DOCTRINE D'EMPLOI DES ARMEES DE L'AIR ET DES ARMEES AERIENNES  JLC contribution 

1. PUISSANCE AERIENNE

2. STRATEGIE AERIENNE 3. COMMANDEMENT ET CONDUITE DE LA PUISSANCE AERIENNE

4. BATAILLE POUR LA SUPREMATIE AERIENNE (BPSA)

5. BATAILLE AERIENNE CONTRE LES FORCES DE SURFACE (BAFS)

6. BATAILLE AERIENNE STRATEGIQUE (BAS) 7. OPERATIONS AERIENNES DE SOUTIEN 8. OPERATIONS DE SOUTIEN AU SOL
5. BATAILLE AERIENNE CONTRE LES FORCES DE SURFACE  
BAFS       

"La racine de toutes les difficultés a été l'aviation (Alliée)"

Général Van Rundstedt 

 

 

 

 

 

5.1 But de la BAFS    
5.2 La doctrine   
5.3 La BAFS dans la Bataille Aérienne globale   
5.4 La BPFS dans la bataille globale 
  
    
LES COMPOSANTS DE LA BAFS   
5.5 Actions Aériennes contre les Opérations Terrestres (AACOT)    
5.5.1 Les Actions aériennes interdiction dans la profondeur (AAIP) 
5.5.2 Les Actions aériennes du champ de bataille (AACB) 
          Les actions aériennes d'interdiction du champ de bataille (AAICB) 
          Les actions aériennes des zones de contact (AAZC) 
5.5.3 Les Actions aériennes de chasse armées (AACA) 
5.5.4 Les Actions aériennes de reconnaissance tactique (AART
)  
5.6 Actions Aériennes Contre les Opérations Maritimes (AACOM)     
5.6.1 Les actions aériennes d'interdiction marine (AAIM) 
5.6.2 Les actions aériennes d'attaque à la Mer (AAAM) 
5.6.3 Les actions aériennes de reconnaissance maritime (AARM) 
5.6.4 Choix aviation base à bord et base à terre 
        Avantages et  Inconvénients    

5.1 But de la BAFS

Le but de la bataille aérienne contre les forces de surface est de priver l'ennemi de la puissance militaire dont il a besoin pour occuper le territoire ou exploiter l'espace maritime. L'action contre les forces de surface ennemies comporte l'emploi de l'aviation, en coopération avec les forces amies de surface ou sous-marines pour dissuader, contenir ou défaire l'armée ou la marine ennemie. L'aptitude à poursuivre efficacement la Bataille contre les Forces de Surface dépend largement du succès de la bataille pour la suprématie aérienne, et invariablement ces deux campagnes seront étroitement intégrées. La Bataille Aérienne contre les Forces de Surface - comme celle de la bataille aérienne stratégique - dépendra aussi de la gamme complète des Actions Aériennes de Soutien et des Actions de Soutien au Sol.

La BAFS s'applique soit aux opérations terrestres soit aux opérations navales.

Les procédés tactiques font appels à la dissuasion, la reconnaissance, l'interdiction, la neutralisation et la destruction.  TOP  

5.2 La doctrine

De nombreux exemples pendant les 70 dernières années dont le plus récent et le plus caricatural est la guerre du Golfe marque l'importance vitale de la BAFS et permettra de dégager une doctrine. 
L'action aérienne doit s'exercer contre les forces de surface le plus loin possible à l'intérieur du territoire ennemi pour attaquer les forces adversaires et ses dépôts, dans des postures de déplacement ou dans ses zones de déploiement initiales. 
L'attaque aérienne contre les forces de surface est particulièrement efficace quand un ennemi est confronté à des restrictions géographiques - telle qu'être contraint d'opérer à découvert (en situation désertique), ou être forcé de traverser des défilés, des chaussées étroites ou des routes bordant des terrains inhospitaliers (par exemple des marais). 
L'action aérienne contre les forces de surface peut être utilisée soit pour compléter soit pour remplacer l'action des forces de surface. Elle est particulièrement efficace pour assurer la maîtrise des espaces maritimes. 
L'action aérienne contre les forces de surface est la plus efficace quand elle se passe en coopération directe avec les opérations de surface amies, alors que l'ennemi est forcé de s'exposer et tente de manoeuvrer ses forces sous le feu. C'est pour cela que les commandants Air Terre et Mer doivent travailler en étroite coopération en particulier pour conduire des batailles aéroterrestres et aéronavales. 
A tous les niveaux de commandement, le commandant des forces de surface ne doit traiter qu'avec un seul commandant aérien. 
L'attaque aérienne a un impact profond sur les troupes au sol, souvent totalement disproportionné avec les destructions physiques et les dommages provoqués. Toutefois, ceci peut aboutir à des troupes qui craignent plus l'aviation ennemie qu'elles ne respectent les forces aériennes amies, ce qui conduit les commandants des forces terrestres à exercer une pression pour avoir le contrôle direct des moyens aériens, à un niveau trop bas pour exploiter leurs capacités. Il est impératif que le commandement des forces aériennes dans la BASF doive rester au niveau le plus élevé possible.   TOP  

5.3 La BAFS dans la Bataille Aérienne globale

Comme il a déjà été dit pour la BPSA les trois batailles aériennes (BPSA, BAFS, BAS) sont poursuivies simultanément. Cependant la BAFS ne peut se développer pleinement que dans le cadre de situation aérienne favorable (SITAF) de supériorité aérienne (SUPA) ou à plus forte raison de suprématie aérienne (SUPRA). Ainsi le premier niveau de coordination des actions de BAFS se situe au sein de la structure Air du théâtre d'opérations considéré. Le lancement d'actions de BAFS sans une situation aérienne favorable ne peut être envisagé que dans des conditions extrêmes ou les forces de surface sont bousculées ou gravement diminuées. Les combats sur le Golan pendant la guerre du Yom Kippour sont un exemple de cette situation extrême.

L'aptitude à la poursuite efficace d'une BPFS dépend largement du succès de la BPSA. Dans le même temps, les progrès de la BAFS peuvent avoir des implications importantes pour la continuité de la maîtrise de l'air ; par exemple, l'occupation des aérodromes ennemis par des forces terrestres amies peut être la mesure la plus efficace contre les forces aériennes. Ainsi, invariablement la BPSA et la BPFS seront étroitement intégrées. De plus, comme tous les types d'opérations de combat aérien, les BAFS dépendront de la gamme complète des Actions Aériennes de Soutien et des Actions de Soutien Sol.  TOP  

5.4 La BAFS dans la bataille globale 
Au cours de la BAFS l'Armée de l'air peut soutenir directement les forces de surface ou sous-marines ; mais il peut être également nécessaire que les forces de surface soutiennent les forces aériennes. Ceci est reconnu depuis longtemps dans les opérations aéronavales mais c'est moins bien reconnu dans les opérations aéroterrestres, où l'incapacité évidente de l'aviation à conquérir et occuper le terrain est quelquefois perçue comme une limite au rôle de l'aviation dans les opérations contre les armées ennemies. 
Or bien que l'aviation ne puisse pas physiquement être utilisée pour occuper le terrain, elle peut être utilisée pour défaire les forces terrestres ennemies et maîtriser, conquérir et tenir le terrain. Au moins un exemple servira à illustrer ce point de vue. En France pendant le mois d'août 1944, les forces Allemandes au sud de la Loire (fortes de 30 000 hommes) ont été vigoureusement attaquées par l'aviation alliée. Bien qu'elles n'aient été à aucun moment attaquées par des éléments appréciables des forces terrestres alliées, leurs positions devint sans espoir et elles se rendirent, de fait, à une aviation. 
Depuis la deuxième Guerre mondiale - et comme la guerre du Golfe l'a clairement montré - la rapide croissance de la technologie aéronautique a largement étendu les possibilités d'emploi de l'aviation pour maîtriser, conquérir et tenir le terrain.

LES COMPOSANTS DE LA BAFS 
La BAFS elle-même peut se subdiviser en deux opérations distinctes : Actions Aériennes contre les Opérations Terrestres et les Actions Aériennes contre les Opérations Maritimes. La Figure 6.1 ci-dessous présente graphiquement cette structure
                      
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5.5 Actions Aériennes Contre les Opérations Terrestres (AACOT)

La souplesse intrinsèque, la portée, la vitesse de l'aviation permet d'engager des objectifs des forces terrestres autant dans la profondeur du dispositif adverse et sur ses flans que proche de la ligne des contacts. Les Actions Aériennes contre les Opérations Terrestres sont de 4 types : 
AA interdiction dans la profondeur AAIP 
AA du champ de bataille AACB 
AA de chasse armés AACA 
AA de reconnaissance tactique AART

5.5.1 Les Actions aériennes interdiction dans la profondeur (AAIP)

L'interdiction aérienne dans la profondeur est conduite pour détruire, disloquer, neutraliser le potentiel ennemi, interrompre ou retarder son avancée avant qu'il ne puisse peser efficacement contre les forces amies. Les missions d'interdiction aérienne sont conduites au-delà de la portée des armes de l'armée de terre, et donc ne demandent pas une intégration détaillée avec les feux et les mouvements des forces amies. L'AAIP est le meilleur moyen d'exploiter le rayon d'action de l'aviation contre les forces terrestres ennemies. Elle peut frapper l'ennemi là où il est le plus vulnérable et le forcer à étendre ses défenses aériennes sur une plus grande profondeur. La capacité des AAIP peut produire des effets décisifs sur l'issue de la bataille terrestre. 
Plus les forces terrestres ennemies ont besoin d'approvisionnements et de renforts, plus les AAIP auront de chances d'être efficaces. L'interdiction n'aura probablement que des effets limités contre des forces terrestres régulières tenant des positions statiques ou des forces de guérilla ne demandant qu'un faible soutien logistique. Au contraire, elle peut avoir un impact majeur sur une armée ennemie menant une bataille intensive très mobile. Toutefois, il existe inévitablement un délai entre une attaque d'interdiction aérienne et le moment où ses effets sont ressentis sur le front. De plus, les effets de l'interdiction aérienne sont cumulatifs, et pour être pleinement efficace elle doit être poursuivie sur une longue période. L'interdiction aérienne demande aussi une soigneuse planification et une grande dépense d'efforts. En conséquence, il est important que : 
- Les AAIP soient liées à une action directe continue contre les troupes terrestres du front ennemies par les forces amies terrestres et aériennes pour épuiser ses réserves de forces de combat et ses approvisionnements. Elles doivent interdire à l'ennemi plus de ressources qu'il n'en consomme au front ; elles imposent donc une coordination interarmées. 
- Les efforts de l'AAIP ne doivent pas être interrompus sans des motifs particuliers sérieux.

5.5.2 Les actions aériennes du champ de bataille (AACB)

Les actions aériennes du champ de bataille sont de deux sortes : les AAICB, et les AAZC. 
Leurs différences essentielles proviennent du niveau de coordination interarmées instantanée qu'elles imposent. 
Les actions aériennes d'interdiction du champ de bataille (AAICB) : Les AAICB sont définies comme des actions aériennes contre des objectifs terrestres hostiles qui sont en posture d'affecter directement les forces amies et qui demandent une planification et une coordination combinée. Il faut remarquer que, alors que les missions d'interdiction du champ de bataille demandent une coordination et une planification interarmées, elles peuvent ne pas exiger une coordination continue au stade de l'exécution. En effet, contrairement aux AAZC la différence fondamentale entre les AAICB et l'AAZC réside dans la proximité des cibles et des forces amies et la nécessité de contrôle que cela impose. Les AAICB sont menées pour retarder, détruire ou neutraliser les forces ennemies qui se trouvent sur le champ de bataille mais pas encore engagées par les forces terrestres amies. Elles peuvent être utilisées pour isoler les forces ennemies de la zone des contacts de leurs renforts et de leur ravitaillement et pour restreindre leur liberté de manoeuvre. Les AAICB sont planifiées contre des objectifs situés de part et d'autre de la limite des feux de l'artillerie amie (c'est à dire des deux côtés de la ligne de coordination du soutien des feux). Puisqu'elles sont menées au-delà de la confusion du front actif, elles sont en principe la forme la plus efficace du soutien aérien offensif. 
Les actions aériennes des zones de contact (AAZC) : L'AAZC est définie comme l'action aérienne contre les objectifs hostiles situés à proximité rapprochée des forces amies et qui nécessitent une intégration détaillée de chaque mission aérienne avec les feux et les mouvements de ces forces. La puissance de feu et la mobilité des avions peuvent apporter une contribution immédiate et directe à la bataille terrestre, spécialement contre les objectifs qui sont soit inaccessibles soit invulnérables aux armes de surface disponibles. L'AAZC peut compléter les armes de surface pour traiter des menaces particulières ; il est particulièrement important quand une puissance de feu concentrée est nécessaire et que les temps de réponse sont courts. Dans les actions offensives, il peut être particulièrement efficace comme moyen de compenser la pénurie de puissance de feu de surface, par exemple au cours de la phase critique d'atterrissage des opérations terrestres aéroportées, aéromobiles et amphibies par les forces amies. Dans les actions défensives il peut être le seul moyen fournissant le niveau d'appui feu nécessaire pour contrer les percées, les contre-attaques, les assauts et les attaques surprises de l'ennemi.

L'AAZC a une capacité unique de concentration de la puissance de feu dans le temps et dans l'espace quand et où cela est nécessaire. L'impact d'une telle concentration de puissance de feu sur le moral sera probablement plus important que les effets physiques qu'il produit. Toutefois, l'appui rapproché n'est que l'une des sources de feux de soutien disponibles pour les forces terrestres amies. Il peut avoir un effet décisif sur une bataille, mais il peut aussi être d'une application difficile. Il existe des difficultés intrinsèques pour l'acquisition des objectifs et des complications et des limitations inévitables pour la coordination des attaques aériennes avec les feux et les mouvements des forces terrestres. De plus l'AAZC peut aussi être une forme d'appui feu coûteuse si les troupes ennemies sont protégées par un système de défense aérienne efficace à multiples couches. 
Il sera habituellement nécessaire de concentrer les efforts aériens efficacement sur une action prioritaire à un instant donné. Il y aura rarement assez de moyens aériens, ou de justification, pour essayer d'en faire plus. Quelque soit l'action choisi, elle doit être poursuivie comme un effort soutenu et concentré. Une ou deux missions par une poignée d'avions a peu de chance de réaliser quelque chose d'utile. En général les attaques peu profondes auront probablement un impact plus grand sur la bataille en cours, alors que les attaques profondes auront probablement un impact plus grand sur la conduite globale de la campagne. Donc dans les circonstances qui ne relèvent pas de la plus grande urgence ou du gain potentiel, l'AAIP ou l'AAICB sont mieux à même d'exploiter le rayon d'action de l'aviation que l'AAZC. Détourner des AAIP des moyens aériens limités pour des tâches d'AAZC ne sera normalement justifié que si l'engagement opportun de la puissance de feu aérienne concentrée permet d'assurer des résultats décisifs dans une opération ou une bataille particulière. Par exemple : 
- si les forces terrestres amies bousculées subissent une grande pression de l'ennemi et ont besoin d'un appui feu supplémentaire immédiat pour éviter la défaite, 
- si un appui feu supplémentaire opportun permet d'assurer le succès d'une opération offensive des forces terrestres amies.

5.5.3 Les actions aériennes de chasse armées (AACA/AACASAR)

Les AACA sont définies comme étant des missions aériennes d'interdiction sur des objectifs d'opportunité (matériel, personnel ou installation ennemies) sur le champ de bataille ou dans la profondeur du dispositif adverse. Les AACA ne peuvent être envisagées que dans des situations de SUPRA (suprématie aérienne) et sauf exception ce sont des missions peu rentables. A noter que pendant l'offensive terrestre lors de la guerre du Golfe, des AACA ont été exécutées par des A 10 des Jaguars français et des Harrier. 
Un cas particulier des AACA est la mission au sein d'une opération de SARCO pour récupérer un équipage dans le cadre de la SAR de combat.

5.5.4 Les actions aériennes de reconnaissance tactique (AART)

Les AART n'étant pas des actions de combat, elles sont étudiées dans le chapitre sur les Actions Aériennes de Soutien (AAS).     TOP  

5.6 Actions Aériennes Contre les Opérations Maritimes (AACOM)

Les qualités des forces aériennes sont parfaitement mise en valeur dans les AACOM. En particulier, elles autorisent une offensive au plus loin des forces nationales et elles permettent de conserver l'initiative dans le combat. 
Les actions aériennes contre les marines sont de trois types : 
- les actions aériennes d'interdiction maritime (AAIM), 
- les actions aériennes d'attaques mer (AAAM), 
- les actions aériennes de renseignement tactique (AART).

5.6.1 Les actions aériennes d'interdiction à la Mer (AAIM)

Les AAIM sont conduites contre toute présence maritime ennemie dans une zone considérée comme un sanctuaire pour nos propres forces. Elles s'adressent à tous les types de moyens navals et visent leur destruction, leur endommagement ou leur neutralisation.

5.6.2 Les actions aériennes d'attaque à la mer (AAAM)

Ces AAAM sont conduites contre des éléments d'une force navale susceptible d'être une menace pour nos propres forces. Elles visent également à leur destruction, leur endommagement ou leur neutralisation.

5.6.3 Les actions aériennes de reconnaissance maritime (AARM)

Les AARM n'étant pas des actions de combat elles sont étudiées dans le cadre des actions aériennes de soutien. 
Il convient cependant de noter dès maintenant la vulnérabilité des moyens navals dont le contraste, dans le spectre visible ou invisible (IR ou radar) est très important sur le bruit de fond de la mer. Les missions de reconnaissance maritime sont ainsi très profitables.

5.6.4 Choix aviation base à bord et base à terre

Lorsque le choix existe entre avion base à bord et avion base à terre, les avantages et limitations de chacun doivent être évalués avant de choisir une combinaison optimale des forces. 
Les avantages et inconvénients de chacun sont approchés ci-dessous. 
Avantages : 
à bord : . avion au coeur du dispositif défensif ennemi (parfois trop) 
à terre : . éventail d'avions et d'armement plus important 
. logistique simplifiée 
. charge utile plus importante et disposition de recueil permettant un retour avec armement. 
Inconvénients : 
à bord : . charge utile limitée 
. impossibilité de revenir à bord avec armement 
. prise en compte de la vulnérabilité du PA et donc s'il y a une menace aérienne il n'est pas possible de laisser     approcher le PA à proximité des côtes pour lancer ses avions d'attaque 
. pontée programmée 
. plus grande sensibilité aux conditions météo que les avions à terre 
. sensibilité à l'état de la mer 
à terre : . nécessaire disponibilité d'une Base sur le théâtre.              TOP