DOCTRINE D'EMPLOI DES ARMEES DE L'AIR ET DES ARMEES AERIENNES  JLC contribution 

1. PUISSANCE AERIENNE

2. STRATEGIE AERIENNE 3. COMMANDEMENT ET CONDUITE DE LA PUISSANCE AERIENNE

4. BATAILLE POUR LA SUPREMATIE AERIENNE (BPSA)

5. BATAILLE AERIENNE CONTRE LES FORCES DE SURFACE (BAFS) 6. BATAILLE AERIENNE STRATEGIQUE (BAS) 7. OPERATIONS AERIENNES DE SOUTIEN

8. OPERATIONS DE SOUTIEN AU SOL

8. OPERATIONS DE SOUTIEN AU SOL   
"La stratégie décide où porter l'action ; la logistique porte les troupes en ce point".   Jomini  
Les opérations de soutien au sol sont les activités requises pour apporter un soutien terrestre direct aux opérations aériennes.

Généralités   Catégories   
8.1 LES ACTIONS LIEES AU COMBAT    
Commandement et contrôle   
8.1.1 Défense active     
Défense aérienne active - Défense terrestre active - Organisation de la défense terrestre active   
8.1.2 Défense passive    
Les éléments de la défense passive - Concentration ou dispersion - Mobilité - Camouflage - Leurrage - Résistance
8.1.3 Défense nucléaire, biologique et chimique 
Organisation   
8.2 LES ACTIONS DE SOUTIEN AU SOL NON LIEES AU COMBAT   

Généralités  
Aucune guerre n'est possible sans les moyens et les méthodes pour les soutenir. Comme pour les puissances navale et terrestre, les limites de la puissance aérienne sont définies par les capacités terrestres de soutien au combat. Dans leur préparation à la guerre, les forces aériennes doivent rechercher l'équilibre entre l'acquisition de moyens de combat et la prévision du soutien de ces moyens. Le but doit être de développer une capacité de combat globale la plus efficace dans les limites des ressources disponibles. L'imminence des menaces auxquelles la France et ses alliés seront confrontés constituera nécessairement un facteur majeur dans la décision relative au choix d'un équilibre préférentiel. Plus la menace sera imminente et plus le niveau requis de capacité de soutien sol devra être élevé. Cela restera néanmoins une question de degré ; en effet il faut toujours mettre en place de fortes capacités de soutien sol pour qu'une force aérienne soit efficace. 
Catégories 
Les opérations de soutien au sol se divisent en deux catégories : celles liées au combat et celles non liées au combat. 
Les opérations liées au combat comprennent la défense active, la défense passive, et la défense nucléaire, bactériologique et chimique. 
Les opérations non liées au combat incluent l'entraînement, le support vie des personnels, la logistique et l'entretien des matériels.

8.1 LES ACTIONS LIEES AU COMBAT          TOP   

L'histoire plus récente prouve amplement que les opérations aériennes ne peuvent pas être poursuivies si les bases à partir desquelles elles sont montées ne peuvent survivre à des attaques aériennes ou de surface. Dans la guerre israélo-arabe des 6 jours de juin 1967, l'incapacité des forces aériennes arabes à survivre à des attaques sur leurs bases eut pour résultat leur destruction effective en moins de 2 jours. C'est cette expérience qui fit prendre conscience à l'Armée de l'air de la nécessité de développer la protection de nos bases. Ainsi outre le développement des moyens actifs de défense aérienne basés à terre, la protection passive des moyens aériens fut mise sur pied, puis un concept de défense au sol vit le jour. 
Les installations aériennes constituent des cibles privilégiées pour les attaques aériennes. Géographiquement, elles sont fixes, elles se situent en général en pleine campagne, elles sont difficiles à dissimuler, sont susceptibles d'être observées dès le temps de paix et leur périmètres est en général important. Elles contiennent de plus des zones à forte densité de personnel truffées d'équipements complexes et coûteux. Cependant, il est possible de préparer et de développer à l'avance un plan de défense dont les éléments constitutifs seront mis à l'épreuve et perfectionnés dès le temps de paix. 
Les ressources des opérations de soutien au sol liées au combat sont toujours limitées et des priorités doivent être établies. Il est clair que les unités considérées comme les plus exposées aux attaques aériennes ou terrestres doivent bénéficier d'une priorité absolue en matière d'allocation des ressources de défense. Cette protection peut revêtir à la fois la forme de défense active et la forme de défense passive. La première concerne l'emploi de forces de combat amies pour contrer les attaques ennemies, la seconde porte sur la réduction des effets des attaques ennemies qui pénètrent les défenses actives. 
Commandement et contrôle 
Un commandement et un contrôle efficaces sont essentiels à la défense d'une Base aérienne. Dans notre organisation le CDAOA (commandant de zone) est responsable de la coordination de la défense aérienne et le commandant de Région Aérienne est responsable de la coordination de la défense au sol. Le commandant de la Base aérienne, dans son PC guerre est responsable devant ces deux grands commandements opérationnels de la défense des installations. Il assure à son niveau l'harmonisation des moyens et leur emploi.

8.1.1 Défense active

Défense aérienne active 
La défense aérienne active locale, ne sera totalement efficace que dans la mesure où elle sera partie intégrante de l'organisation de la défense aérienne générale. Non seulement elle participe à la protection des installations aériennes contre les attaques par voie aérienne, mais aussi elle est partie prenante dans la BDSA en infligeant des pertes aux forces aériennes ennemies. C'est pour cette raison que son étude fait partie du chapitre 4. 
Défense terrestre active 
Le but de la défense terrestre active est de prévenir ou d'empêcher toute attaque terrestre sans qu'il soit envisagé de mener des contre attaques ou des combats de poursuite. Dès lors que la prévention devient un besoin permanent lorsqu'une menace existe, la responsabilité de la défense terrestre active ne peut pas être laissée à des forces éloignées placées en alerte ; elle appartient au personnel des bases menacées. Pour cette raison, l'ensemble du personnel de l'Armée de l'air doit être entraîné à la défense terrestre active même si l'occurrence d'un tel emploi est extrêmement faible. 
Organisation de la défense terrestre active 
Il est peu vraisemblable que l'on puisse disposer d'un personnel en nombre suffisant pour satisfaire tous les besoins, si bien que la défense terrestre active d'une base sera toujours un compromis entre les besoins et les ressources. Une planification soignée est essentielle à une meilleure utilisation des ressources disponibles. Les plans devraient être fondés sur les principes de défense et prendre en compte les aspects spécifiques de défense des installations des forces aériennes. Outre l'isolement tactique et les dimensions de la base en question, de telles réflexions doivent prendre en compte le besoin d'une défense rapprochée, une défense agressive, l'emploi de forces de réserve et la préparation des positions de défense. Dans la majorité des cas, l'implantation des installations des forces aériennes prend en compte les considérations de tactique terrestre. Les clôtures périphériques sont à la fois conçues pour contrôler l'accès en temps de paix et pour jouer le rôle de "lignes de démarcation" derrières lesquelles les forces armées doivent pouvoir opérer efficacement en s'opposant ou en se préparant à s'opposer à une attaque déterminée provenant d'une ennemi équipé d'armements modernes. Un espace de défense terrestre doit être défini pour permettre aux fusiliers commandos de patrouiller, dégager des zones de feux, établir des défenses de campagne, déployer des systèmes de détection et ériger des barrières. L'étendue et les limites de cet espace doivent être arrêtées d'un commun accord entre le commandant de la base, les autorités régionales Aérienne et Terrestre et les autorités civiles locales.

8.1.2 Défense passive

La défense passive comprend toutes les mesures autres que celles portant sur la défense aérienne active, prises pour minimiser le rendement d'une action aérienne hostile. Ces mesures incluent la déception, la dispersion et l'utilisation d'une infrastructure de protection. 
La défense passive a pour but d'atténuer le poids des attaques sur les installations amies, mais un certain nombre d'attaques, - en particulier les attaques aériennes, - passeront inévitablement à travers les défenses actives. Les installations devront donc être robustes et résistantes ; elles doivent être protégées, contre les attaques non seulement par armes conventionnelles mais aussi nucléaires, biologiques et chimiques. Toutes ces activités sont liées les unes aux autres, mais par simplification les réactions aux armes NBC sont traitées séparément.

Les éléments de la défense passive : 
- Concentration ou dispersion : La dispersion offre en général la meilleure protection aux attaques aériennes, alors que la concentration présente la meilleure solution pour faire échouer une attaque terrestre. L'équilibre entre la dispersion et la concentration sera ainsi soumis à évolutions et en rapport étroit avec la nature de la menace. Les principes d'implantation des installations devraient être formulés en sorte que l'équilibre puisse être modifié afin de répondre à une menace évolutive. En pratique, plus le nombre d'options d'implantations potentielles sera élevé, plus un attaquant aura de difficultés à désigner l'objectif. Le degré de dispersion des ressources d'une unité relève de la capacité d'appréciation du commandant de l'unité. Les éléments vitaux qui ne peuvent pas être protégés de façon adéquate doivent être dispersés afin d'améliorer leur capacité de survie. 
- Mobilité : Le mouvement périodique des unités aériennes entre différentes bases d'opérations, peut créer la confusion chez l'ennemi et ainsi contribuer à la capacité de survie. Il est clair qu'une unité ne peut constituer un objectif que si sa position est connue. Ainsi, de fréquents déplacements vers de nouvelles positions peuvent-ils contraindre l'ennemi à consacrer des forces d'attaque aux missions de reconnaissance. Cependant les desserrements successifs prennent du temps, provoquent des interruptions, et réduisent les taux de sorties. Le ravitaillement d'unités dispersées changeant fréquemment de position ainsi que l'entretien des avions peuvent poser de sérieux problèmes dans de telles circonstances. De plus, l'exercice du commandement et du contrôle devient très complexe. En bref, le desserrement rend toute chose plus difficile. Il ne se justifiera donc que s'il devient quasiment impossible d'opérer à partir des base principales et s'il y a abondance de bases de desserrement dont l'idéal serait qu'elles soient à l'arrière. 
- Camouflage : Le camouflage des installations et des matériels peut contribuer de façon appréciable à la capacité de survie, en particulier dans le cas d'attaque par des avions volant à basse altitude et à grande vitesse. Le camouflage peut soit créer la confusion lors de l'acquisition d'objectifs par l'ennemi, soit réduire l'intervalle de temps entre l'acquisition et le largage de l'arme ; dans les deux cas, la précision de l'attaque s'en trouve réduite. Le camouflage peut aussi priver l'ennemi de la capacité de pointer avec précision et de désigner des objectifs individuels ainsi que de rassembler des informations qui pourraient se révéler critiques. Le camouflage visuel peut être obtenu par l'application de mesures de réduction des contrastes ou de dissimulation, complétées par des techniques de déception. Le fait de réduire ou masquer la signature électronique d'une unité (particulièrement celle d'une unité mobile sur le terrain) peut aussi constituer une contribution majeure à la capacité de survie. Une politique efficace de contrôle des émissions constitue un élément clé d'un plan de camouflage d'une unité. 
- Leurrage : Le leurrage inclut non seulement le déploiement de leurres mais aussi des manoeuvres telles que le changement des procédures de l'unité, la modification de l'aspect de certains bâtiments et installations et le déploiement de réflecteurs radar pour tromper les radars de navigation et de bombardement lors des attaques au sol. Le leurrage est étroitement associé au camouflage ; donc, les mesures de camouflage et de déception doivent toujours être planifiées et mises en oeuvre de façon concertée. 
- Résistance : La capacité de résistance est liée à la défense active et à la défense passive. Quelle que soit l'efficacité des mesures défensives, il sera toujours prudent de considérer qu'une base subira au moins quelques dommages. Pour réduire l'interruption des opérations au minimum, chaque base doit donc être en mesure de remettre rapidement en service ses installations et services essentiels. Ceci est du domaine des mesures de résilience.

Eventail des mesures : La capacité de résistance d'une Base aérienne peut être améliorée par différentes mesures très diverses : 
- le désamorçage des bombes, 
- la réparation rapide, 
- la protection physique des éléments essentiels humains et matériels, 
- la redondance des installations.

De telles capacités exigeront en principe un important matériel de génie et du personnel à mettre chaque fois que possible à la disposition d'une base quand elle aura été attaquée. Les travaux de réparations devront être dirigés par des équipes de spécialistes d'évaluation des dommages. Cependant la réparation rapide, quelle que soit la promptitude des travaux, peut encore impliquer des retards pour rétablir la condition opérationnelle d'une base aérienne. Il sera ainsi nécessaire de disposer d'une mesure de redondance pour assurer la poursuite des opérations pendant les réparations. Cela s'appliquera de nouveau à la fois aux services et aux systèmes ainsi qu'aux pistes. Pour assurer la redondance des services et des systèmes, il faudra veiller tout particulièrement à dédoubler les points nodaux essentiels des services. Ceci permettra d'éviter qu'une seule frappe n'arrête, même temporairement, les opérations. La redondance concernant les pistes peut être obtenue par différentes mesures. On peut par exemple, identifier des bandes minimum sur les chemins de roulement et les pistes de décollage qui ne sont plus utilisées, à partir desquelles on pourrait opérer ; et des pistes de décollage peuvent être réalisées selon des normes minimum et réservées à l'utilisation du temps de guerre seulement.

En ce qui concerne la protection physique des éléments essentiels humains et matériels autres que les mesures déjà prévues, la réalisation de merlons, de hangarettes, de PC durcis et enterrés ainsi que d'abris personnels est indispensable.

8.1.3 Défense nucléaire, biologique et chimique

La planification opérationnelle doit tenir compte des exigences de la défense nucléaire, biologique et chimique, et les mesures spécifiques de défense doivent être adaptées à la menace du théâtre et à la situation opérationnelle. Il faut établir un équilibre entre la réalisation d'une protection totale et l'assurance d'un minimum de contraintes sur les opérations aériennes.

Organisation 
Le succès de la défense nucléaire, biologique et chimique dépend largement de l'efficacité de la fonction d'alerte et de compte-rendu depuis l'échelon local à l'échelon le plus élevé. Les besoins nationaux en matière d'alerte et de compte-rendu doivent donc être traduits en instructions explicites pour chaque unité. En période de tension, il y a peu de temps pour improviser des mesures de défense. Il faut élaborer à l'avance des plans appropriés et les répéter souvent. Tout le personnel doit être capable de participer à l'organisation de défense d'une unité et les connaissances et compétences de défense doivent être entretenues en temps de paix. L'organisation doit s'appuyer sur la structure normale de commandement et offrir les capacités suivantes : 
- commandement et contrôle, y compris la manipulation des données, 
- détection nucléaire, biologique et chimique (équipes de surveillance et de détection), 
- décontamination des personnels et des matériels.   TOP  

8.2 LES ACTIONS DE SOUTIEN AU SOL NON LIEES AU COMBAT

Les actions de soutien au sol non liées au combat comprennent l'entraînement, l'administration, la logistique et l'entretien.

Entraînement

Un facteur clé de l'efficacité de n'importe quel type de force militaire est un entraînement solide et efficient, mais c'est particulièrement important pour les forces aériennes. L'espace aérien et son environnement qui ne pardonne pas au combat et il est vital d'obtenir de hauts niveaux de compétence opérationnelle. Bien que la technique soit un facteur important de l'efficacité de la puissance aérienne, elle est de peu d'utilité si l'équipage n'a pas la compétence appropriée pour tirer le maximum des capacités offertes. Même en temps de paix, l'exécution d'un vol militaire est une tâche qui exige beaucoup de l'individu et qui peut impliquer un niveau de risque élevé si elle n'est pas ....     TOP