DOCTRINE D'EMPLOI DES ARMEES DE L'AIR ET DES ARMEES AERIENNES JLC contribution
8. OPERATIONS DE SOUTIEN AU SOL
![]() "La stratégie décide où porter l'action ; la logistique porte les troupes en ce point". Jomini Les opérations de soutien au sol sont les activités requises pour apporter un soutien terrestre direct aux opérations aériennes. |
Généralités Catégories 8.1 LES ACTIONS LIEES AU COMBAT Commandement et contrôle 8.1.1 Défense active Défense aérienne active - Défense terrestre active - Organisation de la défense terrestre active 8.1.2 Défense passive Les éléments de la défense passive - Concentration ou dispersion - Mobilité - Camouflage - Leurrage - Résistance 8.1.3 Défense nucléaire, biologique et chimique Organisation 8.2 LES ACTIONS DE SOUTIEN AU SOL NON LIEES AU COMBAT |
Généralités
8.1 LES ACTIONS LIEES AU COMBAT TOP
L'histoire plus récente prouve amplement que les
opérations aériennes ne peuvent pas être poursuivies si les bases à
partir desquelles elles sont montées ne peuvent survivre à des attaques
aériennes ou de surface. Dans la guerre israélo-arabe des 6 jours de juin
1967, l'incapacité des forces aériennes arabes à survivre à des attaques
sur leurs bases eut pour résultat leur destruction effective en moins de 2
jours. C'est cette expérience qui fit prendre conscience à l'Armée de
l'air de la nécessité de développer la protection de nos bases. Ainsi
outre le développement des moyens actifs de défense aérienne basés à
terre, la protection passive des moyens aériens fut mise sur pied, puis un
concept de défense au sol vit le jour.
Les installations aériennes constituent des cibles
privilégiées pour les attaques aériennes. Géographiquement, elles sont
fixes, elles se situent en général en pleine campagne, elles sont
difficiles à dissimuler, sont susceptibles d'être observées dès le temps
de paix et leur périmètres est en général important. Elles contiennent
de plus des zones à forte densité de personnel truffées d'équipements
complexes et coûteux. Cependant, il est possible de préparer et de
développer à l'avance un plan de défense dont les éléments constitutifs
seront mis à l'épreuve et perfectionnés dès le temps de paix.
Les ressources des opérations de soutien au sol liées
au combat sont toujours limitées et des priorités doivent être établies.
Il est clair que les unités considérées comme les plus exposées aux
attaques aériennes ou terrestres doivent bénéficier d'une priorité
absolue en matière d'allocation des ressources de défense. Cette
protection peut revêtir à la fois la forme de défense active et la forme
de défense passive. La première concerne l'emploi de forces de combat
amies pour contrer les attaques ennemies, la seconde porte sur la réduction
des effets des attaques ennemies qui pénètrent les défenses actives.
Commandement et contrôle
Un commandement et un contrôle efficaces sont essentiels
à la défense d'une Base aérienne. Dans notre organisation le CDAOA
(commandant de zone) est responsable de la coordination de la défense
aérienne et le commandant de Région Aérienne est responsable de la
coordination de la défense au sol. Le commandant de la Base aérienne, dans
son PC guerre est responsable devant ces deux grands commandements
opérationnels de la défense des installations. Il assure à son niveau
l'harmonisation des moyens et leur emploi.
8.1.1 Défense active
Défense aérienne active
La défense aérienne active locale, ne sera totalement
efficace que dans la mesure où elle sera partie intégrante de
l'organisation de la défense aérienne générale. Non seulement elle
participe à la protection des installations aériennes contre les attaques
par voie aérienne, mais aussi elle est partie prenante dans la BDSA en
infligeant des pertes aux forces aériennes ennemies. C'est pour cette
raison que son étude fait partie du chapitre 4.
Défense terrestre active
Le but de la défense terrestre active est de prévenir
ou d'empêcher toute attaque terrestre sans qu'il soit envisagé de mener
des contre attaques ou des combats de poursuite. Dès lors que la
prévention devient un besoin permanent lorsqu'une menace existe, la
responsabilité de la défense terrestre active ne peut pas être laissée
à des forces éloignées placées en alerte ; elle appartient au personnel
des bases menacées. Pour cette raison, l'ensemble du personnel de l'Armée
de l'air doit être entraîné à la défense terrestre active même si
l'occurrence d'un tel emploi est extrêmement faible.
Organisation de la défense terrestre active
Il est peu vraisemblable que l'on puisse disposer d'un
personnel en nombre suffisant pour satisfaire tous les besoins, si bien que
la défense terrestre active d'une base sera toujours un compromis entre les
besoins et les ressources. Une planification soignée est essentielle à une
meilleure utilisation des ressources disponibles. Les plans devraient être
fondés sur les principes de défense et prendre en compte les aspects
spécifiques de défense des installations des forces aériennes. Outre
l'isolement tactique et les dimensions de la base en question, de telles
réflexions doivent prendre en compte le besoin d'une défense rapprochée,
une défense agressive, l'emploi de forces de réserve et la préparation
des positions de défense. Dans la majorité des cas, l'implantation des
installations des forces aériennes prend en compte les considérations de
tactique terrestre. Les clôtures périphériques sont à la fois conçues
pour contrôler l'accès en temps de paix et pour jouer le rôle de
"lignes de démarcation" derrières lesquelles les forces armées
doivent pouvoir opérer efficacement en s'opposant ou en se préparant à
s'opposer à une attaque déterminée provenant d'une ennemi équipé
d'armements modernes. Un espace de défense terrestre doit être défini
pour permettre aux fusiliers commandos de patrouiller, dégager des zones de
feux, établir des défenses de campagne, déployer des systèmes de
détection et ériger des barrières. L'étendue et les limites de cet
espace doivent être arrêtées d'un commun accord entre le commandant de la
base, les autorités régionales Aérienne et Terrestre et les autorités
civiles locales.
8.1.2 Défense passive
La défense passive comprend toutes les mesures autres
que celles portant sur la défense aérienne active, prises pour minimiser
le rendement d'une action aérienne hostile. Ces mesures incluent la
déception, la dispersion et l'utilisation d'une infrastructure de
protection.
La défense passive a pour but d'atténuer le poids des
attaques sur les installations amies, mais un certain nombre d'attaques, -
en particulier les attaques aériennes, - passeront inévitablement à
travers les défenses actives. Les installations devront donc être robustes
et résistantes ; elles doivent être protégées, contre les attaques non
seulement par armes conventionnelles mais aussi nucléaires, biologiques et
chimiques. Toutes ces activités sont liées les unes aux autres, mais par
simplification les réactions aux armes NBC sont traitées séparément.
Les éléments de la défense passive :
- Concentration ou dispersion : La dispersion
offre en général la meilleure protection aux attaques aériennes, alors
que la concentration présente la meilleure solution pour faire échouer une
attaque terrestre. L'équilibre entre la dispersion et la concentration sera
ainsi soumis à évolutions et en rapport étroit avec la nature de la
menace. Les principes d'implantation des installations devraient être
formulés en sorte que l'équilibre puisse être modifié afin de répondre
à une menace évolutive. En pratique, plus le nombre d'options
d'implantations potentielles sera élevé, plus un attaquant aura de
difficultés à désigner l'objectif. Le degré de dispersion des ressources
d'une unité relève de la capacité d'appréciation du commandant de
l'unité. Les éléments vitaux qui ne peuvent pas être protégés de
façon adéquate doivent être dispersés afin d'améliorer leur capacité
de survie.
- Mobilité : Le mouvement périodique des unités
aériennes entre différentes bases d'opérations, peut créer la confusion
chez l'ennemi et ainsi contribuer à la capacité de survie. Il est clair
qu'une unité ne peut constituer un objectif que si sa position est connue.
Ainsi, de fréquents déplacements vers de nouvelles positions peuvent-ils
contraindre l'ennemi à consacrer des forces d'attaque aux missions de
reconnaissance. Cependant les desserrements successifs prennent du temps,
provoquent des interruptions, et réduisent les taux de sorties. Le
ravitaillement d'unités dispersées changeant fréquemment de position
ainsi que l'entretien des avions peuvent poser de sérieux problèmes dans
de telles circonstances. De plus, l'exercice du commandement et du contrôle
devient très complexe. En bref, le desserrement rend toute chose plus
difficile. Il ne se justifiera donc que s'il devient quasiment impossible
d'opérer à partir des base principales et s'il y a abondance de bases de
desserrement dont l'idéal serait qu'elles soient à l'arrière.
- Camouflage : Le camouflage des installations et
des matériels peut contribuer de façon appréciable à la capacité de
survie, en particulier dans le cas d'attaque par des avions volant à basse
altitude et à grande vitesse. Le camouflage peut soit créer la confusion
lors de l'acquisition d'objectifs par l'ennemi, soit réduire l'intervalle
de temps entre l'acquisition et le largage de l'arme ; dans les deux cas, la
précision de l'attaque s'en trouve réduite. Le camouflage peut aussi
priver l'ennemi de la capacité de pointer avec précision et de désigner
des objectifs individuels ainsi que de rassembler des informations qui
pourraient se révéler critiques. Le camouflage visuel peut être obtenu
par l'application de mesures de réduction des contrastes ou de
dissimulation, complétées par des techniques de déception. Le fait de
réduire ou masquer la signature électronique d'une unité
(particulièrement celle d'une unité mobile sur le terrain) peut aussi
constituer une contribution majeure à la capacité de survie. Une politique
efficace de contrôle des émissions constitue un élément clé d'un plan
de camouflage d'une unité.
- Leurrage : Le leurrage inclut non
seulement le déploiement de leurres mais aussi des manoeuvres telles que le
changement des procédures de l'unité, la modification de l'aspect de
certains bâtiments et installations et le déploiement de réflecteurs
radar pour tromper les radars de navigation et de bombardement lors des
attaques au sol. Le leurrage est étroitement associé au camouflage ; donc,
les mesures de camouflage et de déception doivent toujours être
planifiées et mises en oeuvre de façon concertée.
- Résistance : La capacité de résistance
est liée à la défense active et à la défense passive. Quelle que soit
l'efficacité des mesures défensives, il sera toujours prudent de
considérer qu'une base subira au moins quelques dommages. Pour réduire
l'interruption des opérations au minimum, chaque base doit donc être en
mesure de remettre rapidement en service ses installations et services
essentiels. Ceci est du domaine des mesures de résilience.
Eventail des mesures : La capacité de résistance d'une
Base aérienne peut être améliorée par différentes mesures très
diverses :
- le désamorçage des bombes,
- la réparation rapide,
- la protection physique des éléments essentiels
humains et matériels,
- la redondance des installations.
De telles capacités exigeront en principe un important matériel de génie et du personnel à mettre chaque fois que possible à la disposition d'une base quand elle aura été attaquée. Les travaux de réparations devront être dirigés par des équipes de spécialistes d'évaluation des dommages. Cependant la réparation rapide, quelle que soit la promptitude des travaux, peut encore impliquer des retards pour rétablir la condition opérationnelle d'une base aérienne. Il sera ainsi nécessaire de disposer d'une mesure de redondance pour assurer la poursuite des opérations pendant les réparations. Cela s'appliquera de nouveau à la fois aux services et aux systèmes ainsi qu'aux pistes. Pour assurer la redondance des services et des systèmes, il faudra veiller tout particulièrement à dédoubler les points nodaux essentiels des services. Ceci permettra d'éviter qu'une seule frappe n'arrête, même temporairement, les opérations. La redondance concernant les pistes peut être obtenue par différentes mesures. On peut par exemple, identifier des bandes minimum sur les chemins de roulement et les pistes de décollage qui ne sont plus utilisées, à partir desquelles on pourrait opérer ; et des pistes de décollage peuvent être réalisées selon des normes minimum et réservées à l'utilisation du temps de guerre seulement.
En ce qui concerne la protection physique des éléments essentiels humains et matériels autres que les mesures déjà prévues, la réalisation de merlons, de hangarettes, de PC durcis et enterrés ainsi que d'abris personnels est indispensable.
8.1.3 Défense nucléaire, biologique et chimique
La planification opérationnelle doit tenir compte des exigences de la défense nucléaire, biologique et chimique, et les mesures spécifiques de défense doivent être adaptées à la menace du théâtre et à la situation opérationnelle. Il faut établir un équilibre entre la réalisation d'une protection totale et l'assurance d'un minimum de contraintes sur les opérations aériennes.
Organisation
Le succès de la défense nucléaire, biologique et
chimique dépend largement de l'efficacité de la fonction d'alerte et de
compte-rendu depuis l'échelon local à l'échelon le plus élevé. Les
besoins nationaux en matière d'alerte et de compte-rendu doivent donc être
traduits en instructions explicites pour chaque unité. En période de
tension, il y a peu de temps pour improviser des mesures de défense. Il
faut élaborer à l'avance des plans appropriés et les répéter souvent.
Tout le personnel doit être capable de participer à l'organisation de
défense d'une unité et les connaissances et compétences de défense
doivent être entretenues en temps de paix. L'organisation doit s'appuyer
sur la structure normale de commandement et offrir les capacités suivantes
:
- commandement et contrôle, y compris la
manipulation des données,
- détection nucléaire, biologique et chimique
(équipes de surveillance et de détection),
- décontamination des personnels et des
matériels. TOP
8.2 LES ACTIONS DE SOUTIEN AU SOL NON LIEES AU COMBAT
Les actions de soutien au sol non liées au combat comprennent l'entraînement, l'administration, la logistique et l'entretien.
Entraînement
Un facteur clé de l'efficacité de n'importe quel type de force militaire est un entraînement solide et efficient, mais c'est particulièrement important pour les forces aériennes. L'espace aérien et son environnement qui ne pardonne pas au combat et il est vital d'obtenir de hauts niveaux de compétence opérationnelle. Bien que la technique soit un facteur important de l'efficacité de la puissance aérienne, elle est de peu d'utilité si l'équipage n'a pas la compétence appropriée pour tirer le maximum des capacités offertes. Même en temps de paix, l'exécution d'un vol militaire est une tâche qui exige beaucoup de l'individu et qui peut impliquer un niveau de risque élevé si elle n'est pas .... TOP