développement des aéroports régionaux et qui ont déjà un rôle reconnu dans le redéploiement des flux de passagers (h).
Cette nouvelle carte des aires aéroportuaires conduit les spécialistes à déclarer qu'il en résultera une amélioration des interconnections avec les réseaux TGV. Ainsi, en attendant la saturation effective des aéroports parisiens - prévue dans une dizaine d'année - il en résulte que le territoire français sera de mieux en mieux desservi.
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(h) - Citons Beauvais (Oise); Carcassonne (Aude); La Rochelle (Charente-Maritime); Lilmoges (Haute-Vienne) 

LES GRÈVES                                                     TOP
Comme cadeau de Noël, les passagers on appris qu'un préavis de grève illimité avait été déposé par les syndicats d'Aéroports de Paris, les revendications portant sur les rythmes de travail et l'attribution de primes. Au fil des mois, ce sont d'autres grèves de corps de métiers de l'aviation des chemins de fer, des routiers, voire d'organismes tels que l'EDF, La Poste, qui pénalisent lourdement les utilisateurs que nous sommes tous. De plus, pour être efficaces, ces mouvements sont déclenchés à des dates où des dizaines de milliers de personnes seront touchées: départs en vacances; événement sportif ou culturel international,...
Dans un pays qui se dit "de droit", il est surprenant que personne n'ait rappelé que la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres, ce qui devrait, tout naturellement, se traduire par une limitation, voire de nouvelles conditions de l'exercice du droit de grève. Mais aucun gouvernement, qu'il soit de droite ou de gauche, n'a osé s'y frotter!
Une importante modification à souhaiter concerne le comportement des employeurs face aux revendications - souvent légitimes - des salariés. En effet, alors que le législateur a exigé le dépôt d'un préavis de grève pour permettre aux parties de dialoguer, l'expérience montre que les employeurs
(publics ou privés) sont généralement peu enclins à en profiter pour réduire les tensions sociales. Ayant fait la sourde oreille, aussi bien avant le dépôt du préavis de grève que pendant la période de négociation, les faits montrent qu'ils acceptent de supporter la grève, laquelle - d'une façon ou d'une autre - se terminera un jour, chaque partenaire y ayant laissé des plumes, sans oublier l'impact économique sur le pays et les désagréments subis par les utilisateurs.
En ce qui concerne Air France, son Président a déclaré: "Nous sommes très satisfaits d'être parvenus à un accord avec nos pilotes ce qui permet de stabiliser les relations sociales pour plusieurs années et d'améliorer l'efficacité opérationnelle tout en donnant les moyens au personnel navigant technique de participer à l'expansion de la compagnie".

ENCORE UN DRAME EN MER                                             TOP 
Dans ma chronique "Drames en mer", j'ai montré que sûreté et sécurité concernaient tous les modes de transport et qu'il était regrettable de constater qu'il fallait attendre l'accident pour que des décisions correctives soit envisagées. La mondialisation des relations politiques, économiques et sociales dans laquelle se sont engagés les Etats - loin d'être mature - reste accompagnée d'innombrables effets pervers. Force est de constater que personne n'est en mesure de faire respecter des règles qui se veulent internationales. Pour preuve, la récente catastrophe écologique du "Prestige" - vieux tanker construit en 1976 - battant pavillon des Bahamas, où siège le propriétaire, l'exploitant étant libérien, l'affréteur russe, le capitaine grecque et l'équipage hétéroclite
(grecs, philippins, lituaniens, roumains). Tout ce qu'il faut pour - une nouvelle fois - occulter les responsabilités de cette pollution de la mer, par 77.000 tonnes de pétrole brut.
Pour perdre un bout du pont et se casser en deux, il est évident que le navire devait être très corrodé, ce qui ne l'a pas empêché de continuer à être exploité. Depuis trois ans, ce navire n'avait jamais été inspecté. Pour le moment, après diverses tergiversations quant aux opérations de sauvetage à mettre en oeuvre, chaque jour, 120 tonnes d'hydrocarbures insolubles dans l'eau remontent en surface et cela devrait durer trois ans.
Conséquences: Bruxelles a décidé d'accélérer la mise en application des mesures prises après le naufrage de l'Erika: visite annuelle approfondie obligatoire dans un port de l'Union; bannissement des pétroliers à simple coque, sans attendre les quinze ans prévus pour leur disparition au profit des doubles coques. Même le Président de la République a annoncé des mesures draconiennes.
Etant donné que, depuis 1967, 50 naufrages ont abouti à une marée noire, puissent ces engagements ne pas rester au niveau du voeu pieu!
Les problèmes posés restent nombreux: mieux connaître les différents intervenants; avoir le moyen de vérifier que l'assurance souscrite ne couvre pas seulement le navire et sa cargaison, mais les dommages éventuels causés; refuser les pavillons de complaisance; créer un corps international de contrôleurs, etc...
C'est après la catastrophe que les apprentis sorciers se réveillent. CQFD.

ATTENTATS TERRORISTES                                     TOP
Les feux de l'actualité ont presque fait oublier le double attentat anti-israélien
(explosion d'une voiture piégée dans un hôtel et tir d'un missile qui, heureusement, n'a pas atteint sa cible) perpétré dernièrement près de Mombasa (Kenya) et a fait 16 morts, dont trois kamikazes. On ne parle plus de ceux d'août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar-es-Salam (Tanzanie) qui avaient fait 224 morts.
Indépendamment des types d'attentats connus, le fait que des missiles aient été utilisés pour détruire un avion de ligne, a provoqué de nombreuses interrogations et inquiétudes. En effet, la police kényane a retrouvé un lanceur et deux étuis de missiles à proximité de l'aéroport, ainsi que six autres missiles.
En fait, de tels lanceurs portatifs de missiles à faible portée sont certes faciles à utiliser, mais ils manquent probablement d'efficacité ou ont été lancés trop tardivement, puisque les deux missiles lancés n'ont pas atteint leur cible. Cela étant dit, il est certain que les avions de ligne n'étant pas équipés de détecteurs de missiles et ne pouvant effectuer instantanément de brutales manoeuvres de changement de trajectoire, il n'existe aucune protection contre ce nouveau type d'attentat.

LE "PRINCIPE DE PRÉCAUTION"                          TOP 
En cette fin d'année, on nous annonce que - dans le cadre du plan vigipirate renforcé - les ULM
(avions ultra légers motorisés) et les petits avions de tourisme seront interdits de survoler la région parisienne, ainsi qu'un certain nombre de sites sensibles dans le reste du pays (essentiellement des zones industrielles et des centrales nucléaires). Ayant déjà traité du recours à ce principe de précaution (a) cette décision conduit à la conclusion selon laquelle la petite aviation est injustement et inutilement pénalisée.
En effet, tous les pilotes concernés étant connus et leurs petits appareils bien répertoriés, comment imaginer que l'un d'eux puisse, brutalement, devenir un terroriste? Les dramatiques événements passés ont montré le degré d'organisation des terroristes, lesquels n'iraient pas s'inscrire dans un aéro-club de la région parisienne, mais se procureraient un ULM - facilement transportable - qui décollerait de n'importe quel champ en campagne. Ajoutons que si la cible visée est à proximité des frontières, il suffirait alors de décoller d'un aérodrome d'Allemagne, de Suisse, d'Italie ou d'Espagne. De plus, dans l'hypothèse où un terroriste arriverait à décoller en ULM d'un des aérodromes de l'Ile de France, avec pour objectif de larguer une bombe ou d'aller s'encastrer contre un bâtiment public, les quelques minutes nécessaires pour atteindre son objectif seraient nettement insuffisantes pour permettre une interception, voire une destruction en vol.
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(a)- Voir ma chronique de novembre 2001, ainsi qu'un très intéressant article "Du Danger au risque"- (une approche cindynique avec de nombreuses variantes subjectives), paru dans "Facteurs Humains" Lettre d'information publiée par le SAAM, 57 rue de Villiers 92200 Neuilly-sur-Seine. Tél: 01 49 64 13 07. http://www.jurispn.com/public/Facteurs_Humains.htm 

LA SÛRETÉ DU TRANSPORT AÉRIEN         TOP 
Dans les derniers jours de décembre, le fait que des armes aient été trouvées dans le coffre d'une voiture appartenant à un bagagiste n'est pas de nature à rassurer les passagers. Cette découverte démontre que les passagers sont vigilants
(puisque c'est l'un d'eux qui a alerté les autorités) et que des complicités peuvent être obtenues parmi les milliers de personnes "badgées" fréquentant les zones réservées de l'aéroport.
Cela étant, il convient de rassurer les passagers en leur rappelant que comparativement, par exemple, au risque de la route
(8.000 morts et 20.000 blessés par an, rien qu'en France) le risque d'être victime d'un attentat terrorisme est insignifiant.

LA SÉCURITÉ DU TRANSPORT AÉRIEN               TOP  
L'année 2002 a été une des années les plus sûres: 36 accidents graves avec 1.097 victimes
(à l'exclusion de celles au sol). Cette année écoulée a donc été la sixième plus sûre depuis 1970 (par le total des victimes) et la troisième depuis 1946 (par le nombre des accidents graves). Rappelons qu'en 2001, il y a eu 34 accidents graves et 1.138 victimes.
En conclusion, si les statistiques ne consolent pas, il reste sécurisant de constater que malgré la croissance du trafic aérien, la sécurité s'améliore.

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Puisse la nouvelle année apporter la paix sur la terre, condition primordiale pour que le terrorisme ne devienne qu'un très mauvais souvenir et que les entreprises de transport puissent entièrement se consacrer à l'exploitation de leurs flottes et à la sécurité de leur exploitation. 

MA LETTRE DE JANVIER 2003    TOP   

Bonjour,

1°.- Ma chronique de janvier 
* Bien qu’ayant déjà répondu individuellement aux interrogations de plusieurs d’entre vous, je me propose, en cette fin d’année, d’aborder brièvement les sujets ayant retenu notre attention ces derniers temps, sous le titre "2002, un transport aérien dans les turbulences". 
2°.- Où lire cette chronique? 
* Cette chronique ne figure pas à la suite de cette lettre, car vous pouvez la lire - mieux formatée - sur les sites habituels. Ils touchent déjà plus de 15.000 abonnés et vous apporteront - chacun en ce qui le concerne - les informations complémentaires que vous recherchez: 
www.fraggo.com (Transport et logistique internationale), 
www.tourmag.com (Premier portail des professionnels du tourisme), 
http://perso.club-internet.fr/eisenbei (Passionnant site de la Postale de nuit). 
* D’autres sites peuvent également la reproduire ou faire des liens:  
http://www.lex-aero.com/   (Droit aérien communautaire et français), 
http://www.net-iris.com/    (Veille juridique professionnelle), 
www.latecoere.com/arppnac (Association des Retraités et Pensionnés de l'Aéronautique Civile), 
http://www.ffsmc.com (Site consacré au maquettisme), 
http://www.fns.asso.fr (Fédération Nationale de Simulation), 
http://www.iutcolmar.uha.fr/cerdacc/ (Centre Européen de Recherche sur le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes) dans son "JAC" (Journal des Accidents et des Catastrophes). 
3°.- Ouvrages 
* "Concorde" (Le cherche midi) de Michel Polacco. Directeur de France Info, pilote professionnel d’avions et d’hélicoptères. 
Michel Polacco était - en direct - à bord de Concorde qui, en 1992, avait battu le premier record de vitesse commercial autour de la terre. Il a suivi, avec passion, l’épopée de Concorde, au sol et en vol, avec tous ceux qui - de près ou de loin - en ont été ou en sont aujourd’hui encore, les acteurs. Avec cette réédition actualisée, il nous offre de merveilleuses et émouvantes photos accompagnées de textes inédits. Ouvrage qui trouvera sûrement une place dans votre bibliothèque. 
* "Comment naissent les avions" - "Ethnographie des essais en vol" - Paris. L'Harmattan.Victor Scardigli (Directeur de recherche au CNRS), Marina Maestrutti (anthropologue et philosophe de la technique) Jean François Poltorak (sociologue et ethnologue) - décembre 2000. Cette recherche a comporté un travail ethnographique auprès de pilotes et ingénieurs navigants d'essai. Ce sont des passeurs de frontières entre les visions du monde des concepteurs et des pilotes de ligne; entre les certitudes de la physique ou des règlements et les imprévus du monde réel. J’ai lu ce passionnant ouvrage sur un aller-retour New York. Il résume les travaux d’éminents chercheurs qui, malgré le sérieux de leurs conclusions, restent très modestes quant à leur contribution. Cet ouvrage peut être lu par toute personne s’intéressant à ce merveilleux monde de l’aviation, auquel - de nos jours - tous les êtres de notre planète sont plus ou moins directement concernés.

Bien cordialement avec mes meilleurs voeux pour 2003.

Jean Belotti

PS-1 : Si vous connaissez des personnes intéressées par l'aérien, continuez à me communiquer leurs adresses E-mail, afin qu'elles soient automatiquement destinataires de ma lettre bimestrielle. Merci d'avance pour votre contribution à une meilleure connaissance de ce monde de l’aviation. 
PS- 2: Votre adresse figure dans mes fichiers et vous êtes donc destinataire de mes messages. Cela étant, pour être certain de ne pas vous importuner, si vous souhaitez ne plus figurer dans les listes de mes correspondants, il vous suffit de cliquer sur jean.belotti  (at)  wanadoo.fr en tapant "FIN" dans la case objet.

         

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